Guide de CAYENNE : Festivités
Le Carnaval de Guyane, plus long carnaval au monde, est l'évènement principal du département.
A travers les époques
Autrefois, le carnaval était organisé avec somptuosité par les familles ou des associations, dans des salles de bal ou les casinos. Le carnaval débutait par le gâteau ou le baptême des poupées.
Le gâteau, qui contenait quatre fèves au maximum, était coupé durant le week-end. Celui ou celle qui trouvait une fève dans sa part choisissait parmi les invités sa reine ou son roi et préparait avec elle ou lui le tirage de la semaine suivante. Les rois s'occupaient des boissons et les reines des gâteaux. Les tirages avaient lieu tôt et étaient accompagnés de bals à partir de 17h jusqu'à minuit.
Pour le baptême des poupées, on offrait des bouquets à trois couples au cours d'une danse et les danseurs choisis organisaient le bal suivant. Ces bals n'étaient pas publics, seuls y assistaient les invités après versement d'une cotisation. Jusqu'à environ 1939, on n'y invitait pas les femmes libres ayant un enfant ou vivant en concubinage. Un cavalier ne devait pas danser deux fois de suite avec la même dame afin d'éviter tout ragot. Les commissaires de bals, réputés sérieux et de bonne vie, étaient chargés de veiller à l'application de ces principes draconiens.
Les bals de famille se déroulaient dans la plus stricte intimité et la plus grande politesse, entre garçons et filles de 15 à 20 ans. Souvent, les mères accompagnaient leurs filles.
A partir de 1958, le carnaval, qui commençait à s'endormir, prit un élan nouveau. Le nombre de déguisés, qui avait diminué, redevint important. Les Guyanais de retour de Rio vont s'intéresser aux reines et aux rois qu'ils ont vus élire au Brésil. Les grands thèmes du carnaval vont prospérer. Tous les déguisements, anciens et modernes, vont s'affronter dans une lutte de prestige jamais encore connue en Guyane. L'année 1968 verra pour la première fois l'élection pittoresque d'une Miss Carnaval : Colette Ho Yeng Wa remporte le grand prix avec le thème de l'Indienne.
L'année 1970 offrira un riche éventail de déguisements. Outre le titre de Miss Carnaval, de nombreux prix y sont décernés : prix de l'exotisme, de l'audace, de la souplesse ou encore du comique. Les soirées se tenaient au Guyana Palace, au Balidéo, au Karfour et étaient organisées à l'époque par MM. Fabien Roubaud et Alexandre Baulane. Ces soirées étaient de grands moments de créativité et de fantaisie. Au fil du temps, Vaval poursuivit sa carrière. Si certains de ses aspects changeaient, la tradition, elle, se perpétuait d'année en année, à la même époque.
Le carnaval guyanais commence donc le premier dimanche suivant l'Epiphanie et se déroule tous les dimanches, à partir de 16h, dans les rues de Cayenne et les communes de Guyane, jusqu'au mercredi des Cendres. Et c'est sur les " piké, piké jouk " des Mécènes, Blue Stars, Blue Birds, V80 et bien d'autres que les touloulous, hautes en couleur, choisissent aujourd'hui leurs cavaliers-danseurs, dans les dancings locaux où l'ambiance est de charme et de mystère.
Carnaval, d'où viens-tu ?
Il est certain que Vaval était une fête antérieure au christianisme. L'expression carne levare signifie " supprimer la chair ". Elle concerne la période où l'on s'apprête à interdire la viande, que l'on va consommer une dernière fois pendant les trois jours gras : les dimanche, lundi et mardi gras, avant d'entrer, le mercredi des Cendres, en Carême, qui durera quarante jours jusqu'à Pâques et pendant lesquels on devra s'alimenter de cuisine très maigre. Les noms donnés au carnaval étaient nombreux chez les ancêtres. Le terme de " carnaval " contient les deux racines latines caro, carnis qui désignent la viande, la chair. Selon les Français, " carnaval " est un mot français. Quant aux Espagnols, ils prétendent qu'il vient d'Espagne et il en est de même pour les Italiens !
Acteurs, costumes des défilés et bals
Touloulous. Personnages a priori féminins, mystiques et garants de la tradition carnavalesque, entièrement masqués, les touloulous rivalisent d'imagination dans leurs toilettes chatoyantes. D'après certains linguistes, le terme de " touloulou " viendrait du nom donné par plaisanterie aux soldats d'infanterie de marine (cantonnés à Cayenne au XIXe siècle) : les trouloulous, devenus en créole touloulous. Une règle sacrée veut que les touloulous restent anonymes, muettes ou déguisent leur voix, et que leur règne soit seulement nocturne. Reines d'un soir ou d'une saison, elles sont la figure emblématique du carnaval. Leur beauté, leur charme, leur jeu de séduction, leur mystère font quelquefois d'elles celles par qui le scandale conjugal arrive, lors des bals du samedi soir...
