Guide de voyage Aride

A 8 kilomètres au nord de Praslin, ces 73 hectares de nature préservée constituent donc un précieux patrimoine où pondent plus d'oiseaux marins que sur les 31 autres îles granitiques réunies : autour d'un million d'individus au moment de la ponte, onze espèces d'oiseaux marins et huit de terre jouissent de ce paradis de la gent ailée, sans chats ni rats. Seules cinq îles sur tout l'archipel profitent du même privilège (Frégate, Cousin, Cousine, Bird et Denis). Les sternes sont là les plus nombreuses, mais fouquets, pailles-en-queue, fauvettes et frégates nichent aussi dans cet éden, où virevoltent encore petits merles des îles, poules d'eau, rousseroles des Seychelles et même la rarissime pie chanteuse. D'innombrables mille-pattes et lézards coulent aussi là des jours heureux, pas même apeurés par les rares visiteurs, toujours bien intentionnés, et dont n'ont pas davantage peur les oiseaux nicheurs que l'on peut approcher de très près. Combien de tête-à-tête sans protocole lors de la rude montée jusqu'au glacis proche du sommet (134 mètres). Une ascension récompensée, car, de là-haut, quelle sensation de liberté et que de pureté ! De ces rochers abrupts, on plonge littéralement dans la mer, d'un bleu intense, avec tout là-bas au loin l'île Denis. Découverte en 1756 par Nicolas Morphey, et colonisée seulement en 1852, des cocoteraies s'étant bientôt substituées aux forêts, Aride apparaît escarpée, avec ses imposantes falaises, mais elle n'est en rien désertique. Bien au contraire, la richesse botanique de ses collines boisées est d'autant plus digne d'intérêt que c'est désormais le seul endroit de la planète où poussent les magnifiques gardénias de Wright (le célèbre bois citron), dont les fleurs blanches exhalent un parfum rappelant celui du mimosa.

Faune et flore méritent donc l'excursion sur cette île cernée d'un récif de corail qui la rend difficile d'accès. Les visites en bateau ne sont d'ailleurs organisées qu'à certaines périodes de l'année (d'octobre à avril en général, le week-end sur rendez-vous). Aussi les bateaux d'excursion doivent jeter l'ancre au large de la côte, des canots pneumatiques assurant une fin de parcours parfois mouvementée. Dès lors qu'ils se sont acquittés de la taxe de débarquement (650 SR par adulte et 300 SR par enfant), les voyageurs peuvent suivre la visite guidée de deux à trois heures qui vagabonde sur les bas et notamment autour de l'ancien jardin, voisin d'un énorme banyan aux tentacules géantes. Pour accéder, par des sentiers ombragés, sur les hauteurs de cette île, de 1 500 mètres de long sur 600 mètres de large, il faut en revanche se mettre dans les pas d'un guide grâce auquel l'île devient plus " lisible ".

Une île naturelle où un trésor de pirates resterait toujours à découvrir ! Un ancien propriétaire dynamita d'ailleurs en vain d'énormes rochers, espérant faire main basse, grâce à d'étranges signes gravés dans la pierre, sur le fabuleux butin. Un squelette enterré en position assise et découvert quelque temps plus tôt avait évidemment stimulé les imaginations. Las... Trésor ou pas, la plus au nord des îles granitiques seychelloises se révèle en tout cas comme un pur joyau de la nature. Un sanctuaire sur lequel a veillé jusqu'à son décès en 2024 le fils de Christopher Cadbury, James. " Un homme très simple, qui vient deux fois par an. Pas fier, il mange et boit avec le personnel, et dort lui aussi à la dure ", assurait l'un des trois guides, l'île comptant cinq autres employés et le conservateur. Bref, une île de caractère où ne débarquent chaque année que deux mille visiteurs, pour la plupart en provenance de Praslin, à quelque 10 km plus au sud. Car c'est surtout là-bas que plusieurs agences et organisateurs de balades en mer proposent des excursions d'une journée à destination de cette réserve unique. Ne manquez pas alors cette opportunité de découvrir cette terre précieuse, où l'on ne peut débarquer qu'en canot, le débarquement étant même impossible les jours de houle forte, entre mai et septembre.