Guide du Yémen : Mode de vie
La naissance est la première joie d'une famille. Dans les villages, l'accouchement a lieu chez l'habitant, tandis que dans les villes il se passe à l'hôpital. Contrairement à d'autres pays de la région, le recours à la pratique de la césarienne n'est pas systématique et n'intervient qu'en cas de nécessité. Pour placer le bébé sous la protection divine, un membre de la famille murmure à l'oreille du nourrisson le premier appel à la prière que ses oreilles peuvent entendre, dès que le muezzin le chante de la mosquée la plus proche.
Le prénom peut être donné après une période plus ou moins longue, tout cela dépend de l'accord obtenu, l'ensemble de la famille voulant donner un avis ; le nom d'un grand-père ou d'une grand-mère de l'enfant est souvent donné par respect des aînés. Principalement les garçons portent l'un des 99 noms de Dieu, comme " Abd Allah " (le serviteur de Dieu), " Abdel Rahman " (le Miséricordieux), ou le nom du prophète " Mohammed " et ses dérivés sémantiques comme " Mahmoud " et " Ahmed ". Les filles portent les noms des femmes, filles et suivantes du Prophète comme " Fatima ", " Zeinab ", " Khadija ", ou des prénoms plus poétiques comme " Boudour " (pleine lune), " Soad " (joie), ou un prénom yéménite comme " Bilkis " ou " Aroua " des noms de reines locales.
La mère revient de l'hôpital avec son bébé un jour après l'accouchement ; la famille et les amis rendent visite à la famille heureuse et lui offrent des sucreries et pâtisseries faites à la maison. Les félicitations ont lieu avec une certaine superstition. De crainte du mauvais oeil attiré par une parole trop bénéfique, on place un petit Coran près de l'oreiller du bébé, ou une petite médaille en or avec un verset extrait du livre saint, ou bien encore la mère répond " Ma Sha' Allah " (Dieu le voulait) pour chasser les démons.
Durant quarante jours, les visites se succèdent jusqu'au temps des festivités. La première, appelé " Al Arbeein " (le quarantième), a lieu à la fin de cette période réservée aux visites, et ne regroupe que les femmes, parentes ou amies. Des cadeaux sont offerts à la mère. La deuxième, appelée " Al Ghitan " (la circoncision), regroupe l'ensemble de la famille et des amis, hommes et femmes étant regroupés dans deux pièces séparées. La circoncision a lieu entre quatre et six semaines après la naissance du bébé, alors que le prépuce est encore souple. Ce n'est pas un religieux qui coupe la chair mais un homme expert.
L'excision n'a rien à voir avec l'islam mais est un substrat de civilisations plus anciennes sur lesquelles l'islam s'est parfois superposé, impliquant une confusion chez les couches peu éduquées de la société.
Les classes maternelles (Al Adhana) ne commencent qu'à 4 ans, et ne sont pas répandues dans le pays ; elles concernent seulement les familles pouvant s'offrir ce service auprès d'écoles privées. Pour la majorité de la population, la première rentrée des classes a lieu lors des 6 ans révolus, en classes primaires (Al Ebtedayyi) réparties sur six niveaux d'âge.
Le collège (Al Adadi) débute à 12 ans et dure trois ans. Lui succède le lycée (Al Sanaoui) à l'âge de 15 ans, après avoir passé un examen d'Etat de barrage.
Il y a deux sections au lycée, d'une part la voie scientifique (Al Elmi) et d'autre part la voie littéraire (Al adabi) qui prépareront durant trois les lycéens au baccalauréat (Al Sanaouiya al amah). Il n'y a pas d'enseignement technique sinon celui appris " sur le tas ".
La journée d'un élève est étalée sur une demi-journée, soit de 7h30 à 12h30, soit de 13h à 18h. Il y a six jours de classe. Les écoles publiques, qui sont peu nombreuses, accueillent parfois 120 élèves par salle de classe, tous ne pouvant s'asseoir à un pupitre.
Les cours particuliers ne sont pas répandus au Yémen sous la forme d'un système éducatif et économique parallèle. Ils sont là pour soutenir des élèves en difficulté qui sont alors moqués par leurs camarades.
