Panorama de la peinture
La peinture est souvent considérée comme le parent pauvre de la culture portugaise. À tort, car l’essor économique du XIVe siècle s’accompagne de l’expansion du Portugal hors de ses frontières. La peinture est alors patronnée par les rois. L’art pictural atteint son apogée au XVe siècle alors que les églises s'enrichissent de retables. Le modèle flamand transmet le souci du détail et le recours à la peinture à l'huile. Le plus célèbre peintre portugais, Nuno Gonçalves (1448-1481), s’imprègne à la fois des techniques flamandes et italiennes. Son chef-d’œuvre est sans doute le polyptyque de São Vincente da Fora, six panneaux peints sur bois reconnus comme la première représentation de groupe de l'art européen.
Le XVIe siècle voit émerger un art plus sombre, celui de la Renaissance qui interroge la perception de l’autre. Aux scènes religieuses s’ajoutent les portraits. Commandés par des notables, ils incitent les peintres à perfectionner leur technique. La circulation des images en Europe voit l'influence flamande se renforcer. Un saint Pierre réalisé en 1530 par Vasco Fernandes dit Grão Vasco montre ainsi en arrière-plan un paysage nordique. Autre caractéristique de la peinture portugaise, la découverte du Brésil marque l'imaginaire des artistes qui prêtent aux personnages bibliques des traits brésiliens tel le Melchior d’une Adoration des Rois mages de 1503.L'art de l’azulejo
Apparus en Perse, les azulejos parviennent au Portugal à la fin du XVe siècle. Ces carreaux de faïence deviennent au XVIIe siècle un mode d'expression artistique prépondérant. Leur succès s’explique par leur emploi dans le bâtiment. Influencés par la manière italienne, ils se font polychromes avec le style « majolique ». Au XVIIIe siècle, en pleine période baroque, les azulejos composent de véritables tableaux relatant des scènes bibliques, mythologiques ou champêtres. Face à la hausse des commandes, les Portugais font appel aux Hollandais dont les techniques permettent de réaliser des panneaux plus complexes. Peints à la main et vernissés, ils recouvrent désormais façades et murs intérieurs. A Lagos, la Casa Verde est connue pour n'être recouverte, comme son nom l'indique, que de carreaux verts.
Galeries d’art à Faro
Prenons le pouls de la scène contemporaine en explorant les galeries d’art. Récentes pour la plupart, elles rassemblent artistes locaux et internationaux. Faro abrite dans ses ruelles anciennes des galeries d’art contemporain pour le moins surprenantes. Débutons ce parcours par la fascinante Galería do Arte Arco. Nichée entre les remparts, elle bénéficie d’une vue saisissante sur la Ria Formosa. A l’intérieur, l’art portugais contemporain se combine à une étonnante collection de jouets centenaires.
La Galería de Arte Trem est logée dans d’anciens baraquements reconvertis. Sa collection regroupe peintures, sculptures mais aussi installations audio et vidéo, signées par des artistes renommés. En quête d’avant-garde, elle reflète la face moderne et innovante de l’Algarve. On a pu admirer l’artiste portugaise Mariana Madeira et son concept du mapping mêlant performance, sculpture et sons pour dénoncer des vérités dérangeantes sur la société actuelle.
L’association Artadentro, basée à Faro, se veut représentative de toute l’Algarve, et même du Portugal. Au cœur de la vieille ville, l’organisation diffuse depuis 2003 l’art contemporain avec une attention particulière à la création expérimentale et régionale. De vrais dénicheurs de talents !
Pionnière des galeries d’art contemporain à Faro, la Galería Nova Margem se veut un espace propice à l’épanouissement de l’art actuel. Elle accueille ainsi un vaste éventail d’expérimentations avant-gardistes et d’expositions individuelles ou collectives. Véritable institution locale, la Galería de Arte Exstare peut se vanter de la diversité de sa programmation. Conférences et rencontres se succèdent tout au long de l’année. Elle a ainsi reçu le sculpteur Christóvão Neto, né en 1976 et formé à Londres, Inês Ramos, née en 1973, danseuse, photographe et peintre de fresques d’inspiration naïve, ou encore Ricardo Lopes, architecte né en 1968 et ses portraits d’animaux dans la veine expressionniste.Hors parcours
A l’écart du dédale des ruelles, la spacieuse Arc 16 Galería expose une sélection d’œuvres de qualité à des tarifs abordables : Mário Rodrigues, Gabriel Gutiérrez Vasquez, Luisa Nogueira ou Teresa Dias Coelho.
A Albufera, l’atelier-galerie BAM, fondé par l’artiste Betty Ann Mörelius, prête ses murs à des créateurs de tous horizons. Dans le village de São Lourenço près d’Almancil, le Centro Cultural conjugue dans un cadre envoûtant art, musique et littérature. Ouvert en 1981, le lieu se présente comme une plateforme dédiée aussi bien aux artistes émergents que confirmés. Le visiteur traverse une succession de terrasses et de patios pour admirer des peintures et des sculptures uniques, avec en toile de fond la campagne algarvoise. Pour conjuguer art et dégustation de vin, direction la Galerie LiR (Lady In Red) en périphérie de Lagos. Ce vaste espace brut, implanté dans une coopérative viticole, soutient notamment Laura Aires, jeune peintre de Lagos, le photographe Alexandre Manuel ou la sculptrice Catarina Alves.Balade street art
Restons à Lagos pour une virée street art. Dans la station balnéaire cernée par les falaises, le projet ARTURb réunit des street artists reconnus afin de promouvoir la scène locale. Aux portes de la ville, un squelette tout en transparence exerce ses talents de photographe sur un immeuble de trois étages. La réalisation d’Aryz titrée Tempus Fugit trône depuis 2014. Enfoncez-vous dans les ruelles pavées du centre pour débusquer les fresques exécutées sous l’impulsion de L.A.C. L’association invite des artistes en résidence, organise un festival annuel et tient une galerie. Plus loin, des vautours peints signalent la fresque collective signée Wes21 et Onur, dans la Rua Lançarote de Freitas. Face au centre culturel, le Polonais Bezt a dépeint ses célèbres figures féminines au cœur de la forêt. Vos pas vous conduiront certainement vers les escargots amoureux de Roa, la grenouille de Sainer et le sublime Borondo qui épouse l’environnement avec une finesse déconcertante. L’Algarve n’a pas fini de vous épater !