Découvrez Djibouti : Les enjeux actuels

La situation politique et économique de Djibouti demeure principalement liée à la position stratégique du territoire. Le pays est devenu un hub militaire et humanitaire et s'assure ainsi de confortables recettes budgétaires. L'activité commerciale (port et banques) et la rente militaire sont les deux sources de richesse. Mais tout cela reste assez fragile, dépendant de la situation internationale, des fonds étrangers. Oasis de paix au milieu d'une zone de conflit, Djibouti tire bien son épingle du jeu et multiplie les investissements. Le rapprochement avec l'Éthiopie et l'arrivée de la Chine restent déterminants pour le développement actuel et à venir du pays. Actuellement, l'économie de Djibouti évolue et progresse. Mais qui dit développement, dit besoin en énergie et en eau de plus en plus importants. Si la ligne d'interconnexion électrique avec l'Éthiopie tend à régler le premier problème, celui de l'eau reste un défi majeur.

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Croissance économique au beau fixe

Dépourvu de richesses naturelles, Djibouti mise sur sa situation géostratégique exceptionnelle. Selon un rapport de la Banque mondiale, malgré une conjoncture internationale difficile en raison de la crise sanitaire de 2020, avec des taux de croissance frôlant le plancher, Djibouti enregistre un fort rebond de croissance en 2023 (7 %). Le pays présente l'intérêt d'être situé sur l'un des corridors maritimes les plus denses au monde qui contrôle l'accès à la mer Rouge. Le pays a donc misé sur des projets d'infrastructures portuaires ambitieux. Le nouveau port en eaux profondes de Doraleh s'impose désormais comme l'un des plus performants de la région. Malgré les perturbations du transport maritime en mer Rouge, l'activité de transbordement au port de Djibouti est à la hausse en mars 2024 avec une augmentation de 39 % du volume de conteneurs traités. Le chemin de fer entre Djibouti et Addis-Abeba, qui ne fonctionnait plus depuis 2010, et remis en service en janvier 2018, contribue largement à cette croissance. Djibouti rêve de devenir un hub global de fret aéro-maritime, une plaque tournante du fret en Afrique. En janvier 2021, la signature d'un accord tripartite entre les compagnies aériennes Ethiopian Airlines, Air Djibouti et le port de Djibouti assoit cette ambition. L'entrée en service de la Zone franche internationale de Djibouti (2018) ainsi que le port minéralier de Goubet (2017) et celui de Tadjourah (2017), prolongé par le corridor routier reliant Balho, poste frontalier avec l'Éthiopie, renforcent le tout. Environ 30 % des navires de commerce mondiaux transitent par les eaux djiboutiennes, le pays n'a donc pas de mal à attirer les investisseurs étrangers dans les secteurs du transport et de la logistique.

Un cinquième mandat

« Paix intérieure et bonne gouvernance » : tels sont les préalables de l'action politique, selon les mots de M. Ismaïl Omar Guelleh, président de la République de Djibouti, depuis 1999. Réélu en 2016, avec 86,68 % des voix dès le premier tour, Ismaïl Omar Guelleh ne lâche pas la barre. Le bilan économique et diplomatique semble satisfaisant, mais il reste encore beaucoup à accomplir sur le plan social (concernant le logement et l'emploi notamment, le taux de chômage n'arrivant toujours pas à descendre sous la barre des 50 % et 70 % chez les moins de 30 ans). Au sein de l'opposition, les appels au boycott se multiplient et les attaques menées par le groupe armé FRUD, sur différents sites de Tadjourah, en janvier 2021 dans le nord-est du pays, n'ont fait que tendre un peu plus l'atmosphère. Aucun candidat de l'opposition ne sera présenté. Ismaïl Omar Guelleh est réélu en avril 2021 avec 98,58 % des voix.

