De l’influence de l’islam
Les boutiques ferment si les commerçants le souhaitent, les administrations s'arrêtent et les hommes s'installent à même la rue ou filent à la mosquée.
Les hommes revêtent traditionnellement le thobe, une longue robe blanche sous laquelle ils portent un pantalon court. Ils se coiffent d'un shemagh à carreaux rouge et blanc, maintenu à l'aide d'un agal. Les femmes se couvrent d'une abaya et portent le hijab, le voile islamique. Le niqab, le voile qui couvre le visage, n'est quant à lui pas obligatoire. La consommation d'alcool, de viande de porc ou la détention d'articles pornographiques sont strictement prohibés. En fait, toute la société est régie par une règle simple, mais qui ouvre la porte à toutes les interprétations : la modestie.
La place de la femme
Le prince héritier Mohammed Ben Salman au pouvoir depuis 2017 multiplie les gestes en faveur du droit des femmes. Elles disposent désormais du droit de conduire, peuvent travailler et même choisir de vivre seule. Depuis quelques années, il y a des femmes d'affaires, des dirigeantes de banque, des serveuses ou encore des policières. Si la féminisation du monde du travail est encore timide, elle existe bel et bien et on estime désormais que 35% des femmes vivant en Arabie Saoudite travaillent. Cette libéralisation s'accompagne d'un militantisme féministe modéré.
De l'influence de l'urbanisation
L'Arabie saoudite a entamé sa révolution dans les années 1950. Le royaume s'enrichit considérablement avec la vente de son pétrole et se modernise. Les oasis se transforment en villes et la population traditionnellement semi-nomade se sédentarise. Aujourd'hui, près de 85 % de la population saoudienne vit en ville. Cette transformation rapide a considérablement modifié les rapports sociaux. La voiture a remplacé le dromadaire, les tentes ou maisons en pisé ont laissé la place à des immeubles en béton, la télévision intègre les foyers. Les hommes occupent l'essentiel de l'espace public, tenant les commerces, travaillant dans les bureaux, construisant l'avenir du pays. Les enfants grandissent devant le petit écran, entre dessins animés arabes et films américains édulcorés. Les loisirs autorisés sont les cafés (sans alcool), les centres commerciaux, les aires de jeux pour les enfants, et quelques rencontres sportives réservées aux hommes. Le prince héritier Ben Salman, dans son projet d'ouverture et de modernisation du pays « Vision 2030 », s’attelle à accorder plus de loisirs aux jeunes Saoudiens. Il a autorisé l'ouverture de salles de cinéma et rendu la mixité possible dans les concerts. Il pousse au développement d'un tourisme domestique et envisage même de développer une station de ski dans les montagnes du Hedjaz.
Une société fractionnée
Jusque dans les années 2000, la pauvreté n'était censée toucher que les personnes issues de l'immigration et le sujet était tabou. Une visite du roi Abdallah dans les quartiers défavorisés de Riyad en 2002 change la donne. Il se montre choqué par le nombre de Saoudiens croisés dormant dans la rue. Il ordonne l'élaboration d'une stratégie de lutte contre la pauvreté en augmentant le budget de la sécurité sociale et le nombre de logements sociaux. Mais sans réels effets. Les deux tiers des travailleurs du secteur privé touchent moins que le minimum nécessaire aux besoins d'une famille avec 4 enfants. La situation tendue dans le monde arabe a conduit le gouvernement à réorienter son effort budgétaire vers l'armement dans les années 2010. L'absence de chiffres permet difficilement d'évaluer la situation, mais le taux d'endettement élevé (75 % des Saoudiens ont contracté un prêt à la consommation de longue durée) permet d'affirmer que tous les Saoudiens ne roulent pas sur l'or.