Guide du Béarn : Patrimoine et traditions

Les raconteurs de pays dans le Béarn

L'association des raconteurs de pays est née à la fin des années 1990 d'un projet entre les centres culturels et les offices de tourisme. De fil en aiguille, un label voit le jour en 1998 pour toute la France. Les membres de ces associations travaillent en lien avec le patrimoine matériel et immatériel. En Aquitaine, on compte 80 conteurs. Dans le Béarn, on les retrouve dans les écomusées de la vallée d'Aspe, au moulin d'Orcun, dans le Béarn des gaves entre Orthez, Salies et Sauveterre, à Lescar et dans les vignobles du Jurançon. Autant de sites et d'espaces touristiques qui reprennent vie. Ainsi la mémoire ne s'efface pas et se transmet dans un esprit de respect de l'histoire.

Patrimoine culturel
Littérature
MonHélios, une ligne éditoriale entièrement et exclusivement réservée aux Pyrénées

Henry Russel disait de Pau qu'elle était sa porte naturelle pour entrer dans les Pyrénées. Logiquement, c'est dans la cité paloise que s'est implantée la maison d'édition en région MonHélios. Sa ligne éditoriale est entièrement et exclusivement consacrée aux fameuses montagnes. Les hommes et la nature, voilà ce que vous trouverez au fil des oeuvres, le saumon, seigneur des gaves et roi d'une vallée, le voyage dans les Pyrénées à la rencontre de Fébus, Aragon, terre de légendes, peuple d'Aspe... Avec une dizaine de livres par an, les écrits sont rigoureusement sélectionnés, soignés et recherchés. Tous sont l'assurance de merveilleux moments au coeur du Béarn. Vous retrouverez l'ensemble du catalogue avec notamment des nouveautés sur le site www.monhelios.com.

Patrimoine architectural
Villes et villages

Les bastides. C'est au XIIIe siècle que démarre la construction des bastides dans toute la région. En Béarn, ce sera à la fin de ce siècle qu'elles apparaîtront, à l'époque du vicomte Gaston VII. Elles se reconnaissent par leur enceinte fortifiée et leur plan régulier, géométrique, aux rues qui se coupent à angle droit. Sur la place centrale se trouvent des maisons à galerie marchande. Assat (la première, semble-t-il, vers 1280), Bellocq (1281), Bugnein (1282), Asson (1283), Lembeye (1286), Castetnau-Camblong (1289), Labastide-Villefranche (1289), Larreule, Mazerolles et Uzan (vers 1300), Garlin (1302), Nay (1302), Navarrenx (1316), Montagut et Montaut (1319), Gan (1335), Lestelle-Bétharram (1335), Labastide-Monréjeau (1338), Vielleségure (1339), Rébénacq (1347), Bruges (1358) et la dernière, très tardive, de Bougarber (1382). On trouve aussi quelques bastides plus ou moins achevées (Bosdarros, Cardesse, Camblat, Pardies, La Herrère, Montaner, Arthez...). Le comité départemental du tourisme vient de sortir un DVD sur le sujet.

La maison béarnaise. La " case  " ou " oustau  " (se prononce oustaou) est construite à partir de matériaux présents dans la nature, notamment le galet, la pierre sèche, le bois de chêne ou de châtaignier et bien sûr l'ardoise (vers la montagne) et la tuile picon (partout ailleurs). On la reconnaît le plus souvent à sa cour carrée et son toit à quatre pentes, mais elle s'adapte à la personnalité de chaque territoire. Ainsi, vers Nay et Oloron, on découvre une double génoise sous le toit, un tympan de marbre (grâce aux carrières proches) au-dessus de la porte, des murs de galets. Vers le pays des gaves, la maison rurale traditionnelle a un toit plus pointu, qui cache davantage la façade, et dans le Madiran, on découvre un pignon triangulaire au-dessus de la porte d'entrée, le galet est roi et le torchis entre les poutres anime des murs superbes. La toiture a toujours une pente à 50 %, ainsi elle pouvait supporter les fortes précipitations et les chutes de neige des vallées. Souvent en montagne, où l'espace au sol manquait, la pièce à vivre était au premier étage et l'étable (ou la bergerie) occupait le rez-de-chaussée alors que les combles étaient employées comme fenil.

