Surnommée l'île aux épices, Zanzibar est connue depuis des siècles pour sa production de cannelle, de clou de girofle ou de poivre. Et il est vrai qu'il flotte dans l'air quelque chose d'enivrant et de savoureux. Avec une histoire riche et complexe, la cuisine zanzibarite est à l’image de la diversité culturelle de l’île, métissée et épicée, fine et délicieuse. Elle résulte d’une fusion des traditions culinaires de plusieurs peuples qui se sont mélangées au cours des siècles, à commencer par les Bantous, les Arabes et les Indiens qui ont profondément façonné les spécialités locales. Dans une moindre mesure, la présence portugaise, allemande, anglaise et même chinoise a eu une influence également, mais plus modeste. On retrouve de nombreux plats de fruits de mer, de poissons, de viande et de légumes agrémentés d'épices variées, de lait de coco et de tamarin. Quant aux desserts, ils se savourent toujours avec le kahawa, un café aux épices.
Au cœur de l'île aux épices
Les ingrédients tirés de la culture bantoue comprennent diverses espèces de haricots ainsi que l'igname, la banane plantain et le gombo, un légume vert dont le jus visqueux est très apprécié pour épaissir les sauces. Plus tard à partir du IXe siècle, les marchands omanais, yéménites et perses apportèrent sur toute la côte swahilie épices, noix de coco, mangue, agrumes et riz, venant d'Asie. Aux XVe et XVIe siècles, la présence coloniale portugaise dans l'océan Indien permet l'introduction de divers produits des Amériques, comme le maïs, la patate douce, le manioc ou l'ananas. A la fin du XVIIe siècle, la région passe sous le contrôle du Sultanat d'Oman qui renforce les relations entre la côte swahilie et l'Inde, faisant de Zanzibar une plaque tournante du commerce d'épices. L’arrivée massive des marchands indiens influença largement la gastronomie locale. La colonisation allemande puis anglaise a eu à l'inverse peu d'influence. La présence de travailleurs chinois dans la région, bien que localisée, a introduit quelques produits comme la sauce soja.
La situation insulaire de l'archipel fait honneur aux poissons et aux fruits de mer. Le grand marché aux poissons de Stone Town en offre un aperçu : thon, maquereau, langouste, poulpe, calamar, etc. Mais on consomme ici aussi de la viande comme le poulet, le bœuf et l'agneau. Évidemment l'archipel ne porte pas un surnom si charmeur sans raison. Le climat tropical de la région est parfaitement adapté à la culture de diverses épices comme le poivre, la cannelle, le gingembre, la noix de muscade, le gingembre ou le cumin. Et bien sûr le clou de girofle dont l'île contrôle 90 % de la production nationale, faisant de la Tanzanie le troisième plus gros producteur mondial.
Avec une population quasiment intégralement musulmane, l'alcool et le porc sont considérés comme haram ici, c'est-à-dire "impurs". Toutefois les touristes ne sont pas affectés par les interdits alimentaires islamiques. Il en est de même pour le ramadan et les grands hôtels ou lodges internationaux servent de la nourriture pendant la journée. Mais ce ne sera pas forcément le cas si vous décidez de manger local, surtout lors d'une virée dans le centre ancien de Zanzibar où beaucoup d'échoppes sont fermées jusqu'au coucher du soleil où il est autorisé de rompre le jeûne.
Les classiques de la cuisine zanzibarite
La gastronomie de l'archipel a fortement été influencée par une longue présence arabe mais surtout indienne et on retrouve très communément du curry, du biryani, des samoussas ou des chutneys. Un des plats phares de Zanzibar est par exemple le pilaf ou pilau, un riz cuit à l'étouffée avec des oignons, du lait de coco, des épices douces (cannelle, muscade, clou de girofle) et parfois des fruits secs et de la viande. Autre recette, indo-portugaise cette fois, le sorpotel vient de Goa et se compose de bœuf – viande et abats – mijoté avec du masala (mélange d'épices), de la pulpe de tamarin et du vinaigre.
Plat d'origine arabe, le boko boko est la version zanzibarite du harees, un plat du Moyen-Orient souvent servi pour le ramadan. Il se compose de blé dur que l'on fait mijoter très longtemps avec de la viande (bœuf, poulet, mouton) jusqu'à ce qu'il devienne fondant à la manière d'un porridge. Sinon goûtez le mchuzi wa pweza ou pweza wa nazi, un curry de poulpe au lait de coco.
On retrouve une grande diversité de street-food comme l’urojo qui se présente sous forme d'un bouillon épicé avec mangue, pommes de terre, viande grillée, légumes crus (tomate, oignon, salade, concombre, etc.) ainsi que des croquettes d'oignon frites avec une sauce pimentée. Sinon on peut citer les katlesi, des croquettes frites aussi bien à base de poisson que de légumes, de bœuf ou d’œuf dur.
