L'économie canadienne en bref
Pays démesuré oblige, l'économie canadienne est fort diversifiée et reflète les particularités régionales d'un océan à l'autre.
Du côté des quatre provinces de l'Atlantique, la pêche et la transformation des poissons, mollusques et crustacés sont sans surprise des activités économiques majeures, et ce malgré le moratoire sur la pêche de la morue qui mena à l'effondrement de cette industrie à Terre-Neuve-et-Labrador dans les années 1990 (moratoire levé en 2024). D'ailleurs cette province, qui fut longtemps moins développée que ses consœurs de l'Atlantique, a su tirer profit de l'exploitation de ses ressources minérales, hydroélectriques et hydrocarbures extra-côtiers ces dernières années.
Le gouvernement fédéral a également mis sur pied une Stratégie de croissance pour l'Atlantique en 2016, laquelle vise entre autres l'industrie alimentaire, l'énergie propre et l'innovation, notamment en sciences biologiques, aquaculture et technologies océaniques.
Au Québec, c'est l'abondance des ressources naturelles qui fait la force de son économie. La province dispose de vastes forêts, d'industries extractives, de terres agricoles riches, d'innombrables plans d'eau et, surtout, d'un énorme potentiel hydroélectrique.
Le Québec bénéficie aussi de créneaux d'excellence comme les ressources, sciences et technologies marines dans le Bas-Saint-Laurent, l'AgroBoréal au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les bio-industries environnementales en Estrie ou encore le tourisme de villégiature quatre saisons dans les Laurentides. Certaines régions ont aussi développé des compétences spécialisées dont la renommée dépasse les frontières de la province : l'extraction de minerais précieux en Abitibi ; les jeux vidéo, le multimédia, l'intelligence artificielle, l'aérospatiale et la production cinématographique à Montréal ; l'aluminium au Saguenay, etc. Il faut aussi noter que Montréal est la 2e métropole du Canada et le 2e centre économique du pays.
Province la plus peuplée du Canada, l'Ontario est le foyer économique du pays. C'est le plus grand pôle informatique d'Amérique du Nord après la Silicon Valley et c'est ici également que l'on retrouve les plus grands secteurs manufacturiers du continent. L'industrie automobile arrive bonne première, incluant le développement du transport intelligent grâce à la Supergrappe de la fabrication de pointe basée dans la province. L'Ontario héberge aussi bon nombre d'entreprises de technologies propres ainsi que la plus importante industrie des services financiers au pays, sans oublier la présence du gouvernement fédéral à Ottawa qui attire de nombreuses entreprises et organismes internationaux. Il y a bien entendu plusieurs autres secteurs clés, comme l'aérospatiale, l'automatisation industrielle et la robotique, l'exploitation forestière, les sciences de la vie (notamment les produits pharmaceutiques, les instruments médicaux et les biotechnologies), etc.
À l'ouest de l'Ontario, on ne pourrait passer sous silence l'exploitation des sables bitumineux en Alberta, particulièrement dans la région de Fort McMurray, ainsi que l'exploitation de l'uranium, de la potasse et de l'huile de schiste en Saskatchewan. Les grandes plaines intérieures, recouvrant une grande partie des provinces du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta, représentent une des régions agricoles majeures dans le monde, notamment avec la culture du blé et l'élevage bovin. Du côté de la Colombie-Britannique, en plus de ses nombreuses ressources naturelles (pêcheries, foresterie, etc.), la province profite d'un secteur immobilier solide, boosté par les riches investisseurs asiatiques. Sa métropole, Vancouver, est sans conteste une plaque tournante majeure pour le transport dans l'océan Pacifique et Calgary, plus grande ville de l'Alberta, est une autre place financière d'importance au pays.
Vient finalement le Nord canadien et ses trois territoires, lesquels sont hautement réputés pour l'exploitation minière (diamant, or, minerai de fer, etc.). Et avec la fonte annoncée de la banquise et de l'inlandsis, le Nord canadien se veut désormais un enjeu géostratégique majeur en ce qui concerne le passage maritime du Nord-Ouest - convoité par les États-Unis et l'Europe qui y voient un raccourci vers l'Asie orientale - et les immenses réserves d'hydrocarbures.
Les relations internationales
Depuis la fin du règne de Stephen Harper (Parti conservateur) et l'élection de Justin Trudeau (Parti libéral) en 2015, le Canada fait de nouveau bonne figure à l'international, même si tout n'est pas parfait. On se rappelle d'ailleurs la fameuse phrase lancée par Trudeau lors de la Conférence de Paris sur le climat (COP21) en 2015 : « Canada is back, my friends ! » (Le Canada est de retour, chers amis !). On en profite pour souligner un retour à la normale dans les relations canado-américaines suite à l'élection du démocrate Joe Biden à la Maison-Blanche en 2020, un répit bien mérité après le séisme Trump. Reste à voir qui remportera le duel Harris - Trump lors des élections américaines de 2024.