L'examen de fin d'études générales peut durer un mois, à partir de la fin du mois de mai ; l'interrogation porte sur douze matières différentes comme les mathématiques, la littérature, et aussi le Coran, la grammaire du Coran, la culture religieuse et les règles religieuses (Al Fikr).
Les résultats son proclamés à la fin du mois d'août sous forme de pourcentage de réussite. De ces résultats dépend l'entrée dans les universités selon une hiérarchie décroissante plaçant les facultés de médecine au premier rang, ensuite les facultés d'ingénieur, d'architecte, de droit. Les facultés littéraires n'accueillent que les étudiants ayant obtenu un pourcentage moindre. Les étudiants dérogent peu aux pourcentages qu'ils obtiennent et l'on voit rarement des élus à la médecine s'inscrire sur les listes des étudiants de lettres.
Pour les trois premiers lauréats du baccalauréat sur l'ensemble du pays, des bourses d'étude sont offertes. Les bacheliers ayant obtenu au-delà de 88 % peuvent aussi prétendre à des bourses et sont accueillis dans les universités de la région, comme en Egypte, en Syrie, en Irak (avant l'invasion).
Dans le système universitaire yéménite, les licences s'obtiennent en quatre ans. Il s'agit du premier diplôme d'enseignement supérieur. Les étudiants boursiers ou plus fortunés préfèrent aller poursuivre leur curriculum universitaire à l'étranger qui jouit d'une meilleure réputation que les établissements yéménites, surtout lorsqu'il s'agit de préparer un doctorat. Même les universités privées implantées dans le pays ne bénéficient pas d'une bonne réputation et sont souvent suspectées de vendre les diplômes qu'elles délivrent.
Une certaine frénésie pour les langues étrangères s'est emparée des étudiants qui y voient un moyen supplémentaire de pouvoir prétendre à un meilleur emploi, tant il est vrai que le niveau d'enseignement des langues est moyen dans les collèges et lycées.
C'est aussi un moyen parmi d'autres de pouvoir obtenir un emploi à l'étranger, surtout en Arabie saoudite, où une forte communauté yéménite s'est réimplantée après en avoir été massivement chassés en 1990 alors que l'Etat du Yémen avait apporté son soutien à l'invasion du Koweit par l'Irak de Saddam Hussein.
Le service militaire, qui durait un an, a été supprimé en 2001, pour des raisons de démographie galopante, l'Etat ne pouvant prendre à sa charge les appelés de plus en plus nombreux. Auparavant, une exemption légale se monnayait contre l'équivalent de 300 dollars, ce qui permettait à l'Etat à la fois de limiter ses dépenses en traitement de soldats et d'augmenter ses recettes. L'armée régulière yéménite n'est donc plus composée que de volontaires contractuels.
" Pour désensorceler, il convient non seulement de dénouer le sort (fakk al-sihr), mais aussi d'écarter ce qui sert à ensorceler en le jetant loin. Il ne s'agit pas de mettre au rebut ce qui a fait son office. Ni encore de se débarrasser avec peur et dégoût d'un objet de la sorcellerie. C'est bien un objet encore actif qu'il faut éloigner, même si l'on se demande de quelle puissance il jouit encore.
A la suite de ces remarques, nous nous sommes interrogés sur le rôle que pouvait avoir dans le processus de guérison le fait de jeter un talisman thérapeutique après usage. En effet, on rencontre au Yémen, comme dans de nombreux pays du Machreq, une pratique qui consiste à écrire à l'encre des formules sur un papier, puis à les diluer dans l'eau. Le malade doit absorber le contenu du verre.
