La faune des forêts et des contrées boréales
Les prédateurs comme les lynx, les aigles et les gloutons (attention, ils sont très dangereux !), vivent toujours au cœur des immenses forêts orientales du pays à proximité de la frontière russe.
L’ours brun, jadis redouté au point qu’il était tabou de prononcer son nom (karhu), demeure le plus impressionnant. Ayant retrouvé son habitat, depuis la désertification des immenses sapinières de la Carélie russe annexée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il n’est désormais plus menacé d’extinction. Des excursions spécialisées dans l’observation des ours sont possibles à organiser. Aujourd’hui, l’ours, animal totem du pays, voit sa population stagner à environ 2 000 têtes en 2019. Ce chiffre a pu augmenter notamment grâce au quota mis en place pour la chasse. En 2019 par exemple, « seuls » 313 ours avaient le droit d’être abattus.
Les loups, en revanche, ont quasiment disparu. La haine et la peur ancestrales de l’animal sont telles dans l’est de la Finlande qu’un loup, une fois repéré, est immédiatement traqué. On compte environ 250 loups (chiffres de 2019) dans le pays.
Le glouton quant à lui, est un animal un peu méconnu qui a donné son nom à l’expression « manger comme un glouton ». Et pour cause, cet animal a la réputation d’être un carnivore vorace. En 2019, on estime que la population de glouton a environ 200 têtes. Et d’ailleurs, la Finlande est considérée comme l’un des meilleurs pays au monde l’observation des gloutons. Joseph Acerbi, évoquant le glouton, écrivait : « Il paraît devoir sa mauvaise réputation sanguinaire au grand appétit qu’il a toujours. [...] Quand il voit un renne à sa portée, il saute sur son dos, s’y cramponne en y enfonçant ses dents aiguës et ses griffes allongées. » Redoutable prédateur, le glouton continue d’avoir très mauvaise presse et on vous souhaite de ne pas le croiser car il est beaucoup moins peureux qu’un ours... Cependant, rassurez-vous les rencontres avec les gloutons sont rares.
Le lynx est le quatrième des grands carnivores du pays et l’un des plus rares à voir. Il y a environ 2 000 individus en Finlande.
Le renne doit faire face à plusieurs prédateurs comme le glouton, un ennemi redoutable. Le régime alimentaire des rennes se compose en été de plantes diverses et l’hiver de lichens dégagés de la neige grâce à leurs très utiles sabots. Le grand nombre de rennes ne nécessite aucune mesure de protection particulière. Dans ce domaine, l’homme reste encore le prédateur le plus dangereux. La catastrophe nucléaire de Tchernobyl, en avril 1986, conduira ainsi à l’abattage de milliers de bêtes dans le pays, portant gravement atteinte à la chaîne alimentaire. En Laponie, les troupeaux de rennes, lors de leurs migrations annuelles, se rassemblent sur les tunturis, ces mystérieuses hauteurs qui se profilent à perte de vue. Il est organisé plusieurs fois par an (automne et hiver) un rassemblement des rennes (poroerotus) par les autochtones afin de les trier et les marquer, un spectacle à ne pas manquer.
L’élan est présent sur tout le territoire finlandais. Il a peu de prédateurs naturels et sa population est régulée par la chasse. On compte plus ou moins 100 000 élans, animal impressionnant avec ses bois, dont les mâles peuvent atteindre jusqu’à 700 kg. Pour déterminer les quotas, ils correspondent en gros au nombre de faons mis bas en mai et juin de la même année.
Le renard polaire est également assez commun ainsi que le castor. Dans une catégorie plus réduite, voir aussi le hérisson, le rat musqué, la martre, la loutre et le lièvre. Seul serpent venimeux de Finlande : la vipère (kyy) dont on trouve l’antidote (kyypakkaus) en pharmacie.
Le phoque vivant dans le lac Saimaa, et dont l’espèce est pratiquement éteinte, bénéficie, quant à lui, d’une protection légale. Pour sensibiliser la population à la préservation de l’espèce, WWF a mis en place un système de webcam pour lancer une chaîne en live appelée Norppalive. « L’objectif de Norppalive est d’inciter le public à prendre toujours plus conscience de la présence et de la vie du phoque annelé du Saimaa et d’accentuer la motivation collective pour la protection de l’espèce ».
Les eaux de Laponie sont également peuplées d’une faune importante. Réputée pour abriter l’une des plus grandes zones de pêche au saumon du monde, la région héberge aussi au sein de son réseau hydrographique des truites, des lottes et des perches.
Les ornithologues ne seront pas en reste. De nombreuses variétés d’oiseaux (canards sauvages, faucons, chouettes, etc.) évoluent dans le ciel lapon. Malheureusement le réchauffement climatique a un impact non négligeable sur les oiseaux. En effet, l’hiver 2020 avec ses températures particulièrement douces a encouragé les oiseaux à ne pas migrer : les températures douces et les eaux qui ne gèlent pas, font qu’ils n’ont plus besoin de partir. Pour se faire une idée, le mois de janvier a été entre 7 et 8 degrés plus chaud que les moyennes de saison.
La flore
La flore, particulièrement riche pendant la belle saison, de fin mai à septembre, offre ses parterres de fleurs, des champs au cœur des forêts de bouleaux. Les baies sauvages et les champignons envahissent les marchés de province dès l’automne. On y trouve également quantité de groseilles, de myrtilles, d’airelles et les curieuses lakka, baies polaires au goût particulier et qui ressemblent à des framboises jaunes. La flore lapone est en revanche moins diversifiée que la faune. La dureté du climat rend difficile la pousse des plantes et des fleurs.
À cet égard, les sommets enneigés en hiver sont impitoyables et presque toujours recouverts de plaques de glace, même en été. Les forêts situées dans les zones de moindre altitude sont principalement fournies en épicéas, en pins et en bouleaux. Les endroits marécageux se recouvrent d’une flore exubérante au printemps, notamment de roseaux et de fleurs.
En Laponie, une fois franchi le cercle polaire arctique, on est saisi par cette sensation de bout du monde. Au-delà de cette latitude fascinante, le Grand Nord s’étend, nimbé de légendes où les Sâmes voient encore dans la féerie nébuleuse des aurores boréales les « lumières de l’esprit renard ». À mesure que l’on monte vers le nord, les habitations se raréfient, les forêts de pins et de bouleaux s’éclaircissent pour céder la place à l’immensité de la toundra boréale où pointent les dômes ondulés des montagnes pelées, ces tunturis où ne poussent que des lichens et de la mousse. Après la limite des forêts, le genévrier et le bouleau se font nains. Dans un paysage de marais sans fin, serpentent les méandres cristallins de mille cours d’eau. L’immensité de ces marécages est dominée, au loin, par le bleu des monts pelés.