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Le christianisme au Kenya

Le christianisme, sous des formes extrêmement variées, rassemble la majorité des Kényans pratiquants. On peut diviser cette population chrétienne en deux groupes : les protestants, et les catholiques. Sans compter les différents « sous-groupes » qui les composent : évangélistes, anglicans, luthériens, baptistes, adventistes du septième jour, quakers, presbytériens, méthodistes et catholiques romains, et bien d’autres encore...
Le christianisme s’est implanté au Kenya par l’intermédiaire des groupes et mouvements religieux qui existaient en Europe occidentale et en Amérique. Les chrétiens africains ont ainsi hérité des diverses structures et traditions importées de ces églises. Les différents groupes religieux ont cherché à fabriquer de parfaits anglicans, luthériens, baptistes, adventistes du septième jour, quakers, presbytériens, méthodistes, catholiques romains, etc., plutôt que de chercher à faire de leurs adeptes des disciples de Jésus-Christ.
Pour gagner des convertis, ces groupes se sont livrés à une propagande verbale et parfois même à des violences physiques. Les missionnaires étaient davantage soucieux d’évangélisation de terrain que de rencontre et de dialogue avec les religions et philosophies africaines. Au Kenya comme à peu près partout en Afrique, le christianisme est confronté à la multiplicité des églises africaines instituées ou églises autonomes ou séparatistes. Ce sont de petits groupes qui ont rompu avec les églises missionnaires et se sont coupés les uns des autres. En outre, le contrôle missionnaire euro-américain qui s’exerçait sur les convertis africains donnait à entendre que les Africains devaient rester sous tutelle tant en matière politique qu’ecclésiale. Les convertis africains ont donc cherché à fonder leurs propres églises, des églises libérées de la domination et du paternalisme missionnaire, et à intégrer le christianisme dans la religiosité africaine. Les Africains ont été grandement affectés par les changements religieux, socioculturels et politiques. Les églises africaines instituées ont donc voulu édifier des lieux où les Africains se sentiraient chez eux, et renouer les liens de la solidarité traditionnelle. L’insistance de ces églises se porte sur la révélation et la guérison, sur l’action de l’Esprit saint chez les individus et les communautés.

L’islam au Kenya

L’islam, en majorité de confession sunnite, représente environ 10 % de la population et est presque exclusivement concentré sur la côte Est où, au total, près d’un tiers des Kényans sont musulmans. La minorité chiite est davantage représentée par les peuples venus originellement d’Inde et du Pakistan. Même s’il représente une insignifiante proportion de la population, un mouvement chiite est cependant très influent au Kenya, ce sont les ismaéliens, les adeptes d’Aga Khan, qui envisagent l’islam sous une forme libérale (aussi bien en matière de mœurs que d’économie).
La plupart des musulmans du Kenya pratiquent une version modérée de l’islam. Cependant, les fondamentalistes wahhabites prennent aujourd’hui une place de plus en plus importante, notamment en ouvrant de nombreuses écoles coraniques (financées par l’Arabie saoudite).
Contrairement au christianisme, l’islam a adapté ses croyances religieuses et ses pratiques à la religion africaine lorsqu’il y avait similitude : par exemple, le concept d’un Dieu unique universel ; les êtres spirituels dont les anges, djinns et démons ; les pratiques en matière de divination et de magie. De fait, la pratique islamique encourage l’usage de la bonne magie. 

Les attaques terroristes récurrentes perpétrées par les shebabs de Somalie depuis 2008 ont entraîné une certaine défiance à l’égard des Kényans d’origine somalienne et des musulmans en général malgré les efforts du gouvernement pour lutter contre l’extrémisme religieux.

Religions traditionnelles africaines

Les Kényans pratiquent aussi l’une des religions traditionnelles que l’on regroupe sous « l’étiquette » animiste. Ceci concerne en particulier les Maasaï, les Samburu, les Pokot et les Turkana. On ne peut évoquer la question religieuse en Afrique sans parler d’organisation sociale et donc de relations entre les jeunes et les anciens, de relations avec la nature, de relations entre les sexes, de perception de la maladie, de l’acceptation de la mort, etc. Tous les aspects de la vie sociale africaine sont réglés par la religion. En l’absence de textes religieux écrits comparables à la Bible ou au Coran, les détenteurs de la tradition religieuse sont généralement les membres les plus âgés de la communauté, lesquels transmettent leur savoir oralement, le plus souvent sous la forme de contes et de proverbes.
Toutes les religions dont nous parlons ici reposent sur la croyance en un seul Dieu que l’histoire des religions définit comme l’Etre suprême. Ce Dieu-Créateur est à peu près identique dans toutes les religions africaines : après avoir créé le monde, ce Dieu s’en désintéresse et intervient rarement dans les affaires humaines. Il est le garant de l’ordre établi des choses, mais il n’y prend aucune part active et ne se soucie pas de l’humanité. L’Etre suprême est rarement l’objet d’une vénération ou d’un culte. Par exemple, Ngai, le dieu du peuple kikuyu, est censé s’être retiré sur le sommet du mont Kenya, où il ne prend aucune part active aux vicissitudes de ses créatures. Cependant, les Kikuyu tournent toujours le visage en direction de la montagne lorsqu’ils prient, en témoignage de respect. Le Dieu-Créateur est à la fois bon et méchant : le peuple le craint car ses rares actions peuvent être violentes, mais le peuple est aussi plein de gratitude pour sa générosité. L’Etre suprême est la figure la plus importante de toute une série d’êtres spirituels qui agissent en tant que médiateurs entre l’Etre suprême et les humains.

