Découvrez l'Ouzbékistan : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

L'Ouzbékistan a tissé son paysage artistique à la façon d'un précieux patchwork. L'art était considéré comme "l'âme de la nation" et trouve son unité dans l'usage de la couleur. La variété de ses traditions se reflète aussi bien dans sa musique, sa danse, son artisanat que dans tous les arts majeurs. Peintures, miniatures et mosaïques de faïence sont les marqueurs de ce pays. Pour se familiariser avec la diversité contemporaine, les festivals attirent les artistes dans tous les domaines de la création. L'Ouzbékistan compte également 110 musées. La plupart des lieux d'exposition sont localisés à Tashkent mais les villes touristiques, comme Samarkand ou Boukhara, possèdent des musées de grande qualité. Pour les amateurs de photos, la Photobiennale invite, depuis 2007, une trentaine de pays à s'exposer dans la capitale. Depuis peu, des galeries d'art voient le jour en Ouzbékistan et rencontrent un succès des plus prometteurs.

Au carrefour des cultures

La culture ouzbèke s'est forgée en incorporant les traditions des populations qui ont successivement occupé le territoire de l'Ouzbékistan actuel. Les premières roches peintes (art rupestre) de la région remontent aux sociétés primitives : on les découvre dans l'oasis de Tashkent, la vallée de Ferghana et l'ouest du Tien-Shan (bestiaire et scènes de chasse). Le trésor d'Amou Darya confirme l'existence d'un art élaboré dans cette zone dès l'âge de bronze. Les sculptures rituelles et les figurines en terre cuite retrouvées sur les sites archéologiques de Jarkutan et de Molallitepa attestent de traditions picturales établies à cette époque.

Antiquité et art Kushan

Entre le IVe siècle av. J.-C. et le IVe siècle ap. J.-C., tous les arts majeurs connaissent un épanouissement exceptionnel. L'intérieur des temples, des palais et des châteaux se pare de magnifiques peintures, sculptures et pièces d'orfèvrerie.

La période Kushan (entre la fin du Ier et le IIIe siècle) se caractérise par sa mixité. Les divinités gréco-romaines coexistent avec les traditions bouddhistes et le panthéon iranien. On peut classer les vestiges en deux catégories : l'art impérial hérité du modèle iranien et le style né du métissage des modèles bouddhistes, gréco-romains et indiens. Les motifs récurrents de soleil et de lune sont issus du zoroastrisme.

Les 3 000 pièces du musée des Beaux-arts de Tachkent complètent parfaitement la visite des sites historiques et font voyager sur l'ancienne Route de la Soie.

Empire Khaganat

Ce puissant empire établi en 552 s'étendit en Asie centrale jusqu'en 744. Une synthèse s'opéra alors entre les cultures turques et sogdiennes. Les Sogdiens, peuple de commerçants, se démarquent par leur tolérance envers tous les peuples avec qui ils entrèrent en contact. la culture de la soie se développe sous leur influence. Le vocabulaire artistique sogdien se caractérise par des thèmes héroïques ou cultuels, dont l'éternel combat entre le Bien et le Mal, des scènes de chasses (reliefs et peintures à Varakhcha, résidence des souverains à 39 km au Nord-ouest de Boukhara).

Les peintures se caractérisent par une composition complexe et une abondance chromatique. Les palais et châteaux sont richement parés de fresques montrant des dihqān en train de festoyer. Les hommes portent des ceintures d'or, où sont accrochées de superbes épées ou poignards. Des femmes leur tiennent compagnie. Assis ou étendus sur des tapis, avec leurs serviteurs en arrière-plan. Les créations de cette période à ne surtout pas manquer sont celles de la cité d'Afrasyab datant des VIIème et VIIIème siècles, et conservées sur place au musée d'Afrasyab de Samarkand.

