Aux origines
Le premier site italien classé au patrimoine mondial de l'Unesco se situe dans l’une des plus belles vallées de la Lombardie. Val Camonica abrite 12 000 ans d’histoire qui se déroulent au fil de milliers d’œuvres rupestres. Signes et figures gravés dans la roche ont pour thème l’agriculture, la chasse, la navigation, la danse et les combats parmi des compositions géométriques. Le quotidien et les croyances de nos ancêtres ont continué d’orner les deux flancs de cette vallée proche de Brescia durant les époques romaine et médiévale. A compléter par les collections archéologiques du musée national du Valcamonica. D’autres musées dédiés sont dispersés autour du lac de Garde. Au musée archéologique de Sirmione, associé aux grottes du poète Catulle (Grotte di Catullo), la période romaine est magnifiquement représentée par les mosaïques polychromes et les fresques qui ornaient la villa bâtie sur le site.
Antiquité
L'art italien prend ses racines dans la Grèce antique, au temps des Étrusques. Par la suite, la production artistique de la Rome antique s'attache à servir la politique et la religion de l'Empire. Les passionnés se rendront dans l’un des plus importants musées archéologiques de la Botte, le Museo civico archeologico. Sa collection suit l’histoire de Bologne, dès les premiers vestiges de la capitale de l’Émilie-Romagne.
Les fresques et les mosaïques, illustrant des scènes mythologiques ou de la vie quotidienne, sont héritées de l'art byzantin. Plus de 400 m² de mosaïques polychromes sont à découvrir sur le site archéologique de la Domus dei Tappeti di Pietra à l’église Sant’Eufemia de Ravenne, avec des compositions géométriques et florales mais surtout des tableaux uniques comme La Danse des génies des saisons et Le Bon pasteur, dépeint dans une posture inédite. Pour aller plus loin, le Museo Tamo, au cœur de l'église San Nicolò de Ravenne, propose un itinéraire fascinant sur l'art de la mosaïque.
A la chute de l'Empire romain, le modèle byzantin disparaît au profit d'un art chrétien. Le christianisme devient la religion officielle dès la fin du IVe siècle. Les églises qui sont alors construites s’ornent de peintures et de sculptures pieuses. L'art médiéval, mis au service des croyances, s’appuie sur le symbolisme pictural pour chanter les valeurs chrétiennes.
Sculpture médiévale
Après une domination étrusque, les Lombards s’installent en territoire romain dès 568. Dans le nord-ouest de l’Italie, le style roman se développe à la fin du XIe siècle et rayonne jusqu’en Sardaigne et en Angleterre. Les innovations esthétiques arrivent par les Alpes, apportées par les artistes venus des pays frontaliers pour travailler. C’est ainsi que les modèles nés en Europe du Nord sont diffusés dans la région de Côme. Ils modifient l’architecture mais aussi le travail de la pierre et l’art religieux en général.
Les premiers maîtres de l’art roman lombard sont des sculpteurs anonymes itinérants. Nombre d’entre eux convergent dans la région de Côme. Ces Maîtres de Côme contribuent à l’émergence du style lombard. A Côme, ils taillent des figures zoomorphes, griffons et autres monstres à l’extérieur de la Basilica di Sant’Abbondio ainsi que dans le chœur de la Basilica di San Fedele. Plus rares à cette époque, les représentations humaines, trapues et peu réalistes, contrastent avec les ornements animaliers et végétaux, plus élaborés.
A leur suite, d’autres maîtres s’illustrent dans le nord de l’Italie : Wiligelmo à Modène, Nicolaus à la cathédrale de Piacenza et à Ferrare ; en 1138, il participe au tympan polychrome de la Basilica di San Zeno à Vérone. En 1139, il sculpte pour le portail de la cathédrale de Vérone une Madone, une scène d’Annonciation et une Adoration des Mages qui révèlent des éléments empruntés au nord de l’Espagne.
