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Musique et ruralité se conjuguent à l'année

On pourrait penser qu’à l’échelle de ce département rural, la musique n’a que peu d’espace et de temps d’exclamation, mais ce serait sans compter sans d’irréductibles passionnés qui durant toute l’année résistent encore et toujours à la désertification culturelle. On peut voir ainsi différentes associations faire vivre la musique en se basant sur un concept d’itinérance et en proposant des manifestations régulières dans des petits villages. On pensera logiquement au festival Abracada’sons en pays de Guyenne et Gascogne, avant-gardiste des musiques (éclectiques) amplifiées en milieu rural depuis plus de 20 ans et qui a permis aux aficionados de voir notamment Rachid Taha à Miramont-de-Guyenne ou encore Les Négresses vertes à Tonneins. D’autres évènements ont lieu ici ou là durant l’année et font vivre la campagne lot-et-garonnaise de Puymirol à Monflanquin. Des salles de concert existent aussi, à l’image du Florida d’Agen, qui propose une programmation étalée et qui a su se faire une communauté de suiveurs et de fidèles en raison de son offre culturelle de premier choix, éclectique dans ses formes de représentations.

Des évènements qui marquent l’année musicale

Garorock à Marmande, Albret Jazz festival ou encore les nuits lyriques en Marmandais, il y a pléthore d’événements musicaux pour satisfaire tous les goûts et ce foisonnement culturel s'inscrit principalement durant les saisons chaudes. Du festival qui donne à voir des pointures internationales à presque 200 000 personnes sur une immense plaine, à celui qui offre aux amateurs de jazz des performances de haut vol dans un cadre naturel, la culture musicale se conjugue au pluriel et la longévité et la réputation de ces soirées ont au fil du temps inscrit le Lot-et-Garonne comme point d'étape des amateurs d'art vivants.

Garorock est l’événement phare de la scène musicale du Sud-Ouest et il s’est déplacé dans Marmande au fil du temps et de sa renommée grandissante. Au départ situé dans l’actuel parc des expositions, il s’est ensuite étalé sur les alentours de cette zone avant de se fixer à la Filhole, un immense espace naturel propice pour pouvoir faire du Garorock ce qu’il est aujourd’hui. Il a vu passer bon nombre de célébrités françaises et internationales et le côté punk de ses débuts n’est plus qu’un lointain souvenir pour les locaux parfois nostalgiques de ces années-là. DJ Snake, Muse, Indochine… la liste est longue des stars qui sont passées par Marmande, et cette palette de styles très large explique sans doute le fait que cet événement organisé à la fin juin, est l’un des plus importants de France.

Nérac et l’Albret fête le jazz, et un peu plus encore depuis quelques années déjà. Cet événement continue de faire perdurer ce style de musique dans des cadres enchanteurs à l’image des châteaux de l’Albret et dans une ambiance à la fois jazzy et gourmande, l’occasion de rencontrer et de voir des pointures du genre en ayant accès à une certaine forme d’exclusivité de par l’espace dédié aux spectacles.

Pour la musique classique, celle-ci est célébrée à Marmande avec les Nuits Lyriques, authentique concours de chant international et tremplin pour les jeunes artistes lyriques désireux de faire carrière dans cet art. Reconnu comme un passage conseillé pour pouvoir percer dans ce milieu, c’est l’occasion pour les locaux et les passionnés de venir admirer et découvrir les voix qui feront l’opéra de demain. Depuis bientôt 35 ans que cet événement célèbre l’art lyrique, il y a plus de 470 prix qui ont déjà été décernés et plus de 5 500 chanteurs auditionnés.

Francis Cabrel, le Lot-et-Garonne reconnaissant

Il faut bien avouer que l'aura musicale du département a pris une dimension nouvelle dès lors que Francis Cabrel a émergé sur la scène musicale française. Au fur et à mesure des albums et des chansons devenus des classiques, l'homme a toujours su soutenir et être un ambassadeur de son patrimoine lot-et-garonnais, ne serait-ce que dans son accent qu'il a défendu à l'encontre des convenances artistiques imposées, les roses qu'il chante ayant toujours l'éclat qu'elles méritent. C’est sûrement parce qu’il vit toujours à Astaffort au milieu des siens que Francis Cabrel est le premier ambassadeur de ce Lot-et-Garonne où il est si plaisant de vivre. Initiateur des rencontres d’Astaffort et de l’association Voix du Sud qui les organise, il a ainsi créé dans ce petit village du département une sorte de pôle d’attraction pour le monde de la musique. En refondant l’ancienne école en ateliers de créations, c’est tout un village qui respire la culture au cours de l’année.

Une filière théâtrale pourvoyeuse de talents

Rien qu’en comptant le nombre de théâtres existants, on se rend compte de la place particulière que cet art possède en Lot-et-Garonne. Le théâtre Ducourneau à Agen, le théâtre Georges Leygues et le théâtre des 13 vents à Villeneuve-sur-Lot, le Comoedia à Marmande ou encore le théâtre Côté Cour à Mézin illustrent le dynamisme de cette discipline en pays de Gascogne où l’art de la diction n’est plus à prouver.