L'abbaye laïque

La notion d'abbaye laïque est spécifique au piémont occidental du nord des Pyrénées et remonte au Moyen Age. On en connaît plus d'une centaine autour du bassin de l'Adour, entre le Béarn, la Bigorre, la Soule, la Chalosse, le Tursan, l'Armagnac et la vallée d'Aure. Le terme " laïque " indique que l'établissement n'appartenait pas à un ordre religieux. Le seigneur créait ou gérait une paroisse afin d'en prélever la dîme, à charge pour lui d'entretenir l'église. En outre, le propriétaire (souvent un petit seigneur, voire seulement un riche paysan) se faisait appeler " abbé " et obtenait un titre de noblesse qui lui conférait des droits et des devoirs auprès du vicomte. L'apparition de ces édifices dans l'Empire carolingien pourrait être liée à la présence de l'islam en Espagne, qui se rapprochait des Pyrénées. L'Eglise pouvait ainsi asseoir son autorité plus aisément. Cependant, certains historiens considèrent qu'il peut aussi s'agir seulement de traditions locales de perception de la dîme. Le mousquetaire Henry Aramits était abbé car propriétaire de l'une d'elles à Aramits. On en trouve également à Béost ou à Arudy (actuelle Maison d'Ossau). Aujourd'hui, tous les noms béarnais formés autour d'Abadie, Apatie ou Dabadie sont des descendants d'abbés laïcs.

Navarrenx, première commune béarnaise classée dans les plus beaux villages de France !

Il fallait bien une ville de caractère comme l'est Navarrenx pour se distinguer au niveau national ! Depuis 2014, elle a rejoint le club très fermé des 158 plus beaux villages de France, répartis dans 14 régions et 70 départements. C'est la seule commune du Béarn à faire partie de ce classement. Située au bord du gave d'Oloron, cette petite cité est une des étapes sur les chemins menant à Compostelle. Cette bastide médiévale a pour particularité d'être également la première cité bastionnée de France ! Si le bourg existe depuis le XIe siècle, la bastide ne s'est crée qu'en 1316 en signant une surprenante transformation. Avec l'architecte italien Fabricio Siciliano dans sa manche, Henri II d'Albret ordonna la construction des célèbres fortifications en 1540 et, de la porte saint-Antoine aux bastions, ils signent une balade fabuleuse. Il faut tout de même souligner qu'avec leurs 10 mètres de hauteur, elles ont inspiré Vauban et c'est avec joie qu'on les trouve aujourd'hui encore intactes et classées aux Monuments Historiques. De riches constructions militaires comme l'Arsenal et les casernes Saint-Antoine et des bastions de défense qui témoignent d'une histoire palpitante ont fait de Navarrenx une cité bastionnée au destin hors normes, saluée par tous.

Châteaux

Avec un roi né sur ses terres, des personnages aussi illustres que Gaston Fébus, Henri II d'Albret et Jeanne d'Albret et une histoire médiévale riche, le Béarn ne pouvait que conserver de fabuleux vestiges des temps anciens. Le château de Pau, où Henri IV vit le jour, est évidemment le plus célèbre mais le territoire recèle des bâtisses à voir absolument si vous faites partie des amoureux des pierres qui racontent des légendes et des épopées. Un des plus spectaculaires, digne des châteaux Renaissance de la Loire, est celui d'Audaux mais le château de Gassion n'est ouvert au public que lors des journées du patrimoine. A Momas, vous trouverez sur une motte féodale du Xe siècle un château remanié à partir du XIVe siècle sur les ruines de la construction initiale, dont le jardin a reçu le label Jardin Remarquable. La liste n'est pas exhaustive et au fil du guide vous retrouverez les sites présentés ainsi que leurs informations pratiques.

Le château de Morlanne : Il est l'un des plus beaux exemples de construction fébusienne ; si le terme ne vous est pas familier, sachez qu'il désigne l'oeuvre de Gaston III de Foix-Béarn, dit Gaston Fébus. Erigé en 1373, son architecture de pierres et de briques signe une forteresse médiévale atypique et audacieuse. Il a été maintes fois remanié et il a traversé les siècles pour, en 1970, être sauvé par les époux Ritter qui l'ont légué avec l'ensemble des collections d'objets d'art au Département des Pyrénées-Atlantiques. Protégé au titre des Monuments historiques, le château de Morlanne possède quatre nouvelles salles d'expositions, à découvrir du 1er avril au 31 octobre.

