Guide de voyage Hautes Terres

Un poète avait dit que la beauté des costumes traditionnels des Hautes Terres relevait de l'art des Mayas d'imiter la nature pour remercier sa générosité et se préserver de son courroux. Cette région apparaît comme un des lieux d'Amérique centrale où l'héritage traditionnel est le plus présent. Indépendants par nature et par nécessité, les peuples des Hautes Terres ont souvent lutté pour préserver leur mode de vie, en résistant aux politiques d'assimilation forcée des dirigeants politiques, ladinos à la botte des grandes compagnies agroalimentaires américaines. À la base de la conservation d'un immense patrimoine anthropologico-culturel, c'est bien cet éloignement euclidien et culturel entre peuple maya et ladinos qui a failli aboutir à un des génocides les plus brutaux du XXe siècle. Pendant près de trente ans, pris en otages d'une guerre qui ne voulait pas dire son nom, la population rurale eut à subir des déplacements au sein des " pôles de développement ", arrestations arbitraires et exécutions sommaires par un gouvernement qui n'a longtemps vu en eux que des sympathisants de mouvements marxistes séditieux. En 2006, le dixième anniversaire de la signature des accords de paix ne pouvait faire oublier que nombre de disparitions n'avaient été élucidées et que les bourreaux bénéficiaient d'une totale impunité. Pire, le général Ríos Montt, chef de l'État lors des pires moments de la répression, recevait du Parlement l'autorisation de se présenter aux élections. Les miliciens de sinistre mémoire recevaient, au titre de reconnaissance par la nation de leurs bons et loyaux services, des indemnités lors de leurs démobilisations. C'est pourtant en ces lieux où la terre et les hommes portent les stigmates d'une histoire marquée par la violence et l'intolérance que l'on rencontrera les réalités du Guatemala et la beauté crue de ses paysages et de son peuple.