La séance thérapeutique à laquelle on a pu assister, lors d'une précédente mission, à Wâdî Zahr, s'est déroulée ainsi : le praticien, après avoir fait de la divination à partir du Coran, diagnostique que le malade, son propre fils, a des vers (il ne s'agit pas de ténia, mais de vermicules (?)). Il écrit alors trois lignes à l'encre bleue ou noire (difficile de préciser du fait de la pénombre) sur une feuille de papier tirée du cahier qu'il a sous la main, à l'aide d'une écriture à barres. Le morceau de papier est ensuite soigneusement recoupé de façon à former un rectangle, puis, une fois plié en deux, est glissé dans un verre d'eau ordinaire. Le malade boit alors le liquide après que le papier en ait été très vite retiré. Le praticien remplit alors une seconde fois le verre d'eau, dont le malade ne boit qu'une partie. Il reconsulte son système divinatoire et lit d'une manière peu audible une sourate entière (" al-Ra'ad " ?). Puis un passage d'un second ouvrage, très probablement de magie (al-Bûnî ou al-Mandal al-Sulaymânî), dans lequel le nom puissant de Juljul est répété. Le malade doit alors achever le contenu du verre sur lequel ces paroles ont été prononcées. Le praticien prie ensuite. Le papier restant est jeté à terre, dans l'espace domestique, puis balayé avec les autres détritus en leur temps. La question est donc de savoir si cette manière de l'évacuer ne revient pas au respect de consignes à l'égard d'un papier porteur d'un pouvoir cette fois positif. Bienfaisant, il peut en un premier temps demeurer dans la maison.
Ensuite, il n'est pas réutilisé, ni conservé, mais balayé : il disparaît donc avec les différents détritus de la journée (dont les restes de qât). Or, on a déjà pu relever qu'une manière de ne pas éveiller un regard de convoitise sur quelque chose consiste à le dissimuler dans les ordures, à le confondre avec elles, et à le faire disparaître de façon mécanique (le balai, puis le vent, la pluie, le torrent, etc., l'emportent de plus en plus loin) et comme s'il était sans valeur : c'est le cas, par exemple, pour le sang des règles, qui, remarqué, rappellerait aux hommes que telle femme est féconde. Une manipulation malveillante du papier ne pourrait-elle réussir à rompre l'effet de guérison ? Si oui et s'il ne peut être réutilisé du fait d'un pouvoir résiduel - mais pourquoi ne réactiverait-on pas un pouvoir bénéfique ? -, il faudrait en effet s'en débarrasser discrètement. De nombreux points, on le voit, restent à éclaircir en ce qui concerne cette dernière pratique. "
(Anne Regourd - Cahiers du CEFAS.)
Le service militaire, qui durait un an, a été supprimé en 2001, pour des raisons de démographie galopante, l'Etat ne pouvant prendre à sa charge les appelés de plus en plus nombreux. Auparavant, une exemption légale se monnayait contre l'équivalent de 300 dollars, ce qui permettait à l'Etat à la fois de limiter ses dépenses en traitement de soldats et d'augmenter ses recettes. L'armée régulière yéménite n'est donc plus composée que de volontaires contractuels.
Avant d'aborder les questions purement de moeurs, il faut intégrer que le Yémen a fondé ses relations sociales - issues des règles tribales - sur un sens particulier et très exacerbé de l'honneur masculin confondu à l'honneur du groupe auquel un homme appartient (" Al Roujoulah ") placé au centre des relations entre genres, familles, amis, collègues de travail.
Beaucoup d'actes sont considérés comme étant gravement offensants au Yémen. Malheur à celui qui, lors d'une rixe, s'emparerait de la " jambiya " (son poignard traditionnel) d'un autre homme, ce qui serait interprété comme une confiscation de sa force virile. La réparation de cet acte (" Al Tahkim ") devra se faire après des négociations, donnant lieu à une compensation en nature. Frapper un homme en public équivaut à la destruction de son genre masculin ; recouvrer son honneur ne s'obtient qu'en frappant l'agresseur en retour ; ces échanges peuvent bien entendu durer longtemps si la sagesse ne reprend pas le dessus. Le meurtre, selon la loi du Talion, entraîne automatiquement la réparation par la mort du meurtrier. Il en est de même lors du viol d'une femme dont la souillure devra être lavée par le sang.
La mixité n'est pas la règle au Yémen : les écoles publiques, dès la première classe de primaire, à 6 ans, ne sont pas mixtes. Dans la vie quotidienne, les coiffeurs ne sont pas mixtes. Seuls les couples mariés ou les familles sortent ensemble.
Quelques souterrains (" Taht al Taouala ", ou " sous la table ") lient hommes et femmes lorsqu'ils désirent flirter. Des papiers choient à terre avec un numéro de téléphone lorsque la technologie du " bluetooth " n'est pas accessible, le " chat " se développe dans les cybercafés qui servent d'exutoire aux désirs inassouvis des adolescents ou de leurs aînés célibataires. Pour les plus audacieux, les centres commerciaux sont transformés en lieux de drague " soft ".