Le château de Montaner : En Béarn Pyrénées, cette grande forteresse de brique rouge, dominée par son donjon de 40 mètres, surplombe la campagne environnante avec vue sur la chaîne pyrénéenne. Cette tour où il ne subsiste que les ruines de l'enceinte proclame toujours la gloire d'un prince pyrénéen de légende, Gaston Fébus. C'est l'un des plus beaux témoignages de l'architecture militaire du XIVe siècle. Ce château est même classé monument historique.

Le château de Laàs : Étonnante gentilhommière du XVIIe siècle, aujourd'hui l'art et l'aventure s'y rencontrent dans une atmosphère raffinée. Tant les extérieurs que les salles méritent une visite, les deux racontent avec emphase l'âge d'or de ce qu'on appelle encore l'art de vivre à la française. Salon de musique, fumoir, chambres, mobilier sculpté, tapisseries et tableaux de maîtres : des murs signés Aubusson à la reconstitution de la chambre Napoléonienne, c'est un vrai enchantement. C'est ici que vous trouverez une des plus belles collections d'art décoratif de la Nouvelle Aquitaine avec des oeuvres de Rubens pour ne citer que lui, des porcelaines et des faïences. Le parc de 12 hectares présente des jardins à la française aux haies de buis travaillées, un jardin à l'anglaise ombragé, un exotique avec cases en bambou et sentiers sur pilotis, un italien avec terrasses en cascades et un verger conservatoire de 1 600 plants rares et typiques de la région. Les animations estivales sont nombreuses ; s'y déroule le Festival des transhumances musicales et depuis cette année, une salle d'Escape Game est ouverte au public qui a également la possibilité de séjourner sur place grâce aux cabanes perchées dans les arbres.

Le château de Béost : En fait de château, il est plus proche d'une abbaye laïque dont il fut par ailleurs le siège. Attenant à l'église, il date du XIIe siècle et aurait été une étape important pour les pèlerins du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Au XVe siècle, en 1569, il est devenu la demeure seigneuriale de Bertrand Espalungue, natif de Louvie-Juzon, qui était capitaine huguenot au service de Jeanne d'Albret, la mère du roi Henri IV. Cette famille était réputée pour ses faits d'armes et Raymond d'Espalungue, un de ses descendants, devint même général du Béarn. La haute tour carrée, les fenêtres à meneaux et la salle médiévale de ce château inscrit aux Monuments historiques en font une jolie visite du patrimoine.

La Maison Carrée de Nay : Attention, petit bijou en vue ! Ici, le temps ne se remonte pas, il s'arrête et vous propulse dans un univers qui n'appartient qu'à cet hôtel particulier de la Renaissance. Construite dans la seconde moitié du XVIe siècle, la demeure était déjà vouée au prestige. C'est à François de Béarn-Bonasse, gentilhomme de la cour du Roi, que l'on doit cette architecture si particulière qui puise indifféremment dans les belles demeures italiennes, notamment par sa cour intérieure, oeuvre unique dans la région. Double façade de trois et quatre niveaux, clé de voûte sculptée, chapiteaux à l'antique et médaillons : entre couloirs et galeries, l'harmonie des volumes y est hypnotique. Inachevée à cause des guerres de religion, elle accueille aujourd'hui des expositions temporaires et est sans conteste une des visites incontournables du département.

Le château de Moncade à Orthez : Sur sa butte, il veille à 100 m d'altitude sur la commune et ce depuis 1242, date à laquelle Gaston VII Moncade décida de l'ériger sur cet emplacement stratégique. Il devint le siège de la cour de Gaston Fébus, encore et toujours lui, qui en compléta les fortifications au XIVe siècle. Des trois enceintes il ne demeure que quelques vestiges car, s'il a été inexpugnable, le temps lui a offert des péripéties : refuge lors d'une tentative d'annexion du Béarn, propriété de la couronne en 1620, lieu de garnison militaire, acheté puis revendu au lendemain de la Révolution... Le logis seigneurial est même tombé en état de ruine avant que la municipalité l'achète en 1841 pour sauver le donjon. Il est un des rares ensembles défensifs à posséder un fossé parementé, digne des plus exceptionnelles architectures militaires médiévales, avant-gardiste au possible. Sa visite est passionnante et les légendes nombreuses entre ses murs (salle au trésor, prison, infanticide, etc.) : le château de Moncade demeure un point majestueux du Béarn.

