Archéologie
Plusieurs sites archéologiques ont permis de reconstituer la culture des premiers habitants d’Amérique centrale. Le plus ancien, le Monument national Guayabo, a révélé de précieuses roches gravées entre ses aqueducs et ses tombeaux. Parmi les motifs incisés sur les pierres, de remarquables animaux dont un jaguar et un crocodile. Les vestiges découverts sur les 66 sites répartis sur les berges de la rivière Reventazón offrent un témoignage unique de ce qu’était la vie 12 000 ans avant nous. L’avancée de la civilisation sur la côte atlantique se manifeste à travers des ustensiles du quotidien, des traces d’habitation et des objets funéraires. Certains objets ont été laissés in situ, d’autres sont conservés au Museo Nacional de San José.
Autres témoignages d’exception, les 465 roches gravées à l’air libre, dispersées sur le site du Pedregal, au nord-ouest du Costa Rica. Non loin du Nicaragua, la multitude de pétroglyphes montre que cette pratique graphique était une tradition locale. On trouve des motifs géométriques simples et complexes (spirales, croix et compositions concentriques), aussi bien que des motifs figuratifs : visages humains, silhouettes apprêtées et animaux (lézards, crocodiles, serpents). Les plus anciens remontent à 500 avant notre ère.
La diversité des représentations atteste très tôt d’un brassage entre les populations indigènes, enrichi de multiples apports d’Amérique du Sud et du Nord.
Art précolombien
La période précolombienne s’achève à l’arrivée des Européens. Le Museo del oro precolombino offre le plus large aperçu sur la culture des peuples autochtones de toute l’Amérique Centrale. Outre ses 1 600 pièces d’or, la collection retrace l’émergence de la métallurgie et son impact culturel dans la région. Pour les indigènes, l’or recèle une charge spirituelle. Utilisé dans la confection de toutes sortes d’objets, ce métal inaltérable occupe une place de premier ordre lors de rituels sacrés.
La centaine de sphères mégalithiques du Diquis, découvertes dans la jungle du sud du pays, seraient l’œuvre d’un peuple de la vallée du Río Grande, les Diquis. Sculptées dans du calcaire ou du grès, ces Bolas sont de dimension variable, de 5 centimètres à 2 mètres. Leurs fonctions restent à ce jour inconnue. Certains sont visibles à l’entrée du Parque nacional Corcovado, autour du Museo Finca 6 de Sierpe consacré au développement des civilisations précolombiennes.
L’une d’elle trône dans la cour du Museo Nacional du Costa Rica. A l’intérieur, une collection d’objets variés évoque l’évolution des cultures successives. On peut notamment y admirer des céramiques et des sculptures en jade. Prisé par les civilisations préhispaniques, le jade revêt des tons variés. De 1200 avant J.-C. au XIIIe siècle, les Olmèques, les Mayas puis les Aztèques maîtrisaient parfaitement le travail du jade. Doté d’une valeur supérieure à l’or, cette roche symbolisait l’eau, donc la récolte et l’abondance de maïs. C’est pourquoi de nombreux masques et statuettes étaient sculptés dans le jade. A voir, le Museo del Jade et de la culture précolombienne, établi dans un bâtiment moderne construit spécialement à San José.
Art traditionnel
L’arrivée des conquistadors marque un tournant radical dans les arts visuels. Cependant, de nos jours encore, les peuples natifs perpétuent des traditions ancestrales. Les Chorotegas, polythéistes à l’origine, continuent de produire une poterie remarquable ornée de savants motifs décoratifs et animaliers.
