Balade en pirogue dans les Backwaters © SolStock - iStockphoto.com.jpg
Croisière dans les backwaters © Igor Plotnikov - Shutterstock.Com.jpg

Histoire

Les Backwaters ont été formés par l’action conjuguée des vagues de la mer d’Oman et des courants d’eau douce provenant des rivières descendant de la chaîne des Ghâts occidentaux, leur rencontre créant des îlots aux embouchures des rivières. Cela a donné naissance à un réseau complexe d’eaux saumâtres sur l’étroit littoral de la côte Malabar. Les Backwaters du Kerala sont constitués de 1 500 km de canaux naturels et artificiels, dont 900 km de voies navigables, de 38 rivières, de 5 grands lacs et d’une multitude de lagons. Ils abritent un écosystème complexe et délicat avec une dense végétation constituée de palmiers, d’arbustes et de buissons qui poussent le long des rives. La faune compte de nombreuses espèces aquatiques comme des poissons, des crabes, des crevettes, des grenouilles, des tortues, mais aussi une multitude d’oiseaux tels que les aigles, les martins-pêcheurs, les sternes, les cormorans… Un sanctuaire d’oiseaux a d’ailleurs été créé sur le lac Vembanad, le Kumarakom Bird Sanctuary, afin d’abriter et de protéger les oiseaux migrateurs qui viennent y faire escale. Les régions des Backwaters pourvoient les Kéralais en terres facilement irrigables, propices à l’agriculture, notamment celle du riz, et des eaux riches en poissons. Autrefois les voies navigables étaient intensivement utilisées pour le transport des marchandises pour les locaux (riz, fruits et légumes, noix de coco, épices, latex) et pour acheminer vers les ports de la côte les épices des Ghâts occidentaux, véritable or naturel du Kerala, afin d’en faire le commerce avec des navigateurs venus du monde entier. Poivre noir, gingembre, coriandre, curcuma, cardamome, anis, clous de girofle, muscade et autres piments étaient alors transportés sous forme séchée, mais non moulue, afin de conserver toute leur fraîcheur. Les kettuvallam constituaient le moyen de transport principal de ces denrées. Ce sont des bateaux traditionnels construits en bois et assemblés à l’aide de cordes confectionnées à l’aide de fibres de noix de coco, sans aucune attache métallique, clou ou vis. Ces longues barges à riz, dont le nom signifie littéralement « bateau cousu » en malayalam, étaient ensuite enduites d’huile de noix de cajou et de poisson afin de les rendre imperméables. Ces méthodes de fabrication ancestrales sont encore parfois visibles aujourd’hui le long des canaux. L’avènement des moyens de transports plus modernes a rendu obsolète l’utilisation de ces kettuvallam pour le transport de marchandises. L’expansion du tourisme au Kerala a cependant donné une seconde vie à ces bateaux traditionnels : des opérateurs ont eu l’idée de les transformer en houseboats, des « bateaux-maison » motorisés, destinés à accueillir des voyageurs et leur faire découvrir les paysages splendides des Backwaters. Ces péniches, avec leur toit en feuilles de palme, constituent de nos jours l’une des cartes postales les plus célèbres du Kerala. Malheureusement, leur prolifération à des fins touristiques engendre la pollution des eaux. En effet, le diesel nécessaire au fonctionnement de leur moteur se répand et met en péril le fragile écosystème des Backwaters.

Répartition des Backwaters

Les Backwaters forment un réseau labyrinthique de canaux et d’étendues d’eau reliant les îles et villages reculés au continent, que certains comparent au Bayou du sud des États-Unis. Le Kerala abrite 34 différents réseaux de Backwaters, dont 27 proches du littoral et de la mer d’Arabie et 7 situés dans les terres. Voici un bref aperçu des régions principales.

Kuttanad est sans doute la région des Backwaters la plus vaste mais également la plus intéressante. Elle couvre les districts d’Alleppey (Alappuzha) et de Kottayam, avec quatre grands fleuves qui serpentent dans la région et permettent de bénéficier d’une étendue importante de terres arables. La particularité de la région est la pratique de l’agriculture au-dessous du niveau de la mer grâce à un ingénieux système de digues protégeant les récoltes. On y cultive la majeure partie du riz produit dans l’État, ce qui lui vaut le surnom de « boule de riz du Kerala ». Le lac Vembanad, le plus grand lac de l’État, est protégé d’une invasion d’eau salée venue de la mer d’Oman par le barrage de Thannermukkom. Le lac représente l’épicentre du tourisme des Backwaters, avec Alleppey comme porte d’entrée principale. Les villes de Kottayam et de Kumarakom peuvent constituer des points de départ alternatifs intéressants pour des croisières car moins fréquentés. Le sanctuaire d’oiseaux de Kumarakom, paradis des ornithologues, est situé sur la rive est du lac. C’est aussi ici que se déroule l’évènement sportif le plus important des Backwaters : le trophée Nehru, ou la course des bateaux serpents. Ces longues régates, appelées chundan vallam en malayalam, peuvent contenir 120 personnes réparties en deux rangées de 60 chacune. Les participants rament en rythme au son des incantations des meneurs de bateaux. Le public vient en nombre assister à cette compétition exaltante dont le point d’arrivée est le bien nommé Finishing Point à Alleppey.

