À l'est du Parc naturel Régional du Marais poitevin, immense zone humide, se dévoile un paysage forgé par une alliance délicate de l'eau et du végétal. Vaste dédale de canaux, alignements d'arbres trapus, étroits pâturages où paissent les vaches... Exubérant au printemps, secret au coeur de l'été, diaphane à l'automne et recueilli en hiver, le Marais mouillé semble sauvage, mais hérite de la main de l'Homme qui l'a façonné et apprivoisé. L'intérêt de son patrimoine naturel, hydraulique, et bâti, la richesse de son histoire, mais aussi l'engagement de ses acteurs pour le préserver et le développer durablement lui ont valu une reconnaissance nationale : le label Grand Site de France.
Un paysage d'exception
Sur le flanc sud-ouest du Seuil du Poitou, à mi-chemin entre le nord et le sud de la France, lové à l'ouest du pays entre les grandes plaines agricoles et la côte Atlantique, le Marais poitevin est un joyau serti par les villes de Niort, Fontenay-le-Comte et La Rochelle. Seconde zone humide de France, et premier marais boisé de la côte Atlantique, le Marais est traversé par la Sèvre niortaise, colonne vertébrale d'un territoire maillé de 8 200 km de voies d'eau.
Après avoir traversé Niort, le fleuve irrigue en premier lieu le Marais mouillé, paysage boisé quadrillé par un réseau hydraulique complexe. Il traverse ensuite le Marais desséché, vaste espace ouvert protégé de l'afflux des eaux. La Sèvre gagne ensuite le littoral, et se jette dans l'Océan en Baie de l'Aiguillon, à 160 km de sa source.
À l'est, le Marais mouillé reste un territoire mystérieux. Il faut s'écarter des grands axes, stationner sa voiture, suivre la voie d'eau qui se dissimule plus bas au pied d'un alignement d'arbres ; il convient de préférer la barque, la marche ou le vélo pour prendre la mesure de cet univers poétique.
Un patrimoine naturel préservé
Zone humide d'intérêt majeur, comme en témoignent ses multiples reconnaissances et protections : Parc naturel Régional, Natura 2000, réserves naturelles..., le Marais poitevin recèle une biodiversité d'une incroyable richesse. Une faune et une flore caractéristiques des milieux humides tempérés s'y déploient, dans un équilibre fragile. Dans ce Marais façonné par les activités humaines, l'Homme s'inscrit à la fois comme témoin, mais aussi comme acteur d'une nature et d'un paysage en constante évolution.
Le marais nécessite un entretien permanent pour maintenir et préserver sa trame hydraulique et arborée.Les voies d'eau sont régulièrement curées, les berges restaurées. Les alignements de frênes soulèvent quant à eux aujourd'hui des questions nouvelles. N'oublions pas qu'ils ont été plantés il y a près de 200 ans pour fournir du bois de chauffage. S'ils ont été ponctuellement renouvelés, l'ensemble de ces arbres est désormais vieillissant. Plane en outre une menace nouvelle : la chalarose, champignon pathogène, déjà parvenu aux portes du Marais. Qu'adviendrait-il du paysage arboré si ce parasite s'en prenait aux quelque 400 000 frênes du site ? Une réflexion a donc été engagée avec les acteurs locaux. Ces plantations, la remise en prairies pâturées de parcelles par endroits, et le maintien de boisements spontanés ailleurs offrent ainsi une mosaïque de paysages et de milieux, en permanente évolution, qui concourent à la richesse biologique et à la beauté du marais.
Pendant de la gestion de la trame arborée, celle de la trame hydraulique pose également la question de la place et des choix des usages successifs. Le Marais mouillé joue historiquement un rôle de régulation des crues : stockant l'eau arrivée du bassin versant, il en assure la filtration ; ces fonctions sont indispensables au déploiement de la richesse biologique animale et végétale des lieux. La gestion de la crue, aujourd'hui maîtrisée par les installations hydrauliques, demeure un sujet délicat : les crues, bénéfiques d'un point de vue environnemental, peuvent être contraignantes pour l'exploitation agricole et forestière du marais. La maîtrise des niveaux d'eau est donc un enjeu majeur et complexe dans l'équilibre naturel et social du Marais.