A moins de préférer une pizza zanzibar, qui n'a de pizza que le nom, qui ressemble plus à une galette que l'on fait frire sur une plaque avant de la garnir d'un mélange de viande hachée, de tomate, d'oignon, d'épices et de fromage. Découvrez également les pains au sésame – similaire à des naans – que l'on appelle ici mkate wa ufuta. Enfin les mishkaki sont des brochettes de bœuf finement épicées qui se rapprochent d'un shish kebab.
Desserts, café et boissons
Les dessert locaux sont simples, à l'image de la cuisine de l'île. On retrouve ainsi les mandrazis, des beignets au sucre classiques, mais aussi le spice cake qui, comme son nom l'indique, se présente sous la forme d'un savoureux pain d'épices avec cannelle, clou de girofle, noix de muscade et une pointe de chocolat. Le date & hazelnut bread ou pain aux dates et noisettes est souvent servi pour célébrer la fin du ramadan. Le climat tropical de l'archipel permet la culture de fruits savoureux comme la mangue et la noix de coco, souvent préparées en chutney, mais aussi la papaye, la banane, l'ananas ainsi qu'une foule d'agrumes et la fameuse pomme d'eau ou jambose, un fruit qui est botaniquement proche d'une goyave et que l'on savoure pour sa chair croquante très juteuse, peu sucrée, au léger goût de pomme.
Le kahawa de Zanzibar est un café épicé local traditionnel vendu dans les rues de la ville, notamment au Forodhani Market, qui se boit de jour comme de nuit. Il est préparé avec de la cannelle fraîche et de la cardamome, de l’eau chaude et du café grillé et moulu dans des tasses, puissant en arômes et concentré en saveurs. La première tasse matinale est l’occasion d’échanger des salutations joyeuses et souhaiter un "Allah willing", une bonne journée à ses voisins. A Stone Town, le rendez-vous favori des anciens pour le boire chaque matin est le Jaw’s Corner, dans le quartier de Soko Muhogo. Ce café serait excellent pour l’estomac, grâce à l'effet antiseptique de la cannelle et les locaux raconteraient qu'il est très efficace pour prévenir d’une indigestion ou tourista.
Enfin les bières tanzaniennes sont très réputées et le pays est l'un des plus gros consommateurs du continent africain. Et si les Zanzibarites, musulmans, ne boivent pas d'alcool, les Tanzaniens "mainland" en consomment et produisent même des bières locales que vous trouverez dans tous les bars et hôtels de Zanzibar. Ces bières au malt sont produites dans les brasseries d’Arusha, Moshi ou Dar. On trouve la Safari Lager, la Serengeti, la Castle, la Ndovu, la Kilimandjaro...
Se régaler à ZANZIBAR
Horaires à ZANZIBAR
A Zanzibar, on mange principalement dans les restaurants d'hôtels, quitte à essayer ceux qui sont en dehors du complexe où l'on séjourne, sauf si l'on est en formule pension complète ou en all inclusive (plus courant sur certaines côtes isolées de l'ile). Les restaurants sont donc généralement ouverts du matin au soir, tous les jours. Le plus souvent le service du petit déjeuner s'arrête à 10h30, le service du midi s'étend de 12h à 15h et celui du soir de 18h30 à 21h30. Mais certains hôtels, les plus luxueux, ont un service continu avec une carte de snacks plus légers en dehors des heures de repas.
A Stone Town, Nungwi et Pajé/Jambiani, des adresses de restaurants s'ouvrent de plus en plus, encouragées par la multiplication des locations Airbnb qui offrent des clients potentiels sans restaurant là où ils logent. Des restaurants deli avec des sandwichs, wraps, salades et burgers, comme des tables de cuisine swahilie locales, ouvertes aux heures habituelles, ont saisi l'occasion pour se positionner sur ce créneau à Stone Town, Nungwi et Pajé principalement. Mais la tendance se développe partout.
Budget / Bons plans à ZANZIBAR
Les restaurants locaux existent depuis longtemps à Stone Town (Lukmaan et Mashallah sont les meilleurs), et se sont multipliés sur la côte. Le meilleur plan pour dévorer des langoustes et cigales de mer grillées, à meilleur prix que dans des restaurants d'hôtels guindés. La fraîcheur est aujourd'hui sans faille (contrairement à quelques années), ces nouvelles adresses se font livrer directement par leurs amis pêcheurs du village. La cuisine est authentique, pleine de saveurs et d'épices, les assiettes gargantuesques et les prix planchers.
Beaucoup de pêcheurs proposent des sorties sur banc de sable un peu partout autour d'Unguja (Nakumpenda à Stone Town, à côté de Mnemba, Safari Blue), tout comme à Mafia (vers Chole Island) et à Pemba (sur Missali), incluant un barbecue de fruits de mer sur la plage. Les prix sont négociables en direct avec les pêcheurs là encore, et plus vous êtes nombreux, plus les prix sont intéressants. Vous êtes assuré de passer une merveilleuse journée pique-nique à la zanzibarite.
