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Les Ashanti et les peuples du Nord

Représentant la plus grande part de la population ghanéenne et occupant la région de la forêt centrale, le peuple Ashanti était avant la période coloniale un vaste empire dont le territoire débordait sur les territoires actuels de la Côte-d’Ivoire et du Togo. Les Ashanti ont la réputation d'avoir développé l’une des plus brillantes civilisations africaines, une splendeur se traduisant par l’extraordinaire richesse de leurs souverains, qui avaient pour coutume de parader couverts d’or. Lorsque les premiers Européens débarquèrent sur les côtes ghanéennes, faisant la rencontre des Ashanti, ils durent reconnaître qu'ils n'avaient jamais vu autant d'or dans la région. C'est aussi que le fait de montrer, d'ostensiblement exhiber les richesses fait partie des manières de faire Ashanti. Le tabouret royal, par exemple, était entièrement orné du précieux métal jaune. On le déplaçait, protégé par une ombrelle, avec des tambours, des trompes et d’autres attributs prestigieux partout où le roi se rendait. Le roi lui même était d'ailleurs couvert d’or : ses bracelets, alliances, colliers, chaînes ou encore ses sandales avaient une très grande valeur.

 

Dans le Sud et dans l'Est du pays, on trouve essentiellement les peuples Ga-Adangbe et Ewé, très probablement venus du pays Yoruba, au Nigeria. Pour ce qui est du Nord, la plupart des peuples qui y résident parlent les langues voltaïques et ont de nombreux points communs avec la culture burkinabé. A ce groupe il convient de rattacher les peuples vivant au sud du royaume Mossi (parlant le more) : nous parlons ici des peuples Mamprusi et Dagomba, dans le Nord-Est du Ghana. Dans le Nord-Ouest, on trouve le peuple Dagarti (parlant le grusi) et le peuple Gonja, dont un groupe (les Wagala) parle également le grusi, et dont l'autre groupe (les Guang) parlent un dialecte Akan. D'autres peuples encore s'expriment en langue grusi : les Kassena, les Frafra, les Sissala, les Builsa et les Talensin, tous vivant près de la frontière avec le Burkina Faso.

Le rôle des ethnies

Le rôle social, économique et politique que jouent les ethnies dans le Ghana contemporain ne doit pas être sous-estimé. Depuis l’indépendance en 1957, les hommes politiques tiennent compte des inimitiés et des susceptibilités ethniques dans chacune de leurs décisions. Aujourd’hui encore, les chefs traditionnels tiennent un rôle important dans la vie politique nationale. De manière générale, les grandes classifications ethniques sont basées sur des différences linguistiques.

Pour présenter les choses de manière schématique, le groupe akan et ses multiples sous-groupes représente plus de la moitié de la population du pays et occupe les régions du centre-ouest, du centre, du sud-ouest, et même de la Côte-d’Ivoire. Les Ga Adangbe et les Ewé se partagent quant à eux la région qui va de la côte d’Accra aux lagunes de Kéta et d’Aflao, à la limite du Togo. La moitié nord est quant à elle essentiellement peuplée par le groupe Mole Dagbani : ce sont les Mamprusi, les Mossi, les Dagomba et les Gonja. Toujours dans le Nord, se trouvent quelques groupes très minoritaires, repoussés par les alliances, les guerres ou les persécutions, comme par exemple les Dagani, les Kusasi ou encore les Lobi.

Si la tradition orale relate de nombreuses légendes sur l’implantation des peuples dans tel ou tel point du territoire, elles sont généralement assez peu fiables d’un point de vue historique. La grande majorité des déplacements de population ont souvent été le fait de conflits ou de l’esclavage (à échelle locale ou lié à la traite négrière). La modernité, avec l'amélioration du réseau routier et le caractère attractif des pôles urbains, a accentué ces mouvements de population, amoindrissant par là même la dimension ethnique du Ghana. Voici une brève présentation des principaux groupes ethniques ghanéens et de l'itinéraire qui les mena jusqu'à l'actuel Ghana.