Les masques des Borucas demeurent pour le moins spectaculaires. Portés lors des danses rituelles, ces hauts masques colorés taillés dans le bois séduisent par leurs traits exagérés. Ils ont pour fonction d’être arborés pendant plusieurs jours par des acteurs. Lors de ces cérémonies, les porteurs racontent la grande Histoire nationale, ainsi que celles de l’une des dernières populations autochtones. Les masques plus effrayants, les diabolitos, sont destinés à narrer l’invasion espagnole. Les couleurs vives privilégiées par les Borucas ont une connotation spirituelle. Également utilisées en peinture, elles exaltent la relation d’un peuple à l’environnement. De nos jours, ces masques constituent la principale source de revenus des Borucas.
Influences métissées
Les peuples autochtones ont reçu un mélange d’influences venues d’Amérique, d’Afrique et d’Espagne. Les apports africains concernent davantage la musique, la danse et l’alimentation que les arts visuels.
La culture européenne est entrée au Costa Rica par l’intermédiaire de l’Espagne. Dans le domaine pictural, un genre classique, inspiré des tableaux populaires prisés au sein de la noblesse espagnole, est rapidement adopté par l’élite. Des bustes sculptés font leur apparition sur les places du pays. Ces portraits de commande accompagnent la construction de demeures et palais.
Du côté des arts traditionnels, les chars à bœufs peints à la main sont l’un des symboles du Costa Rica. Une splendide collection d’art populaire est réunie au MADC - Museo de Arte Costarricense.
Boom culturel
Le XXe siècle voit exploser les innovations et les courants artistiques. Plusieurs talents émergent, certains accédant à une notoriété internationale.
Le peintre et architecte Teodorico Quiros (1897-1977) propose un regard moderne sur le paysage traditionnel dans les années 1920. Considéré comme l’un des peintres majeurs du Costa Rica, il participe à l’édification et à l’ornementation de nombreux lieux publics. Le Museo de Arte Costarricense nomme un étage de son bâtiment en son honneur. Il réalise aussi des peintures murales, dont une célèbre en 1932 au Colegio Superior de Señoritas.
Sculpture moderne
José de Jesús Francisco Zúñiga Chavarria (1912 –1998) fait ses débuts artistiques à quinze ans. Ses deux parents sont sculpteurs, son père étant spécialisé dans l’art religieux. Ce peintre et sculpteur est rapidement acclamé dans le monde entier. Très jeune, Francisco Zúñiga part s’installer à Mexico où il intègre la communauté artistique locale. Puis il devient enseignant dans les écoles d’art les plus prestigieuses du pays. Son traitement épuré de la silhouette humaine, qui s’inscrit comme une vision contemporaine de l’art préhispanique, devient sa signature. Il en recopie les modèles dans les musées. Attaché à l’art figuratif, le corps humain est pour lui l’aspect le plus important du monde qui l’entoure. Il réalise plus de trente-cinq sculptures publiques sur tous les continents. Des prix de sculpture lui sont décernés aux quatre coins du monde dont le Kataro Takamura Prize of the Third Biennial of Sculpture au Japon, et le Elías Sourasky Prize au Mexique.
Au Museo de Arte Costarricense, à San José, on découvre le travail de son contemporain aux influences indigènes, le sculpteur Juan Manuel Sánchez Barrantes (1911-1990). Ses sculptures minérales au modernisme proche d’un Rodin sont empreintes de romantisme. Ses formes humaines ou animales, et ses sujets d’inspiration religieuse se détachent du bloc de pierre, taillé avec une spontanéité apparente.
Economiste de formation, José Sancho (né en 1935) se tourne vers la sculpture à la fin des années 1960. De culture internationale, il fusionne les influences les plus diverses (Tinguely, Brancusi, etc.). Ses pièces organiques sont inspirées aussi bien de l’industrialisation que du biomorphisme. Il utilise des matériaux de récupération, de la pierre ou du métal. Le parcours de cet infatigable moderniste a fait l’objet d’une rétrospective en 2011, à la banque centrale du Costa Rica, à San José.