" L'impensable arrive rarement. " Toutefois, la jeune fille qui aurait simplement flirté, sans aller jusqu'à un simple baiser, ne pourra jamais devenir la femme de celui à qui elle s'est " donnée ". En effet, si les jeunes garçons recherchent le plaisir avec une jeune fille, ils désirent épouser une jeune fille intacte. Difficile de s'arranger en recousant l'hymen dans une société où tout le monde se connaît. La jeune fille qui aura perdu sa virginité aura du mal à se marier, si elle parvient à supporter l'opprobre de sa famille et de ses amis. Quant au garçon, société machiste oblige, il n'a rien à prouver.
L'éducation sexuelle n'est pas une matière enseignée à l'école ; ce sujet n'est pas plus abordé à la maison où le tabou est encore très fort. Les adolescents ou jeunes adultes qui y ont accès utilisent Internet afin de se documenter. Les échanges de cassettes érotiques ou même pornographiques, appelées par dérision " films bleus " ou " Arbea fi setah " (" quatre par six " - code d'adolescents un peu confus sensé parler de la taille d'une photographie d'identité, mais qui dont le chiffre " six " en anglais a la même consonance que le mot " sex ") - se passent sous le manteau ; les filles elles aussi se prêtent ces cassettes. Pour la grande majorité, c'est donc lors de la nuit de noces qu'a lieu la première expérience sexuelle.
La conclusion du contrat de mariage, bien que réglée par la charia, la loi islamique, se décline de plusieurs manières au Yémen, selon les habitudes tribales et le droit coutumier des différentes régions du pays. La majorité de mariage, telle qu'elle est entendue par le droit musulman, est différente de la majorité dont découle la propriété et la responsabilité légale : pour le mariage sont majeurs l'homme ou la femme pubère.
Les écoles juridiques d'interprétation du droit musulman ont repris la notion du mariage " Al Djabr ", une pratique préislamique qui permet de marier des impubères, qui peuvent néanmoins dénoncer cette union à leur majorité ; en tout état de cause, le mariage impubère ne peut pas être sexuellement consommé, l'épouse devant être physiquement femme ; seule la forme matérielle du contrat de mariage entre en ligne de compte dans ce cas.
C'est pourtant ce qui se passe beaucoup dans les villages retirés où l'habitude plus que la coutume juridique presse les parents à unir les enfants, à la fois pour des raisons matérielles et pour éviter la tentation des années de la puberté.
L'union est pressentie par repérage, souvent lors des mariages, alors que les femmes se retrouvent entre elles pour les festivités et que les mères ou tantes observent les jeunes filles qui se sont vêtues de leurs plus belles robes pour attirer l'oeil des marieuses. L'élaboration des unions se fait aussi lors des visites dans d'autres familles. Une enquête sociale se fait pour connaître la généalogie de la jeune fille remarquée, donnant lieu à beaucoup de rumeurs et commérages.
Si la femme qui désire marier son fils obtient satisfaction des informations qu'elle a collectées, elle rend alors une visite de courtoisie à la mère de la jeune fille convenable. La mère en parle alors à son mari, sa fille, sa famille, pour en faire ce qui demeure le socle de la société yéménite. Après un délai de réflexion, la réponse peut être négative. En revanche, si la réponse est positive, le père du futur époux vient présenter sa demande au père de la future épouse, en présence du clan masculin de la famille, et conviennent de la dote de la mariée, de l'apport du marié (que l'on appelle " Al Mahr " pour les deux parties) pour préparer son trousseau, de la résidence des époux, du temps de préparation du mariage et de son prix.
Deux statuts peuvent être donnés à la période préalable au mariage. D'une part, les deux jeunes gens peuvent être fiancés, c'est ce que l'on appelle " Al Khotbah ", période durant laquelle ils peuvent parler ensemble, se rencontrer en présence de tiers, la jeune fille ayant le visage dévoilé devant son fiancé. Cet engagement peut être rompu sans conséquence.
D'autre part, les deux jeunes gens peuvent être mariés sans consommation de l'union, c'est ce que l'on appelle " Al Eaqd ", période pendant laquelle les deux époux peuvent se présenter ensemble en public, être ensemble sans la présence d'un tiers. Cet engagement légalisé par un cheikh ne peut être rompu que par un divorce prononcé par le même homme de loi.
