Musique traditionnelle

Les Tsimshian, Salish, Haïda, Kutenai, Athabaskan et Blackfoot sont les peuples amérindiens (dits Premières Nations) qui prédominent dans l’Ouest canadien. Si chacun cultive ses propres traditions musicales, il existe cependant un tronc commun à toutes les pratiques. La musique a généralement, chez les Amérindiens, une destination sociale ou cérémoniale. Dans le premier cas, il s’agit d’une musique de danse riche en percussions, dans le second d’une musique axée autour de chants (aussi accompagnés de percussions). Dans l’ensemble, la voix humaine est le premier instrument et les chants et les danses sont considérés comme sacrés.

Plus particulièrement, dans les Prairies canadiennes, terre des Blackfoot, le chant est nasal, reconnaissable aux aigus très fréquents et l’on croise souvent de grands tambours à double peau. En Colombie-Britannique, terre des Tsimshian, les monophonies sont légion et les chants sont caractérisés par des rythmes complexes et déclamatoires. L’instrumentation y est aussi plus riche, comprenant beaucoup de sifflets, de flûtes, de cors et de percussions. Dans la même région, on trouve aussi les tribus Salish dont la musique cultive des similitudes avec celle des Inuits. Chez les Cris, présents dans la Saskatchewan, en Alberta et dans les Territoires du Nord-Ouest, la plupart des chants sont très répétitifs et se distinguent par des silences récurrents.

Aujourd’hui, de nombreux artistes des Premières Nations combinent la musique traditionnelle avec des genres modernes comme la country, le rock, le hip-hop ou le folk. Aussi, pas mal d’artistes amérindiens accèdent à une reconnaissance mainstream dans le pays comme Jerry Alfred, vedette des territoires du Nord issu de la communauté amérindienne de Selkirk (au Yukon), Crystal Plamondon, artiste francophone venant d’Alberta mélangeant sonorités traditionnelles cadiennes et chansons country, folk et pop (elle chante aussi en Cris), ou encore Buffy Sainte-Marie, chanteuse de folk amérindienne à la carrière internationale.

En 2014, le très bon label Light in the Attic a publié la compilation Native North America, rassemblant de nombreuses chansons rares et épuisées de musiciens des Premières Nations et inuits. C'est un document très précieux pour obtenir un panorama ample sur ces musiques. Autrement, le pays propose deux beaux rendez-vous pour découvrir les musiques aborigènes et ses artistes : Talking Stick Festival à Vancouver, un bel événement pour en apprendre davantage sur les Premières Nations, et le Calgary International Native Arts Festival, festival d’art et artisanat comprenant quelques concerts et danses.

La country

Même si la majorité des artistes anglophones du pays viennent de l’Ontario, certains ont grandi à l’ouest des Prairies. C’est le cas de nombreux musiciens de country en Alberta, un genre qui a su se moderniser au fil des années. Originaire de la région des Appalaches aux États-Unis, la country apparaît au Canada à la fin des années 1920, popularisée par des musiciens comme les violonistes Don Messer et George Wade. Bien que le genre ait toujours su séduire les populations de l’Ouest – il s’accommode sans doute bien avec les grands espaces de la région –, il a connu un regain de popularité dans les années 1990 via le succès d’artistes canadiens comme Garth Brooks, Terri Clark (originaire d’Alberta) ou encore Shania Twain.

Aujourd’hui, ces derniers sont des stars toujours actives et on peut ajouter de grands noms issus de l’Ouest canadien comme Rick Tippe, Dean Brody, Brett Kissel, Paul Brandt, Jess Moskaluke (pour ne citer qu’eux) et surtout K.D. Lang, artiste albertaine sans concession et affichant publiquement son homosexualité, fait très rare dans le genre.

Cela ne fait aucun doute, Calgary est la capitale canadienne de la country. Il n’y a qu’à se balader sur sa 11th Avenue – alias Electric Avenue – avec ses nombreux bars country aux frontons lumineux pour s’en rendre compte. D’ailleurs, parmi toutes ces adresses, une sort du lot : Broken City Social. Très populaire auprès de la jeunesse branchée de Calgary, l’endroit propose des concerts de tous les genres – rock, punk, jazz – et aussi de la très bonne country. Plus authentique, le Ranchman’s Cookhouse and Dancehall vous plonge de plein fouet dans la culture cowboy canadienne : serveurs en bottes et chapeaux, musique country live et piste de danse… L’endroit idéal pour passer une vraie soirée western !

