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Richesse des origines

Le site historique de l’Anse aux Meadows, sur l’île de Terre-Neuve, abrite les vestiges d’un établissement viking du XIe siècle. Les fouilles ont permis de montrer que l’habitat se composait d’une charpente en bois et d’un toit à pignon, l’ensemble étant recouvert de mottes de tourbe extraites des tourbières environnantes. Mais cette première présence européenne ne doit pas faire oublier que les premiers habitants du Canada sont les peuples autochtones aux traditions millénaires. Il ne s’agit pas pour eux de se rendre maîtres de la nature, mais de cohabiter avec elle. L’habitat revêt également une très forte dimension symbolique, les formes structurelles correspondant aux valeurs culturelles et les espaces étant pensés de manière à représenter le cosmos. Les peuples appartenant à la nation iroquoise étaient organisés en villages entourés de palissades de pieux aiguisés, dont les plus grands pouvaient atteindre plusieurs centaines d’habitants. L’habitat traditionnel y était la maison longue composée d’une ossature en bois de thuya recourbé, elle-même recouverte d’écorces. Les peuples des Plaines, eux, ont développé les wigwams. Ces habitations circulaires et allongées en forme de dômes étaient composées de jeunes troncs plantés verticalement, reliés entre eux par des lanières de racines et renforcés par des membranes horizontales. L’ensemble était recouvert de nattes tressées et de feuilles d’écorces. Le tipi était également très répandu. Ces maisons portatives de forme conique inclinée étaient faites en mâts de bois et recouvertes de peaux de bisons maintenues par des pierres ou des piquets. Afin de se prémunir des courants d’air et de l’humidité, tout en évitant de voir les ombres se projeter sur la paroi extérieure, une doublure intérieure en peau de bison, baptisée « écran à fantômes », était ajoutée. Suite à la disparition des bisons, les peaux ont progressivement été remplacées par de la toile.
Sur la côte pacifique, les peuples autochtones ont développé une architecture plus « sédentaire ». L’élément le plus important y est le mât totémique. Mesurant de 10 à 30 m de haut, taillés dans du cèdre rouge, ces mâts sont ornés de formes animales et humaines relatant l’histoire du clan. Le plus souvent, les maisons de ces villages sont faites de planches savamment taillées et agencées via un système d’encoche et impressionnent par leurs structures de poutres et poteaux sculptés aux couleurs du clan. En parallèle, ces peuples ont également imaginé des maisons semi-souterraines, à la structure composée d’un système de chevrons disposés de façon concentrique, de manière à supporter les rondins de bois ajustés et calfeutrés avec d’épaisses couches d’herbes. A côté de la maison d’hiver semi-souterraine, aux murs de pierre et à la structure portante souvent en os de baleine, les Inuits et les peuples du Grand Nord ont développé l’igloo, dont la voûte n’est soutenue par aucun support extérieur et dont l’intérieur est recouvert de peaux et l’entrée en tunnel protégée d’un rempart de terre ou de neige de façon à se prémunir du froid. Les Heritage Villages et Heritage Parks jalonnant le pays conservent d’étonnants témoins de cet habitat autochtone. La rencontre de ces traditions millénaires avec les influences venues d’Europe a également donné naissance à un étonnant syncrétisme, comme le montrent bien l’église Kateri Tekakwitha à Gesgapegiag, tipi fait d’aluminium et orné de croix et d’attrape-rêves, ou les églises en forme d’igloos dans le Nunavut.