Il n'y a pas de durée légale de fiançailles. Arrivent alors les jours du mariage, dont la forme diffère selon les régions du Yémen. En règle générale, les femmes et les hommes, chacun de leur côté, se réunissent un, deux ou trois jours selon des étapes bien définies. Petit détail amusant : les femmes, qui se réunissent de leur côté, ont ces jours-là les toilettes les plus folles et les plus osées, mais qu'elles dissimulent sous leur lourde chape noire. Afin de se sentir libres, les téléphones portables dotés d'appareil photographique intégré sont interdits et laissés au vestiaire : on ne sait jamais...
A Sanaa, les hommes se réunissent plutôt un jour appelé " Al Eours ", qui débute par un déjeuner suivi d'une séance de qat. Après les prières du " Maghreb " et " Al Icha ", arrive " Al Zafah ", le temps des chants traditionnels, de la vêture du marié d'une robe et d'un châle, de la remise d'un sabre, de la pose sur la tête de basilic. Le marié doit être entouré de ses meilleurs amis qui empêchent les enfants de lui piquer le postérieur avec des aiguilles. Après les félicitations, une deuxième séance de qat commence, jusqu'au petit matin, ce dont s'abstient le marié qui sait comme les autres hommes réunis autour de lui que la consommation de cette feuille rend momentanément impuissant ; au contraire, on lui apporte des produits réputés aphrodisiaques tels que le miel, des crevettes, du poisson, des amandes.
Les femmes peuvent se réunir jusqu'à trois jours. Entre elles, elles mâchent du qat, fument la madaeah, papotent, dansent. Les dames rivalisent de leurs atours dont elles changent tous les jours. Leur dernière rencontre correspond à " Al Eours ", qu'elles appellent " Al Thalath " (le troisième). Le marié rejoint son épouse et l'attend devant le lieu de réjouissances des femmes. Les dames célèbrent alors " Al Zafah " de la mariée en claquant des mains, chantant, lançant les traditionnels " You, You, You ". La mariée se couvre et rejoint son mari. Leur famille les accompagne vers le lieu de la nuit de noces. A Sanaa, on ne vérifie plus la virginité de l'épouse en étudiant le drap souillé le lendemain matin. Plus tard, la mariée est souvent invitée par la famille, c'est ce que l'on appelle " Al Kachma ".
A Taizz, le marié n'a pas droit à une cérémonie spéciale, sinon qu'il est entouré de ses parents et amis pour une séance de qat. Les festivités de la mariée peuvent durer quatre jours. Le premier jour est appelé " Al Zaqrah " (mot qui n'a pas de sens en arabe), qui se passe dans la maison familiale, au cours duquel on danse, on s'amuse entre femmes. Le deuxième jour est appelé " Al Ghasla " (le bain) ; ce jour-ci la mariée doit se parer d'une tunique verte après s'être lavée à grandes eaux, et parfumée de vapeurs d'encens. Le troisième jour est " Al Eours " (le mariage), à la fin duquel la mariée se retrouve subitement seule jusqu'à ce que son mari la rejoigne ; alors la famille, qu'il s'agisse des hommes et des femmes, vient les entourer. Une quatrième jour vient terminer les réjouissances, appelé " Al Soubhiyah " (la matinée) qui se passe l'après-midi et qui regroupe les femmes autour de la mariée. Cette dernière journée est de plus en plus remplacée par le voyage de noces.
A Aden, les cérémonies sont comparables à celles de Taizz, à la différence près que le marié a droit, la veille de " Al Eours ", à la journée de " Al Hanah ". Un chanteur vient animer la soirée après la prière " Al Icha ", jusqu'à " Al Zafah ". Tous les hommes ne vêtent qu'un caleçon ou un short, voire un tee-shirt et couvrent entièrement le marié de henné ; s'ensuit une bataille de henné dans la pièce. Une procession se met en marche avec le marié assis sur une chaise, conduit vers la salle de bains où il pourra enlever le henné. Bien entendu, cette teinture naturelle persistante ne s'enlève pas entièrement, et le lendemain, jour du mariage, le marié a son corps totalement rouge, tandis que ses amis sont tachetés.
