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Aux origines du cinéma canadien

Dès 1896, les premières projections ont lieu à Saint-Laurent et à Montréal. Les inventions d’Edison et des frères Lumière sont présentées des deux côtés de la frontière linguistique, et le cinéma se développe rapidement dans le pays. En 1897, James Freer, agriculteur et reporter de formation, devient le premier cinéaste canadien. Ses films tournent autour de son quotidien, et il y capture les plaines et grands espaces du pays. En 1914, le premier long-métrage canadien, Evangeline, sort dans les salles américaines et canadiennes. Adaptation d’un poème de l’auteur américain Henry Wadsworth Longfellow, cette production de Edward P. Sullivan et William Cavanaugh est, à l’instar des premiers films de James Freer, considérée comme perdue. Les années qui vont suivre voient se développer l’industrie canadienne, en parallèle de celle, de plus en plus imposante, des États-Unis. En 1926, près de 95 % des films projetés au Canada sont américains, et les réalisateurs du pays partent travailler à Hollywood. Jack Warner, l’un des quatre fondateurs de la Warner Bros, né en Ontario, s’installe à Los Angeles à cette période, tandis que Mack Sennett, originaire de l’Estrie, devient l’un des grands réalisateurs de comédies du cinéma muet d’Hollywood, avant de lancer des carrières comme celles de Charlie Chaplin. Pour soutenir la production cinématographique nationale, l’Office National du Film est fondé en 1939. À l’origine outil destiné à la propagande de guerre, l’Office reste actif après la fin du conflit mondial, et devient la structure de soutien principale du cinéma canadien. Le septième art canadien se développe alors autour du documentaire, de l’animation, et de la fiction indépendante. De cette période, découvrez le film Pour la suite du monde, de Pierre Perrault et Michel Brault (1963). Un documentaire unique, portrait intimiste de traditions d’un monde aujourd’hui disparu, et qui reste encore l’un des grands films canadiens, selon la critique. C’est également le premier film du pays à être projeté au Festival de Cannes. Parallèlement, le cinéma canadien rayonne à l’international au travers de l’animation indépendante. Norman McLaren, artiste principal de ce courant canadien soutenu par l’ONF, remporte l’Oscar du meilleur court-métrage en 1952 avec Voisins, puis la Palme d’Or du court-métrage au Festival de Cannes 1955. À la même époque, Evelyn Lambart devient la première canadienne réalisatrice de films d’animation. Elle marche dans les pas de Nell Shipman qui, dès 1920, produit, tourne et joue dans ses propres films de fiction muets. N’hésitez pas à satisfaire votre curiosité en découvrant les films de ces trois cinéastes, dont certains sont accessibles gratuitement en ligne.
Dans les années 1970, sous l’impulsion de l’ONF et en s’inscrivant dans les questionnements du cinéma documentaire de l’époque, la production se diversifie. Claude Jutra, formé à Montréal, remporte un grand succès critique avec Mon oncle Antoine (1971). Quelques années plus tard, Don Shebib tourne Goin’ Down the Road (1978), une sorte de road movie entre documentaire et réalisme social, qui fait date. À l’international, la cinéaste Beverly Shaffer remporte l’Oscar du meilleur court-métrage en 1977 pour son film I’ll Find a Way. Et des réalisateurs américains émigrent au Canada, attirés par ce bouillonnement, parmi lesquels l’exemple le plus notable est Bob Clark. Né à la Nouvelle-Orléans, il travaille au Canada durant près de quinze ans, et livre certains des plus grands succès du box-office canadien, dont la comédie grivoise Porky's (1982). Un film un peu daté, mais qui peut plaire aux fans du genre. C’est également dans ce nouvel âge d’or du cinéma canadien que David Cronenberg réalise ses premiers longs métrages, Stereo (1969) puis Les Crimes du futur (1970). Avec La Mouche (1986), sa renommée devient internationale. Une carrière unique, où technologie et humain s’entremêlent en permanence, pour un cinéma entre horreur et thriller, selon les films. Crash (1996), eXistenZ (1999) avec Jude Law et Jennifer Jason Leigh, A History of Violence (2005) avec Viggo Mortensen, ou encore tout récemment le remake de son propre film Les Crimes du futur (2021), avec Léa Seydoux, font partie de ses œuvres les plus intéressantes. Plus récemment, une autre figure majeure a émergé, cette fois au Québec, en la personne de Xavier Dolan. Également porteur d’un style très particulier, Dolan est révélé au Festival de Cannes en 2009. Son premier long-métrage J’ai tué ma mère est projeté à la Quinzaine des réalisateurs, après avoir été récompensé dans près d’une dizaine de festivals à travers la francophonie. Au-delà d'œuvres notoires comme Mommy (2014), Prix du Jury à Cannes, ou Juste la fin du monde (2017), doublement récompensé aux Césars, Xavier Dolan est également doubleur pour les versions québécoises de certaines sagas bien connues. Ainsi, c’est lui qui incarne la voix de l’acteur Rupert Grint, Ron Weasley dans Harry Potter, ainsi que celle de Taylor Lautner, Jacob Black dans Twilight. Une manière également de pouvoir continuer à produire un cinéma avec un style à nul autre pareil, à l’image de ce que peut être le cinéma canadien d’aujourd’hui.