Jé farin. Coiffés d'un haut bonnet blanc pointu de fée et portant un tablier contenant de la farine, ils saupoudrent volontiers les enfants qui les défient, provoquant ainsi des rires et parfois de la crainte. Ils devancent la bande de touloulous et symbolisent la pureté, le renouveau de la nature, la joie et la gaieté.
Bobis. Issus de l'imagination populaire, ils ont une allure d'ours sauvage. Vêtus d'un sac de riz beige, ils sont souvent accompagnés d'un dresseur, retenus par une corde et quelquefois fouettés s'ils refusent de danser sur le rythme de la musique. Les bobis amusent et effraient les enfants.
Balayeuses. Foulard de madras sur la tête, vêtues de robes bleues, les balayeuses, un balai traditionnel à la main, font, elles aussi, partie du carnaval guyanais.
Bef volo bef. Issu du sacrifice du veau gras, le bef volo bef porte un déguisement de boeuf, avec une robe noire et des cornes menaçantes. Il vagabonde dans les rues accompagné de son maître qui le tient en laisse. Son allure grave et impressionnante contrastait nettement autrefois avec les costumes joyeux des Pierrot, Domino, Arlequin, etc.
Coupeuses de canne. Leur tenue, qui caractérise les travailleurs et les coupeuses de canne, un sabre d'abattis dans une main et une canne dans l'autre, rappelle les ancêtres à l'époque de l'esclavage dans les champs de canne. Ils dansaient et chantaient au labeur sur le rythme des tambours.
Anglé bannan. Caricature amusante du costume que portaient les Anglais autrefois à Cayenne (redingote, queue-de-pie...). Très stylé, ce personnage burlesque déambule encore dans les rues pendant le carnaval. Il est coiffé du haut-de-forme et porte la queue-de-morue, la redingote ou la lévite.
Nèg'marrons. Représentation symbolique de l'esclave, ils défilent chaque dimanche et constituent le service d'ordre interne des touloulous. Ils sont chargés de faire de la place afin de laisser ces dernières évoluer dans les rues de la ville. En effet, ces Nèg'marrons, simplement vêtus d'un kalimbé (pagne amérindien de couleur rouge), s'enduisent le corps d'un mélange de suie et d'huile et, pour que leur bouche soit colorée, mangent du roucou (poudre d'une graine du même nom, souvent utilisée par les Indiens pour se protéger des moustiques et servant également d'épice en cuisine). Tenant entre leurs lèvres le fruit d'un palmier aux épines noires, l'aouara, ils courent et dansent dans tous les sens.
Vidangeurs. Ils représentent les personnages de la vie guyanaise apparus au temps du bagne. A cette époque, entre minuit et le soleil levant, les bagnards " privilégiés " passaient vider les tinettes (sanitaires) des maisons bourgeoises de la ville de Cayenne. Les vidangeurs marchaient à côté d'une charrette tirée par un boeuf ou un zébu. Pendant le carnaval, ces vidangeurs sont habillés en bagnards.
Sousouris. Personnages déguisés en chauves-souris. Leur tête triangulaire et leur costume bigarré leur donnent une allure gaie. La chauve-souris des temps jadis était entièrement vêtue de noir, mais la bourgeoisie guyanaise, dans ses bals et réceptions, raffolait des costumes de satin chatoyants. C'est ainsi que la sousouris a adopté le costume d'Arlequin.
Lanmò. Symbolisant les âmes des morts qui errent sur terre, les lanmòs portent un déguisement représentant la mort, un squelette sur une tenue blanche, entourant les spectateurs de leur cape tout en dansant.
Les grosses têtes. Considérés comme des martiens silencieux qui viennent des espaces intersidéraux, ils sont une illustration de l'intense lutte pour le prestige opposant le carnaval moderne à son rival, le carnaval traditionnel.
Touloulous sales. Groupes improvisés ou de solitaires, chacun habillé dans un style qui lui est propre, et qui se mêlent au défilé entre les groupes structurés. Leur originalité est très appréciée par la foule.
Djad dan bwet. Elles représentent des hommes déguisés en vieilles femmes laides, sortes de sorcières alliées au diable et messagères de mauvais augure. Elles se promènent avec une petite boîte contenant un secret qui concerne quelqu'un dans la foule des spectateurs, secret qu'elles menacent de révéler.
Zombi baré yo. Personnages de légendes créoles, le zombi est un diable hantant les maisons, les rues. C'est un esprit qui prend l'apparence d'un être humain venant perturber les vivants. Pendant le carnaval, ces zombis, déguisés et en bandes, cernent les carrefours avec une corde autour de laquelle ils font la ronde en sifflant.