La liste des différences concernant les cérémonies de mariage pourrait être longue. Le meilleur conseil est de vous faire inviter à titre d'observateur à l'un d'entre eux, surtout en province, les habitants de Sanaa étant plus fermés.
Condamnée par l'islam, l'homosexualité est souvent vécue comme une souffrance par les Yéménites. D'abord parce que les jeunes Yéménites ont peu de personnes à qui s'ouvrir de leur sexualité différente sans craindre des moqueries, un ostracisme, d'amis ou de parents. Ensuite parce que la pression maternelle à se marier est toujours vécue comme un sentiment d'être vraiment marginal dans la société. Aussi parce que la crainte d'une dénonciation à la famille rend les homosexuels yéménites paranoïaques, prudents à l'extrême. De même, parce que l'amour qu'ils peuvent vivre doit toujours être confidentiel, caché, alors qu'ils aimeraient bien le crier, le montrer. Enfin, parce que les flammes de l'enfer leur sont promises par les cheikhs qu'ils rencontrent.
L'homosexualité n'est pas moins répandue en Yémen qu'ailleurs. La difficulté sociale qu'un garçon et qu'une fille éprouvent à se rencontrer implique d'ailleurs une homosexualité structurelle beaucoup plus développée que dans une société libérale. Les oeillades sont donc nombreuses dans les lieux publics. Malgré tout, ce qui se passe derrière la porte close d'une maison est assez respecté ; c'est le scandale et la publicité qui sont proscrits. La grande majorité des homosexuels du pays sont mariés, et vivent des existences parallèles. Une certaine génération a néanmoins du mal à se cacher, et voudrait développer son droit d'exister ; leur petit nombre les contraint à se taire.
On n'entend pas parler d'arrestations ou de mauvais traitements au Yémen. C'est bien entendu la charia qui règle ces cas de " moeurs dépravées ", mais les tribunaux n'ont pas eu de cas à statuer depuis longtemps.
L'éducation au Yémen existait à peine en 1962, date de la révolution et moment où le pays s'est ouvert au monde. Les filles n'allaient alors pas à l'école et le taux d'analphabétisme était quasiment de 100 % pour elles. Il est aujourd'hui passé à 70 %. Après 1962, l'Etat a créé des écoles mixtes mais les familles étaient parfois réticentes à l'idée d'y mettre leurs fillettes et en quelque sorte l'éducation moderne leur faisait peur. La société yéménite, qui est traditionaliste et coutumière, a malgré tout progressé dans le domaine de l'éducation et précisément celle des filles. D'ailleurs, le président Ali Abdallah Saleh a dit à ce propos : " Nul ne peut se satisfaire de l'analphabétisme des femmes car plus la femme est instruite, plus elle peut jouer son rôle dans la société et prendre sa part dans les différents secteurs de la vie active, contribuant ainsi au développement national. "
Aujourd'hui, il n'y a pas encore beaucoup de femmes aux postes de décision ni de pouvoir, mais il semble que cela soit en train de changer, malgré certaines réticences qui demeurent. En effet, dans l'Arabie antique, le rôle public de la femme était plus important que de nos jours. Notons tout de même que le Yémen est le premier pays de la péninsule arabique à avoir donné le droit de vote aux femmes. C'est aussi un pays où la plupart de la population vit dans les campagnes. Les femmes représentent 84 % de cette population active agricole.
Les petites filles aident très jeunes leurs mères aux champs et dans l'accomplissement quotidien des tâches ménagères. Il leur est difficile dans ces conditions d'accéder à l'éducation. De plus, le taux de natalité étant d'environ 7 enfants par femme, une mère de famille ayant donc besoin de l'aide de ses filles pour élever les plus jeunes. Pour conclure, Khadija Al Salami, disons que la question du progrès de la condition féminine est liée à celle du développement économique et social du pays : plus celui-ci pourra se développer et plus la condition de ses habitants, en particulier celle des femmes, fera des progrès.
La famille est le noyau de la société yéménite ; elle lui donne tout son sens, et prédomine en cela sur l'individu. C'est la famille - dans la plupart des couches sociales - transformée en conseil, qui va déterminer des choix importants de la vie des individus : orientation universitaire, carrière professionnelle, fiançailles, mariage.