Lieux de tournage mythiques et anecdotiques du Canada

Avec des centres de production et des studios à Montréal, Toronto ou notamment Vancouver, le Canada accueille régulièrement les tournages d’Hollywood et d’ailleurs. Et ce grâce à des aides offertes par le pays pour booster l’industrie, qui se sont révélées plus qu’efficaces. Pour l’anecdote, le film 300, mettant en scène la lutte de Léonidas, roi de Sparte, contre l’empereur Xerxès, maître de la Perse, a été principalement filmé aux Icestorm Studios de Montréal. La ville de Toronto, de son côté, est très régulièrement utilisée comme « sosie » de New York. Il y est en effet beaucoup plus facile d’installer un tournage que dans la mégapole américaine. American Psycho (2000), thriller cynique mettant en scène Christian Bale, est ainsi tourné en quasi-intégralité à Toronto. Vous pourrez y reconnaître les restaurants Le Montana (aujourd’hui Le Ballroom) et Le Senator, ainsi que le Phoenix Concert Theater, tous les trois encore en activité aujourd’hui. Toronto a également servi de lieu de tournage L’Incroyable Hulk (2010), et accueille les séries à succès La Servante écarlate (2017-), ou encore The Boys (2019-). L'œil avisé reconnaîtra le quartier général de la compagnie Vought en se retrouvant face à face avec le Roy Thomson Hall, au demeurant une magnifique salle de spectacles.
De l’autre côté du pays, Vancouver et sa région accueillent des tournages de séries comme de films. Les deux premières saisons de Lucifer (2016-2021), avec Tom Ellis, ont été tournées dans la ville. On peut notamment retrouver la Oceanic Plaza dans certains épisodes, admirer le Telus Studio Theatre, ou encore ou prendre un café au Waves Coffee House sur la Main Street, vu dans le cinquième épisode de cette série croustillante. Arrow, Supernatural, The Flash, X-Files, Supergirl, Legion : difficile de les citer toutes tant elles sont nombreuses dans cet « Hollywood du Nord ». Côté cinéma, on ne peut passer à côté des lieux de tournage de la saga Twilight. Au Parthenon Park, vous pourrez revivre le sauvetage de Bella par Jacob. Avant de vous installer dans la même salle de cinéma que les deux âmes en peine, au Paramount Gentleman’s Club. Le mariage de Bella et Edward est quant à lui célébré au Stawamus Chief Provincial Park, et la David Thompson High School est devenue l’école de Forks le temps de deux films. La presse de l’époque raconte que les étudiants se bousculaient autour de l’établissement pour essayer d’apercevoir le casting ! Enfin, ne passez pas à côté d’une visite du Hatley Castle, un monument emblématique de la ville mais aussi et surtout la mythique école du professeur Xavier dans X-Men 2, X-Men : l’affrontement final, et la saga Deadpool. Vous reconnaîtrez aussi ce château dans la série Smallville, et de nombreux autres films. N’hésitez pas à interroger l’accueil du château sur son passé de décor de cinéma lors de votre visite.

Il fait bon être cinéphile au Canada

En 2015, il y avait plus de 3 000 écrans de cinéma au Canada, soit une concentration plus forte que la France, malgré une population d’à peine quarante millions d’habitants. Une aubaine pour les amateurs de septième art, qui peuvent d’ailleurs compter sur des grands festivals de renommée internationale dans les grandes villes du pays. À Toronto, le TIFF est devenu un événement incontournable, accueillant chaque mois de septembre plus de 280 000 spectateurs, cinéphiles et professionnels du cinéma. Du côté de Vancouver, c’est également à cette période qu’a lieu un festival majeur, dans une ville qui accueille 13 autres festivals de films de plus petite ampleur.
Du côté des salles, la plus ancienne en activité – le Patricia Theatre à Powell River, près de Vancouver – fêtera prochainement son 110e anniversaire. Un cadre idyllique religieusement préservé par les gérants, malgré tout équipé des dernières technologies. Autre lieu insolite, le Park Theatre de Manitoba, le plus grand cinéma en rondins d’Amérique du Nord ! Et là aussi, ce n’est pas le côté pittoresque qui vous empêchera de profiter de votre séance avec un matériel de pointe. À Toronto, rendez-vous au quartier général du TIFF, le Bell Lightbox, un cinéma cosy doublé d’une vidéothèque et de salles d’exposition. À Montréal, rendez-vous dans les cinémas Beaubien, Du Parc ou Du Musée. Trois lieux qui proposent une belle sélection de films indépendants comme des blockbusters, en version originale. Enfin, si vous souhaitez bénéficier d’une expérience de cinéma totale, rendez-vous au Landmark Cinema de West Kelowna, pour une séance en son Dolby 360°, ou encore au Cinesphere de Toronto, le plus grand écran IMAX de la région. Profitez-en, les cinémas sont un havre de chaleur durant les longues journées de l’hiver canadien.