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Les peuples précolombiens

Même s’il est possible d'admirer les plus belles pièces de l'artisanat précolombien dans les deux musées de San José : le musée de l'Or et le musée de Jade (le plus important musée de Jade du continent), les vestiges du passé précolombien sont rares, et même quasi absents du territoire costaricien. Seul le site de Guayabo témoigne encore de la grandeur d’un passé aujourd’hui révolu. Avant l’arrivée des Conquistadors, le Costa Rica comptait 400 000 habitants mais la colonisation a entraîné des pertes conséquentes : aujourd’hui les groupes ethnico-culturels du Costa Rica ne totalisent plus que 50 000 personnes. Les différentes ethnies qui occupaient ce petit territoire se distinguaient les unes des autres par leurs origines, leurs langues et leurs coutumes diverses. Néanmoins, toute la richesse et la complexité qui composaient ces sociétés humaines tombèrent aux oubliettes lorsqu’elles se heurtèrent à la Conquête espagnole, déterminée à renouveler en profondeur les croyances et les modes de vie des Premières Nations. De manière générale, chaque communauté était dirigée par un cacique dont l'importance se faisait en fonction de la taille du territoire et du nombre d'habitants. La fédération de plusieurs villages formait un "caciquat" dont le plus important, à l'arrivée des colons espagnols, était celui de Nicoya.

La principale ethnie du Pacifique nord était celle des Chorotega, un peuple en provenance de la ville aztèque de Cholula au Mexique. Établis au nord-ouest du Costa Rica vers le IXe siècle, les Chorotegas cultivaient le maïs, la courge, le coton, le tabac, mais aussi le haricot et le cacao. Leur artisanat, hérité du peuple Maya, s’exprimait à travers le travail de la céramique (jarres, statuettes, etc.) et le travail du Jade. Comme les Mayas, ils possédaient leur propre calendrier, fondé sur l'astronomie, et leur propre système d'écriture. Trois grandes fêtes annuelles marquant les grandes étapes de la culture du maïs régissaient d’ailleurs le calendrier. Leurs villages, de plusieurs milliers d’habitants, étaient organisés autour de places, de marchés et de temples. De véritables structures politico-sociales régissaient les trois grandes classes sociales. On distinguait ainsi les prêtes, les guerriers et des prisonniers de guerre, destinés aux sacrifices humains.

Plus au sud, dans la forêt tropicale, les Brunkas occupaient toute la zone de la sierra de Talamanca. Descendants de la culture chibcha, une communauté précolombienne de l'actuelle Colombie, ils maniaient parfaitement les techniques artisanales du travail de l'or : ils fabriquaient minutieusement des parures de colliers et de bracelets ainsi que des masques traditionnels. Aujourd’hui, leur travail est encore reconnu et de nombreux amateurs d'art se procurent des objets issus de leur savoir-faire. Les Brunkas sont également célèbres pour leurs étranges sphères de pierre dont on ignore la signification et l'usage. Disposées sur la péninsule d’Osa et parfaitement sphériques, elles peuvent peser jusqu'à seize tonnes et atteindre un diamètre de deux mètres ! Tout comme les Chorotegas, ils cultivaient le maïs, mais aussi les haricots et le coton.

Sur la côte caraïbe, les Huetares occupaient quasiment la totalité du littoral atlantique et se retrouvaient jusque dans la Vallée centrale. Chasseurs, cueilleurs, mais aussi cultivateurs, ils ont fait du manioc et de la patate douce les bases de leur alimentation. Spécialisés dans le travail de la pierre volcanique, ils se dédiaient à la sculpture d'autels ornés de figures humaines et animales. Il ne reste que peu de traces de leur architecture : le seul monument notable de la culture huetar sont les ruines de Guayabo, une cité construite entre le VIe et le Xe siècle de notre ère, et abandonnée vers 1400 pour des raisons encore inconnues même si ses fouilles sont toujours en cours sur l’ancienne cité de Guayabo qui aurait été habitée par une dizaine de milliers d’âmes.