Commissaire du bal. Lors des bals entre amis et familles, le commissaire était chargé de veiller à ce que les deux partenaires ne dansent pas plus d'une fois ensemble. Le cavalier fautif pouvait recevoir un avertissement.
Règles du jeu carnavalesque
En 1885, pour institutionnaliser cette manifestation populaire, un arrêté municipal (arrêté n° 13 du 22 janvier 1885) définissait les mesures d'ordre à observer pendant les divertissements du carnaval.
Ainsi, il est entre autres interdit de paraître masqué avant midi, de porter un déguisement de nature à troubler l'ordre public. Encadré, le carnaval doit rester un moment de festivités et de respect.
Rites et moments forts
Le vidé. L'apothéose ! Après toute grande manifestation en salle, le vidé est de tradition. Vers 5h du matin, c'est un moment attendu par tous les danseurs pour se donner le bras au rythme d'une musique endiablée. A ce moment-là, dans les années 1880 et jusqu'en 1950, l'orchestre quittait la salle ou le dancing, à pied, pour parcourir les rues principales de la ville, suivi d'une foule délirante. Aujourd'hui, le vidé du matin ou de l'après-midi garde son caractère traditionnel, mais s'effectue en camion aménagé pour l'orchestre afin de rassembler les groupes de touloulous qui ont défilé l'après-midi dans les rues.
Nou maye kan menm. Le lundi gras est le jour des mariages burlesques et factices, parodiés en bonne et due forme, avec maire, curé et progéniture. Ces couples, qui défilent dans les rues, sont curieusement composés d'hommes déguisés en mariées, habillés, maquillés et fardés comme elles, et de femmes habillées en... hommes ! Ce jour-là, on célèbre le mariage de Vaval !
Djab'la ka pissé. Ce jour de mardi gras, Satan est personnifié par ses diables rouges. Ils règnent dans la ville. Les touloulous sont vêtues de rouge et de noir, parfois affublées d'une corne et d'une queue.
Vaval ka kité nou. Les diablesses défilent en pleurant la mort de Vaval ou Boiboi (mannequin de petite taille qui sera mis à mort), pour s'être amusé sans vergogne, pour avoir chanté et dansé dans les rues, pour sa démesure, pour ses effronteries, ses friponneries et pour ses refrains irrévérencieux. Mais sa résurrection est déjà prévue, pour le début du mois de janvier de l'année suivante.
Les universités du samedi soir. Nana et Polina à Cayenne, le Grand-Blanc à Macouria, la Matadò à Kourou, l'Hôtel du Fleuve à Sinnamary et chez Cresson (La Paillote) à Saint-Laurent-du-Maroni sont des lieux légendaires de réjouissances carnavalesques. Ces institutions ne fonctionnent que les samedis soir pendant la période du carnaval ainsi que les jours gras. Le principe est simple : les touloulous choisissent leur cavalier dans la foule d'hommes présents qui sont à leur disposition. Il est de bon ton de rafraîchir la touloulou après deux ou trois danses en lui offrant une boisson. Mais attention : il ne faudra jamais tenter de la démasquer car son anonymat est son bien le plus précieux. Au fur et à mesure que passent les jours carnavalesques, l'ambiance est de plus en plus chaude. Selon certaines rumeurs, quelques touloulous n'appartiendraient pas toujours au sexe faible. Surprises ! Les bons danseurs, connus sur la place, font l'objet de très fortes convoitises qui conduisent parfois les touloulous à utiliser la manière forte pour s'imposer face à leurs rivales... Comme tous les lieux légendaires qui se respectent, les universités du samedi soir ont leurs héros. Infatigables musiciens, ils sont l'âme des dancings, et leur meilleur fonds de commerce ! Les plus célèbres ont pour nom les Mécènes ou Blue Stars. Au rythme de la mazurka et de la biguine, de la rumba et de la valse, novices et experts se lancent dans des corps à corps de plus en plus endiablés.
Chaque ville ou village fête dignement son patron, l'occasion pour les visiteurs de faire la fête.
Février : nouvel an hmong, Cacao et Javouhey.
14 juillet : Mana.
3 août : Tonate-Macouria.
8 août : Roura.
10 août : Saint-Laurent-du-Maroni.
10-11 août : Roura.
12-15 août : Saint-Georges.
13 août : Ouanary.
17 août : Saül.
24 août : Maripasoula.
25 août : Montsinéry-Tonnegrande.
27 août : Iracoubo.
8 septembre : Rémire-Montjoly.
17 septembre : Sinnamary et Saint-Elie.
Fin septembre : Matoury (Tous les deux ans)
15 octobre : Cayenne.
30 octobre : Kaw.
25 novembre : Kourou.
26 décembre : Régina.
Il y a d'autres événements qui méritent toute notre attention tels que la fête des Morts (1er novembre) qui illumine les cimetières de milliers de bougies ; Pâques est l'occasion de goûter au fameux bouillon d'awara.
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