Le Rub’ al-Khali
L'Arabie saoudite est un immense terrain désertique, ponctué de quelques oasis. Son désert le plus mythique est le Rub' al-Khali, l'un des plus grands déserts du monde et le plus grand espace de sable continu. Il occupe le sud du pays, débordant sur le Yémen et Oman, les Émirats et le Qatar. Il évoque les caravanes chamelières chargées d'épices et d'encens ; l'hostilité d'un climat aride ; un décor changeant au gré des vents où il est facile de se perdre. Ses 650 000 km² sont parcourus de dunes de sable d'or ou rougeoyant, certaines pouvant atteindre 300 mètres de haut. Le Rub al-Khali est considéré comme le désert le plus inhospitalier au monde. Les températures peuvent atteindre 60 °C en journée et -10 °C la nuit. Même les Bédouins ne s'y aventurent guère. En arabe, Rub al-Khali signifie « le quart vide » et effectivement, il n'y a rien d'autre que du sable. Seule une vingtaine d'espèces de plantes auraient été répertoriées. Quelques araignées, des scorpions ou des rongeurs peuplent les dunes. Le Rub' al-Khali est une terre pour explorateurs expérimentés, aventuriers aux nerfs d'acier. Le premier Occidental à avoir traversé ce désert est Bertram Thomas, un diplomate britannique, ministre du sultan de Mascate et Oman dans les années 1930. Il lui faudra près d'un an pour achever son aventure, qu'il retracera dans un récit de voyage intitulé Arabia Felix. St John Philby, espion britannique et éminence grise du premier roi d'Arabie saoudite Ibn Saoud, lui emboîte le pas en 1932. Il est le premier à découvrir les cratères de Wabar, laissés par des météorites qui se seraient abattus dans la région il y a 140 millions d'années. Il a laissé une littérature abondante retraçant ses expéditions et aventures, malheureusement non traduite. L'explorateur britannique Wilfred Thesiger s'immerge pendant presque 4 années avec les Bédouins du Rub', entre 1946 et 1950. Il est le premier à tenter de cartographier la région et il rapporte son expérience dans le récit Le Désert des Déserts. Le Rub' al-Khali n'a pas toujours été aussi hostile et dévasté. La région, autrefois verdoyante, s'est asséchée au fil des millénaires. Le dernier lac aurait disparu il y a 800 ans et certains lacs asséchés sont encore visibles. Les sables enseveliraient peut-être Iram, la « Cité aux mille piliers », qui aurait prospéré entre -3 000 et le Ier siècle. Pour se rendre au Rub' al-Khali aujourd'hui, il faut bénéficier d'une autorisation spéciale et être accompagné d'un guide local, les dangers étant nombreux et réels.
Le Nefoud et le désert d’ad-Dhana
Le désert du Nefoud, situé entre Hail et Sakaka, au nord du pays, est un erg : les dunes "éoliennes", en forme de croissant, sont fixes et seul le sable de surface se déplace. La région est régulièrement balayée par des vents violents, imprimant sur le sol des formes étranges. Il occupe une grande dépression ovale s'étirant sur 250 kilomètres de large et 90 kilomètres de haut. Les pluies y sont très aléatoires. Ainsi, aucune goutte d'eau n'est tombée entre 1998 et 2001, alors que certaines années, il peut pleuvoir trois fois dans le même hiver. Le sable rouge provient de dépôt de grès érodé. Dans certaines régions, on peut observer les traces de forêts fossilisées et un squelette d'éléphant vieux de 7 000 ans a été retrouvé ici. Sur son flanc ouest, en bordure des montagnes du Hedjaz, l'eau se déverse et permet la culture de dattes et d'orge. L'oasis de Jubbah, au pied de la montagne noire d'Umm Senman, est un point de départ privilégié pour explorer le Nefoud.
Le désert d'ad-Dahna est un long ruban de sable rouge, reliant les déserts du Rub' al-Khali et du Nefoud. Large de 40 à 80 kilomètres, il s'étire sur 1 000 kilomètres en formant un arc de cercle à l'est de Riyad. Riche en oxyde de fer, c'est le plus rouge des déserts saoudiens. Les dunes forment des « veines » horizontales de toute beauté. À l'est de la capitale saoudienne, sur le plateau calcaire de Summan, un réseau de galeries et de cavités souterraines est exploité depuis des millénaires par les locaux. Ils se servent des cavités naturellement creusées par les eaux de pluie comme citernes. La proximité du désert d'ad-Dhana avec la capitale en fait le désert le plus fréquenté par les Saoudiens le week-end (vendredi et samedi).
