Les Swahilis : une lignée afro-shirazienne, un métissage millénaire
La majorité des Zanzibarites – des Swahilis – sont d’origine afro-shirazienne en raison de la riche histoire métissée de l’archipel : un peuplement bantou et une colonisation perse au Moyen Age. Puis les Arabes et Indiens s’installèrent ici massivement aux XVIIIe et XIXe siècles, avec nombre d’esclaves africains d’origine bantoue, capturés dans la région des Grands Lacs, qui sont venus peupler les campagnes en travaillant dans les plantations. Ce brassage ethnique propre au peuple swahili se retrouve sur tout l’archipel de Zanzibar et sur la côte de Tanzanie. La culture et la langue swahilies résultent aussi de ce métissage. La religion musulmane, chère aux Perses médiévaux, puis réintroduite après l’intermède portugais par les sultans d’Oman, fait partie intégrante de cette identité swahilie. Aujourd’hui, certaines distinctions de peuples existent encore, datant des différences ethniques des premiers Bantous. On trouve les Wahadimu dans le sud et le centre de l’île, les Watumbatu dans le nord et sur l’île de Tumbatu, et les Wapemba sur l’île de Pemba.
Les Arabes d’Oman et les commerçants indiens, des notables historiques
Les commerçants arabes et indiens, en particulier les sultans d’Oman qui ont colonisé l’île et introduit un nombre considérable d’esclaves dans les plantations d’épices, ont gouverné l’île aux dépens de ses habitants pendant des siècles. C’est la révolution prolétaire de 1964 qui a fait cesser cette domination. Une révolution des habitants qui a entraîné la fuite des notables de l’île, mais aussi le massacre de près de 20 000 Arabes et Indiens, souvent des commerçants au pouvoir politique et économique, principalement d’anciens marchands d’esclaves. Aujourd’hui, quelques Arabes d’Oman et des Asiatiques (principalement des Indiens de Goa, d'Inde et du Pakistan) sont revenus s’installer à Zanzibar et sont désormais investis dans le business et le tourisme. Les Indiens sont particulièrement actifs sur l’île.
Des Européens et des Tanzaniens continentaux nombreux
On trouve bon nombre d’expatriés européens propriétaires de lodges, ou travaillant dans des resorts à des postes de managers, ou ayant une agence réceptive. Les Italiens sont installés historiquement ici et sont les plus nombreux, mais on trouve des Allemands, des Anglais, des Français... Et récemment de très nombreux Polonais. Enfin, les touristes sont nombreux quasiment toute l’année, de toutes les nationalités occidentales, principalement des Européens.
De nombreux Tanzaniens continentaux (appelés « mainland » ici) sont formés dans les écoles de tourisme de Dar es Salaam et peuvent exercer des postes à responsabilité dans les hôtels à Zanzibar. Ils sont très présents dans les hautes fonctions.
Les fascinants Maasaï emmènent leur culture à Zanzibar
On voit aussi beaucoup de Maasaï attirés par le développement du tourisme. Ils travaillent comme veilleurs de nuit car, dit-on, ils ont l’habitude de rester éveillés pour surveiller leurs vaches, les protéger des lions et courent très vite. Ils font donc d’excellents gardiens de nuit, indispensables ici. Ils font aussi gardiens de plages pour éloigner les beach boys (rabatteurs) trop insistants. D’autres vendent des bijoux maasaï, désormais les femmes qui les fabriquent se sont aussi installées ici avec leurs enfants, fait relativement nouveau. On peut les voir sur les plages déballer leurs créations. Avoir un Maasaï pour un lodge, c’est aussi une façon d’attirer les faveurs des touristes, c’est très « exotique »... Un argument marketing contestable mais qui permet à la diaspora maasaï de trouver des jobs saisonniers. En réalité, cette peuplade pastorale d’origine nilotique vit aujourd’hui sur les hauts plateaux entre le Kenya et la Tanzanie. On les chiffre à environ 300 000 personnes. Les Maasaï sont originaires de la haute vallée du Nil. Ils ont l’habitude de raser la tête des femmes et de s’arracher les deux incisives inférieures. Ils se tiennent au repos sur une seule jambe, et crachent en signe de bénédiction. Leur vie sociale est organisée en classes d’âge, ils pratiquent circoncision et excision. Les guerriers Maasaï portent un glaive (mkuki), des sandales, une toge (nagdo) nouée sur une épaule, de couleur rouge : c’est la couleur du sang, signe de courage. Ils ne mangent quasiment que des bœufs qu’ils élèvent, boivent leur sang de manière rituelle, portent à la ceinture une très lourde racine d’arbre polie pour assommer les lions (rungu). Les femmes sont souvent habillées en bleu, couleur de la fertilité.
Le kiswahili, langue régionale puissante
Le kiswahili intègre des mots d’arabe principalement, mais aussi perses, indiens (kutchi et gujarati), anglais et portugais, à l’image de son métissage. A l’origine créée sur les côtes de l’Afrique de l’Est par intégration dans les langues bantoues des langues de migrants venus s’installer ici, elle a un rayonnement régional important. C’est une langue officielle au Kenya, en Tanzanie (depuis l’indépendance du pays), et en République démocratique du Congo mais elle est parlée jusqu’au Mozambique, en Zambie, au Rwanda, en Ouganda et au Burundi. Elle est compréhensible aux Comores. A l’origine écrite en caractères arabes, elle adopte l’alphabet latin au XIXe siècle. A partir de 1930, les colons anglais décident d’uniformiser le kiswahili décliné alors en de nombreux dialectes et langues proches, en créant le Comité sur la langue territoriale, et en se basant sur un dialecte de Zanzibar, celui de Stone Town, le Kiunguja. Elle symbolise la fin de la colonisation lorsque Nyerere décide de l’adopter comme langue officielle à l’indépendance de l’archipel en 1964. Deux organismes sont créés, l’Institute of Swahili Research et l’University College à Dar es Saalam pour continuer les recherches sur cette langue vernaculaire. L’objectif était de remplacer la langue anglaise, coloniale. La « swahilisation » de la société est rapide, et dès 1970 le parlement siège dans cette langue. Dix ans plus tard, l’enseignement secondaire passait en langue swahilie. Ainsi, beaucoup de Tanzaniens, au-delà de leur origine éthique, se considèrent comme swahilis, sans être pour autant de la région côtière ou musulmans. L’anglais est parlé par les Tanzaniens éduqués, mais peu dans les campagnes.