Les premiers grands auteurs

Commençons par une des figures de la littérature amérindienne, Pauline Johnson (1861-1913), née d’un père indien mohawk et d’une mère britannique. Son œuvre la plus célèbre, Legends of Vancouver, est un ouvrage de légendes indiennes racontées par le chef Squamish Joe Capilano. En 2018, son œuvre est traduite en français. Un de ses poèmes, The Song my Paddle Sings, est appris par une grande majorité d’élèves canadiens.

Évoquons également Robert William Service (1874-1958), poète d'origine écossaise, qui a vécu plusieurs années à Dawson City où l'on peut encore voir sa cabane en rondins. Surnommé le « Kipling canadien » ou encore le « barde du Yukon », il s'est beaucoup inspiré du Canada et des chercheurs d'or pour écrire ses recueils de poèmes. On lui doit ces mots, peints en lettres capitales sur l'un des bâtiments de la ville de Dawson : « La magie du Yukon. Je voulais l'or et je l'ai cherché ; j'ai gratté et j'en ai bavé comme un esclave ; que ce soit la famine ou le scorbut, je les ai vaincus. » Il a également écrit des romans comme The Trail of Ninety-Eight, a Northland Romance (1910) ou The Pretender, a Story of a Latin Quarter (1914)…

Jack London (1876-1916)

Épris d'aventure et de nature sauvage, l’auteur américain Jack London, embarque en 1897, au milieu des dizaines de milliers de chercheurs d'or, pour vivre l'aventure de la ruée vers l'or du Klondike (Yukon). Il arrive en Alaska par le passage intérieur entre la Colombie-Britannique et l'Alaska pour rejoindre Dyea et Skagway et, de là, Dawson City en passant par le lac Bennett. Arrivé à Dawson City à la fin de l'automne, il passe l'hiver sur place à écouter des histoires qui lui serviront plus tard à écrire certains de ses romans (L'Appel de la forêt, Croc-Blanc, Les Enfants du froid, Belliou la fumée, Le Fils du Loup, etc.). Souffrant du scorbut, il est contraint au printemps suivant de rentrer chez lui à San Francisco. Pour le chemin de retour, il emprunte une autre route par l'intérieur des terres et la rivière Yukon jusqu'à St.Michael, près de Nome en Alaska. Après une période difficile économiquement, il commence à publier ses premiers écrits, notamment basés sur ce voyage. Entre réalité et fiction, ses livres permettent de se plonger dans cette époque fascinante qui a tant marqué la province du Yukon.

Quel enfant n’est pas tombé sur L’Appel de la forêt à la bibliothèque ou à l’école ou dans un manuel scolaire ? Publié en 1903 (1906 pour la France), ce roman raconte l’histoire de Buck, qui vit en Californie et est enlevé à son maître pour être vendu à un trafiquant de chiens de traîneau. Il doit se faire à sa nouvelle vie et s’imposer face aux autres chiens de la meute. Après de multiples péripéties, il est adopté par John Thornton, mais ce dernier est assassiné, et Buck retrouve la nature et s’intègre à une meute de loups. C’est un véritable roman d’apprentissage dans lequel le héros vit des aventures qui le font évoluer, mais Jack London évoque aussi l’aventure et la nature sauvage. De nombreuses adaptations cinématographiques ont eu lieu, notons celle de Chris Sanders (2020) avec Harrison Ford et Omar Sy dont il faut souligner la splendeur des images.

Mentionnons aussi l’autre roman illustre de Jack London, Croc Blanc. Encore une fois, la nature sauvage est à l’honneur dans ce récit qui évoque l’histoire d’un chien-loup qui, vivant à l’état sauvage, se voit confronté à la cruauté des Hommes, mais pas seulement.

Quelques autres noms

Ethel Davis Wilson (1888-1980), d'origine sud-africaine, est l’auteur de six romans qui ont marqué l'histoire de la littérature canadienne entre 1947 et 1961 : Hetty Dorval (1947), The Innocent Traveller (1949), The Equations of Love (1952), Swamp Angel (1954), Love and Salt Water (1956), Mrs Golightly and Other Stories (1961). Elle est la première à avoir réellement fait passer dans ses livres toute la beauté des paysages de Colombie-Britannique.

Pierre Berton (1920-2004), quant à lui, est écrivain, journaliste et animateur de télévision originaire du Yukon. Il a rédigé une quarantaine d'ouvrages dont le récit The Last Spike à propos de la construction du chemin de fer à travers les Rocheuses. Reconnu comme un spécialiste de l'histoire du Canada, il a reçu trois fois le Prix littéraire du Gouverneur général.

Finissons avec Robert Kroetsch (1927-2011), un écrivain albertain de renom né à Heisler. Il a écrit de nombreux ouvrages majeurs sur l'histoire de la province. Sa trilogie Out West, qui parcourt 40 ans de l’histoire de l’Alberta, ainsi que Alberta et Seeds Catalogue portent sur la vie des fermiers dans les prairies. Il a été nommé Officier de l'Ordre du Canada en 2004 en l'honneur de sa contribution à la culture générale canadienne.