Le Canada est bien présent sur la scène internationale et est membre de nombreuses organisations telles que le G7, le G20, l'OCDE, l'OMC, l'Organisation internationale de la Francophonie, l'ONU, l'OTAN ou encore l'UNESCO. À cela s'ajoutent des accords commerciaux avec, par exemple, une dizaine de pays de l'Asie-Pacifique (PTPGP), les États-Unis et le Mexique (ACEUM - anciennement ALÉNA) et l'UE (AECG), ainsi que des partenariats pour l'aide multilatérale comme la Banque africaine de développement, le Commonwealth, l'OMS et le Programme alimentaire mondial. Et la liste des accords et partenariats internationaux est encore longue (pour plus d'infos : international.gc.ca/world-monde).
À noter que le Québec possède son propre réseau de représentations diplomatiques à l'étranger avec plus d'une trentaine de représentations (délégation générale, délégation, bureau ou antenne) présentes dans une vingtaine de pays. Relevant du ministère des Relations Internationales et de la Francophonie, ce réseau touche les secteurs de l'économie, de l'éducation, de la culture, de l'immigration et des affaires publiques.
Une destination touristique au top
Le tourisme était au beau fixe au Canada... jusqu'à ce que la pandémie frappe de plein fouet le pays en mars 2020. Cela dit, depuis la reprise du tourisme au niveau mondial, le Canada fait bonne figure et Destination Canada, l'organisme national de marketing touristique, s'attend à ce que l'afflux de visiteurs du monde entier retrouve son niveau prépandémique au plus tard en 2026. Il faut dire que la faiblesse du dollar canadien joue un rôle non négligeable, incitant les Canadiens à passer leurs vacances au pays et attirant du même coup les visiteurs internationaux pour lesquels le taux de change est plus qu'intéressant. Destination Canada vise particulièrement une dizaine de pays dans ses promotions, soit l'Allemagne, l'Australie, la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, la France, l'Inde, le Japon, le Mexique et le Royaume-Uni.
À savoir qu'en 2022, près de 625 000 emplois étaient directement soutenus par le tourisme, sans oublier les emplois dans des industries dépendantes du tourisme, soit un total de 1,9 million d'emplois ce qui correspond à un emploi sur dix au pays. On comptait également environ 218 000 établissements touristiques au Canada, et le tourisme représentait près de 38 milliards de dollars au produit intérieur brut avec des revenus de près de 94 milliards de dollars pour les entreprises.
Si le Québec et l'Ontario raflent une grande partie du marché touristique, les visiteurs sont également nombreux à se rendre dans les Rocheuses et sur la côte ouest du pays. Le Canada compte d'ailleurs treize aéroports internationaux, dont Toronto Pearson qui figure 2e en termes d'achalandage en Amérique du Nord, et plus d'une centaine de postes frontaliers terrestres avec son voisin américain.
Les enjeux politiques et sociaux
Après quasiment une décennie de règne des Conservateurs, c'est le Parti libéral de Justin Trudeau qui tient les rênes du pays depuis 2015. Ses politiques sont aux antipodes de son prédécesseur, notamment en ce qui a trait à la protection de l'environnement, aux relations avec les Autochtones et les différentes minorités culturelles, à la hausse des seuils d'immigration (quoique exagérés) ou encore à l'accroissement de la population des communautés francophones en situation minoritaire. Le pays doit aussi composer avec d'autres enjeux, comme par exemple la hausse de la criminalité dans les grandes villes, l'amélioration des conditions de vie dans le Nord canadien, et le manque de logements notamment abordables. Fort de ses ressources naturelles, le Canada doit aussi maintenir son rôle de grand producteur énergétique sans toutefois nuire aux générations futures, donc d'assurer le développement durable de l'industrie énergétique. Et de bonnes relations internationales sont primordiales, d'autant que le pays a enfin retrouvé des rapports cordiaux avec son voisin et grand allié américain depuis l'élection de Joe Biden en 2020. Mais le protectionnisme américain persiste, malgré l'arrivée des démocrates à la Maison-Blanche, ce qui pourrait mettre des bâtons dans les roues au niveau du commerce entre les deux pays. Il faut aussi surveiller d'autres enjeux qui touchent le Canada - comme presque partout ailleurs -, soit la hausse drastique du coût de la vie, l'afflux de migrants, les nouvelles technologies (intelligence artificielle, big data, cryptomonnaies, etc.), l'antiféminisme, le harcèlement sexuel, le racisme systémique, les paradis fiscaux, la réforme du mode de scrutin, les fake news et le phénomène du conspirationnisme, la transformation des villes et la gentrification... Bref les défis sont nombreux, d'autant que le gouvernement Trudeau semble être à son dernier tour de piste et que l'ombre d'un retour de Trump à la Maison-Blanche semble possible. À suivre...