L’islam en Asie centrale

Sous le règne des Timourides, deux formes d'expression picturale ont éclos. La peinture monumentale, qui relate des faits historiques et la vie quotidienne, et le petit format, souvent des paysages stylisés de type décoratif ou des portraits. L'empire de Tamerlan tombé aux mains de la dynastie musulmane des Chaybanides, les images figuratives vont être prohibées. Peintures et reliefs sculptés sont détruits, le temple de Samarkand saccagé et les idoles en bois brûlées. La peinture et la sculpture monumentales vont disparaître au profit d'un art ornemental hérité de l'esthétique musulmane. Les maîtres ouzbeks ont su développer des motifs géométriques extraordinairement complexes, entrelacés de vrilles, de fleurs et de fruits.

L’art de la miniature

L'évolution de la peinture ouzbèke reflète l'histoire singulière de ce pays. Les normes musulmanes poussèrent les artistes à s'orienter vers l'abstraction. Apparu plus tardivement, l'art de la miniature profita de deux périodes fastes, aux XIIe et XVIe siècles. Au tout début, ces petites images colorées et laquées tenaient un rôle décoratif. Puis elles s'allièrent à la calligraphie et embellirent les textes religieux. Ultimement, la miniature s'associa au verbe pour illustrer légendes et poèmes.

La miniature est ainsi devenue l'art visuel le plus typique de l'Ouzbékistan. Ses grands maîtres se nomment Kamoliddin Behzod (XVIe siècle), Ahmad Donish (XIXe siècle) et Davlat Toshev pour l'époque actuelle. Ce dernier, de la septième génération d'une lignée de miniaturistes, a accédé au rang de membre de l'Académie des arts d'Ouzbékistan.

Kamoliddin Behzod (1450-1535) est certainement le plus célèbre, mais aussi l'un des plus mystérieux car semi-légendaire. Il a dirigé les ateliers royaux d'Hérat et de Tabriz à la fin de la période timuride. Réputé pour son habileté à capturer les nuances de l'homme, il a produit une multitude de pièces jugées "gracieuses", dont la plus connue est « La séduction de Yusuf et Zuleykha », actuellement conservée à la Bibliothèque nationale des archives au Caire en Égypte.

Réalisée en 1488 et mesurant à peine 30 cm sur 21 cm, elle illustre l'histoire de Joseph échappant à la femme de Potiphar.

Art moderne et contemporain

Au milieu du XIXe siècle, la peinture de chevalet et le dessin venus d'Europe furent adoptés lorsque la Russie tsariste lança des expéditions pour étudier la culture et la vie du Turkestan voisin. Le premier artiste russe fut Vasily Vereshchagin. Puis un second tournant se produisit au XXe siècle, toujours sous l'influence des peintres russes. Igor Savitsky créa le musée d'Art de Noukous, entièrement dédié à l'art ouzbek. Sa collection part des antiquités du Khorezm et présente de splendides icônes russes aux côtés de la seconde plus vaste collection d'avant-garde russe du monde.

En quelques décennies à peine (1910-1940), l'impressionnisme et les courants d'Avant-garde (fauvisme, cubisme, futurisme, expressionnisme, chagallisme) ont trouvé un terrain fertile et une forme d'avant-gardisme propre à l'Asie centrale a émergé. Influencés par le Cubisme chez Alexander Volkov "Pomegranate Teahouse" (1924) Moscou, ou l'Art Naïf de Nikolai Karakhan, grande figure ouzbèque devenue une figure nationale, Ural Tansykbaev (1904-1974). Ses œuvres marquées par le fauvisme et l'expressionnisme sont exposées dans divers musées et au Musée commémoratif de Tashkent, reconnu internationalement, il reçut une médaille d'argent à l'Exposition universelle de Bruxelles (Wereldtentoonstelling Brussel) en 1958.

L'héritage classique de l'Occident, les traditions de l'iconographie russe et l'expérimentalisme de l'avant-gardisme se sont mêlés à l'ornement décoratif propre à l'art de l'Asie centrale et aux traditions picturales (coutumes et mode de vie séculaire, paysages et nature exceptionnels, personnages similaires aux prophètes bibliques) révélant un art populaire aux multiples couches de signification et de symboles.

