Découvrez l'Algarve : Les enjeux actuels

Le Portugal va bien, très bien même, et quand on évoque le pays, on parle de petit miracle économique et social. Le pays avait pourtant été au bord de la faillite en 2011, le forçant à emprunter 78 milliards d'euros à l'Union européenne et au Fonds monétaire international (FMI) mais il est parvenu à sortir la tête de l'eau. Contrairement aux autres pays du sud de l'Europe, il a réduit son déficit budgétaire, a fait baisser son chômage, attire les investisseurs et bénéficie à présent d'une des meilleures croissances. Le chômage est passé de plus de 17 % en 2014 à 6,6 % en 2024 et le budget de l'État prévoit que le pays dégage des excédents de 0,2% du PIB. Mais ce qui est plus incroyable encore c'est que les projections sont de 26 milliards d'euros en 2027 pour 6,1 milliards en 2017. Les observateurs se demandent s'il y a lieu de parler d'« exemple portugais ».

Les recettes du succès

Une politique de relance par la demande, confortée par une politique sociale : c’est ainsi qu’on pourrait le résumer.

Lors de sa prise de fonction en 2015, Antonio Costa s’est engagé à tourner la page de l’austérité qui s’est emparée du pays. Pour parvenir à sa promesse, il a relevé peu à peu le montant du salaire minimum, revu le problème de la rémunération des fonctionnaires et du régime des retraites, durement et directement impactés par la crise. Les ménages ont pu à nouveau consommer et davantage grâce à un programme de lutte contre la précarité et un nouveau dynamisme économique.

Un renouveau d'industries destinées à l'export telles que l'automobile, la chaussure ou encore le textile, secteurs porteurs qui avaient quasiment disparu du paysage économique, sont aussi venues soutenir la reprise, tandis que le Portugal a accueilli dans le même temps un nombre croissant de sociétés étrangères qui continuent à investir.

Ainsi, des groupes d’investissement chinois ont libéré plusieurs milliards d’euros et sont devenus actionnaires de la plus grosse compagnie d’assurances portugaise, du réseau électrique REN et de la Millennium Banco Comercial Português, principale banque privée du pays.

Ce qui profite le plus à l’Algarve en particulier, c’est l’arrivée en masse et continue de milliers de retraités européens, ce qui lui vaut le surnom de Côte d’Azur de l’Europe. En 2009, au plus fort de la crise, le pays avait accordé 10 ans d’exonération d'impôts. Les conditions évoluent doucement mais les avantages fiscaux demeurent toujours aussi attractifs. La revitalisation du tourisme est considérable dans la région et a aussi largement contribué à ce miracle économique grâce, entre autres, à des projets immobiliers haut de gamme. Le tourisme fait partie du secteur des services (68,3 % de la population active) qui poursuit son ascension et joue un rôle capital et décisif dans l’économie portugaise.

Quels sont les nouveaux défis économiques ?

L'ex-Premier Ministre Antonio Costa avait déjà eu plusieurs défis à relever. Côté ménages d'abord avec en particulier la flambée des prix de l'immobilier, un effet pervers du boom touristique et des locations de style Airbnb, mais aussi de l'installation des retraités européens, qui ont contribué à favoriser une augmentation des prix. Les défis perdurent pour l'actuel gouvernement de Luis Montenegro qui conduit néanmoins le pays vers une croissance supérieure à celle de la zone euro. Les exportations portugaises devraient augmenter, bénéficiant de la reprise de l'économie mondiale ; l'inflation devrait continuer à baisser, ce qui signifie que les ménages auront plus d'argent à dépenser et les investissements du plan de relance et de résilience (PRR) devraient soutenir la croissance économique au Portugal. Le marché du travail devrait continuer à être résilient en 2024, le taux de chômage restant inférieur à la moyenne européenne. Toutefois, l'intelligence artificielle (IA) pourrait avoir un impact significatif sur le marché du travail à l'avenir, en remplaçant certains emplois.

Le lithium, le nouvel « or blanc »

Le Portugal est également confronté à un défi démographique avec une population qui vieillit et qui a vu partir 500 000 concitoyens pendant la crise, encouragés par le gouvernement de l'époque. Confrontés à une pénurie de main-d'œuvre, les autorités cherchent à présent à les rapatrier. Selon les estimations officielles, environ les deux tiers auraient répondu à l'appel. Quant au nombre d'immigrés vivant au Portugal, d'après l'OCDE, le chiffre a augmenté de 30 % en 2022, par rapport à 2021. Et puis si ce boom général, économique et touristique ne suffisait pas, il y a maintenant le lithium et l'État portugais ne veut plus se contenter de recevoir les royalties de l'activité d'extraction mais développer des secteurs industriels liés à la transformation du minerai.

Des engagements écologiques

Sur le plan des énergies renouvelables, le Portugal vise la neutralité carbone d’ici une trentaine d’années et a décidé d’aller plus vite que ses voisins européens. Il investit, de manière constante, dans l’électricité propre, le solaire, le vent et l’eau. Plus de 250 parcs éoliens essaiment le pays et cette énergie représente à elle seule 25 % de la consommation ; 220 barrages viennent compléter le paysage énergétique. En Algarve, de nombreuses entreprises misent sur la préservation de la biodiversité unique de la région. Il s’agit, par exemple, de projets immobiliers écoresponsables dont les actions sont basées sur une architecture bioclimatique, des systèmes géothermiques ou une meilleure gestion de l’eau. Le pays tout entier, aux dires des observateurs, serait en passe de devenir l’un des plus verts de la planète.

Marcelo, un président « de l’affect »

Le président Marcelo Rebelo de Sousa, en fonction depuis mars 2016, réputé pour sa culture et l’acuité de son intelligence, cultive la proximité avec la population. On le voit nager au milieu des autres baigneurs sur la plage de Cascais ou encore, lors des catastrophes, prendre les gens dans ses bras pour les consoler. Mieux encore, en août 2020, alors qu’il se trouvait en vacances en Algarve, le président âgé de 71 ans, a sauvé deux petites filles de la noyade, un acte de bravoure qui a été particulièrement commenté sur les réseaux, et cela à juste titre. Une simplicité et une proximité qui lui valent le surnom de « président de l’affect ». Sa cote de popularité atteint 18 sur 20, de quoi faire pâlir d’envie n’importe quel leader politique.

Ça bouge au Parlement

Après la démission en novembre 2023 du socialiste Antonio Costa, resté au pouvoir 8 ans, c'est au tour de Luís Montenegro (PSD, Parti Social Démocrate) de droite modérée de diriger l'actuel gouvernement qui s'est installé après les élections législatives anticipées du 10 mars 2024 et se traduit par une collaboration entre les grands partis du centre gauche et droit autour de Chega. Son parti n'aura cependant réuni que 29 % des suffrages et 80 sièges à l'Assemblée sur 230. Moins paritaire que l'exécutif de son prédécesseur Antonio Costa, l'équipe de la nouvelle composition comprend 10 hommes et 7 femmes, (au lieu des 19 ministères auparavant) qui appartiennent tous au PSD à l'exception du ministre de la défense. 3e force politique du pays, le parti d'extrême droite Chega, (« ça suffit » en portugais), quant à lui, dirigera l'opposition au Parlement.

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