Peinture murale
De larges peintures murales ornent les églises au XIe siècle. La Lombardie conserve de magnifiques fresques romanes comme à Civate (Lecco), à San Pietro Al Monte, ou encore la chapelle San Martino à Carugo (Côme). Les artistes s’affranchissent du modèle byzantin. Les figures s’allongent et un courant plus naturaliste émerge au début du XIIIe siècle ainsi qu’on peut le noter dans la fresque du Sacrifice d’Isaac de l’église San Jacopo di Grissiano qui a pour décor les pics enneigés des Dolomites.
Le XIIIe siècle sonne le début d’une vaste conquête de la réalité qui bouleverse la peinture occidentale. Les artistes s'appliquent à restituer les apparences du monde réel, au prix d’innovations techniques. Cimabue et son élève Giotto sont les premiers à bousculer le modèle byzantin. Insérant de la vie et des émotions, ainsi que des éléments de paysage dans sa peinture, cet artiste lance le "nouveau naturalisme". Les personnages divins se rapprochent de l’humain.
A l’École de Sienne, les traditions byzantines sont balayées par un art gothique animé par Simone Martini et les frères Lorenzetti, remarquables pour leur travail sur la précision et le détail.
Des scuole à l’école vénitienne
Apparues au XIIIe siècle à Venise, les scuole se définissent comme des confréries de bienfaisance. Les plus aisées font appel aux artistes pour bâtir ou embellir leurs locaux, et ainsi affirmer leur prestige. Indirectement, elles stimulent la création artistique et participent à l’épanouissement de l’école vénitienne qui aboutit à un style unique, le plus reconnaissable de toutes les écoles italiennes, entre enseignements gothiques et byzantins et particularités locales.
La Renaissance arrive à Venise par l’atelier de Jacopo Bellini (1400-1470). Premier peintre à se dégager pleinement du gothique, il repense la notion de perspective et de composition de l’espace. A Venise, ses œuvres sont visibles à la Galleria dell’Accademia ou au Museo Correr
Disciple de Giovanni Bellini, fils de Jacopo, le Titien (vers 1488-1576) explore tous les genres au cours de sa longue vie : fresques (Histoire de saint Antoine, Scuola del Santo de Padoue), portraits et autoportraits, scènes mythologiques et religieuses. Il excelle dans le rendu de la lumière et du mouvement. Inventeur de l’effet de halo, il privilégie la couleur à la forme. L’art du Titien a un retentissement considérable sur l’histoire de l’art européen.
Coloriste sans égal, Véronèse (1528-1588) est le peintre de la splendeur vénitienne. Même dans ses sujets bibliques, le luxe et la beauté l’emportent sur la ferveur religieuse. Les fresques de la Villa Barbaro di Maser mettent en évidence une recherche sur la perception de l’espace pictural confronté à l’espace architectural.
Le mécénat et la première Renaissance
Au XVe siècle, les grandes familles princières règnent sur les cités italiennes. Le mécénat bat son plein : les Médicis à Florence, les Sforza à Milan. C'est d'ailleurs avec l’École florentine que les premiers peintres de la Renaissance s'exprimeront.
La première Renaissance italienne, ou Quattrocento, est représentée par Masaccio. Inventeur du point de fuite unique, il axe son travail sur la perspective, les volumes et les proportions. Mais aussi Brunelleschi, architecte hors pair qui conçoit la première coupole, et peintre de génie cherchant les proportions parfaites que Donatello trouve dans ses statues. A cette époque décisive d'ouverture sur le monde et la connaissance, l'art religieux se trouve bousculé. Reflétant la sécularisation sociale, les arts plastiques s'étendent aux sujets profanes.
La scène artistique milanaise atteint son apogée avec l’arrivée de deux maîtres : Bramante, en 1479, rapidement suivi de Léonard de Vinci en 1482. Dans les bouleversements picturaux qui se jouent, tradition et avant-gardes s’enrichissent réciproquement. Cette explosion créative est rendue possible par les mécènes.