Sur un air de France

Le site Sainte-Marie-among-the-Hurons est la reconstitution d’un établissement fondé par les Jésuites en pays huron en 1639. Le village, entouré d’une palissade en bois, était alors séparé en 2 secteurs : l’un pour les Français avec chapelle et ateliers, l’autre pour les Hurons avec les traditionnelles maisons longues. Les missionnaires jésuites firent venir des artisans de France pour construire le village. Les colons ont également développé une architecture défensive, établissant de nombreux postes défensifs, à l’image du fort de Castle Hill ou de la forteresse de Louisbourg. Québec, elle, est la seule ville d’Amérique du Nord à avoir conservé ses remparts d’origine qui regroupent de nombreux bastions, portes et ouvrages défensifs qui ceignaient alors la ville répartie en deux secteurs : la Haute-Ville, le centre religieux et administratif au sommet de la falaise, et la Basse-Ville avec ses anciens faubourgs. Pour asseoir dans le Nouveau-Monde le prestige de leur roi, les maîtres d’œuvre formés en France reprennent les codes de l’architecture classique Grand Siècle. En parallèle d’édifices publics et de châteaux s’est développée une riche architecture religieuse. L’église Notre-Dame des Victoires à Québec, sobre édifice de pierre, l’église Sainte-Anne-de-Beaupré avec son double tambour et ses coupoles ou bien encore les monastères des Récollets ou des Ursulines témoignent de ce classicisme à la française.
La ville de Tadoussac, elle, abrite l’une des plus vieilles églises en bois du pays, témoignant de la nécessité pour les colons de s’adapter au climat et à l’environnement. Une évolution que l’on observe aussi dans l’habitat résidentiel. Au départ, les colons français développent un habitat entièrement basé sur les styles et formes qu’ils connaissent… Voilà comment le Québec notamment voit naître une architecture aux accents bretons (toit à double pente et murs pignons), basques (colombages) ou normands (toits à 4 pans). Ces maisons sont alors faites en pierre ou dans un mélange de pierre et de terre, et se composent d’une charpente apparente couverte d’un toit de chaume, et d’un sol en terre battue ou recouvert de planches. Mais ces modèles ne sont pas faits pour résister au climat canadien. Dès lors, les colons vont adapter leur architecture, s’inspirant notamment de la construction navale, en privilégiant le bois, les doubles cloisons et l’usage de matériaux isolants (mousses, chiffons). Le solage est désormais en pierre et les toits sont très pentus pour éviter l’amoncellement de neige. A la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, cependant, de nombreux incendies poussent les municipalités à se doter de lois d’aménagement urbain. Le bois est interdit et les maisons en pierre de taille sont privilégiées. La toiture à double pente est portée par une charpente plus légère et surtout amovible en cas d’incendie. Une manière de figer et transmettre à travers le temps l’image de cette Nouvelle-France. Enfin, impossible de parler de cette influence française sans évoquer le cas particulier des Acadiens. Leurs réalisations sont d’inspiration française mais immédiatement adaptées au climat. Ossatures en bois, fondation de pierre puis utilisant la technique des poteaux en terre pour renforcer les murs et créer des vides sanitaires, habile système de tenons et mortaises, murs en torchis et toits de chaume ou en bardeaux caractérisent ces maisons. Élément phare des communautés acadiennes, l’église est le plus généralement construite en pierre et dispose de très beaux ornements décoratifs. Pour découvrir ce bel héritage, rendez-vous au Village Historique Acadien de Rivière Nord au Nouveau-Brunswick.