Traditions et modes de vie
Langue

L'occitan  : Les calendretas sont des écoles immersives en occitan apparues en Béarn en 1979 et, comme dans toute l'Occitanie, vous en trouverez dans les Pyrénées-Atlantiques. Celle de Lescar offre à une soixantaine d'enfants un système éducatif en français et en occitan et de plus en plus de classes à travers le Béarn proposent également cet enseignement bilingue. A la Renaissance, Dante Alighieri est le premier à avoir employé le terme de lingua d'oco, qu'il opposait à la langue d'oïl (le français et ses dialectes). Dans la littérature, on retrouve des passages en occitan, notamment dans le 26e chant en parallèle du Purgatoire de Dante. Sous la monarchie, on constate le déclin de l'occitan comme langue administrative, du XVe au XIXe siècle. La Révolution française confirmera cette tendance. Au XXIe siècle, l'Institut occitan a été créé, il est installé dans les locaux du château d'Este à Billère, à côté de la médiathèque.

Le Béarnais a été la langue d'état pendant des siècles et au XIIIe, il était la langue administrative et juridique jusqu'à la Révolution. Si pour les novices, il est aisé de n'y voir que de l'occitan, pour les Béarnais c'est déjà un peu plus nuancé. Il s'agit d'une variété du gascon qui lui-même est une variante de l'occitan ! Difficile de s'y retrouver entre toutes ces langues du Midi. Les linguistes sont formels : le gascon est certes une langue proche de l'occitan mais elle reste très spécifique. La guerre fait rage dans les milieux professionnels... alors imaginez ce que donnent mille ans de conflits entre les béarnophones et le reste du monde ! Deux définitions sont en lice pour expliquer le béarnais : au sens large et courant, c'est l'ensemble des parlers gascons utilisés sur le territoire de l'ancienne vicomté de Béarn mais au sens strict, c'est le parler de l'arrière du Gave ! Le site pyrenees-pireneus résume avec humour et détails l'imbroglio que contient cette langue qui fut celle de plus de 700 ans d'écrits. Vous l'entendrez encore aujourd'hui dans certains villages, notamment chez les anciens mais pas seulement : depuis quelques années, tant les chants que la littérature diffusent cette tradition et le Carnaval Béarnais ou la signalétique bilingue montrent son renouveau.

Diu vivan

Entre juron et exclamation, cette petite phrase se laisse facilement prononcer en Béarn ! Il a pour origine le refus de la mère d'Henri IV, Jeanne d'Albret, de jurer sur la Bible après avoir adopté le protestantisme comme religion. Elle rendit une ordonnance concernant la manière de prêter serment en justice, alors que les Béarnais avaient, eux, l'habitude de jurer sur la croix et le missel. Ils durent désormais lever la main et jurer au nom du Dieu vivant, Diu vivan (à prononcer " Diou bibane "). C'est en clamant ces mots qu'Henri IV prit la tête de ses armées, jurant d'être fidèle au seigneur et de maintenir ses sujets dans leurs coutumes, en présence des Etats du Béarn, réunis dans la grande salle du château.

Artisanat

Le béret, la gourde, les quilles, les parapluies de berger, la laine des Pyrénées... Comme le parapluie et la gourde, le béret, couvre-chef, est l'outil indispensable du berger pyrénéen. Ce qui explique qu'existe toujours en Béarn, des fabriques de bérets, un musée du Béret, et surtout... des porteurs de béret ! Il était autrefois aussi utilisé comme bourse à cèpes, après la cueillette du matin, et protégeait les mains du berger des châtaignes brûlantes sortant des braises de la cheminée. Après moult tergiversations et recherches, ledit béret, que l'on appelle communément béret basque, est bien d'origine béarnaise, une découverte récente après une thèse passionnante sur le sujet. De même, la gourde de peau, issue de la culture pastorale appartient à un passé récent. Quant au jeu de quilles, un jeu venu de la nuit des temps, il existe toujours, et aujourd'hui Morlanne est le fief du seul tourneur de quilles. En ce qui concerne les parapluies de berger, la famille Pando s'attache à en perpétrer la tradition, dans leur boutique de la rue Montpensier à Pau, des créations artisanales qui quittent ensuite le Béarn vers les Etats-Unis, le Japon, et on les retrouve sur les marches du Ritz, du George-V ou des hôtels de Ducasse, fièrement utilisés par le personnel de ces établissements, ou encore pour protéger les têtes couronnées sur les marches de l'Elysée. Du parapluie de berger au parapluie de portier  ! Même Karl Lagerfeld a été conquis  ! Un petit morceau de nos Pyrénées s'expatrie ainsi avec brio...

