Ours brun © mauribo - iStockphoto.com.jpg
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Une faune et une flore typiques alpines

Outre les forêts de conifères, les régions montagneuses du Frioul offrent une grande variété de fleurs de montagne. Dans les Dolomites frioulanes fleurissent l’edelweiss, les orchidées sauvages et les gentianes, tandis que l’on pourra observer, dans les Alpes carniques, une espèce endémique, la Wulfenia carinthiaca (Wulfénie de Carinthie), dont les grappes de fleurs blanches ou bleu roi s’épanouissent durant tout l’été.

Parmi les mammifères, on peut citer le cerf, le chevreuil, le chamois, le renard, la marmotte et de nombreux mustélidés (blaireau, hermine). Les montagnes abritent aussi des oiseaux et des rapaces (aigle royal, faucon, tétras lyre), des vipères et des amphibiens (salamandre alpine, triton alpin).

Le retour de l’ours brun

Autrefois présent dans tout l’arc alpin italien, l’ours brun (Ursus arctos) en est pratiquement éradiqué au sortir de la Seconde Guerre mondiale, victime de la chasse. En 1996, sa présence sporadique en Italie est attestée uniquement dans le Frioul, près de la frontière slovène. C’est à cette époque que le pays inaugure le plan Life Ursus avec le soutien de l’Union européenne : plusieurs individus, issus de la Slovénie voisine, sont réintroduits dans le parc naturel Adamello Brenta, dans le Trentin. L’espèce s’est bien adaptée à son nouvel environnement, comme l’indiquent sa croissance numérique (entre 82 et 93 ours et oursons en 2019) et son expansion territoriale : l’ours a en effet été aperçu au-delà des limites du parc, dans les régions montagneuses voisines du Trentin-Haut-Adige, de Vénétie et de Lombardie.

Dans le Frioul-Vénétie Julienne, on évalue aujourd’hui entre 10 et 20 le nombre d’individus, concentrés au nord-est dans la région de Tarvisio. Il s’agit essentiellement de mâles issus de Slovénie qui ont traversé la frontière en quête de nouveaux territoires de chasse, aucune reproduction n’y a été enregistrée. Toutefois, l’ours semble s’intéresser à l’exploration de nouveaux espaces car, ces dernières années, il s’est aventuré jusqu’aux confins occidentaux du Frioul.

L’Ursus arctos des Alpes est le plus grand carnivore d’Italie. Un adulte mesure environ 2 m pour un poids très variable suivant les individus (90 à 200 kg pour une femelle, 130 à 350 kg pour un mâle), et il peut courir jusqu’à 50 km/h. Pas de panique cependant, il y a peu de chance que vous croisiez son chemin lors d’une balade : l’animal ne considère pas l’homme comme une proie et cherche plutôt à l’éviter. Grâce à son odorat et son ouïe très développés, il vous aura repéré avant même que vous l’aperceviez.

Le renouveau de la vie sauvage

Depuis le début du XXIe siècle, plusieurs espèces ont fait leur réapparition dans la région du Frioul-Vénétie Jjulienne. Certaines sont en danger d’extinction, il s’agit donc d’un signal encourageant pour la préservation des espèces.

C’est le cas du loup qui a opéré son retour dans le Frioul il y a quelques années. Quatre à six meutes, issues des Apennins et de l’aire balkanique, ont été recensées dans le Piémont des Alpes carniques et des Dolomites. Une naissance de louveteaux sur le territoire régional a été enregistrée en 2018, la première depuis 90 ans.

Autre animal mythique des montagnes : le lynx. Mais ce gros chat aux oreilles pointues demeure très rare : on estime que 40 à 50 spécimens vivent dans les Alpes italiennes. Lui non plus ne connaît pas les frontières, et ce sont de discrets et rares lynx de Slovénie et d’Autriche qui peuvent être observés - ou plus probablement leurs empreintes dans la neige - dans la région de Tarvisio, aux confins des Alpes carniques. Une tentative de réintroduction de l’espèce a eu lieu en 2014 : un couple de lynx a été relâché dans les Alpes frioulanes mais celui-ci semble lui avoir préféré l’air autrichien car il a rapidement regagné la frontière pour ne plus faire que de rares apparitions côté italien.

Moins connu que le loup et moins emblématique des montagnes que le lynx, le chacal doré est pourtant l’un des canidés les plus répandus dans le monde. Sur le continent européen, son aire de répartition s’étend progressivement des Balkans et de l’Europe de l’Est vers l’ouest, le chacal doré s’établissant là où il y a peu ou pas de loups. Dans le Frioul-Vénétie Julienne, des meutes de chacals dorés se sont établies dans les Alpes juliennes au début du XXIe siècle, et des individus ont été aperçus dans les Alpes carniques et au-delà des limites du Frioul, en Vénétie et en Lombardie, indice de l’expansion lente mais régulière de l’espèce. Pouvant atteindre 15 kg, le chacal doré mesure entre 70 et 85 cm sans la queue. Il présente un pelage fauve, avec le dos et la queue noirs, et ressemble à un petit loup, avec lequel il partage un mode de vie en meute.

S’il y a bien un animal dont l’image est attachée aux montagnes alpines, c’est le bouquetin (Capra ibex). Il a pourtant bien failli disparaître au XIXe siècle. C’est grâce au roi Victor-Emmanuel II que l’espèce a survécu : celui-ci créa la réserve royale du Grand Paradis, dans le Val d’Aoste, et y interdit la chasse au bouquetin. Grâce à des programmes de réintroduction de l’espèce, celle-ci n’est plus en danger d’extinction et l'Italie compte actuellement environ 17 000 spécimens. Le bouquetin est un animal rupicole ; avec ses pattes robustes et ses sabots résistants, il crapahute sur les falaises escarpées et les parois abruptes. Les mâles sont caractérisés par leurs cornes recourbées qui peuvent atteindre 1 m de long à l’âge adulte. Ils vivent en petits troupeaux, tandis que les femelles forment des hardes séparées avec leurs cabris. En période de reproduction, ils se regroupent et les mâles dominants se combattent à coups de cornes très sonores.

Les lagunes frioulanes, paradis des oiseaux

Les lagunes de Marano et de Grado occupent une dépression entre l’embouchure du Tagliamento et le delta de l’Isonzo. Dans ce décor de marais, de canaux et d’îlots en chapelets s’épanouit une végétation arbustive et herbacée ponctuée de pins maritimes, où domine l’Ammophila arenaria, appelée communément oyat ou roseau des mers, une graminée vivace caractéristique des paysages de dunes. Beaucoup plus rare puisqu’il est endémique du littoral vénitien, l’Apocynum venetum est un petit arbuste aux fleurs roses ou pourpres en forme de clochettes. Les eaux des lagunes sont poissonneuses et riches en mollusques et crustacés.

Les lagunes constituent un refuge pour de nombreux oiseaux migrateurs en provenance d’Europe centrale et septentrionale, ainsi que pour des espèces sédentaires. Les passionnés d'ornithologie peuvent y observer le héron, l’aigrette, la sarcelle d’hiver, le busard des roseaux, l’oie sauvage, le colvert et la sterne.