Influence britannique

Le Vieux Lunenburg est un très bel exemple d’établissement colonial britannique planifié en Amérique du Nord. Fondé en 1753, il conserve intacte sa structure d’origine obéissant à un plan en damier. A l’origine, ce noyau urbain était entouré de fortifications. En matière stylistique, on y observe une harmonie d’échelle, de disposition et d’emploi des matériaux (principalement le bois). Cette recherche d’harmonie est une constante dans l’architecture britannique de cette époque. Le style privilégié alors est un savant mélange d’emprunts aux codes antiques (colonnes ioniques monumentales, frontons, pilastres, armoiries royales) via les styles palladien et georgien, ainsi qu'aux codes de l’architecture coloniale telle qu’elle a pu se développer aux États-Unis avec ses grandes demeures de plantation aux allures de palais grecs, puis, à partir du XIXe siècle, à l’éclectisme victorien, privilégiant notamment le néo-Renaissance dans les rues commerçantes avec des maisons aux corniches reliées en accolades, et le néogothique de brique pour les édifices publics. L’architecture religieuse n’est pas en reste, comme le montre l’imposante cathédrale Holy Trinity de Québec, première cathédrale anglicane érigée hors des îles britanniques. Ses lignes sobres et symétriques en font l’exemple du style palladien colonial. Les villes se développent, voyant naître de nouveaux faubourgs reliés par de grandes rues marchandes aux centres-villes devenus des centres institutionnels. En parallèle, un nouvel habitat individuel se déploie, notamment sous la forme de row-houses, maisons mitoyennes aux parements uniformes et à la décoration épurée. Avec sa citadelle en étoile, ses Historic Properties, élégantes bâtisses en pierre le long des quais, sa Government House, sa tour d’horloge et son élégante Province House, plus ancien bâtiment législatif du Canada, Halifax est immanquable. Si son plan en étoile a été imaginé par l’ingénieur royal français Vauban, la Citadelle de Québec a été entièrement réalisée sous la direction du colonel Dunford. N’y manquez pas la Résidence du Gouverneur Général avec son double escalier central et son vestibule en marbre. En parallèle de ces imposantes citadelles, les Britanniques ont également construit de nombreux forts à travers le pays. Dans la région des Grands Lacs, le Fort George montre comment, à l’abri d’une enceinte de terre et de bois, se développait une véritable petite ville avec casernes, corps de garde, quartiers des officiers… Fort Wellington et Old Fort Henry comptent parmi les autres célèbres forts britanniques. En parallèle de ces avant-postes militaires s’est également développé un autre type de fort : les comptoirs commerciaux de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Au départ simples entrepôts protégés par une palissade, ces comptoirs sont devenus de véritables forts regroupant entrepôts, logements ouvriers, forges, ateliers et parfois même un hôpital. Fort Albany en Ontario et Lower Fort Garry dans le Manitoba en sont de bons exemples.