La mère y a un rôle capital ; la maison est son domaine, et c'est en son sein que les rencontres sociales décisives se passent. Dans les familles moyennes, un salon est aménagé à cet effet, il est conçu à la manière d'un sas conventionnel qui ne laisse encore rien entrevoir de la vie réelle de la famille. Les arrangements matrimoniaux s'y tiennent, et les parties de qat entre collègues de travail y débutent.
La mère sera jugée sur les descendants qu'elle aura donnés à son mari, raison pour laquelle donner naissance à un garçon est indispensable. Le mari ne s'occupera pas de l'éducation de sa progéniture, sa responsabilité étant de pourvoir aux besoins financiers de son petit monde.
Les rapports entre une mère et son fils sont très forts, et très marquants de la place de l'homme dans la société et dans la vie d'une femme au Yémen. De même, la figure de la belle-mère possessive n'est pas une caricature mais une réalité de tous les jours, souvent mal vécue par les brus qui attendent à leur tour de donner naissance à un garçon qui équilibrera les rapports de force au sein de la famille.
La place des personnes âgées est au sein de la maison familiale ; le devoir des enfants est de leur procurer toute l'aide nécessaire à bien vivre leurs jours de retraite, en remerciement des années d'éducation reçues. Ce retour de balancier est naturel et accepté comme tel. Placer ses parents dans une maison de retraite serait vécu comme un abandon, une trahison.
La place de la famille est tellement importante que les amis proches sont qualifiés de termes équivoques : ce sera " Khali " ou " Ami " pour appeler l'ami de toujours du père, l'amie intime de la mère, les beaux-parents des frères et soeurs, etc. Ce terme est celui qui est utilisé pour parler de l'oncle et de la tante véritables.
Lors d'un mariage, la famille entière est présente, jusqu'aux plus éloignés des parents, car le sentiment d'appartenance à un clan ne permet pas d'oublier l'un de ses membres, au risque de provoquer des rancunes éternelles. Lors d'un décès, c'est toutes affaires cessantes que l'on accourt pour soutenir la famille endeuillée. Les condoléances sont un exercice indispensable, et l'on vient présenter sa sympathie, soit à la maison, soit dans des salons aménagés à cet effet près des mosquées. Pour ceux que l'éloignement a retenus, un " quarantième " est organisé : quarante jours après l'inhumation, une commémoration est organisée, généralement dans les mêmes lieux.
La famille est donc le " groupe social du devoir ", dont la structure forte sied à la plupart de la société, d'autant que ses valeurs sont affirmées par la religion musulmane, dont l'appartenance représente le " groupe social moral et spirituel ". L'individu y a une place réduite, mais le respect des valeurs familiales, tel qu'il a été inculqué aux enfants, fait que peu de revendications personnelles éclosent. Ce n'est que dans les milieux sociaux moyens supérieurs, et supérieurs que l'individu a la possibilité d'exprimer des choix personnels.
La tradition et la coutume font que, souvent, toute la famille vit dans la même maison, à moins que les moyens de l'aïeul ne lui permette d'acheter pour ses enfants, et parfois pour ses petits-enfants, un toit indépendant. Si la maison est très grande, un étage peut être consacré aux grands-parents, un autre étage aux parents, etc, selon les possibilités de chacun.
Le système de sécurité sociale mis en place par le Yémen du Sud, dont le Yémen unifié a repris les contours juridiques, est incomplet. N'a été prévue qu'une caisse de retraite pour laquelle l'employeur doit cotiser à hauteur de 6 % du salaire annuel de son employé. Comme aucune assurance maladie n'existe, l'employeur doit prendre à sa charge les frais médicaux de ses employés et verser à chacun, en guise de compensation, un mois de salaire par année travaillée au moment du départ de l'employé. Ceci ne vaut bien entendu que pour les salariés assez heureux pour avoir signé un contrat de travail, ce qui ne représente qu'un faible pourcentage de la population.
Les hôpitaux publics laissent rêveurs et l'accès à des soins de qualité est un défi à développer. Même à Sanaa et à Taizz, où sont les meilleurs hôpitaux du pays, la qualité des prestations est inégale. Cet enjeu est au programme de l'aide internationale qu'a demandée le Yémen.
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