L'immigration et sa diversité

Si de nos jours l'Église protestante et l'Église catholique (romaine) sont les plus grandes dénominations religieuses au Canada, le Canada multiculturel d'aujourd'hui s'est construit au fil des vagues d'immigration, ces dernières ayant enrichi son histoire mais aussi son paysage religieux. Toutefois ce n'est vraiment qu'à partir des années 1960 qu'on a commencé à parler d'ouverture et de pluralisme, alors que l'immigration se diversifiait grandement, permettant à toutes les confessions de se côtoyer, de l'islam à l'hindouisme, en passant par le christianisme orthodoxe, le judaïsme, le sikhisme et le bouddhisme. Par conséquent, on trouve aisément temples, synagogues, mosquées, églises et autres lieux de culte aux quatre coins du pays, notamment dans les quartiers ethniques des grandes villes canadiennes. Le cas le plus frappant est celui de Toronto qui est non seulement la plus grande ville du pays mais aussi la plus multiculturelle. Rien de surprenant quand on sait que l'Ontario est la province qui accueille le plus d'immigrants au Canada. Mais malgré toute cette diversité, le christianisme s'affiche souvent majoritaire loin des grands centres urbains et dans les régions francophones.

Les groupes religieux minoritaires

Beaucoup d'huttérites vivent en communauté au cœur des plaines de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba. Immigrants d'Allemagne, des familles entières sont arrivées au début du XIXe siècle au Canada, rejetées par leur pays d'origine pour leurs croyances. Vivre ensemble et partager sont les maîtres mots de ces communautés constituées de 100 personnes environ. Évangéliques et protestants, ils se rendent à l'église ensemble, se réunissent pour manger et échanger tous les jours, leurs activités sont directement liées à leurs besoins, le travail varie en fonction des saisons et s'articule autour du secteur agricole, dans les fermes. Des écoles spéciales sont dédiées pour ces peuples, en marge de la société, qui pourtant s'intègrent plus ou moins selon les domaines. Par exemple, on les rencontre souvent sur les marchés. Leur style vestimentaire est singulier : vêtues d'habits recouvrant les parties du corps et d'un foulard, les femmes sont celles que l'on repère le plus facilement de par leur allure. Une importante colonie d'huttérites se trouve à Pincher Creek, à 2h15 environ de Calgary.

On retrouve également des groupes de mormons, deux d'entre eux ayant fondé la localité Bountiful, en Colombie-Britannique. Ces communautés ont soulevé de nombreux débats et conduit à une loi constitutionnelle contre la polygamie, encore pratiquée chez certains groupes mormons.

Les mennonites, pour la plupart d'origines allemande et hollandaise, sont une communauté très représentative au Canada avec plus de 200 000 mennonites répartis aujourd'hui dans tout le territoire. Très attachés à leurs traditions, ils vivent principalement de l'agriculture et se sont établis dans les plaines du Canada à partir du XVIIIe siècle.

La spiritualité chez les autochtones

Avant l'arrivée des premiers colons français au XVIe siècle, les différentes nations autochtones qui peuplaient le territoire pratiquaient leur propre spiritualité. Celle-ci préconisait l'harmonie et la relation d'interdépendance entre toutes les formes de vies, ce qu'on appelle le grand cercle de la vie. Par exemple, la nourriture, qui était considérée comme un cadeau offert par l'esprit des animaux, revêtait un caractère sacré. Aussi les repas étaient-ils accompagnés de rituels, de chants et de battements de tambour, et se terminaient par une danse d'action de grâce appelée « makoucham ».
À noter que la spiritualité autochtone s'appuie principalement sur l'animisme, cette croyance en un esprit ou une force vitale animant les êtres vivants, les objets et les éléments naturels, ainsi qu'en des génies protecteurs. Les légendes autochtones qui circulent encore de nos jours y font souvent référence.

Révolution tranquille : début d'un temps nouveau au Québec

À la fin des années 1950, on assiste au dernier tour de piste de la période de la « Grande Noirceur », incarnée par Maurice Duplessis et son parti Union nationale qui gouvernent selon l'idéologie conservatrice en prônant, notamment, des valeurs traditionnelles dépassées. Si la religion s'immisçait constamment dans la vie sociale, politique et économique, il en fut tout autrement à partir des années 1960, période connue sous le nom de « Révolution tranquille ». Ce pan de l'histoire contemporaine du Québec se caractérise donc par la séparation de l'Église catholique et de l'État, mais également par l'émergence d'une nouvelle identité nationale québécoise qui se distingue de celle des autres Canadiens français. C'est aussi à ce moment que les appellations à connotation religieuse se sont laïcisées et qu'on parla d'ouverture et de pluralisme.

La religion dans le Canada du XXIe siècle

Preuve de l'ouverture du pays, le politicien Jagmeet Singh fut le premier sikh à porter le turban à devenir membre de l'Assemblée législative ontarienne. De député provincial dans le Grand Toronto, il est dorénavant chef du Nouveau Parti démocratique du Canada, une autre première en ce qui concerne un parti de la scène politique fédérale. Mais les positions du Canada sur la question de la neutralité religieuse et des pratiques d'accommodements liées aux différences culturelles sont aux antipodes de celles du Québec. En effet, depuis le début des années 2000, le débat y fait rage sur les pratiques d'accommodements liées aux différences culturelles (compromis faits par une société par rapport aux exigences - surtout religieuses - des minorités culturelles qui la composent), donnant ainsi naissance à différents projets de loi sous quatre gouvernements provinciaux. Le plus récent en date est le projet de loi 21, devenu la Loi sur la laïcité de l'État depuis le 16 juin 2019. Promesse électorale tenue par le gouvernement Legault, la nouvelle loi interdit le port de signes religieux chez certains fonctionnaires en état d'autorité, tels que les policiers, les juges et les enseignants du réseau scolaire public. Malgré les protestations publiques et les contestations en justice, une majorité de la population québécoise se montre satisfaite de l'adoption de la loi.