Les auteurs contemporains

Quelques noms d’auteurs contemporains vous diront certainement quelque chose ! Par exemple Nancy Huston (née en 1953) qui est une écrivaine franco-canadienne née à Calgary. Installée en France depuis les années 1970, elle a publié de nombreux romans remarqués par la critique littéraire, notamment Les Variations Goldberg (1981, prix du Gouverneur Général), Lignes de faille (prix Femina 2006) et le très beau Cantique des plaines (1995) qui décrit la vie des immigrants dans les plaines de l'Alberta. Dans son dernier ouvrage, Le Club des miracles relatifs, sorti en 2016, elle dénonce l'exploitation des sables bitumineux en Alberta. Depuis une visite de Fort McMurray, qui aurait été pour elle un vrai « choc émotionnel », l'écrivaine s'est employée à faire connaître les dégâts écologiques qui secouent sa province natale. Elle a cosigné avec Naomi Klein (auteure et journaliste engagée) l'essai Brut qui met en lumière les désastres de cette « ville-champignon », sise au milieu d’un enfer écologique. Dans un tout autre registre, elle a écrit Mosaïque de la pornographie, un essai qui s’attaque à ce phénomène. Elle y propose une analyse de certains ouvrages et propose également une réflexion sur la position des femmes.

Côté femmes, nous pouvons également citer Monique Genuist (née en 1937) dont l’un des thèmes favoris est la quête de dépaysement géographique et historique. Elle a par exemple écrit C’était hier en Lorraine (1993), Le Cri du Lion (1993), L’Ile au cotonnier (1997), Itinérance (1999), Racines de sable (2000). Certains critiques la comparent à Gabrielle Roy, car tout comme elle, elle peint avec un sens aigu de la description des petits détails du quotidien. Pour l’histoire, Gabrielle Roy, née au Manitoba en 1909, a été institutrice avant de partir en Europe puis de s’établir à Québec où elle demeurera jusqu’à sa mort en 1983. Ses romans ont pour thème la vie urbaine, les milieux modestes et leurs destinées obscures (Bonheur d’occasion, prix Femina, 1947).

Douglas Coupland (né en 1961), lui, est surtout connu pour son roman Génération X, qui décrit la génération diplômée et sans emploi ayant suivi les baby-boomers, née entre les années 1960 et 1980. Il est assimilé au courant dit d'anticipation sociale. Son œuvre aborde les difficultés de la vie de cette génération X, face à la saturation des médias, l'absence de valeurs religieuses et l'instabilité économique. Dans City of Glass (2000) et Souvenirs of Canada 1 (2002) et 2 (2004), l’auteur canadien donne son point de vue sur sa ville natale de Vancouver et son pays. Sa renommée est internationale et le style humoristique de ses récits est apprécié par la critique.

Arrêtons-nous un instant sur Timothy Taylor (né en 1963), auteur de trois romans dont le dernier, The Blue Light Project, a été publié en 2011. Mais c'est surtout sa première œuvre Stanley Park, un roman figurant un chef cuisinier vancouvérois, qui lui a valu le succès. Pour terminer, citons Nancy Lee (née en 1970), d'origine indienne et chinoise, née au Royaume-Uni et vivant en Colombie-Britannique depuis son enfance. Elle a connu un succès critique dès l'édition de son premier roman Dead Girls en 2003.

La poésie « cow-boy »

À Calgary et Edmonton, un autre phénomène prend de l'ampleur ces dernières années : la poésie « cow-boy ». Les Albertains plébiscitent ce genre littéraire créé pour préserver l’héritage de la culture western. Les poèmes magnifient la vie du ranch et exaltent la beauté des paysages. Ian Tyson est une vedette du genre.

La littérature d’expression française dans l’Ouest

La littérature d’expression française a vu le jour vers les années 1730 mais a toujours plus ou moins peiné à trouver un public. Il y a eu de nombreuses circonstances historiques au fil des siècles qui ont ralenti son développement, par exemple l’interdiction d’utiliser le français à l’école et dans les administrations (Loi Greenway en 1890 et Loi Thornton en 1916). Et puis, plus récemment, l’apparition d’une littérature québécoise spécifique a bloqué les publications venues d’ailleurs. Et puis voilà, le brassage des ethnies a fragmenté la communauté francophone. Depuis quelques années, il y a eu un léger mieux. Citons par exemple la création de maisons d’édition spécifiques comme Les Éditions du Blé (1974) ou Les Éditions des Plaines (1979). Mais encore une fois, le problème est que le public est restreint et la critique aussi. Du coup, ces auteurs se retournent souvent vers le Québec ou même vers la France.

S’il fallait citer un auteur franco-manitobain, ce serait Roger Léveillé (né en 1945) qui a écrit de nombreux romans (Une si simple passion, 1997 ; Le Soleil du lac qui se couche, 2001 ; Nosara, 2003…) ainsi que de la poésie (Le Livre des marges, 1981 ; Causer l’amour, 1993 ; L’Invocation de Rutebeuf et de Villon, 2012…). Il y a également tout un groupe de chercheurs et d’universitaires, mais encore une fois le public est restreint. Pour en savoir plus, il existe deux ouvrages de référence : Anthologie de la poésie franco-manitobaine (1990) et le Dictionnaire des artistes et des auteurs francophones de l’ouest (1998) qui permettent de connaître davantage tous ces écrivains.