Peinture moderne
Sans doute l’une des figures majeures de la scène contemporaine costaricaine, Amighetti naît à San José en 1907 dans une famille italienne. Graveur et peintre, il s’inspire du surréalisme et de l’abstraction pour briser les codes. Parmi ses thèmes de prédilection, Francisco Amighetti représente des scènes rurales et des processions religieuses.
Son contemporain Cesar Valverde Vega renonce à sa carrière juridique pour se lancer en peinture. Il traite la silhouette féminine, son principal sujet, par bandes, dans l’esprit de Picasso.
Né à Cartago en 1928, Rafael Ángel Felo García Picado se fait d’abord connaître dans le milieu footballistique. Devenu peintre et architecte, il effectue plusieurs séjours en Europe, et développe un style expressionniste abstrait. Professeur d’art acclamé et fervent défenseur de la culture costaricaine, il est en avance sur son temps. Il fonde le groupe Nueva Vision, dans le but d’échanger des idées et de monter des expositions collectives. Féru d’expérimentations, il recycle et transforme la résine, des noix ou encore du bois. Il est salué comme le personnage public qui a conféré une nouvelle dimension à la culture du pays.
Art « post-colombien »
Au Costa Rica, la quête des racines indigènes est très présente dans l’art du XXe siècle. Ces questions sont reprises en particulier dans l’œuvre de Rolando Castellón. Représentant de la tendance néo-conceptuelle et de l’activisme indigéniste, il présente à la Biennale de Venise de 2011 une installation constituée de fragments textiles, papier et végétaux qui semblent être des vestiges archéologiques. En 1968, il fonde à San Francisco la galerie La Raza destinée à promouvoir l’art des minorités latinas.
De retour au Costa Rica, il participe en 1995 à la création de TEOR/éTica (à l’angle de Calle 7 et Av. 11). Ce lieu se consacre à la promotion de l’art contemporain national.
Il aime appliquer à ses œuvres le terme de « post-colombien » pour évoquer la rencontre entre l’expression autochtone et l’énergie contemporaine.
Art contemporain
Logé dans une ancienne usine de fabrication de liqueur, le Museo de Arte y Diseño Contemporáneo représente les tendances les plus actuelles dans ses 4 salles d’exposition et son espace extérieur.
Figure emblématique de l’art contemporain latino-américain, Priscilla Monge impose son talent dans un contexte régi par le patriarcat. Née à San José en 1968, sa carrière décolle dans les années 1980. Elle s’exprime par l’art vidéo, les installations et la photographie. Dans son travail, elle questionne la féminité, en particulier la discipline imposée au corps féminin. Priscilla Monge participe à la Biennale de Venise de 2001 et 2013.
Art des rues
L’arte urbano se déploie dans le centre de San José. Le plus populaire des graffeurs, Negus se met très jeune à la peinture. Décidé à diffuser l’art au quotidien, Negus développe un style urbain ultra coloré. Il faut dire qu’à San José, les autorités tolèrent les fresques pourvu qu’elles soient un plus. En plus de ses motifs peints à la bombe, Negus s’est récemment orienté vers le tatouage, et a ouvert son studio, Arte Vida.
Les passionnés se hasarderont hors du centre, dans les petites rues des barrios la California, Amón, Otoya ou Aranjuez. Des projets tels que De mi barrio a tu barrio soutenu par le graffeur Diego Fournier, offrent des espaces dédiés à la créativité dans les quartiers. La municipalité comme les particuliers apprécient tellement le street-art qu’ils cèdent de bon cœur leurs murs aux artistes de rues.
Vivo Graff a fait ses premiers pas à San Ramón, avant de peindre des portraits et des formes géométriques sur les murs publics. Autre artiste urbain, Gussa diffuse ses joyeux visages aux couleurs vives jusqu’en Europe et aux États-Unis.
Au Costa Rica, on déroule le tapis rouge au street-art. Porteur de la voix du peuple, il transmet leurs combats, leurs idéaux et leurs aspirations… l’âme d’une nation s’étale dans l’espace public pour notre plus grand plaisir !