Vestiges de l’histoire coloniale

Le cinéma de l’archipel est, comme pour beaucoup de régions du continent africain, marqué par son histoire coloniale. On le ressent de diverses façons, qu’il s’agisse d’un simple regard paternaliste ou, dans le pire des cas, de productions ouvertement racistes.

À l’ouest de Zanzibar (1954), du réalisateur écossais Harry Watt, est la suite d’un premier volet sorti en 1951, Where no Vultures Fly. On y suit les aventures du même personnage, le garde-chasse Bob Payton, incarné par Anthony Steel. Il part aux trousses de chasseurs d’Ivoire sur l’archipel de Zanzibar. Bien que le réalisateur ait tenu à ce que le propos du film défende la cause indigène face à l'oppresseur qui exploite ses terres, le gouvernement kényan jugea le film trop paternaliste et le censura.

Mais le film qui a la plus mauvaise réputation est Africa Addio, un documentaire polémique italien de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi sorti en 1966. Ils ont filmé des massacres de familles arabes et indiennes durant la Révolution de Zanzibar de 1964. Africa Addio est polémique par essence, sans même parler des commentaires racistes du réalisateur du film en voix-off. En Allemagne de l'Ouest, un mouvement de protestation virulent a suivi la sortie du documentaire, et le distributeur a fini par retirer le film des salles.

À la gloire du taarab

Zanzibar Musical Club est un documentaire franco-allemand de 85 minutes sorti en 2009 et réalisé par Philippe Gasnier et Patrice Nezanui, qui retrace l'histoire de cet incroyable ensemble musical de Zanzibar centré sur la musique taarab. Ce style reflète 2 000 ans d’échanges culturels et musicaux sur ce carrefour métissé de la route des épices, entre musiques et danses africaines et orientales. Caractéristique de l'identité zanzibarite, cette musique fascine par ses rythmes percussifs complexes, la diversité de ses instruments et de leurs origines, ses danses sensuelles, ses chants poétiques et ses chœurs envoûtants...

Intrinsèquement lié aux cérémonies rituelles tribales de l'île, aux rituels de la vie quotidienne comme des étapes de la vie, le taarab est plus qu'une musique, il est une composante essentielle de la culture zanzibarite, bien mis en valeur dans ce documentaire d'exception.

A Zanzibar, une place pour le cinéma émergent

Le Zanzibar International Film Festival (ZIFF) est le plus important de l'archipel, voire même de toute la Tanzanie. Il a lieu tous les ans en juillet. Il projette en majorité des films en swahili (tanzaniens, kényans, ougandais), dans une moindre mesure du reste du continent africain (Afrique du Sud, Nigeria) et quelques films européens, arabes et asiatiques. Le réalisateur tanzanien Jordan Riber a été plusieurs fois sélectionné pour ce festival : Tunu (2016), Fatuma (2017) et Bahasha (2017).

On retiendra, parmi quelques productions tournées sur l’archipel, le court-métrage Jonah (2013). Dans cette œuvre de science-fiction, après que deux jeunes pêcheurs de l’archipel ont photographié un poisson géant, leur île devient à leur insu une destination touristique très prisée. Inspiré par l’histoire du Vieil homme et la mer, le réalisateur souhaitait pointer du doigt les problèmes que le tourisme a engendrés à Zanzibar.

Queen Sono est une série Netflix sud-africaine qui suit les aventures d’une agente des services de renseignements, dont l’action se déroule sur l’archipel, et qui est parue sur la plateforme en 2020. Un signe positif pour le développement de productions en Afrique du Sud-Est, rendue accessible au monde entier via la plateforme.