Abdulhaq Abdullayev fut l'un des premiers chefs de file à émerger. Fasciné par la nature humaine, il a porté le réalisme socialiste dans ses portraits. Son contemporain, Rakhim Akhmedov, s'est inspiré du soleil brûlant, des rivières rapides et des jardins opulants. Chingiz Akhmarov, quant à lui, s'est appuyé sur les racines anciennes de l'Ouzbékistan à travers ses paysages qui ne sont pas sans rappeler les miniatures orientales. Il a aussi répondu à des commandes publiques comme pour le métro de Tashkent ou certains bâtiments publics. Par ailleurs, son épouse, Shamsroi Khasanova, a été la première femme artiste reconnue d'Ouzbékistan, ses œuvres s'intéressent aux femmes et à leur spiritualité.

Au cours des années 70, de nombreux artistes (Shukhrat Adurashidov, Maskhud Tukhtaev, Shukhrat Timurov, Khaidar Sanaevont...) ont utilisé leurs œuvres pour contester le pouvoir en place. Chacun s'appuyant sur ses propres influences, c'est pourquoi aucune école, ou mouvement artistique, n'a émergé. La reconnaissance officielle des Beaux-arts comme création pure et non plus de l'artisanat, en 1997, avec la fondation de l'Académie des Arts d'Ouzbékistan. Enfin !

Désormais, l'art contemporain rencontre l'art traditionnel dans les salles de l'Art Gallery Caravan.

De nos jours

Encore peu connus, les photographes ouzbeks composent avec des interdits tenaces. Amis photographes, la prudence est toujours de rigueur. La cinéaste Oumida Akhmedova, attachée à photographier la vie dans les zones rurales, est la première femme documentariste à avoir reçu une formation professionnelle (à l'Institut du cinéma de Moscou). Les amateurs ne manqueront pas de visiter la Maison de la Photographie de Tashkent ainsi que la Bonum Factum Gallery, consacrée à la photographie contemporaine et invite des artistes émergeants à exposer.

Participant de la troisième Photobiennale de Tashkent, Elyor Nematov accomplit un travail à la fois documentaire et empreint de sensibilité. Parmi ses thèmes : les travailleurs immigrés de l'Asie centrale, l'égalité des sexes ou encore les enfants de Bukhara. Lauréat du prix Getty du Jeune Talent Reportage 2014, ses photographies sont exposées dans le monde entier.

Peu de Street-Art ou de graffitis, longtemps considérés comme un acte d'opposition au gouvernement. Les œuvres murales de l'époque soviétique ont, elles aussi, tendance à disparaître car attachées à une partie de l'histoire que l'on veut oublier ! La première grande fresque murale de Tashkent n'est apparue qu'en 2018, rue Shota Rustaveli. Cependant, les mentalités changent et en 2020, le travail de l'artiste de rue, InkUZart, surnommé le Banksy de Tashkent, a été chaleureusement accueilli. Consacrées au coronavirus et aux émotions liées à l'épidémie de COVID-19, elles firent le buzz avec sa version revisitée de Mona Lisa portant un masque dissimulant son célèbre sourire (quartier résidentiel de Chilanzar, mur d'école à Tashkent). Depuis, ses murs dénonçant le consumérisme à outrance que connaît le pays ou sa politique ne cessent de se multiplier ! Depuis le 1er avril 2024, le gouvernement a mis en place un projet "Street-art and Music" offrant de nouveaux lieux pour favoriser la création des artistes de rue et des musiciens, dont la rue pionnière Shota Rastavelli.

Le peu d'art urbain que vous rencontrerez en Ouzbékistan prend la forme de commandes officielles dans les stations du métro. Photographier l'intérieur du métro n'est autorisé que depuis juin 2018. Signalons la station Kosmonavtlar parée de portraits oniriques de cosmonautes dont Valentina Tereshkova, la première femme à avoir voyagé dans l'espace. À la station Pakhtakor, un immense bouquet duveteux rappelle que l'Ouzbékistan est l'un des premiers producteurs de coton du monde. La station Oybek, nommée d'après le poète et écrivain ouzbek, prête ses murs à des illustrations d'un poème épique connu de cet auteur.

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