Les musique et danse traditionnelles

Dès le Xe siècle on trouve des comptines, berceuses ou chants liturgiques en frioulan. Mais ce n’est qu’aux alentours du XVe siècle que se répand la plus singulière tradition de la région : la villotta. Ce chant polyphonique à trois ou quatre voix se base sur un court texte poétique et n’hésite souvent pas à avoir recours à l'improvisation pour faire durer la chanson le plus longtemps possible

Les thèmes sont des classiques de la musique populaire : les choses de l’amour, la nature et de la guerre sans oublier d’aborder la terre natale.

Les années 1970 marquent un tournant pour la musique populaire frioulane, la figure du chanteur solo italien remplaçant peu à peu les petits groupes folkloriques. Un changement de forme plus que de fond puisque la musique folklorique se mue mais ne disparait pas, adoptant simplement les codes de genres d’ici et d’ailleurs comme le folk américain, le blues, la pop ou le hip hop pour chanter de façon plus moderne la poésie frioulane. Cette vague, véritable renouveau folklorique nommé Nuova Musica Friulana « nouvelle musique frioulane », donne naissance plus tard à des fiertés locales comme Lino Straulino, qui explose dans les années 1990 en expérimentant beaucoup avec la langue frioulane.

Côté danse, le trésor local est la bien nommée « forlane ». Rapide, à deux temps, elle est pratiquée en couple, avec des sautillements assez proches d’une gigue. Elle est une des danses nationales jusqu'au XVIIIe siècle et devient même une danse de cours en France. Certains mélomanes l’ont peut-être déjà remarquée dans des compositions de François Couperin (Quatrième Concert Royal en 1722),  Jean-Philippe Rameau (Les Indes galantes, 1737) ou même Mozart dans Bastien et Bastienne (1768). En France, la forlane devient furlane au début du XXsiècle mais faute de succès ne survit pas à la Première Guerre mondiale.

La musique classique

Le Frioul n’a pas vu naitre de compositeur majeur mais a en revanche bénéficié du rayonnement de la région voisine, la Vénétie où l’histoire musicale est particulièrement copieuse. Car, comme en peinture, la musique a elle aussi connu une école vénitienne. Dès le début du XVIe siècle, Venise devient une ville majeure de la vie musicale européenne, prenant la suite de Rome dont l’attractivité pour les artistes décline après le sac en 1527. Ville prospère, pilotée par un gouvernement stable, Venise incarne rapidement un rôle important dans l’édition de partitions musicales. Les compositeurs affluent de toute l’Europe pour bénéficier de cette innovation et particulièrement de Flandre. Ce qui explique pourquoi les premiers représentants de cette école vénitienne sont des Flamands, Jacques Buus et surtout Adrian Willaert, qui a importé à Venise le style polyphonique de l'école franco-flamande.

Mais c’est vraiment trois décennies plus tard que la ville va connaître le paroxysme de son prestige avec la naissance d’un prodige du violon et compositeur mondialement admiré de la période baroque : Antonio Vivaldi (1678-1742). Contemporain de ce dernier mais resté dans son ombre, Tomaso Albinoni est l’autre grand compositeur vénitien du baroque italien. Chez les contemporains, la Sérénissime a aussi enfanté un grand nom : Luigi Nono (1924-1990). À la pointe de la musique nouvelle, le compositeur a traversé le sérialisme, la musique aléatoire, la musique concrète ou électronique sans jamais se rendre prisonnier d’un style.

Quelque part entre le classique contemporain et la musique de recherche, on trouve un natif d’Udine absolument intéressant : Giancarlo Toniutti. Compositeur d'improvisations électroacoustiques libres et amateur du son analogique du synthétiseur, son talent lui a permis de collaborer avec de grands noms tels que Conrad Schnitzler.