Une biodiversité exceptionnelle et fragile
On trouve dans le Marais un beau panel d'espèces caractéristiques des milieux humides tempérés. Il n'est pas rare de surprendre au détour d'une conche l'envol d'un héron ou d'un martin-pêcheur ; quant à la Loutre d'Europe, espèce rare et protégée, elle est présente dans les eaux du Grand Site, mais sait demeurer à l'abri des regards. Parmi les plus petits animaux, on pourra observer la Rosalie des alpes, un insecte bleu lumineux, mais aussi de nombreux batraciens, ainsi qu'une incroyable diversité de libellules et de papillons. Le territoire accueille également les chauves- souris comme le Petit Rhinolophe. Sous l'eau, les poissons les plus emblématiques sont des espèces migratrices comme l'anguille qui vient depuis l'océan grandir dans le Marais. Les aloses, les lamproies, les truites de mer et les saumons s'y reproduisent.
La flore rassemble quelques trésors locaux, comme la Fritillaire pintade emblématique du Marais mouillé, ou encore la consoude, que l'on apprendra à cuisiner... Les tapis verts des lentilles d'eau, avec pas moins de six espèces, s'étirent le long des canaux, tandis que sur les rives les Aulnes et les saules côtoient les frênes têtards.
Vivre le marais poitevin
Fruit d'un subtil équilibre entre nature, culture et agriculture, le Marais poitevin réserve plus d'une bonne surprise à ceux qui prendront le temps de s'y arrêter. Territoire accueillant, il invite à se mettre au rythme de l'écoulement paisible des eaux.
Moyen traditionnel de déplacement dans ce pays des chemins d'eau, la barque - " batai " - servait à la fois à acheminer les hommes, femmes et enfants, mais aussi le bétail et les volailles, l'herbe et les produits des jardins, les matériaux de toutes sortes. Sa fonction " utilitaire " se raréfia dans les années 1960 avec le développement des chemins, routes et passerelles. En bois, en fer, en ciment, ou plus récemment en plastique, la barque se pousse depuis l'arrière à la pelle, une rame en bois, ou à la " pigouille ", une longue perche. Les premières excursions touristiques furent organisées au tout début du XXe siècle ; aujourd'hui, la plupart des villages du Marais mouillé disposent d'un embarcadère, d'où l'on peut s'aventurer dans le Marais en barque ou en canoë. Sous les voûtes boisées de cette " cathédrale de verdure ", il fait bon se perdre ; alors alternent les grandes perspectives et les passages intimistes, ponctués par le rare envol d'un martin-pêcheur, le coassement ou la fuite furtive d'une grenouille indigène.
Une balade en famille ou une randonnée sportive à vélo est une belle manière pour s'immerger dans ce monument naturel, sillonné de chemins blancs ombragés et faiblement dénivelés. Bien sûr, la randonnée pédestre est aussi pratiquée, et les parkings aménagés en périphérie des bourgs sont autant d'invitations à laisser sa voiture pour rejoindre les petits chemins de découverte, le temps d'une promenade au coeur d'un réseau bien balisé.
Enfin, les eaux poissonneuses du Marais font le bonheur des pêcheurs. Elles offrent en effet une diversité alléchante d'espèces : on y pêche le brochet, le sportif black-bass ou la carpe, le gardon, les ablettes, les perches... Initiés par des guides moniteurs de pêche formés à cette pratique, les plus traditionnels se lanceront dans la " pêche à la vermée ", qui attire les anguilles à la tombée du jour. D'autres goûteront aux joies de la pêche à la balance - une épuisette dotée d'un appât - qui permet d'attraper nombre d'écrevisses de Louisiane.
Infos futées
Quand ? Dès l'arrivée des beaux jours pour les douces promenades en barques.
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Utile. Pour préparer au mieux son escapade.
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