Le rôle des esprits

Dans les religions africaines, les divers esprits sont souvent plus importants que l’Etre suprême qui est perçu comme trop lointain. C’est vers ces esprits que le peuple se tourne pour formuler ses demandes. Il existe pour ces religions deux sortes d’esprits : ceux qui ne sont pas d’origine humaine et ceux qui, après avoir été des humains, sont devenus des « esprits ancestraux ». Les esprits d’origine non humaine sont souvent en rapport avec des lieux naturels, par exemple, les esprits des bois ou les esprits de la mer. Pour les Luo, l’un des esprits les plus actifs et les plus proches est l’esprit du lac. Ce qui s’explique par la proximité du lac Victoria sur les rives duquel les Luo habitent depuis longtemps. Les esprits de la nature n’ont pas une personnalité bien définie. Ils sont les gardiens du territoire sur lequel vit une population donnée et avec laquelle ils établissent des relations sociales complexes. D’autres esprits sont identifiés avec des phénomènes naturels, comme l’esprit du tonnerre, l’esprit du vent, l’esprit de la tempête, de la pluie, et ainsi de suite.
Toutes ces entités spirituelles, que certains experts définissent comme des « divinités secondaires », peuvent être bonnes ou mauvaises ou même avoir une nature ambivalente. Dans certains cas, elles sont amicales et bien disposées envers les humains, dans d’autres cas elles peuvent se montrer hostiles. Certaines interviennent rarement, d’autres sont omniprésentes dans la vie quotidienne. Certaines voyagent beaucoup, d’autres sont sédentaires. Chacune de ces entités occupe une place bien définie sur une échelle hiérarchique et leurs relations entre elles et avec les humains sont codifiées selon cette position hiérarchique.
Pour ces religions, certains esprits entrent en contact avec les hommes : c’est ainsi l’occasion d’états de transe ou de possession. Quelquefois, des familles entières d’esprits s’emparent périodiquement d’une personne et lui dictent son action pour le bien du clan ou de la communauté tout entière. Les ancêtres appartiennent naturellement à la deuxième catégorie d’esprits. La mort ne transformant pas automatiquement un parent en ancêtre, des rites précis sont nécessaires. Ils accompagnent en quelque sorte le défunt dans l’au-delà pour l’aider à assumer une nouvelle essence spirituelle. Ces rites consistent, entre autres, en « doubles funérailles » : dans ce cas, on s’attend à ce que, pendant un certain laps de temps, l’esprit du défunt soit mal disposé envers les vivants, jusqu’à ce que de secondes funérailles, avec toute une série d’offrandes et de prières collectives, le réconcilient avec sa famille.
Dans toutes les sociétés africaines, les liens entre les vivants et les morts sont très forts : il faut toujours respecter les morts et les apaiser au moyen d’offrandes de diverses natures. Ils gardent une ferme emprise sur la structure familiale et on redoute de provoquer leur colère. Les ancêtres représentent le lien le plus immédiat entre les vivants et le monde spirituel, ils sont en mesure de garantir la prospérité, la santé et la fécondité de leurs descendants. Au Kenya, la structure sociale des Kikuyu est le reflet du monde de leurs ancêtres, qu’ils appellent Ngoma, et parmi lesquels figurent les « Ngoma cia aciari », ou ancêtres immédiats.

Le lien communautaire

La religion africaine a toujours été totalement centrée sur la communauté, en son origine comme dans sa finalité. La religion africaine ne convertit pas les étrangers. Elle ne fait pas l’objet de la prédication d’un groupe à l’égard d’un autre groupe. Un individu doit être né dans un groupe ethnique africain spécifique pour pouvoir vivre la religion africaine dans ce groupe. Voilà pourquoi la religion prend des formes diverses en fonction de ses différents enracinements ethniques.
La religion africaine a une emprise très forte sur les gens. Même s’ils se sont convertis au christianisme ou à l’islam, ils n’abandonnent pas leur religion traditionnelle. Elle continue à les accompagner pendant des générations et des siècles. La religion africaine donne un sentiment de sécurité à ses membres et constitue une part essentielle de la vie du groupe ethnique. Elle régit toute la vie, en deçà de la naissance et au-delà de la mort.
La religion africaine n’a pas de doctrine écrite, elle se transmet de génération en génération par le biais de la tradition orale, des activités religieuses, des cérémonies, des fêtes, des rituels, des proverbes, des paroles de sagesse, des mythes et des exemples vécus.

L’hindouisme

Il représente une proportion infime de la population kényane, mais on peut voir quelques jolis temples à Mombasa, Nairobi ou encore Eldoret. Certains d’ailleurs sont très imposants. Ils sont généralement dédiés à Vishnu et certains appartiennent à la secte Swaminarayan. Les mouvements hindouistes sont cependant très nombreux, au point qu’il est difficile de tous les citer.