Francesco Sforza et ses descendants sont à l’origine des commandes les plus exceptionnelles. Vincenzo Foppa exécute pour lui quelques fresques de la chapelle Portinari de la Basilica Sant’Eustorgio. Là, il applique magnifiquement les leçons de l’architecture à la peinture : créer l’illusion de l’espace par l’entremise d’un point de fuite unique.
Ludovico il Moro confie à Leonardo la décoration d’un petit mur du réfectoire de Santa Maria delle Grazie, le Cenacolo Vinciano. C’est là que le génie réalise la célébrissime Cène, en 1498. Les vives émotions des apôtres dominent la composition des figures groupées par trois, ce qui isole le Christ au centre. La lumière reprend l’éclairage naturel de la pièce afin de donner au spectateur l’impression d’entrer dans la scène.
Léonard de Vinci
Le génie de Leonardo (1452-1519) frappe les esprits de ses élèves directs et indirects durant plusieurs décennies. Fils de paysan, Vinci entre à la cour du duc de Milan Ludovic Sforza en tant qu’ingénieur. Féru de mathématiques, de musique, de sculpture, de sciences, de dessin et d’architecture, il reçoit bien vite des commandes de tableaux. Il consigne ses études dans des carnets, ses œuvres restant pour la plupart inachevées. La perspective et son ordonnance géométrique comptent parmi ses principaux sujets d’étude.
La composition étudiée, la mélancolie des visages, le sfumato (contours atténués par une sorte de brume), les visages androgynes, l’éclairage diffus constituent ses apports majeurs, perpétués par les « leonardeschi ». Actifs au XVIe siècle, Boltraffio, Andrea Solario, Cesare da Sesto Bernardino Luini et Agostino da Lodi participent à l’harmonisation du goût en diffusant ses enseignements dans le Duché et même bien au-delà de Milan.
Parmi les chefs-d’œuvre de l’incontournable Pinacoteca Ambrosiana de Milan, on retrouve Léonard, Raphaël, Botticelli ainsi qu’une Nature morte du grand peintre lombard Caravage qui marque le début de la peinture baroque.
Signalons les 29 salles du Museo di Castelvecchio de Vérone qui retracent l’art médiéval, la Renaissance et le XVIIIe siècle, italien et européen, en une seule visite.
La haute Renaissance
Jusqu'à présent, la révolution artistique était essentiellement portée par la bourgeoisie, et Florence en était la capitale incontestée. Cependant à partir de 1500, le mouvement se propage vers Rome et Venise. La cité romaine et la Papauté souhaitent reprendre leur place de foyer culturel occidental.
Peinture, sculpture, architecture, mathématiques, les génies de la Renaissance qu'on ne présente plus (Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange...) combinent savoirs et savoir-faire qu'il s'agisse de sciences, de techniques ou de talent artistique. L'âge d'or de la Renaissance s'incarne dans l'œuvre de Raphaël, dont l'aboutissement regroupe tous les idéaux d'harmonie de l'époque.
Notons que de magnifiques fresques de la Renaissance ornent les plafonds du musée du Palazzo dei Pio à Modène. Datées entre le milieu du XVe et le début du XVIe siècle, elles sont l’œuvre de Giovanni del Sega et Bernardino Loschi, peintres de la cour d'Alberto III Pio.
Maniérisme et baroque
Après l'apogée de la Renaissance, l'Italie connaît une crise brutale qui se répercute dans les arts. La Réforme menace l'intégrité de l’Église romaine. Le maniérisme apparaît dans ce climat de tensions. Les héritiers des grands maîtres élaborent une peinture aux tonalités irréelles, les proportions se déforment. Instrument de la contre-Réforme catholique, le maniérisme affiche plus de sévérité et moins d'hédonisme que la Renaissance.
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, l’art baroque s’implante à Rome. Les trois grandes figures de ce mouvement inspiré par l'étrange et le non-respect des arts sont l'architecte Borromini, le sculpteur Bernin et le peintre Le Caravage. Les peintures baroques jouent sur les contrastes saisissants d’ombre et de lumière pour inspirer à nouveau la foi aux catholiques, au besoin par la peur. Il s’agit de réaffirmer la puissance de l’Église. Le baroque règne en Italie du Nord, à Venise, Turin et Gênes jusqu'au XVIIIe siècle.