L'appellation " tissu des Pyrénées ". Le tissu des Pyrénées est entré dans le patrimoine pyrénéen dès la fin du XIXe siècle, lorsque P. Comet, à la recherche d'un tissu solide, souple et très chaud, eut l'idée d'associer les fibres naturelles d'une pure laine vierge et le coton, la laine grattée lui offrant un fort pouvoir calorifique, le coton lui garantissant stabilité et solidité. Ce " tissu des Pyrénées  " a été très en vogue dès le début du XXe siècle, si bien qu'une reconnaissance par l'État, sous la forme d'une appellation officielle, détermine désormais ses normes de fabrication et de composition. Aujourd'hui, les savoir-faire acquis permettent d'aller encore au-delà des normes fixées par l'appellation. On trouve des tissus des Pyrénées pure laine, classique (75 % laine et 25 % coton), des tissus " façon Pyrénées  " (65 % acrylique et 35 % laine), etc. Avec une diversification, la laine bouillie rencontre un succès croissant auprès des grandes marques de prêt-à-porter. Une résurrection que l'on doit en grande partie à la Manufacture de tissus des Pyrénées implantée à Jurançon, leader incontesté sur le marché.

Le meuble béarnais. Vers 1730, le contexte économique florissant a permis à de nombreux Béarnais de voyager et de ramener des meubles de bois précieux, des pièces à la fois élégantes et travaillées de façon exquise comme les bureaux Louis XV ou les salons Régence. Pour les ébénistes locaux, le coup de foudre est total et tous s'essayent à cet art technique... le meuble béarnais change ainsi de destin et surtout de visage ! Sculptures et formes, différentes essences : jusqu'au XIXe, chacun développe dans son canton son style et son talent. Aujourd'hui encore on différencie sans difficultés le mobilier façonné en haute montagne de celui d'Orthez ou de Salies-de-Béarn. Armoires avec tiroir à la base, buffets à deux corps, à la fois massif et raffiné, les décors puisent dans les fleurs, notamment les lys, les marguerites, les symboles religieux mais aussi le soleil et les étoiles avec quelques copie du style Louis XV, évidemment ! Certains, comme ceux de Monein, étaient polychromes. Typiques, ils le sont tous et vous serez surpris par ce mélange assumé et maîtrisé de la force du bois et de la délicatesse des tracés.

Le pastoralisme

Le département est actuellement la première zone pastorale de France. En Béarn, trois vallées portent au sommet cette activité et les visiter est presque un commandement tant elles sont somptueuses : Aspe, Barétous et Ossau accueillent chaque année en été berger et troupeaux lors de la fameuse transhumance. De juin à septembre, on compte 140 bergers et leurs troupeaux qui rejoignent les hauts pâturages à plus de 1 000 mètres d'altitude. La pratique est ancestrale et demeure vivace ! De fait, le pastoralisme rythme la vie de la montagne béarnaise, qu'elle contribue à entretenir. Et durant cette période des estives, le fameux fromage éponyme est fabriqué. Identifié à travers la marque fromage d'estive, il est la preuve d'un savoir-faire traversant lui aussi les générations. La rareté et l'excellence de ce bijou aux petits goûts de serpolet, réglisse et autres richesses de la flore de montagne en font un mets fabuleux, fidèle à la tradition séculaire. Celle-ci comprend la traite manuelle, la fabrication en chaudron, l'égouttage aux aiguilles, le salage à sec mais également l'affinage en cave durant 4 à 5 mois. Il n'est pas le seul et de cette activité, les fruits s'exportent partout  : le fromage de brebis, la viande bovine de race gasconne... Le traité de la junte de Roncal, Pax avant, " la paix d'abord ", plus vieux traité de paix, signé en 1375 et encore en vigueur en Europe, établit un accord entre les habitants de la vallée de Barétous et leurs voisins espagnols de la vallée de Roncal. Il faut dire que depuis 6 000 ans voire 7000 ans, les chemins du pastoralisme sont suivis par les ovins et les cuyalaas, cabanes de berger en pleine montagne, sont parfois de vrais trésors du patrimoine.

