Avec ses 1 630 km² et ses 100 000 habitants, elle répond également au nom de Mytilène. Excentrée et proche de la Turquie, la troisième île de Grèce échappe souvent aux itinéraires touristiques, car elle est plus facilement accessible d'Athènes en avion qu'en ferry. Devenue aussi, malgré elle, l'un des ports d'entrée des migrants en Grèce, elle pourrait aussi en décourager certains, mais à tort.
En effet, l'île, tellement vaste, ne manque pourtant pas de charme. L'excellente infrastructure hôtelière et routière de l'île (et surtout sa grande taille) rend une voiture ou une moto indispensable. Les connaisseurs choisissent comme lieu de résidence le romantique hôtel Molyvos (une ancienne forteresse vénitienne) ou les maisons traditionnelles de Petra. Skala Eressos vaut le détour aussi, non seulement pour ses très belles plages, mais aussi parce qu'il est le berceau de la poétesse Sappho. Enfin, à 4 km de la capitale, le village de Varia offre deux promenades culturelles de choix : le musée Theophilos, consacré aux oeuvres du grand peintre populaire grec, et le musée Teriade avec une collection de lithographies de Picasso, Miró, Chagall...
Cette île parsemée d'oliviers et de pins est la patrie de Sappho (ce qui lui vaut, chaque année, le pèlerinage discret de lesbiennes du monde entier), du prix Nobel de poésie Odysseas Elytis ou encore du meilleur ouzo de Grèce, celui de Plomari. Mais elle est aussi, désormais, devenue l'un des symboles de l'accueil des migrants en terre européenne. Susan Sarandon y a d'ailleurs passé Noël en 2015. Pas par plaisir ou volonté de se ressourcer : l'actrice américaine, ambassadrice de bonne volonté pour l'UNICEF, voulait rendre hommage à ses grands-parents, immigrés italiens, et surtout au courage et à la bienveillance de cette île grecque particulièrement touchée par l'afflux de migrants, ces naufragés fuyant en grande partie la guerre en Syrie. Aidés par des associations et des bénévoles du monde entier, et malgré la crise, les locaux gèrent le mieux possible cette catastrophe humanitaire. Pour saluer leur action humanitaire, un groupe d'intellectuels avait même proposé, en 2016, la nomination symbolique de l'île de Lesbos au Prix Nobel de la Paix.
Histoire
Si l'on en croit Homère, l'île est la cible des attaques achéennes pendant la Guerre de Troie. Les Eoliens s'y sont ensuite installés au Xe siècle av. J.-C.
Durant la période archaïque (aux VIIe et VIe siècles av. J.-C.), Lesbos incarne un centre culturel et commercial de première importance, en particulier sous le règne de Pittakos (589-579 av. J.-C.), l'un des Sept Sages de l'Antiquité. En 527 av. J.-C., elle est envahie par les Perses, puis les Macédoniens, les Ptolémées d'Egypte, Mithridate, roi du Pont (88-79 av. J.-C.), et les Romains.
A l'époque de Byzance, Lesbos est la cible d'incursions menées par les Slaves, les Sarrasins et les Catalans. Entre 1204 et 1247, elle fait partie de " l'Empire latin " de Constantinople (c'est-à-dire l'occupation de Byzance par les Francs). En 1354, l'empereur Michel Paléologue en cède le contrôle aux Génois, à titre de compensation. Ils ont en effet contribué à la reconquête de Constantinople par les Byzantins en 1261...
Les Ottomans leur succèdent en 1462 et entreprennent de convertir la population à l'islam. L'île n'est rattachée au nouvel Etat grec indépendant qu'en 1912.