Découvrez l'Ouzbékistan : Musiques et Scènes (Danse / Théâtre)

Qu'est-ce qui fait de l'Ouzbékistan un pays si unique ? Sans aucun doute ses multiples trésors culturels où la musique tient une place prépondérante. Elle fait partie de la vie quotidienne des ouzbeks même si la musique traditionnelle fut abolie par le régime soviétique, elle revit depuis l'Indépendance et envoûte le voyageur moderne sur les rythmes du shashmaqom. Similaire à celle du Proche-Orient, elle utilise des mesures et des rythmes complexes et des instruments typiques tels que le luth à long manche et frettes (dutor, rubor, ud...), le violon à pointe (ghijak), la cithare (chang), le tambour (doira). Quant à la musique classique occidentale, elle s'étudie au Conservatoire d'État d'Ouzbékistan, fondé en 1936 à Tashkent, pour préparer les musiciens à leur future profession. La musique est un patrimoine vivant et d'autant plus vibrant que le pays la valorise lors des nombreux festivals ethnographiques qui jalonnent le calendrier.

La musique traditionnelle

L'Ouzbékistan a une histoire musicale aussi longue que le manche du dotar (ou dutar), le luth emblématique du pays. Un des premiers épisodes notables est l'apparition à la fin du XVIe siècle du shashmaqom. Commun à l'Ouzbékistan et au Tadjikistan, composé d'éléments similaires à la musique traditionnelle persane, le shashmaqom est un répertoire de quelque 250 pièces instrumentales et vocales. Toutes sont basées sur les maqâm (shashmaqom signifiant « six maqâm ») une organisation d'échelle mélodique différente de nos gammes et articulée autour d'atmosphères ou de sentiments.

Exécuté en solo ou par un groupe de chanteurs, le shashmaqom s'accompagne d'un ensemble d'instruments typiques du pays - luths dotâr et tanbur, vièles sato ou ghijak, tambours sur cadre et flûtes – et comprend des interludes de poésie soufie parlée, les ghazal (ou ghazal) communes à tous les pays musulmans orientaux. Turgun Alimatov (1922-2008), figure de proue de la musique ouzbèke, a interprété avec virtuosité de nombreux shashmaqom durant sa carrière.

Musicien, poète, chanteur – et en fait l'équivalent du barde ou du troubadour – les bakhchi ont encore toute leur place dans le paysage musical traditionnel ouzbek. Ces chanteurs de poèmes véhiculent les grandes légendes épiques d'Asie centrale. Une tradition orale qui se transmet de génération en génération, et raconte les traditions, les mythes fondateurs, les gloires locales ou nationales. Ils chantent accompagnés par une petite guitare à deux cordes pour la mélodie et un tambourin pour le rythme.

Interdite à la radio sous le régime soviétique, la musique folklorique ouzbèke a connu un regain d'intérêt dès la chute du mur, et s'entend à la télé, la radio et quelquefois sur scène.

Quelques restaurants de Tashkent les programment quasi quotidiennement, c'est le cas d'Afsona, très agréable, Charchara, une chaïkhana typique, en bordure du canal Ankhor ou encore de Bahor, beaucoup plus haut de gamme. À noter qu'un disquaire de Samarkand, Babur Sharipov, est l'une des meilleures adresses du pays pour s'acheter des albums de musique traditionnelle ouzbèke.

Musique moderne et populaire

La musique populaire contemporaine ouzbèke est largement influencée par la pop en provenance de Russie. La plupart des tubes viennent d'ailleurs de là. Les chaînes musicales locales les diffusent en boucle avec profusion de clips où jeunes femmes en bikini et boys bands slaves et musclés exécutent des chorégraphies propres au genre. Bref, la pop russe est partout et les équivalents ouzbeks miment son esthétique. C'est le cas des méga-stars locales Sogdiana Fedorinskaïa, Lola Yuldasheva ou encore de Rayhon.