Les Costariciens d'aujourd'hui

Longtemps, la population du Costa Rica n'a compté que quelques dizaines de milliers d’habitants. La colonisation, lente et difficile, occasionna de lourdes pertes et l’immigration se montra quelque peu frileuse : en 1800, le pays comptait à peine 50 000 habitants. En 1920, ils n'étaient que 420 000, puis 620 000 en 1940 et enfin 800 000 en 1950. Au recensement de 1984, ils étaient 2,4 millions. Le taux d'accroissement annuel a été, pendant les dernières décennies, de 2,1 %. Avec 5,1 millions d’habitants en 2021, le Costa Rica connaît, comme quasi partout dans le monde, une tendance à la baisse. La population est relativement jeune (environ un tiers d'entre eux est âgé de moins de quinze ans.).

Tout au long du XXe siècle, 70 % des Costariciens vivaient encore à la campagne ! Longtemps rurale, la population s'est fortement urbanisée à partir des années 2000 en même temps que l’essor touristique. Son ouverture à l’international a d’ailleurs provoqué quelques changements : depuis quelques années, le Costa Rica accueille beaucoup d’Américains et de plus en plus d’Européens. Venus d'abord en tant que touristes, ils sont de plus en plus nombreux à élire domicile au Costa Rica afin de couler des jours heureux pour leur retraite. Certaines villes comme Tamarindo, sur la côte Pacifique, parlent presque plus anglais qu'espagnol !

Longtemps oubliées, les communautés amérindiennes ont peu à peu obtenu la reconnaissance de leur peuple et de leur réserve. Elles vivent souvent loin des villes et des routes asphaltées et ne sont pas encore intégrés à la société costaricienne, souhaitant préserver leur culture et leurs traditions. Comme dans la majorité des pays comptant des minorités autochtones, le Costa Rica n'a pas maintenu le même développement des conditions de vie pour tout le monde : les communautés amérindiennes, bien qu'autosuffisantes pour la plupart, vivent de manière marginalisée. Analphabètes, vivant dans des logements vétustes, privés d'école et ne disposant pas d'électricité, les populations de ces communautés ne bénéficient pas toujours des progrès et de la modernité occidentale.

Identités multiples et minorités ethnico-culturelles

La population du Costa Rica est fortement métissée. Ici, le mot « blanc » désigne un large éventail de couleurs de peau (du blanc clair au bronzé assez sombre) et le terme « noir » ne s'applique cependant qu’aux descendants des esclaves africains. Terre d'accueil de nombreuses populations européennes, le pays compte, d'après les derniers recensements, 93 % de Blancs, 3 % de Noirs, 3 % d'Asiatiques et 1 % de natifs amérindiens. Mais pourquoi tant de diversité pour un si petit pays ? Cette richesse multiculturelle provient de différents épisodes historiques. Par exemple, au XIXe siècle, la construction des chemins de fer attira des travailleurs chinois et jamaïcains. Puis, toujours à la fin du XIXe siècle, de nombreux immigrants anglais, irlandais, allemands, polonais, italiens ou encore basques s’installèrent. Avant la Seconde Guerre mondiale, fuyant la montée du nazisme, les juifs d’Europe, les Libanais et des Turcs suivirent le mouvement. Puis, face aux dictatures latino-américaines qui frappèrent notamment le Chili, l'Uruguay ou encore l’Argentine dans la seconde moitié du XXe, de nombreux Sud-Américains décidèrent de prendre la fuite en se réfugiant au Costa Rica.

Mais parmi toutes ces vagues de migrations, une population au passé bien particulier est installée au Costa Rica depuis plusieurs générations : majoritairement représentés dans la région de Limon, les Afro-descendants entretiennent avec fierté l'essence d’une culture caribéenne empreinte de nostalgie, de musique, d’histoire et de métissage. Puerto Limon porte encore ces influences culturelles et musicales que l’on retrouve notamment dans le calypso, popularisée dans les Antilles anglophones, mais originaire d’Afrique de l’Ouest. Musique rythmée et véritable arme politique, le calypso fut importé au Costa Rica en même temps que les esclaves jamaïcains, et ce, jusqu’au XXe siècle. Il est toujours aussi présent dans la vie des habitants de la côte caraïbe : tout le monde le connaît et tout le monde le danse ! Longtemps écartées de la population hispano-américaine, les communautés noires n’ont pas pu bénéficier des droits civiques et étaient soumises à des mesures xénophobes telles que d’éviter de se mélanger aux autres populations sous peine de « dégénérescence physiologique et le développement de l’oisiveté et du vice ». Dans les années 1920 et 1930, ces mêmes communautés n’avaient pas accès aux emplois qualifiés. À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, ces contestations aboutirent sur une loi interdisant l’entrée du pays aux populations noires, chinoises et arabes. Il fallut attendre la Seconde République, en 1948, pour que les lois discriminatoires disparaissent.