Marcher dans le désert
Expérience rare, la marche dans le désert s'avère également exigeante. Les déserts saoudiens sont des ergs, des déserts de sable. Si le dénivelé est relativement modéré, marcher sur le sable mou peut s'avérer fatigant. Une bonne condition physique est donc impérative. Vous serez récompensé par des paysages spectaculaires, des couleurs éclatantes et des nuits dans un silence total, où il n'y a qu'à tendre le bras pour se saisir des étoiles. Même si vous bivouaquez dans le confort, le désert est un lieu unique pour se débarrasser des contingences matérielles, un endroit parfait pour se ressourcer. La meilleure période pour s'y rendre est entre octobre et mars. Les températures sont plus clémentes, mais attention, les nuits peuvent se montrer mordantes. Il fait en général entre 20 et 30 °C en journée et 0 et 15 °C la nuit, selon les mois et les déserts. Le Rub al-Khali est plus chaud que les déserts du nord, mais l'amplitude thermique est aussi plus importante. Nous vous déconseillons vivement de trekker en été, entre avril et septembre. Partir avec un guide est absolument essentiel. Il connaît le désert, sait lire les paysages et déjouer ses pièges. Il gère également toute la partie logistique : bivouacs, repas, eau, chameliers... Il faut prévoir un budget conséquent, d'au moins 200 € par jour. Pour lutter contre la chaleur, le mieux est de commencer votre randonnée tôt le matin, de faire une longue pause au déjeuner et de marcher à nouveau en fin de journée. Prévoyez des vêtements couvrants. Les nomades du désert ont pour habitude de porter deux couches de vêtements qui les protègent des agressions du soleil et aussi parce qu'entre les deux couches se crée un léger mouvement d'air. Pensez à vous hydrater très régulièrement et si vous le pouvez avec une boisson chaude. L'évaporation de la transpiration procure une sensation de fraîcheur. La transpiration vous fera perdre beaucoup de sels minéraux. Le meilleur moyen d'éviter les crampes et malaises dus au manque de sels dans l'organisme est de manger très salé. Les fruits secs salés à grignoter dans la journée combleront les fringales. En cas de coup de chaud, mouillez votre chapeau ou votre chèche.
Que mettre dans son sac ?
Une sortie dans le désert se prépare. Il ne s'agit pas d'y aller le nez au vent, sous peine de se retrouver avec les yeux qui piquent, la gorge qui gratte et la peau brûlée. Vous constaterez rapidement que le sable s'infiltre partout et que plus vous êtes prévoyant, plus confortable sera votre expédition. La liste des articles spécifiques à prévoir est proportionnelle au nombre de jours. Plus vous passerez de temps dans le désert, plus votre équipement sera conséquent. Tout dépend également de votre mode de transport dans le désert. Entre la voiture climatisée, le dos d'un dromadaire ou vos pieds, les besoins ne sont pas les mêmes. Dans tous les cas, il vous faudra une tenue couvrante et légère, un coupe-vent, un foulard pour se couvrir la tête, une paire de baskets, des lunettes de soleil avec des verres anti-UV de catégorie 3 ou 4, une crème solaire à indice de protection très élevé, un petit sac à dos, beaucoup d'eau. Si vous envisagez un trek de plusieurs jours, des vêtements anti-UV couvrants seront nécessaires, ainsi que des chaussures spéciales anti-sable, des guêtres, des gants anti-UV et des bâtons de marche avec un embout spécial « sable ». Vous protégerez vos affaires avec un sac-à-dos anti-sable et glisserez vos articles sensibles dans des sacs de congélation munis d'un zip (appareil photo, téléphone, chargeur nomade, documents...). Glissez dans votre trousse de toilette du sérum physiologique pour vous rincer les yeux, des lingettes de toilette, des pansements anti-ampoules, une crème apaisante à base d'arnica ou d'aloé vera et un rouleau de papier toilette. Si vous prévoyez de bivouaquer une ou plusieurs nuits, prévoyez des vêtements chauds pour les soirées, voire une doudoune compacte en hiver, des gants et un bonnet.
Bivouaquer dans le désert
Quitte à pousser les portes du désert, autant y passer la nuit. Vous serez saisi par la bulle de silence qui s'abat sur cette partie du monde et les nuits privées de toute forme de pollution. Les étoiles brillent par milliards dans une nuit d'un noir d'encre. Rien ne semble pouvoir perturber l'extrême tranquillité qui y règne, à l'exception du vent, s'il a décidé de souffler. L'amplitude thermique jour/nuit est élevée et si on y ajoute la fatigue de la journée, le froid peut vite devenir mordant dès que la nuit tombe. Au cœur de l'hiver, le thermomètre peut frôler les 0 °C juste avant le lever du jour. Il est essentiel de prévoir le matériel adéquat pour des nuits vraiment récupératrices : un sac de couchage sarcophage avec une température de confort descendant à -5 °C, un tapis de sol ou un petit matelas auto-gonflant, de bonnes chaussettes, un bonnet, une tenue chaude et confortable. Pour les soirées à la belle étoile, munissez-vous d'une lampe de poche, d'une doudoune et d'un bon pull. Glissez dans vos affaires un sac poubelle pour ramasser tous vos déchets et laisser le désert comme vous l'avez trouvé, immaculé.
Bien préparer son véhicule
Un véhicule 4x4 est indispensable pour se rendre dans le désert saoudien, qu'il soit de sable ou caillouteux. Prévoyez de l'essence en quantité suffisante, avec au moins un jerrican de dépannage et des bidons d'eau pour le radiateur. Ayez avec vous une pelle pour désensabler en cas de besoin et une corde de remorquage. Moins votre véhicule sera truffé d'électronique, plus vous aurez de facilités à le réparer en cas de panne. Arrivé dans le désert, réduisez la pression de vos pneus. La surface de contact entre le sable et le véhicule sera plus importante et l'adhérence meilleure. Pour éviter de vous ensabler, maintenez une vitesse constante et adoptez une conduite souple. Les fortes accélérations risquent de faire patiner les roues et de creuser un trou sous celles-ci. Munissez-vous d'une carte détaillée et d'une boussole, afin de garder le cap. Nous vous déconseillons fortement de partir seul(s) à l'aventure, surtout si vous n'avez aucune expérience de conduite sur sable. Certains déserts comme le Rub al-Khali (Empty Quarter) nécessitent une autorisation spéciale. Vous devrez fournir votre itinéraire détaillé pour l'obtenir.