Musique – Danses

Les chants béarnais. En Béarn, comme ailleurs, la famille, l'amitié, les valeurs, l'amour furent de tout temps une source d'inspiration inépuisable. Mais ici la nature et les montagnes accompagnent ces notions, tant qu'elles en sont parfois de vrais personnages qui s'invitent à la fête ! Les chants béarnais reflètent son histoire, la rappellent, la transmettent et surtout la font vivre à travers les générations : héros, luttes, adversaires, légendes... certaines remontent au Moyen Âge. Cette mémoire vivante résonne encore aujourd'hui grâce aux groupes qui puisent dans les canteràs et nombreuses sont les formations polyphoniques dites folkloriques. En béarnais, évidemment, vous les entendrez au détour des fêtes de villages, des troisièmes mi-temps des matchs de rugby, durant des cérémonies avec en tête l'hymne national béarnais, le fameux Si canti dit aussi Aqueras montanhas. Du Bèth cèu de Pau à la romantique Los dus pastours a l'ombreta, la palette est infinie, aussi riche que le passé dans lequel elle puise.

Les danses traditionnelles béarnaises. Ici, on vous le dira et mieux, on vous le montrera avec passion : si ça se chante, ça se danse ! Et quand les tambourins et les flûtes à trois trous sont de la partie, vous êtes sûr que la tradition sera bondissante. Dans le Béarn, il faut le savoir, les sauts font en effet partie des trois danses traditionnelles, avec le lou bach et les lous branlous. Si ces dernières se pratiquent en ronde ou en couple séparé qui réalisent des figures, la première se fait en ronde fermée exclusivement avec des hommes et des femmes qui se tiennent par la main. Cette farandole est menée par un conducteur, pas en arrière, pas en avant... sa cavalière l'imite et les autres suivent ! Le saut se fait lui en solo mais se conjugue au pluriel, quatre sont de rigueur. La danse la plus connue est la crabe mais vous découvrirez également le mounein, le peyroutou et même un moutchicou emprunté aux voisins basques ! Une agilité que vous pourrez admirer lors des nombreuses fêtes de villages mais aussi durant les festivités de l'été.

Sports et jeux traditionnels

Le Béarn est un fabuleux terrain de jeux mais lorsqu'il s'agit de s'amuser, vous pouvez également compter sur l'esprit pugnace de ses habitants. Ici, on aime s'affronter et pas que sur les terrains de rugby ! Son ancêtre, la barrette, a fait les beaux jours des sportifs les plus valeureux et comme dans toute la région, le ballon ovale est bien présent. L'équipe phare du département, la Section Paloise Béarn-Pyrénées, évolue par ailleurs en Top 14 mais on ne peut parler de ce sport sans évoquer l'Elan Béarnais Pau-Lacq-Orthez né dans cette dernière. Étoile de l'élite française, elle rayonne au niveau international. A ces sports et leurs représentants, mythiques en Béarn, nous pouvons y accoler l'équipe de foot paloise, le Pau Football Club, ou encore les mordus des eaux vives. Cette année, Pau accueillera du 29 mai au 2 juin le Championnat d'Europe ECA de Canoë-Kayak Slalom au Stade d'Eaux Vives du Parc Aquasports. Même si c'est au Pays basque que la pelote est reine, les très nombreux trinquets béarnais vous montreront très vite que la pala a ses adeptes et ses fêtes. Question fête, les jeux traditionnels restent vivaces et les compétitions multiples. Nous vous les présentons et vous invitons surtout à y assister, voire à y participer, si vous vous en sentez les épaules ! Force et adresse sont de la partie et la fameuse quille de neuf béarnaise ne fait pas mentir l'amour du territoire pour sa tradition.