Le folk et le rock

Du côté de la Colombie-Britannique (et de l’Alberta), le folk et le rock ont le vent en poupe depuis toujours, portés par le dynamisme de la scène vancouvéroise. Dès les années 1960, Vancouver se dessine une esthétique propre avec la musique folk jouée dans les cafés de la 4e Avenue. La quantité de grands groupes américains et internationaux se produisant sur les scènes de la ville, nombreuses, a une influence majeure sur les jeunes musiciens vancouvérois. Parmi ces artistes en devenir, une certaine Joni Mitchell, chanteuse folk originaire de l’Alberta, rencontre le succès durant cette ébullition des années 1960 et 1970. À la même époque, la ville connaît un mouvement psychédélique assez important. Dans les années 1990, la proximité avec la scène grunge de Seattle a stimulé celle de Vancouver et des groupes comme Maow, Gob, The Smugglers ou The Evaporators voient le jour. Mais c’est dans les années 2000 que Vancouver porte sa scène musicale indépendante la plus retentissante avec des groupes à l’aura internationale comme The New Pornographers, You Say Party, Black Mountain, Japandroids, Lightning Dust ou des personnalités telles que Dan Bejar et son projet Destroyer, vrai gourou de la scène locale. Pour l’anecdote, le groupe de rock Nickelback, révélé au début des années 2000 en pleine vague néo-metal et considéré comme « le groupe le plus détesté au monde », est originaire d’Alberta. Une fierté régionale à n’en point douter !

Fidèle à ses origines, l’Ouest canadien propose une quantité impressionnante de festivals dédiés au folk. C’est à Vancouver que l’on trouve tous les ans, en juillet, l’événement le plus important du genre en Amérique du Nord : le Vancouver Folk Music Festival. Aussi appelé le « festival des Birkenstocks », il a lieu sur la plage de Jericho. Apportez vos couvertures pour réserver vos places sur l’herbe. Après quarante ans d’existence, le festival gagne encore en popularité. À Calgary, le Calgary Folk Music Festival propose d’écouter du folk dans un décor de western (une bonne idée). À Edmonton, le Folk Music Festival de Gallagher Park est le plus important de l’Alberta. Plus bucolique, Folk On The Rocks propose une multitude de musiciens provenant de partout au Canada aux abords d’un lac et sur des scènes de plages. Enfin, dans la ville de Mission on trouve un festival de musique folk très renommé qui surpasse d’ailleurs régulièrement celui de Vancouver : le Mission Folk Music Festival. Sinon, plus ouvert, le Dawson City Music Festival qui dure trois jours en juillet a été nommé « meilleur plus petit festival de musique au Canada ». Un point de rencontre passionnant des musiques actuelles.

Musique populaire

Que vous les connaissiez ou non, vous avez forcément entendu, voire fredonné, une chanson d’une pop-star de l’Ouest canadien. Sans que l’on s’explique vraiment pourquoi, ce territoire immense est une terre fertile pour les vedettes de la variété canadienne et beaucoup de champions des ventes d’albums viennent de la région. À commencer par Bryan Adams, une rock star vancouvéroise et l’un des meilleurs représentants de la musique canadienne. Il a chanté avec les plus grands, et connaît un certain succès en Europe, surtout depuis son tube Everything I Do (I Do It For You) sur la B.O. du film Robin des Bois avec Kevin Costner (oui c’est lui !). Autre phénomène de l’Ouest canadien : Michael Bublé. Originaire de Burnaby en Colombie-Britannique, ce chanteur de soul et jazz très grand public est un crooner d’aujourd’hui qui atteint régulièrement des ventes record d’albums dans le monde anglophone. Plus surprenant, Nelly Furtado est elle aussi de la région (et non des États-Unis). Cette native de Victoria a connu un succès mondial retentissant dans les années 2000 grâce à sa collaboration avec le producteur Timbaland et leurs nombreux hits RnB sont devenus des classiques. Un peu dans le même esprit, l’auteure du carton mondial Call Me Maybe, Carly Rae Jepsen, est originaire de Mission. Si elle est issue de Canadian Idol et a commencé sa carrière avec des tubes un peu balourds, la chanteuse a pris un tournant artistique dans sa carrière ces dernières années qui a suscité beaucoup d’intérêt de la part de la critique. Aussi, on ne peut pas ne pas citer Diana Krall, pianiste et chanteuse de jazz, parmi les plus fameuses de ces deux dernières décennies. Cette native de Nanaimo (sur l’île de Vancouver) est lauréate des Grammy Awards et collabore avec des sommités telles que Paul McCartney (sur un album de reprises de jazz).