La collection de la Pinacoteca Nazionale de Bologne réunit l’art religieux du XIIIe siècle au baroque : Giorgio Vasari, Guido Reni, Raphaël ou Le Tintoret.
Néoclassicisme
Le néoclassicisme découle de l'influence des Lumières et de la redécouverte de l'Antiquité. Cela se traduit par une quête de beauté absolue, d'équilibre et de clarté. Le peintre Andrea Appiani (Milan, 1754-1717) et le sculpteur Antonio Canova (Possagno 1757-Venise 1822) sont nommés artistes officiels de l'Empereur et roi d'Italie. Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'art italien s’essouffle, son influence s’étiole.
Les commandes privées continuent toutefois d’entretenir le dynamisme de la Lombardie au XVIIIe siècle. Actif à Brescia, Giacomo Ceruti dit le Pitocchetto représente la pauvreté d’une société paysanne et ouvrière. Au siècle suivant, la peinture romantique atteint son apogée avec Francesco Hayez qui peint en 1859 son célèbre Baisers (Pinacoteca di Brera).
XXe siècle
Bien vite, au XXe siècle, l'art italien retrouve une envergure internationale. En 1909, le courant futuriste se constitue à Milan suite à la publication du Manifeste du futurisme. Pensé par le poète Filippo Marinetti (1876-1944), il paraît d'abord dans un quotidien français, Le Figaro. Le futurisme prend ses racines dans le néo-impressionnisme et le cubisme français. Ce mouvement, qui ne se limite pas aux seuls arts graphiques, souhaite faire table rase des traditions passées. Il prône une esthétique nouvelle fondée sur le progrès, la machine, la vitesse. C'est un art avant tout urbain. Évoqué par la modernisation des villes ou l'invention de nouveaux moyens de transport (avion, voiture...), le futurisme figure des cités imaginaires ou le mouvement stylisé des machines dans des couleurs vives. Dans ses rangs, on compte Sant'Elia, Balla, Cara ou Russolo.
A Milan, le futurisme s’admire désormais au Padiglione d’Arte Contemporanea et au Museo del Novecento qui abrite le célèbre bronze de Boccioni, Homme en mouvement. Le lieu défend par ailleurs de nombreux contemporains italiens, comme le peinture et poète milanais Emilio Tadini.
De nos jours
Premier musée public d’Italie consacré à la photographie, le MUFOCO (Balsamo) met la photographie contemporaine à l’honneur en accordant une place de choix aux enfants du pays, comme Giovanni Gastel (1955-2021).
La capitale de la Renaissance se met à l’heure contemporaine. Au sein du complexe des Leopoldines, Florence présente l’art du XXe siècle au Museo Novecento.
A Milan, le street art s’épanouit dans les quartiers d'Isola et de Lamabrate. Le Musée d’Art Urbain Augmenté ou MAUA propose des parcours hors du centre. De fresques en graffitis, les œuvres de 200 artistes ressortent du mur sous les yeux ébahis des visiteurs conviés à les cadrer avec leur smartphone.
Deux collectionneurs de renom ont élu Venise comme terre d’accueil. La mécène et galeriste américaine Peggy Guggenheim rachète en 1949 le palais Venier dei Leoni sur le Grand Canal. La Collezione Peggy Guggenheim, à taille humaine, également dotée d’un jardin, rassemble des maîtres de l’art contemporain : Picasso, Mondrian, Chagall, Pollock, Dali, Kandinsky ou Magritte.
Pour sa part, la collection Pinault occupe deux sites d’exception restaurés par l’architecte Tadao Ando : le Palazzo Grassi et la Punta della Dogana. Pour accompagner les expositions temporaires, les artistes sont conviés à réaliser des œuvres in situ. En Italie du Nord, vous serez emporté dans un tourbillon artistique de plusieurs siècles.