Parcs nationaux et préservation de la biodiversité
Le pays compte une cinquantaine d'aires protégées (dont onze parcs nationaux), représentant près de 20 % de sa superficie. Elles protègent des espaces aux climats et biotopes différents, allant des plaines côtières occidentales (Costa), au bassin amazonien (Oriente), en passant par les Andes (sierra), et les îles Galápagos.
Situé au sud de Quito, dans la cordillère des Andes, le Parc national de Cotopaxi protège une biodiversité remarquable, au sein de différents biomes : forêt humide, toundra, páramo (grandes plaines herbacées des hauts plateaux), et neiges éternelles. Il abrite le plus haut volcan en activité du monde, à 5 897 mètres d'altitude, le Cotopaxi, que tenta de gravir Alexander von Humboldt, savant humaniste, en 1802. Le Cotopaxi, comme l'ensemble des glaciers équatoriaux, pourrait disparaître d'ici la fin du siècle. En cause, le réchauffement climatique, qui aurait déjà fait fondre plus de la moitié de la surface des sept glaciers du pays.
Le Parc national de Cajas, situé lui aussi dans les Andes, protège des zones humides de hauts plateaux. Classé site Ramsar, il accueille une grande variété d'oiseaux et abrite des vestiges incas, dont un sentier qui peut être suivi sur plusieurs kilomètres.
Le Parc national Machalilla, situé en bordure littorale, et classé lui aussi Ramsar pour ses zones humides remarquables, préserve une exceptionnelle biodiversité, incluant des espèces menacées (baleines à bosse, albatros des Galápagos).
Le pays compte également le parc national des îles Galápagos, situé dans les îles éponymes, dont les espèces endémiques permirent à Charles Darwin, lors de son exploration en 1835, d'établir sa théorie de l'évolution. En novembre 2021, l'ancien président Guillermo Lasso a proposé une extension de près de la moitié de la superficie de la réserve marine des Galápagos en échange d'un aménagement de la dette du pays. Cette proposition innovante a abouti en 2022 à l'extension d'environ 60 000 km2 du parc et à la création dès 2023 de "bonos azules", des emprunts d'état dont le capital est affecté exclusivement à la protection des océans. Cette opération fut possible grâce à l'intervention du crédit Suisse qui racheta concomitamment plus de 800 millions de dollars de la dette extérieure du pays. L'idée est de constituer un corridor écologique avec d'autres zones protégées des pays frontaliers, afin entre autres de protéger la migration des espèces marines.
Dans la partie amazonienne du pays, on citera le parc national Yasuni. Réserve de biosphère de l'Unesco, le parc fait partie des 19 régions du monde dites de « megabiodiversité ». Ce territoire exceptionnel, où des communautés autochtones ont su cohabiter de manière équilibrée avec le non-humain, est cependant menacé par l'extraction pétrolière. L'ancien président Rafaël Corréa avait à l'époque initié un projet entre 2007 et 2013, afin de protéger la zone de l'exploitation pétrolière, en échange de l'octroi d'une contribution financière internationale (initiative Yasuní-ITT). Suite à une levée de fonds insuffisante, l'extraction pétrolière fut finalement mise en place. Les communautés autochtones dont la vision du monde repose sur un continuum humain-non humain (comme l'a montré l'anthropologue Philippe Descolan qui a vécu plusieurs années auprès d'Achuar), ont su maintenir des équilibres avec l'ensemble du vivant. Ils portent aujourd'hui des projets de développement : écotourisme dans la zone de Kawapi pour les Achuar, centre de soin Naku pour les Sapara. On notera également l’initiative Cuencas Sagradas, en partenariat avec des organisations autochtones et la fondation Pachamama pour la mise en place d'une zone protégée de toute exploitation. Cette initiative a abouti en 2023 à un référendum confirmant l'interdiction d'exploitation des sous-sols du Yasuni.
Quand l’agriculture et l’élevage menacent le vivant
L’agriculture intensive, destinée à l'exportation (fleurs, bananes, huile de palme,) constitue une menace tant pour la biodiversité que pour le climat. Elles induisent des déforestations, la segmentation des milieux naturels par la construction de routes, ou encore la dégradation des terres par les intrants chimiques. Les déboisements contribuent à aggraver le réchauffement climatique, à favoriser l'érosion et l'appauvrissement des sols. Le ruissellement d'eaux chargées en pesticides participe à la contamination des milieux naturels. L'élevage industriel de crevettes contribue quant à lui à la destruction des mangroves, réservoirs de biodiversité, stockages de carbone, filtres protecteurs des nappes phréatiques et barrières contre l'érosion côtière. Ce type d'élevage entraîne également une surpêche de poissons… destinés à nourrir les crevettes. Ces activités, qui se pratiquent au détriment des cultures vivrières menacent également la souveraineté alimentaire du pays. Le système économique en place ne favorise pas l'agriculture paysanne, en octroyant des avantages fiscaux aux gros exploitants. Ainsi, les exportateurs d'huile de palme sont exempts de taxes sur la sortie des devises. Cependant, il est à souligner que des projets alternatifs, fondés sur l'agroécologie, portés par les populations locales et soutenus par des ONG essaiment dans le pays.
L’extraction et l’énergie au cœur des luttes
Le bassin amazonien est l'objet de luttes entre les défenseurs de la Terre-mère et les promoteurs de l'extractivisme. Si le pays a inscrit dès 2008 dans sa Constitution les droits de la Terre-mère (Pachamama) et du buen vivir, la réalité du terrain est plus fluctuante. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, la communauté Huaoranis, avec à sa tête la figure emblématique de Nemonte Nenquimo (prix Goldman pour l'environnement 2020) a pu gagner son procès en 2019 contre une compagnie pétrolière, après une plainte déposée pour contamination des terres et de l'air par les torchères (447 torchères seraient en activité au sein du territoire en question). La justice du pays donna gain de cause à la communauté, avec l'interdiction d'exploitation dans la zone. Parmi les jalons structurant de la lutte écologique, on notera en 2021 la ratification par l’Équateur de « l'accord d’Escazu », premier traité environnemental à l'échelle de l'Amérique latine et des Caraïbes. Outre l'exploitation pétrolière, des projets d’extraction (mine d'or à ciel ouvert), et de barrages hydroélectriques menacent les écosystèmes et les populations locales. La construction d'éoliennes a entraîné la surexploitation du balsa, bois utilisé dans les pales d'éolienne. Là encore des avancées ont vu le jour, avec la création d'une filière durable de balsa par une coopérative Huaroanis.