La quille de neuf. Nous ne vous présenterons pas son origine qui n'a jamais pu être déterminée avec certitude mais la quille de neuf est certainement un des sports les plus anciens pratiqués en Béarn. Il semblerait même que le roi Henri IV y ait succombé ! Pratiqué sous des formes anarchiques, le sport commence à ressembler à celui que nous connaissons aujourd'hui vers la fin du XIXe siècle avec une compétition organisée à Dax. Il fallu en fixer les règles et le succès du rendez-vous fut tel que tous les villages imitèrent la ville landaise. En 1924, Pau se distingue avec une compétition nationale, et en 1928, c'est Paris qui voit les fameuses quilles béarnaises investir le boulevard de la Villette ! En 1948, Pierre-Eugène Cazalet se bat pour qu'une fédération officielle voit le jour : elle est depuis intégrée à la Fédération française de bowling et de sports de quilles. Maintenant que vous en connaissez l'histoire, venons-en aux choses sérieuses, à savoir les quilles elles-mêmes. Tournées dans du bois, elles mesurent de 96 à 98 cm de haut et en leur milieu, une boule de 16 cm de diamètre est renforcée par cinq rangs de pointes. Elles ne dépassent pas les 3,2 kilos en plomb et celles de main les 2,85 kilos. La boule est elle-même en bois, généralement de noyer, et elle mesure 26 cm pour un poids entre 6 et 6,2 kilos. Elle est dite à la mortaise à cause de sa poignée qui en permet la prise et le terrain en terre battue est un plantier. Le but du jeu est simple si l'on peut dire car les douze figures pas vraiment évidentes ! Il faut projeter la quille de main dans une direction avec la boule et suivre le schéma prédéfini. L'ordre est réglementé et de la rue droite au saute-rue revers, l'adresse est votre meilleur alliée ! Sept jeux courts, cinq jeux longs, le vainqueur est celui qui comptabilise le plus de quilles tombées dans les différentes figures. Les amoureux du bowling devraient adorer cette tradition qui a des émules dans tout le Sud-Ouest mais qui reste béarnaise par excellence !

Les jeux béarnais. Nous n'aborderons pas la notion du caractère des Béarnais car on ne sait si c'est révélateur, mais force est de constater que les jeux traditionnels sont principalement basés sur les défis ! Agilité, puissance, rapidité, adresse... il s'agissait et il s'agit encore d'être le meilleur en tout. Chaque jeu représente une compétition où s'affrontaient les ouvriers qui oeuvraient aux champs lors des diverses récoltes annuelles, comme celles de la paille, des pommes de terre, du bois et des vendanges. Aussi, on y retrouve dans presque tous ces jeux les gestes inhérents aux travaux comme le rondin à scier en trois morceaux à travers l'épreuve du bûcheron, la bien-nommée récolte des patates ou la fameuse course des barriques et ses 30 mètres redoutables où il faut arriver le premier en faisant rouler une vide à plat. La course du brabant est on ne peut plus significative, cet outil qui était autrefois utilisé pour le labour des champs était tiré par deux chevaux et là encore, le conducteur devait être adroit : dans sa version ludique, il s'enrichit d'une barre de fer que le joueur place sur son épaule et avec ce fardeau, il doit slalomer à travers des quilles de six ! Un des plus connus demeure le tir à la corde, épreuve ultime où deux équipes de 9 hommes s'affrontent sans limite de temps, le but de chaque partie est d'avancer l'autre jusqu'à atteindre 4 mètres pour le faire perdre. Attention, loin d'être anecdotique, la discipline est internationalement reconnue et pratiquée dans pas moins de 14 pays ! Il en existe une dizaine, dont le saute quille qui se joue avec l'incontournable quille de neuf : il faut se le dire, les Béarnais sont de sérieux concurrents qui n'ont rien à envier à ceux de la Force Basque ! Chaque année, en août, ils clôturent par ailleurs l'été dans les arènes d'Arzacq qui réunit les meilleurs du Soubestre. C'est là que les finalistes viennent de tout le Béarn s'affronter lors d'un ultime rendez-vous !