Bouillonnant XIXe siècle

Autour des nouvelles exploitations forestières, minières et charbonnières naissent les boomtowns ou villes-champignons. Crées ex-nihilo, elles se caractérisent par un style bien particulier qui suit toujours les mêmes étapes. On construit d’abord un bâtiment cubique en bois avec un ou deux étages et un toit presque plat pour minimiser les pertes d’espace, puis on ajoute une façade postiche qui s’étend au-delà de la limite du toit, conférant à chaque édifice un style unique. Dawson City dans le Yukon en est la plus célèbre. Dans les grandes métropoles, le gouvernement fédéral impose sa nouvelle puissance. Au départ, le style très largement utilisé est le néo-roman avec ses édifices à grandes arches. Puis progressivement le néogothique et le néoclassique font leur apparition comme le montrent le Parlement du Canada à Ottawa, tout de grès et calcaire taillés à la main et aux dômes vert de gris, l’Hôtel de Ville de Kingston avec ses colonnes toscanes, ou bien encore le Parlement d’Ontario à Toronto avec sa façade néo-romane. Les édifices religieux aussi se parent de ces atours néo. L’église presbytérienne de Niagara on the Lake avec ses colonnades doriques est un exemple parfait de néo-grec, tandis que la basilique Marie-Reine-du-Monde de Montréal, copie de la basilique Saint-Pierre de Rome, se fait la quintessence du néo-baroque. L’University of Toronto, elle, est un parfait exemple de la mode des campus britannique avec sa Soldier’s Tower néogothique et son très néo-roman University College. Le pays voit également se développer une architecture commerciale avec la Compagnie de la Baie d’Hudson qui érige de grands magasins aux façades néo-baroques, tandis que les grandes villes se dotent d’immeubles inspirés des gratte-ciel américains, à l’image de l’immeuble Henry Birks de Vancouver, un des premiers immeubles de 10 étages. Mais ce XIXe siècle est aussi et surtout celui du rail. En plus de superbes gares, la toute puissante Canadian Pacific Railway finance la réalisation de véritables châteaux. A Québec, Fairmont Le Château Frontenac, réalisé par Bruce Price, a été pensé sur le modèle des châteaux de la Loire et impose un style Renaissance teinté d’une forme de romantisme à l’anglaise que l’on qualifiera de « style château ». Mêlant néo-Renaissance et néogothique victorien, l’Hôtel Banff Springs et le Château du Lac Louise illustrent l’essor de cette architecture touristique. Ils sont tous deux l’œuvre de Francis Mawson Rattenbury, qui œuvra surtout en Colombie-Britannique. On lui doit des édifices publics d’importance comme le Parlement de Victoria ou l’ancien Palais de Justice de Vancouver. On lui doit aussi une étonnante architecture résidentielle dont le Craigdarroch Castle de Victoria est le plus célèbre représentant. Mêlant roman et gothique, ce vrai-faux château écossais impressionne, tout comme la Casa Loma de Toronto que l’on doit à E.J. Lennox et qui mêle style normand, néogothique et roman tardif dans un ensemble inspiré du château de Balmoral ! Plus rustique et intime avec ses briques rouges décorées de jolis ornements moulés, le style Queen Anne est très prisé des grandes fortunes qui se font partout construire des demeures aux allures de châteaux. Mêlant la sobriété des styles Arts and Crafts et Craftsman, la simplicité des bungalows californiens (tous ces styles sublimant le bois), et l’extravagance des styles néo, l’architecte Samuel Mclure imagine, lui, des chalets balnéaires de type Shingle Style. Ces superbes demeures sont indissociables de la Côte Ouest, tout comme les plus modestes maisons sur pilotis de l’île de Vancouver que l’on reconnaît à leurs couleurs vives. Des couleurs que l’on retrouve sur les très pittoresques petites maisons aux planches de bois colorées des villages de pêcheurs côtiers. Pittoresque et rusticité sont aussi l’apanage des cabanes en rondins de bois. Ces « cabins » vont de simples structures en rondins de bois, avec une pièce unique de plan carré ou rectangulaire, un toit à deux pans dont le pignon, s’avançant en porte à faux, est soutenu par des poteaux de bois créant une sorte de porche, et des fondations de pierre, à des structures à étages plus élaborées. Style que l’on retrouve également dans les pourvoiries du Québec, anciens clubs privés de chasse aujourd’hui transformés en structures touristiques.

