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Plus de 99 % de la population est musulmane, pratiquante d’un islam sunnite, et la vie quotidienne est largement influencée par la religion. C’est l’héritage de deux siècles de colonisation par le sultanat d’Oman qui a laissé son influence. L’islam est plus rigoriste que sur le continent où la majorité de la population est catholique et les musulmans sont moins stricts dans la pratique de leur religion. Les mœurs à Zanzibar suivent les principes d’un islam traditionnel : prière cinq fois par jour, principalement à la mosquée très fréquentée, fêtes religieuses attendues avec ferveur et célébrées en famille. Tous les jours à Stone Town, comme dans les villages, on entend les muezzins faire l’appel à la prière dans les mosquées de la ville, dont un très tôt le matin. Pourtant, la religion zoroastrienne a existé sur l’île pendant des siècles avant de disparaître, tandis que des rituels animistes existent encore dans la société swahilie.

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Une société musulmane rigoriste et traditionnelle

Les Swahilis de Zanzibar sont tous pratiquants, par conviction pour certains, mais aussi en raison du poids sociétal qui impose de suivre les bonnes mœurs pour d’autres. Le vendredi surtout, les cinq prières par jour sont pratiquées par tous, et beaucoup de magasins et de bureaux ferment à l’heure de la prière. Le ramadan est strictement respecté, et nous vous conseillons d’éviter cette période, car la vie à Stone Town et les horaires d’ouverture des magasins en sont grandement perturbés. L’Aïd al-Fitr à la fin du ramadan et l’Aïd al-Kebir sont d’importantes festivités qui réunissent sur la plage et dans les jardins de Forodhani, à Stone Town, des ribambelles de familles dans leurs plus beaux habits, avec des étoffes colorées chatoyantes. En conséquence, les adultes (les hommes notamment) boivent rarement de l’alcool. C’est interdit et mal vu, notamment à Pemba où la vente d’alcool est strictement réservée aux hôtels, ce qui limite grandement les accidents de la route, contrairement à la Tanzanie continentale qui enregistre des taux records d’accidents meurtriers liés à l’alcool au volant. Les jeunes filles portent le voile le plus tôt possible, dès l’âge de 5 ou 6 ans pour la plupart. Vous les verrez d’ailleurs marcher le long des routes pour aller à l’école, voilées avec un uniforme d’écolière. Mariage obligatoire, dot pour la famille, polygamie très répandue et des familles très nombreuses (cinq enfants par femme en moyenne) sont la norme. Les jeunes filles doivent rester vierges jusqu’au mariage. Les kangas (tissus traditionnels arrangés en pagnes) et les voiles des femmes sont très colorés, brillants et chamarrés. Il est de rigueur de ne pas sortir dans les villages en short ou en jupe courte, encore moins en bikini. Si, sur la plage, les locaux ne vous en tiennent pas rigueur et ont tendance à se montrer moqueurs (c’est de bonne guerre), au cœur des villages et de la ville de Stone Town, ils voient d’un mauvais œil les vacanciers trop exhibitionnistes.

La religion parsi zoroastrienne

Cette religion très ancienne doit son nom au célèbre Zarathoustra, son prophète, aussi appelé Zoroastre. Cette religion a été importée en Inde par les Perses (aujourd’hui les Iraniens) au VIIIe siècle, lorsque ces derniers ont été envahis et persécutés, car ils pouvaient alors pratiquer leur culte zoroastrien avec des protections régaliennes en Inde sans contraintes. Les Perses ayant conquis Zanzibar dès le Xe siècle, cette religion y existait déjà. Puis une partie des Indiens parsis qui ont émigré sur l’archipel plus tard ont aussi importé leur culte zoroastrien. Un temple existait à Stone Town, et un personnage bien connu était inscrit dans les registres : Freddy Mercury ! Le livre sacré des zoroastriens est l’Avesta, rédigé dans une langue archaïque.

Le rituel initiatique swahili Unyago

Des rituels tribaux animistes swahilis perdurent encore sur l’île, malgré la pratique d’un islam rigoriste. Des pratiques héritées d’une longue culture métissées se sont popularisées au XIXe siècle à Zanzibar, et se sont alliées avec syncrétisme à la culture islamique de l’île. Une cérémonie initiatique pour les jeunes femmes entrant dans l’âge de la puberté ou les jeunes fiancées avant leur mariage est appelée Unyago. Sur des rythmes percussifs Ngoma, cette cérémonie qui dure plusieurs jours apprend à la jeune fille l’art du maquillage, l’intimité et l’hygiène sexuelle, la cuisine. Elle apprend surtout, par la danse et le chant (avec des mouvements et paroles très explicites), à donner du plaisir sexuel à son futur mari. Si aujourd’hui cette initiation est toujours pratiquée, l’Ungayo a aussi été dévoilée au grand jour par des chanteuses de musique taarab, dont la célèbre chanteuse décédée Bi Kidude.

Le rituel Mwaka Kogwa de Makunduchi

C’est dans le sud de l’île, dans le village à la pointe sud-est de Makunduchi, que cette cérémonie qui célèbre le Nouvel An perse est la plus importante. Elle vient de la religion zoroastrienne héritée des Perses shiraziens arrivés sur l’île au Xe siècle, l’une des plus anciennes et mystérieuses croyances, aujourd’hui quasiment disparue de ce continent. Ici, elle est mélangée d’un syncrétisme bantou, avec la croyance dans des esprits bons et mauvais et un culte des ancêtres. Une armée d’hommes entre dans le village en chantant des hymnes guerriers sur une musique rythmée, armés… d’une tige de bananier ! Le grand combat entre hommes est donc assez soft, car autrefois, ils se battaient avec des bâtons. Il oppose l’équipe nord à l’équipe sud puis continue rapidement sur des duels. Le chant est une incantation aux esprits, une longue liste de souhaits qu’il faut « nettoyer » pour la nouvelle année. Car cette fête dont le nom signifie « année lavée » est une véritable catharsis de ce que l’on a vécu l’année passée, pour repartir sur un souffle nouveau, et purifier ses péchés. La journée, des taureaux sont sacrifiés pour protéger la ville et éloigner les mauvais esprits pour l’année, esprits qui pourraient venir jeter des sorts. Une hutte est incendiée pour éviter que les esprits ne se réfugient là. Pendant le combat au milieu des champs, les femmes portant leurs plus beaux kangas dansent et se moquent des hommes en chansons, ce qui n’est pas permis un autre jour de l’année ! D’autres combats d’hommes à huis clos ont lieu, mais contre les esprits cette fois. Ce jour-là, tout est permis. La journée, les hommes portent des costumes les plus improbables : maillots de foot, manteaux, masques de Spiderman, perruques et habits de femme… La fête est déjantée, dans cet esprit de purification. Les rituels privés de combats avec les esprits ont lieu en parallèle des lieux publics, portes closes. La nuit durant le Mwaka Kogwa, le vin de palme coule à flots dans les discothèques, les mariages sont temporairement dissolus. Les codes de la société sont cassés, la fête est un défoulement collectif ! Il existe néanmoins un syncrétisme avec l’islam : ce jour-là les habitants de Makudunchi vont à la mosquée et les jeunes élèves à la madrassa, l’école coranique, suivi d’un rituel de purification par l’eau jusqu’à l’après-midi. Les touristes peuvent participer à la fête la journée, on dit d’ailleurs qu’un bon Mwaka Kogwa ne se fait pas sans invités !

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