La barrette. En Nouvelle-Aquitaine, sachez qu'avant de pratiquer, avec une vigueur ô combien célèbre, le rugby, la barrette était son ancêtre et faisait les beaux jours des sportifs. Elle-même issue de la soule, elle se jouait déjà avec un objet ovale recouvert de vessie et à la gaine solidement cousue. Et de la résistance, il en fallait et il n'était d'ailleurs pas rare de réparer la barrette après les matchs... à l'instar des pelouses qui voyaient entre 20 et 30 gaillards les fouler sans tendresse ! Des piquets faisaient office de poteaux, il les fallait le plus haut possible et le terrain était planté pour que les deux camps se fassent face, le but étant pour chacun de ne point laisser la barrette les franchir. Pour cela, il était permis de la saisir et l'emporter. L'ancêtre de la mêlée était déjà là et la fameuse section paloise, club omnisports qui a vu le jour en 1902 sous le nom de Section Paloise de la Ligue Girondine, était celle de la barrette et de l'athlétisme local. En 1905, le nom se raccourcit, exit la référence à la région, et avec cette disparition, on compte également celle de la barrette qui laisse place à la pratique du rugby... qui a trouvé en ces terres tant d'adeptes que l'année suivante deux équipes sont déjà formées !

La Section Paloise Béarn Pyrénées. Comment évoquer le sport en terre de Sud-Ouest sans parler du rugby ? Le Béarn n'échappe pas à ce qui est désormais la tradition et à Pau, c'est la verte et blanche équipe de le Section Paloise Béarn Pyrénées qui fait les beaux jours du sport. Évoluant actuellement en top 14, le XV a toujours été celui des grands noms : Robert Paparemborde, Damien Traille, Imanol Harinordoquy, Philippe Bernat-Salles, Colin Slade (double champion du Monde avec les All Blacks).... de la Section à la sélection nationale, on ne compte plus ceux qui ont porté le maillot de l'équipe de France. Cette année encore, le staff technique aura la mission de mener à bien la saison avec sous sa responsabilité des sportifs locaux mais aussi ceux venus des îles Fidji et des Samoa, de Nouvelle-Zélande, d'Irlande, d'Australie, d'Ecosse et d'Afrique du Sud. Tous connaissent déjà la mascotte Bearnie, ours s'il en est et l'hymne du club la Honhada. Dans le stade, il résonnera avec l'Encatada et Si Canti, l'hymne béarnais, fort prisés des supporters. Le stade du Hameau est en pleine restructuration avec un agrandissement à la hauteur d'un club qui rayonne depuis 1905 sous ce nom. L'équipe une a reporté trois titres de Champion de France en 1928, 1946 et 1964, deux victoires au Challenge Yves du Manoir en 1939 et 1952 ainsi qu'une victoire en Coupe de France en 1997. C'est d'ailleurs en 2015 que la Section a retrouvé l'élite du rugby français en remportant le titre de Champion de France en Pro D2.

L'Elan Béarnais Pau-Lacq-Orthez. Les anciens Orthéziens vous parleraient d'un temps que les jeunes Béarnais ne peuvent pas connaitre mais les jours de match, à la Moutète, toute la ville s'en souvient encore avec nostalgie ! Mythique lieu où l'équipe de basket a fait les beaux jours du sport, sous son marché couvert, bien des coeurs ont battu au rythme des paniers. Il faut dire que l'Élan Béarnais, fondé en 1931, était (et reste encore !) une équipe phare de l'élite française et internationale. En 1973, elle accède à la première division et participe pour la première fois à un niveau européen en 1977 avec la coupe Radivoj Korac, qu'elle remportera en 1984 : la formidable histoire des palmarès commence à s'écrire. Le professionnalisme grandissant ne pouvait perdurer dans une ville de 12 000 habitants et la fusion avec Pau a été un véritable tournant en 1989. L'Elan Béarnais Pau-Orthez s'entraîne depuis au Palais des Sports de la ville où 8 000 places assises sont proposées aux supporters. Son identité demeure très forte et on ne compte plus les titres du club. Les verts et blancs ont vu Gheorge Muresan, les frères Gadou, Mathieu Bisséni, les frères Piétrus, Boris Diaw ou encore Howard Carter porter leurs couleurs. Et encore aujourd'hui ce club peut compter sur les fidèles qui les encouragent à domicile comme à l'extérieur.

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