Entre tradition et modernité

Le tournant du XXe siècle est marqué par un regain d’intérêt pour les parcs et espaces verts, comme le montre bien le Parc du Mont-Royal à Montréal, réalisé par Frederick Law Olmsted, le paysagiste de Central Park à New York. Les styles néo sont encore très à la mode, notamment dans l’importante communauté ukrainienne très présente en Ontario et dans le Saskatchewan, comme en témoignent la cathédrale néo-byzantine Saint-Josaphat d’Edmonton ou l’église Saint-Mary’s de Yorkton à l’étonnante coupole et aux très belles icônes et peintures. La vague romantique se poursuit également dans l’architecture des hôtels et centres de villégiature aux allures de châteaux. En revanche, bâtiments commerciaux et édifices publics se tournent vers un style résolument plus classique. C’est l’avènement du style Beaux-arts mêlant rigueur, élégance et monumentalisme. Le Royal York Hotel et l’Union Station de Toronto avec leurs colonnades doriques, leurs portiques et leurs imposantes façades en sont de superbes exemples. Fervent défenseur d’une architecture ouvertement canadienne, l’architecte John Lyle prônait, lui, un mélange de classicisme européen et de régionalisme, notamment dans l’ajout de fresques, mosaïques et motifs sculpturaux illustrant l’histoire du pays.
Puis, dans les années 1930, ce style se fait plus épuré et on commence à parler de « classicisme dénudé » pour décrire l’évolution vers des formes géométriques annonçant la modernité, à commencer par celle de l’Art déco. Avec sa façade jouant sur la verticalité et les effets de retraits, son grand portail voûté et son spectaculaire hall richement décoré, le Marine Building de Vancouver est la quintessence de ce style sobre mais qui n’hésite pas à puiser dans un registre plus exotique pour son ornementation. En parallèle, des édifices « usuels » vont également inspirer les modernes : les élévateurs à grains et silos des grandes plaines, surnommés les cathédrales ou sentinelles des Prairies. Le Corbusier lui-même vanta la simplicité de leur structure, leur forme géométrique épurée et leur manière de faire parfaitement coïncider forme et structure. Cylindriques au XIXe siècle, ils deviennent carrés, puis se dotent d’un toit pyramidal avec coupole ou d’un toit à pignon.
L’Art déco va ensuite faire place au modernisme proprement dit avec ses édifices massifs et ses lignes épurées, puis au fonctionnalisme aux surfaces planes, faisant la part belle au verre et prônant un design où priment l’utilité et la fonction avant l’ornementation. L’immeuble BC Electric (Tour Electra) de Vancouver avec sa paroi extérieure recouverte d’une couche d’immenses panneaux en verre maintenus par une fine grille métallique – le célèbre mur-rideau – est un des plus célèbres gratte-ciel de l’époque. Ce fonctionnalisme va également se développer à Toronto. John B. Parkin et Viljo Revell y ont imaginé le nouvel Hôtel de Ville, impressionnant avec ses deux tours courbées et son extérieur alternant entre grandes surfaces vitrées et béton nervuré. Le légendaire Ludwig Mies Van der Rohe y réalisa, lui, les deux premières tours du Toronto Dominion Centre, laissant s’exprimer, dans sa dernière grande réalisation, son style tout en sobriété, légèreté et modularité, consacrant l’alliance du béton, de l’acier et du verre. Les années 1940-1950 marquent un fort accroissement des banlieues périphériques organisées selon des plans géométriques, tandis qu’un nouveau type d’habitat s’y fait jour. Le bungalow est toujours très populaire, mais s’y ajoute désormais un nouveau style : le West Coast Style, version vernaculaire du modernisme, que l’on retrouve beaucoup sur la Côte Ouest bien sûr, mais un peu partout dans le pays. Ce style emprunte à la fois au style international dans l’aspect « boîtes à imbriquer », mais aussi à l’architecture japonaise et à l’architecture organique de Frank Lloyd Wright dans sa manière de chercher à intégrer l’édifice à l’environnement. Dans les banlieues industrielles se déploie également un habitat pratique et peu cher, reconnaissable à sa structure en forme de boîte, avec un toit à charpente très basse… Un style dont on a très vite critiqué l’aspect répétitif et sans âme, critiques auxquelles n’échappa pas Moshe Safdie. En 1967, dans le cadre de l’EXPO 67 de Montréal, celui qui n’est alors qu’un jeune étudiant présente son projet de fin d’études : Habitat 67, une réflexion sur les grands ensembles qui prend la forme de modules cubiques de béton préfabriqués empilables et montés en quinconce. Ce rendu se voulait une réponse originale à la monotonie habituelle des grands ensembles standardisés. Mais la véritable fantaisie de l’époque est plutôt à lire dans les balcons de Montréal. Pour gagner de la surface habitable dans les maisons à logements multiples, chaque appartement se dote d’un balcon relié à la rue par des escaliers en fer forgé aux formes les plus diverses. Une expressivité tout en sobriété qui annonce le postmodernisme, tout comme les réalisations tout en courbes d’Uno Prii à Toronto, tel l’Immeuble Vincennes avec son élégante canopée.

