La tradition nomade
Si les nomades ne représentent plus qu'une infime partie de la population mauritanienne aujourd'hui (1,9 % environ), la plupart regroupés dans l'Adrar, cet art de vivre reste ancré dans leur tradition : il n'est pas rare de découvrir en ville (à Nouakchott) une khaïma installée dans le jardin d'une maison. Il est également fréquent, pour les Mauritaniens citadins, de les entendre dire « partir en brousse » pour le week-end ou des congés, ce qui signifie rejoindre leur khaïma sur les routes conduisant à Rosso ou Boutilimit, pour se ressourcer et se connecter à cet esprit nomade.
Les khaïmas sont des tentes maures utilisées par les nomades lors de la transhumance de leurs troupeaux. À l'origine fabriquées en laine de mouton noir et poil de dromadaire, elles sont aujourd'hui plutôt en coton blanc, ce qui les rend moins imperméables. Elles peuvent atteindre 50 m2 de surface ! Des nattes recouvrent le sol, sur lesquelles sont posés matelas et coussins, et les Mauritaniens s'y allongent, à l'abri de la chaleur et du vent.
Le taux de divorce le plus élevé du monde arabe
S’il n’est pas facile de trouver de statistiques précises en Mauritanie, et notamment sur ce sujet surprenant, le taux de divorce dépasserait les 40 % dans ce pays pourtant conservateur. La République islamique de Mauritanie possède bien des interdits (consommation d’alcool défendue, condamnation à la peine de mort pour offense à la religion), cependant le divorce y est bien toléré, même lorsqu’une personne y a recours à plusieurs reprises ! Il s’agit surtout des mariages unissant les Maures, pas les Africains-Mauritaniens. Plusieurs raisons sont avancées : des mariages forcés, arrangés, demeurent en zone rurale, amenant devant l’autel de toutes jeunes filles (dès 12 ans), qui s’émancipent après quelque temps. La rapidité des unions s’explique aussi par l’un des interdits imposé par la religion islamique : les relations sexuelles sont en effet prohibées hors engagement officiel, ce qui pousse certains couples à se précipiter. Si les mariages d’amour ne sont encore pas la majorité dans le pays (73 % des femmes mauritaniennes n’auraient pas choisi leur mari, ce dernier étant souvent un membre proche de leur famille), ils se défont plus facilement qu’en France : pour divorcer, prononcer une phrase est suffisant, ce qui explique aussi l’important taux de désunion maritale ! Un autre facteur est aussi évoqué : la polygamie, mal acceptée par les femmes maures. En Mauritanie, il n’est pas rare d’assister à une fête de divorce, à grand renfort de traditions féminines (henné, coiffure, maquillage).
La condition féminine
Si les femmes représentent un quart des députés à l'Assemblée nationale en Mauritanie, un tiers se marie avant d'avoir 18 ans, et elles ne sont qu'une minorité à avoir accès aux études secondaires, à l'université.
Dès l’âge de 3 ans, c'est le début du calvaire pour certaines : elles doivent ingurgiter de très grandes quantités de graisses de toutes sortes, prenant jusqu’à 20 kilos en 2 mois, à raison de 10 repas quotidiens ! Cette coutume, appelée le gavage, est certes de moins en moins répandue, mais elle peine à disparaître dans les zones rurales, l'obésité féminine étant à la fois critère de beauté et signe de richesse. Dans le même temps, l'Unicef évalue à plus de 65 % le nombre de Mauritaniennes excisées... Bien qu'aucune loi n'existe contre cette cruauté, le gouvernement lutte contre, ainsi que la religion : en 2010, une fatwa a été lancée par les oulémas mauritaniens (docteurs de la loi musulmane, faisant office de juristes et théologiens), et ce afin de condamner l’excision.
De plus en plus de jeunes filles mauritaniennes se rassemblent et se proclament féministes, critiquant sans filtre les mœurs de leur société, inspirées par Aissata Kane. En effet, celle qui a été la première femme ministre en Mauritanie a lutté contre la polygamie et encouragé la scolarisation des filles, jusqu'au coup d'État de 1978. Aujourd'hui encore, elle s'implique dans la société civile, cherchant à barrer ou repousser les menaces pesant sur les femmes (esclavage, violence, mutilation, etc.).
Famille, santé, emploi
Selon la Banque mondiale, en 2016 le taux de chômage chez les jeunes Mauritaniens s'élevait à 19 %, contre 12 % pour la moyenne nationale. Et la population mauritanienne est jeune : 40 % des habitants ont moins de 15 ans ! En attendant de trouver un travail, le quotidien de ces jeunes s'échappe au café du coin, le nez derrière leurs écrans, à rêvasser d'une autre vie. D'autant qu'en Mauritanie, la cellule familiale fait foi. Il est attendu des enfants devenus grands, ou ayant émigré, qu'ils subviennent aux besoins de leurs anciens, pauvres ou trop âgés pour travailler...
Comme dans tous les pays émergents, l'accès à la santé, à la protection sociale et à la retraite est réservé à une élite. Cela renforce le culte de la tradition, notamment dans le sud de la Mauritanie : les plantes médicinales sont connues, repérées et utilisées pour soigner petits et grands maux, ce savoir étant transmis de génération en génération, sans pour l'instant se perdre. De l'argent est envoyé aux membres les plus nécessiteux, et les familles cohabitent souvent sous le même toit, du petit-enfant au grand-parent, si ce n'est plus.
Du côté du handicap en revanche, et des droits associés, la Mauritanie est en retard, bien que souhaitant récemment s'engager : la Première dame Mariem Mohamed Fadel Dah œuvre pour le développement d'une fondation dédiée au traitement spécialisé des enfants autistes, et c'est une première ! Dans la capitale, on note tout de même quelques initiatives sociales : des jeunes se mobilisent et collectent des fonds pour leurs associations (prise en charge des enfants abandonnés, aide aux malades indigents…), mais ce secteur reste à développer.
La pétanque, sport national
Certes, pour la première fois les « Mourabitounes » ont participé aux phases finales de la Coupe d’Afrique des Nations de football en 2019… Mais saviez-vous que la Mauritanie a déjà obtenu la médaille de bronze lors de championnats du monde de pétanque ?! En juillet 2022, la première édition du Championnat International de Pétanque Al-Tawari, organisée en coopération avec la Fédération Mauritanienne de Pétanque, s’est tenue à Nouakchott, avec la participation de 127 équipes dans la catégorie professionnelle et de 68 équipes au niveau des adultes de plus de 50 ans. Maroc, Sénégal, France ou encore Espagne ont participé à cet événement, aux côtés des athlètes mauritaniens.