Kollam. La région de la « capitale de la noix de cajou » s’articule autour du majestueux lac Ashtamudi, qui évoque une pieuvre avec ses huit bras tentaculaires. Plus d’une quinzaine d’îles sont présentes sur ce lac, le second plus grand du Kerala. Les environs de Munroe Island représentent une destination de choix pour effectuer une croisière en houseboat et permettent d’observer la vie rurale des villages installés le long des marais, les méthodes ancestrales de fabrication de la fibre de la noix de coco, des élevages de canards et de crevettes, une myriade d’oiseaux migrateurs et des paysages d’une grande beauté. Proche de Kollam se trouve l’estuaire de Paravur, une région magnifique, injustement boudée par les touristes étrangers.

Thiruvananthapuram. Le sud du Kerala abrite des marais peu célèbres mais qui valent pourtant la peine d’être vus. Proche de la petite capitale de l’État se trouve le lac Vellaani qui offre de multiples possibilités de canotage. À quelques kilomètres se trouvent les Backwaters de Thiruvallam, qui deviennent de plus en plus populaires auprès des touristes locaux. Plus au sud, des Backwaters traversant de la mangrove se trouvent à Poovar, proche de la petite station balnéaire de Chowara et de ses nombreux établissements ayurvédiques. On peut y effectuer un tour en barque ou en bateau à moteur à l’ombre des palmiers jusqu’à l’estuaire donnant sur les plages de la mer d’Arabie.

Kasargod. Les Backwaters de Valiyaparamba, encore largement inexplorés par les touristes étrangers, offrent de nombreuses opportunités de croisières. Proches de Kannur, ils sont alimentés par quatre fleuves et possèdent une végétation luxuriante. C’est une excellente alternative aux Backwaters du sud car vous croiserez peu de bateaux.

Comment les découvrir

Plusieurs options sont offertes aux touristes qui désirent découvrir les paysages typiques des Backwaters. Il faudra tout d’abord choisir une région à explorer. La plus célèbre est celle de Kuttanad, qui dispose d’un grand nombre d’infrastructures touristiques.

Séjourner. On peut choisir de résider dans l’un des nombreux établissements situés au cœur des Backwaters : resort de luxe, guesthouse, maison d’hôtes… Vous en trouverez beaucoup autour d’Alleppey, la « capitale des Backwaters », mais également sur le lac Vembanad à Kumarakom et autour du lac Ashtamudi à Kollam. La plupart proposent des séjours détente dans des hébergements avec vue sur le lac où voguent les kettuvallams, des croisières variées, et des activités diverses. Vous trouverez dans ce guide un grand nombre d’adresses adaptées à tous les budgets. Et quel bonheur de se réveiller au chant des oiseaux…

Croisières. Le meilleur moyen d’explorer les Backwaters est d’effectuer une croisière en bateau le long des canaux serpentant  dans les rizières, à l’ombre des cocotiers. Il existe plusieurs types d’embarcations que vous choisirez en fonction de vos envies et de votre budget.

Houseboats. Les kettuvallams constituent l’option de logement la plus populaire mais aussi la plus onéreuse. Ils ont été aménagés luxueusement, avec des chambres confortables avec salle de bains privée, l’avant du bateau est arrangé en salle à manger et en plateforme d’observation. Les plus grands peuvent posséder jusqu’à 5 chambres et une terrasse d’observation sur le toit. De par leur taille imposante, ils ne peuvent emprunter que les voies navigables les plus larges et suivent en général le même parcours. La réservation se fait en moyenne pour un jour et une nuit. La croisière débute vers 14h, puis le dîner (compris) est pris à bord du bateau. L’excellente cuisine traditionnelle du Kerala fait la part belle aux produits locaux. L’un des plaisirs à s’offrir est de s’arrêter le long des canaux chez un pêcheur pour acheter en supplément des crevettes fraîches, davantage de poisson, ou ce que bon vous semble. On passe la nuit sur le bateau puis le retour se fait dans les environs de 10h. Sachez cependant que l’équipage reste avec vous pendant toute la croisière, ce qui n’est pas idéal pour l’intimité, et qu’il faudra leur laisser un petit pourboire. Consultez toujours plusieurs agences et demandez à voir les bateaux au préalable. Mettez-vous bien d’accord sur ce qu’inclut le prix de la croisière (repas, visites, etc.). Des croisières plus longues sont possibles et vous aurez alors la joie d’explorer des lieux moins fréquentés.

Chikaras. Ce sont de petits bateaux à moteur munis d’un toit pour protéger du soleil, avec des chaises et parfois un petit endroit où s’allonger. Leur taille réduite leur permet de naviguer sur des canaux étroits et d’accéder à des endroits plus reculés, offrant ainsi au voyageur la possibilité d’être au plus près de la vie locale. Bien compter 3 heures de navigation pour une balade intéressante, d’autant que leur vitesse limitée restreint leur champ d’action. Vous trouverez de nombreux chikaras à Alleppey.

Canots. Il est également possible de naviguer sur les marigots kéralais à bord d’un petit canot qui parcourt les canaux peu profonds. Le batelier, généralement un homme d’âge mûr, utilise un long bâton pour propulser l’embarcation. Ce mode de visite est souvent proposé accompagné d’un déjeuner traditionnel à prendre dans une famille locale, ce qui conviendra aux adeptes du slow-tourism et à ceux qui recherchent de l’authenticité. 

Ferries. Ils traversent les Backwaters pour transporter villageois et écoliers. Ces navettes peuvent être utilisées par les touristes pour aller d’un point à un autre, mais sachez que découvrir les Backwaters à bord d’un ferry n’est pas une bonne idée : les sièges en bois sont rapidement inconfortables, les moteurs sont bruyants et les émanations de gazole ne sont guère agréables.