Historiquement, deux villes ou plutôt une ville et un village incarnent le théâtre dans le département. Agen et le théâtre du jour de Pierre Debauche, et Monclar avec les baladins en Agenais de Roger Louret. L'art de la scène est foisonnant et le théâtre lot-et-garonnais ne va jamais s'arrêter de (se) produire à partir des années 1970 et la sortie avec un premier prix du conservatoire de Toulouse de Roger Louret. Au fil des années, ce sont d’innombrables représentations qui seront données dans Monclar, ce village dominant la vallée du Tolzac et nombre d’acteurs reconnus aujourd’hui fouleront les planches de ce bourg lot-et-garonnais. Pourvoyeuse de talents, la « filière » théâtrale locale mettra en lumière la comédienne Muriel Robin sortie des Baladins en agenais ou son co-fondateur Nicolas Marie auréolé d’un césar du meilleur acteur ou encore Benoît Solès, premier artiste à se voir décerner un Molière de l'auteur et de comédien pour sa pièce La machine de Turing, lui-même ayant fait ses classes à Monclar et parrain du théâtre du jour de Pierre Debauche. Ce même Pierre Debauche, disciple de Vitez, en pionnier de la décentralisation du théâtre qui reste un personnage important pour le Lot-et-Garonne. Acteur de la formation – il dirigea notamment le centre d’art dramatique de Limoges et fonda le théâtre des Amandiers à Nanterre – il a créé le Théâtre-école d’Aquitaine au sein du Théâtre du Jour à Agen dont la fermeture a malheureusement été annoncée en mai 2022. Il reste entre autres l'image d’un avant-gardiste bâtisseur.

Les clowns ont aussi leur festival ici avec Mondoclowns à Marmande qui a lieu généralement durant le mois de février. Toute la sphère clownesque mondiale se retrouve pour parader et se donner en spectacle sur fond d’excentricité.

Le théâtre conventionnel se vit aussi à travers les festivals qui animent l’été parfois dans des lieux magiques à l’image de Bonaguil dont le château sert de magnifique cadre durant le festival. Michel Galabru, Jean-Louis Trintignant, Robert Hossein y ont joué parmi tant d’autres vedettes du genre. Le festival de théâtre de Villeréal marque aussi l’empreinte de la scène en Lot-et-Garonne dans une version différente puisque le village ne possède pas de théâtre. Durant quelques semaines, les artistes investissent le village pour une résidence et en font un théâtre à ciel ouvert avec la participation de l’ensemble des villageois. On ne pourrait pas mieux le qualifier que hors circuit et novateur.

Avec les nombreuses compagnies de théâtre amateur évoluant sur l’ensemble du territoire, le théâtre tient réellement une place particulière dans le Lot-et-Garonne. Historique avec ses représentants charismatiques que sont Roger Louret et Pierre Debauche, le 6e art lot-et-garonnais continue de perpétuer son influence dans le monde artistique.

Le théâtre aussi dans la rue

Le théâtre se vit aussi hors des scènes habituelles, et notamment dans la rue. D’ailleurs parler simplement de théâtre serait réducteur puisque ce sont les arts de la rue dans leur ensemble qui s’expriment durant la période estivale. Durant l’été, on retrouve bon nombre de représentations et de déambulations dans les manifestations qui ont lieu lors des mises en avant des différents patrimoines historiques parsemant le territoire. D’ailleurs, Miramont-de-Guyenne et sa région se prêtent admirablement à ce jeu. La bastide a vu naître le festival Bastid’art devenu depuis itinérant et continue de faire perdurer en son enceinte une manifestation estivale regroupant clowns, jongleurs, acrobates, musiciens, acteurs… Bref, toutes les formes de théâtralisation se retrouvent ici et le public se déplace en nombre pour applaudir, rire, chanter voire participer aux côtés d'artistes confirmés ou de ceux en devenir. Ces festivals sont (re)connus pour être des dénicheurs de talents.

Silence on tourne... dans le 47

André Téchiné (pour le cultissime « Les roseaux sauvages »), Stéphane Brizé, Cédric Kahn, Jacques Perrin, Catherine Deneuve, Vincent Lindon mais aussi Josée Dayan le temps d'un épisode de la populaire série « Capitaine Marleau » avec Corinne Masiero… autant de noms prestigieux qui ont foulé les terres du département, dont la diversité géographique est un formidable vivier de décors propice au cinéma. Courts et longs métrages, documentaires, fictions TV, web-séries à foison : de ce dynamisme, le Lot-et-Garonne s'en est emparé et la nomination au Festival de Cannes 2019 de « En guerre » de Stéphane Brizé a permis de mettre en lumière le département et ses habitants. Il faut croire que le Lot-et-Garonne est aussi apprécié pour son accueil par les professionnels du cinéma puisque ce même Stéphane Brizé a encore choisi le territoire lot-et-garonnais pour le tournage de « Un autre monde » (sorti en salles en février 2022). Le 24 avril 2022, le soir du second tour de l'élection présidentielle, le village de Laroque-Timbaud a été le théâtre d'une expérience inédite : la fiction « Jour de gloire » de Jeanne Frenkel et Cosme Castro a été tournée et diffusée en direct sur Arte.tv et dans plusieurs salles de cinéma du territoire. Un défi technique à la hauteur des ambitions artistiques du Lot-et-Garonne. Du côté du Temple-sur-Lot et de sa plage ont été tournées des scènes du film « Le règne animal » (2023) avec Romain Duris et Adèle Exarchopoulos, tandis que Christophe Duthuron, connu pour avoir réalisé « Les vieux fourneaux », a choisi Marmande pour son prochain long métrage.