Guide de Belgique - Wallonie : Arts et culture

Après l'indépendance, il aura fallu plusieurs dizaines d'années pour que les artistes belges se libèrent des influences étrangères. Selon certains experts, cette indépendance serait due en partie à la présence à Bruxelles de Louis David, exilé de Paris, et surtout de son élève François-Joseph Navez qui est nommé directeur de l'académie des Beaux-Arts de Bruxelles en1830. Parmi les artistes francophones majeurs, Félicien Rops (1833-1898) et ses gravures érotiques et Constantin Meunier (1831-1905) à la fois peintre et sculpteur de la vie des ouvriers. Avec le 20^e siècle, la Belgique allait connaître des géants de la peinture. Que serait devenue l'Ecole du Surréalisme sans René Magritte et Paul Delvaux ? Autre école, le mouvement COBRA (Copenhague-Bruxelles-Amsterdam) dont le peintre Pierre Alechinsky est l'une des figures de proue. Parmi les artistes wallons et bruxellois renommés à l'étranger, les peintres Roger Somville et Jean-Michel Folon, les sculpteurs Olivier Strebelle, Pol Bury ou Ianchelevici (d'origine roumaine), le " passeur de lumière " Bernard Tirtiaux et puis tous ceux qui nous en voudront pour ne pas avoir été cités...

La Wallonie est depuis toujours une terre d'élection pour les métiers d'art : la céramique, la tapisserie, l'orfèvrerie, le textile et la dentelle, la sculpture sur bois, le vitrail, le travail de la pierre et la reliure firent ou font encore la renommée de ses artisans. Les métiers d'art contemporains en sont les dignes successeurs. On peut citer entre autres :

La Dinanderie, c'est-à-dire le travail du cuivre, fut pratiquée au début du 11^e siècle dans la vallée de la Meuse, d'abord à Huy puis à Dinant (ville d'où cette discipline tire son nom). Elle est probablement à l'origine d'une importante tradition d'orfèvrerie liturgique qui se répand dans tout le pays mosan et produit des châsses, reliquaires, croix, reliures d'une grande richesse.

La Dentelle de Binche. S'il souffre de méconnaissance face à la dentelle de Bruges ou de Bruxelles, le " point de Binche " est pourtant considéré comme le plus fin et le plus difficile au monde à réaliser. Cette dentelle à fil continu a connu sa période faste dans la première moitié du 18^e siècle. L'industrie dentellière binchoise a été florissante jusqu'à la fin du 19^e siècle, période à laquelle la ville comptait plus de 1 800 dentellières pour une population totale de 6 000 habitants ! Les industries textiles naissantes et nombreuses dans la région sonneront le glas de cet artisanat si spécifique. En 1912, il ne restait que quatre ou cinq dentellières. En 1950, les autorités communales manifestèrent le besoin de préserver ce fleuron. Elles s'attachèrent les services de Nelly Robe (décédée en 1971), la dernière artisane formée par ses aïeules. Celle-ci devint le premier professeur d'une école reconnue par l'Etat, la seule en Wallonie donnant accès au métier de dentellière aux fuseaux et est riche de 130 élèves environ. La formation y dure cinq ans et elle accueille de nombreuses élèves venues de l'étranger... jusqu'au Japon !

Le Grès de La Roche-en-Ardenne. La tradition rochoise du travail de l'argile pour façonner des objets usuels remonte à des temps ancestraux. C'était déjà le cas lorsqu'en 1878, la famille Kalb créa les Grès Bleus de La Roche. L'activité devint toutefois désuète, au fil des ans et d'une vie qui se modernisait. Les grès de La Roche étaient même quasiment tombés dans l'oubli, un siècle plus tard, en 1977, quand Jules Jacqmard reprit les commandes de l'entreprise. Enfant du pays, le nouveau patron comprit très vite qu'il lui était nécessaire de diversifier et de recentrer l'activité. Le renouveau passa donc par la création d'un atelier-musée, permettant aux jeunes générations de voir le travail du potier tout en continuant une petite production. Jules Jacqmard décida également de s'orienter vers la création d'objets d'art et de décoration, dans le souci de la tradition des grès.

La Poterie de Bouffioulx. A Bouffioulx, dans la commune de Châtelet, la fabrication de poteries en grès vernissé au sel date du 13^e siècle. On trouve cependant des traces d'une activité plus rudimentaire dans la région depuis l'époque romaine. La qualité de l'argile locale a permis l'installation de plusieurs manufactures de poteries utilitaires, principalement destinées à la conservation d'aliments et à la vaisselle. Avec l'arrivée de la faïence et de la porcelaine, la vaisselle en terre cuite - décorée ou non - fut délaissée dès le 19^e siècle. Mais les potiers de Bouffioulx se reconvertirent dans la fabrication de pots à conserve et de tuyaux en grès... jusque dans les années 1960. Aujourd'hui, trois familles de potiers se consacrent essentiellement à la création d'objets décoratifs ou de la vaisselle d'agrément. Parmi ceux-ci, Bernard Dubois dirige avec sa famille la 13^e génération de potiers de père en fils et en fille. Soit depuis plus de 400 ans ! Les trois entreprises sont à l'origine de la Maison de la Poterie, créée en 2002.

Les objets en étain des Potstainiers hutois (Huy). Au début du 20^e siècle, le travail de l'étain, un peu délaissé, va retrouver, au départ de la région hutoise, une seconde jeunesse. En 1925, s'ouvre un premier atelier et en 1949, les Potstainiers hutois sont fondés : l'art de l'étain sera mondialement reconnu pour la qualité de ses finitions.

Il fut un temps où la BD était considérée comme une forme d'expression très mineure. Pour les âmes bien nées de cette époque, la bande dessinée ne valait pas plus au niveau artistique que la réclame. Au lendemain de la guerre 1940-45, la Wallonie allait être au centre de ce nouveau mouvement artistique en Europe. Toute une littérature existe au sujet de la bande dessinée " made in Belgium ". Disons simplement qu'il existe deux grandes Ecoles liées à deux publications. L'Ecole de Bruxelles (Tintin) et celle de Charleroi ou plus exactement de Marcinelle (Spirou). Dans la première, c'est l'influence d'Hergé qui prime avec la technique de la ligne claire. Parmi les auteurs les plus connus : Jacques Martin (Alix, Michel Lefranc), Bob De Moor (collaborateur d'Hergé sur plusieurs albums), François Craenhals (les 4 As, Chevalier Ardent), Jean Graton (Michel Vaillant), Edgar P. Jacobs (Blake et Mortimer), Paul Cuvelier, etc.

A Charleroi, ce sont les Jijé (Spirou, Valhardi), Jean-Michel Charlier (Blueberry), Sirius (Timour), Peyo (Les Schtroumpfs, Johan et Pirlouit), Morris (Lucky Luke), Roba (Boule et Bill) et naturellement André Franquin (Spirou et Fantasio, Marsupilami et Gaston Lagaffe). Ces beaux héros immortels sont désormais de fringants quinquas ou sexagénaires ! De nombreux " jeunots " sont aussi natifs de Charleroi : Les Tuniques Bleues, l'Agent 212, Cédric, Pierre Tombal, les Femmes en Blanc, le Marsupilami ou encore Kid Paddle. Les deux villes rendent hommage à leur façon au 9^e art : par de grandes fresques peintes sur les murs à Bruxelles et par d'étonnantes statues " plus grandes que nature " disséminées un peu partout dans la ville à Charleroi.