Les Akan. Le groupe Akan est majoritaire dans le Ghana actuel puisqu'il représente à lui seul près de la moitié de la population et occupe 5 des 10 régions administratives. Au total, il est divisé en 14 grands sous-groupes. Outre un tronc linguistique collectif, ces groupes ont en commun des institutions politiques, sociales et culturelles. Sont généralement reconnus par les linguistes deux grands courants dominants : le twi, utilisé par les peuples de l’intérieur ; et le fanti, utilisé par les peuples de la côte. Sur l’ensemble de la société akan ghanéenne, sept clans (nommés abusua), sont de tradition matrilinéaire et sept autres (nommés ntoro ou kra) de tradition patrilinéaire. Ces deux concepts fondamentaux et complémentaires sont le ciment du groupe akan, qui s’étend aussi à la Côte-d’Ivoire.

Les Mole Dagbani. Les groupes Mole Dagbani (16,5 % de la population) ont un ancêtre commun. Vers le XIIe siècle déferla en effet sur le nord du Ghana une vague de cavaliers venant de l’est, du pays Haoussa, et du Tchad. Grâce à leur grande maîtrise de la science et de l'art militaire, il n'eurent aucune peine à s'imposer dans la région.

Les Gonja. Il s'agit d'un sous-groupe faisant partie du plus vaste groupe cité juste au-dessus, les Mole Dagbani. La tradition orale raconte que lorsque les conquérants Mandé, emmenés par Ndewura Jakpa, arrivèrent dans le territoire de l’actuel Nothern Region, ils se mêlèrent avec les autochtones ashanti. La ville de Salaga est devenue la capitale de l’État gonja.

Les Ewé. Implantés à l’extrémité orientale du littoral de l’actuel Ghana et dans la région Volta, les Ewé constituaient une multitude de petits royaumes à l’époque précoloniale. Beaucoup d’entre eux vivent aujourd’hui au Togo et au Bénin. Selon la tradition orale, ils seraient originaires de l’est du fleuve Niger et auraient émigré vers l’ouest pour des raisons méconnues.

Les Ga-Adangbe. Sous groupe des Ga-Dangme, les Ga-Adangbe, guidés par leur roi King Ayi Kush, migrèrent au XVIe siècle de l'Est vers l'Ouest pour atteindre la région de Accra. Majoritairement représentés à Accra et ses alentours, on les trouve également dans l'Est du Ghana, au Togo (notamment dans la zone de Aného) et jusqu'au Bénin.

Les rastas

Tolérée par les autorités, la communauté rasta ghanéene est la plus importante d’Afrique de l’Ouest. Leur église, la Foundation of Rastafaraï Unification Center, regroupe en effet plus de 100 000 pratiquants. A Accra ou Kumasi, ils se retrouvent le samedi au son des percussions et des guitares, prient et remercient « Jah », le Dieu Tout-puissant de la religion rastafarienne. Derrière la croyance partagée par ces hommes aux chevelures léonines, Hailé Sélsassié, aussi nommé « Black Jah », occupe la place de « roi des rois, seigneur des seigneurs et guide spirituel ».

Les rastas suivent les principes de la Bible, et croient notamment au vœu de Nazareth. C'est en vertu de ce vœu qu'ils ne se coupent ni les cheveux ni la barbe, en preuve de dévouement à Dieu. Se considérant comme enfants de la nature, ils lui vouent un culte respectueux et se nourrissent uniquement de végétaux. Également, dans l’idéologie Rastafari, chaque peuple doit vivre sur la terre la plus proche de ses racines. Ainsi, Rita Marley a choisi le Ghana pour son mouvement, Rapatriation, visant à ramener les rastas égarés en Jamaïque, sur la terre de leurs ancêtres. Ses fréquentes venues dans le pays dynamise d'ailleurs grandement le mouvement. Le studio Tuff-Tong, ouvert sur les hauteurs d’Aburi, doit d'ailleurs permettre aux groupes locaux de reggae, qui manquent cruellement de moyens, d’exporter leurs talents. Au Ghana, la scène musicale de la capitale organise de nombreuses soirées. Sur les plages d’Accra, les vagues déferlent au rythme saccadé de la mélopée plaintive du reggae. Alors : « Forget your trouble and dance ! ».