Le pays des Maures
Officiellement, les Maures représentent 75 à 80 % de la population mauritanienne. Ces derniers sont à la base de la construction de l'État mauritanien, pour avoir pris les rênes du pays dès son indépendance, en 1960. On distingue 2 groupes parmi les Arabes mauritaniens : les Beidanes, dits Maures blancs, et les Haratines, dits Maures noirs. Les premiers constitueraient 30 à 35 % de la population, et les seconds 40 à 45 %. Les Beidanes sont issus de vagues successives de migrations des tribus Banu Hassan depuis le Maroc, métissées avec les peuples berbères préexistants, tandis que les Haratines sont une communauté d'esclaves affranchis d'origine africaine-mauritanienne. Ces derniers seraient d'origine bafour, ancienne communauté d'agriculteurs et de pasteurs résidant en Mauritanie et au Sahara occidental.
Nomades à l'origine, les Maures ont été contraints d'adopter un mode de vie plus sédentaire du fait des sécheresses successives, et de l'attraction des villes. Les nomades représentent aujourd'hui moins de 2 % de la population globale mauritanienne.
La question des Haratines
Aboli en 1981, reconnu dans la Constitution comme un crime contre l'humanité en 2012, l'esclavage n'existe plus officiellement en Mauritanie. Cependant, il toucherait encore entre 1 et 2 % de la population haratine au minimum, soit environ 90 000 personnes, d'après le Global Slavery Index. En arabe, haratine signifie « accéder à la liberté », et en hassania « affranchi ».
Les Haratines sont arabo-berbères par la culture, africains-mauritaniens par l'origine ethnique. Le fait de comptabiliser les Haratines parmi les Arabes mauritaniens est une continuité de l'esclavage : en effet, ils représentent un enjeu politique majeur, dans la mesure où leur intégration à la communauté arabe rend celle-ci majoritaire, et permet aux Maures de gouverner le pays. L'esclavage maure se caractérise par plusieurs facteurs : traditionnel (tâches domestiques, travail aux champs), administratif (les Haratines travaillent beaucoup plus que les Beidanes dans l'administration publique, mais montent rarement en hiérarchie), politique, etc. L'abolition officielle de l'esclavage a laissé place à une nouvelle forme de servitude : il a été observé que des Haratines, ayant été affranchis par leurs maîtres, se privent d'une partie de leurs récoltes et de leurs biens au bénéfice de leurs anciens maîtres. Il s'agirait d'une sorte de redevance éternelle, une contribution en échange d'un acte de prétendue générosité... Dans les textes religieux, pourtant, il est écrit que le maître et son esclave, une fois celui-ci affranchi, deviennent égaux.
Une diversité d'Africains mauritaniens
Les Africains présents en Mauritanie se distinguent en plusieurs ethnies, à commencer par les Wolofs. Ces derniers, principal groupe ethnique du Sénégal, sont estimés à 450 000 en Mauritanie. Ils sont installés le long du fleuve Sénégal, du côté de Rosso. Les Wolofs représentent 9 % de la population mauritanienne, ce qui en fait l'ethnie majoritaire. Juste après se trouvent les Toucouleurs, avec une part de 8 % environ. Principalement établie au Sénégal, au Mali et en Mauritanie, cette ethnie est convertie à l'islam depuis le XIe siècle ! Basés aux environs de Bogué et Kaédi, les Toucouleurs sont cultivateurs de céréales (mil, sorgho), éleveurs et pêcheurs. Viennent ensuite les Soninkés, autour de la ville de Sélibabi. Ils sont les descendants de l'empire du Ghana, qui s'étendait à cheval sur la frontière actuelle du Mali et de la Mauritanie, du IIIe au XIIIe siècle. Les Soninkés constituent 4 % de la population mauritanienne et sont cultivateurs. La Mauritanie compte également 4 % de Peuls (ou Pulaars), une ethnie traditionnellement nomade et pastorale, qui aujourd'hui pratique la culture du mil et l'élevage de bovins. Enfin les Bambaras, 1 % de la population, se trouvent à l'est du pays, tout près du Mali dont ils sont originaires, et sont pour la plupart agriculteurs et artisans.
À noter : en 2011, alors que la Mauritanie lançait une campagne de recensement, le mouvement « Touche pas à ma nationalité »a été particulièrement virulent à Nouakchott et dans le sud du pays, allant même jusqu'aux affrontements. Les Africains mauritaniens se révoltaient alors contre le gouvernement, accusé de chercher à les marginaliser par des questions « uniquement réservées aux Noirs », des enquêteurs en majorité maures blancs, des justificatifs impossibles à fournir... Les Africains mauritaniens craignaient alors une remise en question de leur nationalité, phénomène ayant déjà eu lieu entre 1989 et 1991 notamment. Des milliers d'entre eux avaient dû se réfugier au Sénégal ou au Mali voisins, fuyant un déchaînement de violences interethniques.
Les Imraguens, marins du désert
Minorité ethnique, les Imraguens sont établis sur la côte mauritanienne, aux alentours du cap Timirit. Bafours à l'origine, puis mêlés aux Berbères et aux esclaves des Maures, ils vivent essentiellement de la pêche du mulet, sur le Banc d'Arguin. Aujourd'hui sédentaires, ils étaient à l'époque nomades, se déplaçant avec leurs filets de pêche à la suite des poissons, de mars à mai et d'octobre à décembre. Avant les années 1930, les Imraguens se définissaient par leur technique de pêche originale : ils sifflaient les dauphins à bosse pour que ceux-ci s'approchent du rivage, entraînant les bancs de mulets dans leur sillage... et dans les filets de pêche des Imraguens. De nos jours, ils utilisent des lanches (bateaux à fond plat dotés d'une voile latine), et diversifient leur activité en élevant des dromadaires. La surpêche industrielle menaçant directement les Imraguens, le Banc d'Arguin a été heureusement érigé au rang de Parc national préservant en partie leur situation. Une partie de leur pêche est consommée sur place, et l'essentiel est expédié vers Nouadhibou et Nouakchott. Les œufs de mulet sont le composant premier de la poutargue, séchée et salée, une spécialité rare et luxueuse.
Réfugiés et résidents étrangers
En 2020, 182 286 immigrés vivaient en Mauritanie. Selon le Haut Commissariat des Nations unies, 4 974 nouvelles demandes d'asile ont été déposées par des réfugiés en 2021, la plupart originaires du Mali.
En parallèle, nombreux sont les résidents étrangers en Mauritanie : la France et l'Espagne y sont présentes pour la coopération, mais aussi et surtout s'y trouvent des exploitants de la pêche d'origine chinoise et turque, notamment à Nouadhibou.