Aujourd’hui, les Amérindiens disposent à travers le pays de 22 réserves et territoires. Toutefois, pendant longtemps, le pays a négligé les communautés amérindiennes à l’Histoire millénaire. Au fil des ans, des lois et des décrets protègent les terres de ces communautés ancestrales, mais, malheureusement, elles sont touchées par l’essor de l’économie occidentale et certaines terres sont souvent rachetées illégalement par des sociétés étrangères. Attachées à leurs traditions et vivant de manière isolée, certaines ethnies se méfient des visiteurs extérieurs : pour être accepté dans certaines communautés, il vous faudra passer par des rituels afin d’éviter de transmettre des maladies ou de faire entrer de mauvais esprits. Grands connaisseurs de leur environnement, ils entretiennent un mode de vie très proche de la nature. L'héritage spirituel et culturel essaie d'être transmis aux générations suivantes. Les Maleku et les Bribris figurent parmi les communautés costariciennes les plus anciennes. Le peuple Maleku, qui a fait face à de nombreux soubresauts de l’histoire, vit dans les plaines du nord du Costa Rica. Répartis sur trois réserves, ils ne sont plus que 600. Les Bribris, dispersés dans la partie sud de la Cordillère de Talamanca, est le plus grand peuple ethnique du pays. D’origine aztèque et adeptes du chamanisme, ils seraient au nombre de 10 000 personnes réparties dans trois réserves. Chargés d’un passé de plus de 5 000 ans et éloignés de toute forme de civilisation, les Bribris vivent en autosuffisance. Toutefois, cela ne les empêche pas d’être très ouverts au tourisme. Pour atteindre leurs villages nichés dans la forêt, il vous faudra emprunter des pistes en 4x4 à travers la jungle inextricable puis poursuivre votre chemin à bord d’une pirogue. Peuple emblématique du Costa Rica, ils perpétuent un lien singulier avec leurs terres. Dans des parcelles cultivées au cœur de la jungle, ils travaillent les fèves de cacao et fabriquent du chocolat. Le maïs s'utilise encore pour produire la chicha, la boisson traditionnelle. Si vous rendez visite aux Malekus ou aux Bribris, les chefs du village vous feront certainement goûter une petite coupe de cet alcool de maïs fermenté !

Pura vida mae

Le Costa Rica est sans doute le pays à la plus grande notoriété en Amérique centrale malgré une population limitée à 5 millions d'habitants. Cette popularité est portée par son peuple à la fois accueillant et généreux. Ravie de partager les trésors de son pays, la population se montre tout particulièrement chaleureuse et ouverte au tourisme international. Amoureux de la vie et respectueux de la vie sauvage qui les entoure, ils honorent chaque jour qui s’écoule par le plus célèbre des dictons du pays : « Pura vida » (qui pourrait se traduire par « tout va bien » ), traduit à la perfection la philosophie du pays. Chérir l'instant présent, c’est le principe de vie du Costa Rica. « Pura vida » retranscrit cette vision du monde, cette joie de vivre, en même temps qu’il est une formule très utilisée afin de saluer votre prochain.

Même si la langue officielle du Costa Rica est l’espagnol, les Ticos – comme on les surnomme – possèdent eux aussi leur propre argot, c’est-à-dire des mots et des expressions que l’on entend que dans la bouche des locaux. Quelques particularités proviennent de l'Amérique précolombienne : des mots proviennent effectivement de certaines langues de tribus amérindiennes ayant laissé s'échapper un certain héritage culturel. Plusieurs minorités ethniques luttent d’ailleurs pour la conservation et l'enseignement de leurs dialectes de moins en moins employés. Sur la côte atlantique, les Afro-descendants emploient un créole anglais hérité de leurs ancêtres jamaïcains. Vous pourrez également constater que les Costariciens s'appellent entre eux les « Ticos » pour la simple et bonne raison qu’ils emploient constamment ce diminutif à chaque mot, le plus souvent se terminant par « -ico ». Par exemple, chico (petit) deviendra chiquitico (encore plus petit). Ainsi, chaque mot se voit associer ce diminutif : la petite rue, la petite voiture, la petite promenade, le petit chien, le petit café… Ce réflexe linguistique est une manière d’adoucir les interactions, d’atténuer la rudesse de certains propos, cela passe beaucoup mieux et rend le quotidien beaucoup plus agréable !