En supplément à ZANZIBAR
Les prix incluent la TVA, il n'y a pas de frais de couvert ou de pain. En revanche, certains affichent leurs prix en dollars. A vos calculettes ! Il vaut mieux payer en shillings, c'est certain. En dollars, on vous prendra un taux de change moins bon que dans une agence de change ou à l'aéroport (le plus avantageux). Si vous payez en carte bleue, un supplément de 5 % s'applique partout sur l'île. Enfin, sachez être généreux en tips, nous ne sommes pas en France et ici les tips sont une part conséquente du salaire des serveurs.
C’est très local à ZANZIBAR
Difficile de s'y reconnaître sur une carte en swahili, heureusement les restaurants pour touristes comme les restaurants locaux qui prennent soin de leur clientèle ont traduit leur carte. Ce qui n'empêche pas d'être perdu sauf si l'on connaît un peu la cuisine indienne (tandoori, masala, chapati, curries, etc.), mais des combinaisons d'épices swahilies ont repris les noms indiens sans pour autant être semblables. Vous en serez dépaysé, à commencer par le riz pilau, le plat le plus classique.
A éviter à ZANZIBAR
On évite de manger avec la main gauche, comme dans tout pays musulman, c'est mal vu. La main gauche est réservée seulement à un usage intime.
Evitez d'arriver au restaurant complètement affamé, le service en cuisine comme sous les paillotes est très pole pole, très lent, et souvent désorganisé. Vous risquez de tomber d'inanition avant l'arrivée d'un quelconque plat.
Enfants à ZANZIBAR
Les Swahilis adorent les enfants, vous les voyez courir partout dans les villages et en ville dans les rues, en bord de route rentrant de l'école, etc. L'accueil, déjà chaleureux à l'accoutumée, est encore plus prononcé avec des enfants. Dans les restaurants en revanche, l'attente est longue, enfant ou pas, et peu de restaurants (sauf les resorts familiaux) ont des menus enfants. Soyez en avance ou commandez avant d'arriver pour garantir des repas à heures raisonnables aux plus petits.
Fumeurs à ZANZIBAR
Tous les restaurants sont quasiment sous des paillotes en toit de makuti ouvertes au quatre vents, et il est d'usage de tolérer les fumeurs. Les cendriers sont souvent sur les tables, néanmoins certains clients (en général du nord de l'Europe et anglo-saxons) tolèrent moins la fumée que les touristes latins ou les locaux, et vous demanderont d'aller plus loin.
Les attrape-touristes à ZANZIBAR
Il y a bien à Nungwi des restaurants attrape-touristes où la fraîcheur n'est pas garantie, évitez-les, le bord de mer regorge de bonnes adresses au milieu de cette enfilade de restaurants.
Le marché nocturne de Forodhani à Stone Town est le pire attrape-touriste qu'il soit pour manger. Les brochettes de fruits de mer et poissons ont l'air séduisantes, éclairées à la bougie, où locaux comme touristes déambulent. A part certains pigeons qui n'ont pas posé la question à des personnes avisées, personne n'ose manger ces brochettes, qui vous assureront à coup sûr une indigestion, voire une grave intoxication alimentaire. Les brochettes sont ressorties tous les soirs et passées à l'ammoniac pour éliminer les bactéries, mais évidemment ce n'est pas recommandable. Observez bien les Zanzibarites, ils n'y touchent pas. Seules ce qu'ils appellent les pizzas (des crêpes fourrées) faites devant vous sont valables, les samosas à la rigueur. Les kebabs sont pleins de graisse immangeable, mais appréciés des locaux.
Faire une pause à ZANZIBAR
Horaires à ZANZIBAR
Les cafés sont ouverts en journée en général jusqu'à 18h30, mais ils sont peu nombreux, tandis que les bars sont ouverts en général de 18h à 23h, ou plus selon l'endroit et le jour.
A partir de quel âge à ZANZIBAR
L'alcool n'étant déjà pas vraiment autorisé pour les adultes (bien que certains jeunes boivent quand même en soirée et ne pratiquent pas un islam rigoriste), il ne l'est pas pour les mineurs non plus. Néanmoins, tout se joue dans l'enceinte des hôtels pour ce qui est des consommations alcoolisées. Dans les bars, on ne croise guère des parents avec des jeunes adolescents.
C’est très local à ZANZIBAR
Les bars à jus et à smoothies sont exceptionnels, au vu de la qualité des fruits tropicaux qui poussent sur l'île, délicieux et juteux : noix de coco, ananas, mangue, avocat… Certaines adresses rivalisent de créativité. Tout est fait avec de l'eau minérale, même les glaçons, pas d'inquiétude. Vous pouvez vous payer une pause vitaminée sans crainte !
Zanzibar n'est pas une destination connue pour les bars, puisque boire de l'alcool pour les habitants musulmans n'est pas autorisé normalement, même si certains le font. En revanche, on trouve des thés et cafés arrangés aux épices fabriqués sur l'île, café et thé à la mangue, à la vanille qui a poussé sur l'île, à la cardamome, à la cannelle, à la citronnelle ou au gingembre (pour le thé), etc. Goûtez, c'est délicieux !
Fumeurs à ZANZIBAR
On peut fumer à la terrasse extérieure des bars, qui de toute façon sont quasiment tous en plein air. On parle de bars de plage ici, posés sur le sable.