Architecture contemporaine

Au début des années 1970, Ieoh Ming Pei est choisi pour repenser la place Ville-Marie de Montréal, dont le plan en croix et les tours donnent à la ville une allure résolument nord-américaine. En 1976, l’architecte Roger Taillibert imagine le nouveau stade de Montréal, de forme elliptique, et dont l’ossature est faite de 34 consoles composées de 1 500 pièces supportées par des porte-à-faux de 50 m. Une véritable prouesse architecturale. Tout comme le légendaire Saddledome de Calgary, « l’amphithéâtre sans colonnes » au toit en forme de selle de cheval… Calgary est la capitale nationale du rodéo ! En 1988, la ville accueille les Jeux olympiques d’hiver, pour lesquels a notamment été construit l’Olympic Oval, première structure en anneau entièrement couverte que l’on peut admirer du haut des 191 m de la Calgary Tower. Deux ans auparavant, c’est l’Expo 86 de Vancouver qui avait marqué le pays. Comprendre le patrimoine historique, le préserver et l’intégrer à de nouvelles créations comptaient parmi les grands objectifs de la nouvelle architecture défendue par l’exposition. Le Pavillon des Territoires du Nord-Ouest au verre réfléchissant rappelant les glaciers et le Pavillon du Canada aux 5 grandes voiles y firent sensation, sans oublier le Classical Chinese Garden, reconstitution d’un jardin de la dynastie Ming réalisée par plus de 50 artisans venus de Suzhou, la cité-jardin de la Chine. Un chef-d’œuvre qui montre l’importance de la communauté chinoise au Canada. Toutes les grandes villes ont un quartier baptisé Chinatown. Celui de Vancouver est particulièrement beau avec ses maisons aux toits élégamment courbés et aux balcons de bois peints et ornés. En parallèle, de grands noms de l’architecture continuent d’apposer leur marque via la réalisation de gratte-ciel notamment, comme la TD Canada Trust Tower et la Bay Wellington Tower de Toronto, toutes deux réalisées par l’agence SOM et Santiago Calatrava, ou the Bow à Calgary, tour de 236 m de haut tout en courbes réalisée par Norman Foster. Délaissant ses « boîtes à habiter », Moshe Safdie imagine une architecture davantage ancrée dans l’histoire. On lui doit notamment le Library Square de Vancouver dont la forme elliptique englobe le bâtiment historique de la bibliothèque. Un étonnant dialogue entre passé et présent que l’on retrouve dans le Royal Ontario Museum à Toronto, structure en acier revêtue d’aluminium et ponctuée de grandes baies vitrées imaginée par Daniel Libeskind. Frank Gehry, natif de Toronto, a transformé le Art Gallery of Ontario en y ajoutant sa Nouvelle Galerie bleu titane au toit ondulé couvert de panneaux de verre, soutenu par des poutres incurvées. Quasiment terminé, le nouveau palais de justice de Toronto, grande baie vitrée de 20 m de haut, sera la première réalisation au Canada du célèbre architecte Renzo Piano. Un projet aux visées résolument écologiques, comme bien d’autres réalisations dans le pays. En Gaspésie, la Route des Belvédères impressionne avec ses structures surprenantes s’intégrant au paysage comme le Belvédère des Deux-Rivières, étonnant tunnel torsadé de bois. Pionnière dans le développement urbain à haute densité avec une approche mêlant gratte-ciel, immeubles bas et espaces verts, Vancouver l’est aussi dans l’architecture de bois. Spécialisée dans la construction en bois lamellé, matériau solide, résistant aux incendies et capable de stocker le CO2, l’agence de Michael Green multiplie les projets, dont le plus célèbre est la Brock Commons Tallwood House, résidence étudiante de 54 m de haut qui fut, à son inauguration en 2017, la plus haute tour en bois lamellé du monde. En parallèle, nombreuses sont les villes à faire le choix de la préservation et de la réhabilitation, de sites industriels notamment, tout en imaginant des espaces toujours plus verts et accessibles à tous, à l’image de Vancouver qui, avec son projet Arbutus Corridor, rêve de transformer 9 km de voie ferrée désaffectée en une grande coulée verte. Et nombreux sont les habitants à s’insurger contre des projets pharaoniques dénaturant le cœur des villes, à l’image du projet « Phare » à Québec, rebaptisé Humaniti, consistant en plusieurs grandes tours… mais toujours pas réalisé. Les Canadiens sont prêts à tout pour défendre la beauté unique de leurs villes !