Toujours dans un état d’esprit pacifiste et respectueux, les Costariciens sont le reflet d’une politique sociale et démocratique. La décision d'abolir son armée au lendemain d'une guerre civile a permis au pays d'investir dans la santé, l'éducation et la préservation de l’environnement. Fier de ses valeurs démocratiques, le Costa Rica a d’ailleurs établi son drapeau avec les trois couleurs de la France : bleu, blanc rouge avec cinq bandes horizontales. « La France dresse ses couleurs verticalement, car elle est au centre de la civilisation. Le Costa Rica les érigera horizontalement, car c’est une nation qui commence à recevoir les premiers rayons de sa véritable indépendance et de la civilisation du siècle. » (Castro Madriz, président de la République, 1848).

Un lien fort et intime avec la nature

Au Costa Rica, la nature est une alliée au quotidien. Habitués à cette profusion de nature, les Ticos naissent avec cette capacité à s’émerveiller quotidiennement face au spectacle qu’offre le monde vivant. Conscients de leur environnement et éduqués à la richesse de leur biodiversité, ils font corps avec cette terre qui bouge et qui fait partie de leur identité. Un tremblement de terre ? Une éruption volcanique ? Les Ticos ne s’alarment pas forcément : l’amour des habitants pour la nature, c’est aussi accepter ses caprices ! En appliquant l’adage « Pura vida », on ne peut qu'être heureux, et encore plus si l’on se contente d’une vie simple et proche de la nature : voilà peut-être le secret de la longévité au Costa Rica, l'un des pays qui comptent le plus de centenaires. Ici, dès qu'une personne vient au monde, elle forme une connexion directe avec la nature. Cette dernière garantit d’ailleurs une meilleure qualité de vie au quotidien : les habitants du Costa Rica bénéficient de l'espérance de vie la plus haute d'Amérique Centrale et vivent en moyenne jusqu'à 80 ans ! Qualifiée de « zone bleue » par les scientifiques, la péninsule de Nicoya, dans le Nord-Ouest du pays, est une province où l'on vit beaucoup plus vieux qu’ailleurs : on a 10 fois plus de chance de vivre centenaire qu'en Europe ! Abritant de nombreux centenaires, c’est effectivement l'un des cinq endroits au monde où l'on vit le plus vieux sur la planète. Ceci s’explique notamment par la qualité de la nourriture locale (régime essentiellement végétarien), le fonctionnement solidaire des familles et des communautés, la détermination du rôle de chacun au sein d’une activité… Les familles ne se séparent jamais, résident toujours au même endroit et les anciens travaillent jusqu’à la fin de leur vie : chacun à une mission !

Habitués à faire pousser leur propre nourriture, certains anciens sont de véritables encyclopédies et ont su acquérir au fil des années l'expérience pour identifier les plantes au premier regard : celles qui sont comestibles et/ou médicinales, celles qui nettoient les reins, celles qui luttent contre le paludisme, le froid ou le rhume, celles qui sont de bons anti-moustiques ou qui sont de traitement pour la circulation et le traitement des veines. Ici, le curcuma pousse à profusion !

Les Ticos entretiennent également avec la nature un lien plus sportif. Sport quasi national, le surf est une religion pour un grand nombre d’entre eux ! Il est même fréquent que les Ticos fassent une pause au travail et partent se vider la tête pour une session de surf. Simples novices ou initiés, ils sont nombreux à partir à l’assaut des vagues sur les centaines de kilomètres de côtes que compte le pays. Les moins sportifs, eux, se donnent tout de même rendez-vous sur la plage pour assister au coucher du soleil, une façon de rendre hommage à la beauté de leur environnement.