D'autres essaient de créer des passerelles entre musique classique ouzbèke et pop comme Sevara Nazarkhan. Mais la star parmi les stars, c'est de loin Yulduz Usmonova, reconnue pour sa voix emblématique. Elle a étudié très tôt la musique, intégré le conservatoire de Tashkent où elle a étudié le chant. Chanteuse populaire en Ouzbékistan après l'indépendance en 1991 jusqu'à devenir la « chanteuse officielle », assurant la clôture des grands concerts officiels. Très célèbre dans toute l'Asie centrale, et en Turquie, ses chansons sont traduites dans de nombreuses langues, ouïghour, tadjik, russe, chinois, tatar...

À noter que le rap, venu de Russie, est de plus en plus populaire auprès du public ouzbek, un peu moins des autorités qui, très opposées à cette forme d'expression contestataire, ont stoppé tout développement national du genre. Shohruh est sans doute l'artiste hip-hop le plus actif (et écouté) dans le pays.

La musique classique

Connaissant une tradition de musique savante très différente de la nôtre, on trouve assez peu de musique classique en Ouzbékistan. Cela dit, sous l'impulsion du président Karimov, le Conservatoire national – et ses trois salles de concert – ont vu le jour au début des années 2000. Autrement le pays compte quelques prodiges qu'il est important de citer. Marchant dans les pas du grand pianiste Yefim Bronfman (désormais citoyen israélien), le jeune virtuose Behzod Abduraimov (né en 1990) envoûte les publics du monde entier par son jeu magique. Tout aussi éblouissant, le jeune chef Aziz Shokhakimov (né en 1988) est directeur musical, depuis 2021, de l'orchestre philharmonique de Strasbourg en France. Du côté des voix lyriques, l'Opéra Alisher Navoi programme des opéras et ballets, et a accueilli en 2023 le concours annuel mondial de chant, créé à Dresde (Allemagne) en 1996 : un jury international, plus de 600 chanteurs venus du monde entier.

La danse

Les danses traditionnelles ouzbèkes racontent toujours une histoire, révélée par l'expressivité des mouvements et des rythmes. Il existe trois grandes écoles de danse appartenant chacune à une région, l'un des anciens khanats : les danses du Khorezm, de Boukhara et de la vallée de Ferghana.

Celles de Ferghana sont classiques et dégagent une grande volupté par leurs mouvements fluides et ondulants.

Les danses de Bukhara célèbrent la féminité et jouent sur le charme et l'envoûtement via des gestes lents et précis. Ces danses distrayaient déjà l'empereur Tamerlan. Enfin, plus brusques, ardentes et rapides, les danses du Khorezm.

Les danseuses ont des bracelets de petits grelots (zang) aux poignets et aux chevilles, qui rythment les mouvements et évoquent un temps où les femmes n'avaient pas le droit de danser. Sinon, leurs bras et jambes étaient impitoyablement brisés.

Les costumes de danse traditionnelle dépendent de l'histoire et du climat. Le froid du désert de Bukhara explique que les danseurs hommes et femmes soient plus chaudement vêtus qu'ailleurs, alors que la chaleur du Khorezm impose des tenues de coton. Robe et coiffe (constituée souvent de châles pour les femmes) permettent de situer les origines géographiques.

L'ensemble national « Bahor » (printemps) est la plus importante formation de danse classique ouzbèke. Samarkand offre diverses possibilités d'assister à des représentations de danses folkloriques au très réputé Théâtre El Merosi. Disposant d'une collection époustouflante de costumes historiques du XIXe siècle, faits de soie, de brocart, de bekasan et de satin. Les vêtements pour hommes et pour femmes sont richement décorés de broderies dorées et argentées. Les danses nationales sont interprétées par les étoiles du ballet. On peut aussi assister à des spectacles de danse, chaque soir, en dînant au restaurant Sarbon Appetit.

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