Une région instable

Somalie, Soudan, Yémen, Éthiopie, Érythrée... Djibouti est au cœur d'un arc de crise qui s'étend du Sahel au Moyen-Orient. Le pays joue la carte de la stabilité, dans un jeu diplomatique périlleux avec ses voisins directs. Dans le conflit qui sévit au Yémen depuis 2015, Djibouti apporte son soutien politique à la coalition menée par l'Arabie saoudite. Le pays abrite plus de 70 000 réfugiés et demandeurs d'asile originaires de la Corne de l'Afrique (UNHCR 2023), des milliers d'Éthiopiens qui transitent chaque année par Djibouti, à pied, pour tenter de rallier l'Arabie saoudite, en traversant le Yémen en guerre. Le détroit de Bab el-Mandeb, qui sépare Djibouti du Yémen, fait l'objet d'un trafic de migrants et de réfugiés dans les deux sens. Avec l'Éthiopie, les liens se resserrent autour des intérêts économiques et de développement mutuels, mais la paix entre l'Éthiopie et l'Érythrée pourrait représenter une menace pour sa prospérité économique et l'utilisation de ses infrastructures portuaires. Dans ce contexte, Djibouti entend également normaliser ses relations avec l'Érythrée depuis quelques années. Mais la région est de nouveau destabilisée en 2024, avec l'annonce de l'accord maritime entre l'Éthiopie et la république autoproclamée du Somaliland, le 1er janvier 2024. La bataille d'Addis-Abeba pour obtenir un accès direct à la mer Rouge provoque de vives turbulences. Le Somaliland n'étant pas reconnu comme un état indépendant par la communauté internationale, la Somalie voit sa souveraineté piétinée. S'ensuit une dangereuse escalade militaire entre l'Éthiopie et la Somalie. Une guerre froide s'installe.

Au centre, Djibouti, petit pays à haute valeur stratégique, est un peu comme l'œil du cyclone, terre de paix et de médiation au cœur d'une région tourmentée.

Le défi électrique

La mise en service de la ligne d'interconnexion électrique avec l'Éthiopie en mai 2011 – l'idée du projet était née en 1985 ! – a radicalement changé la donne, diminuant ensuite considérablement la facture. Mais l'Éthiopie, dont 95 % de l'électricité provient de barrages hydrauliques, traverse aussi une crise énergétique qui a des répercussions sur l'approvisionnement en électricité de ses voisins. Les périodes de sécheresse sévères qui affectent le niveau d'eau ont en effet entraîné un déficit de production et des phases de rationnement poussant même l'Éthiopie à suspendre ses exportations. Au regard de la demande interne djiboutienne croissante, le pays souhaite donc sécuriser une source nationale de production. La géothermie et l'éolien pourraient être privilégiés, une des ambitions de Djibouti étant de fonctionner avec une énergie « 100 % verte ». Du moins cela représenterait un bon moyen de pallier le déficit énergétique. Djibouti inaugure son tout premier parc éolien en 2023 (387 hectares - l'équivalent de 700 terrains de football), dans la région du Ghoubet. En revanche, concernant la production d'énergie géothermique, tout reste à faire. Le projet, par ailleurs, de construction d'une centrale solaire photovoltaïque de 30 MW dans le désert de Grand Bara, porté dans un premier temps par le groupe français Engie, puis par l'émirati Amea Power depuis 2023, devrait participer à plus d'indépendance énergétique.

L’eau, une priorité nationale

Djibouti dispose de ressources en eau parmi les plus faibles au monde, dont l'essentiel provient de nappes aquifères volcaniques. Or les besoins croissants en eau ont entraîné une exploitation intensive de ces ressources souterraines, surexploitées et aujourd'hui menacées par des phénomènes d'intrusion saline. Leur niveau et leur qualité ont globalement chuté. Les sécheresses répétées, la croissance démographique et le développement d'infrastructures nécessitant beaucoup d'eau ont aggravé la situation. Le ministère de l'Hydraulique et de l'Office National de l'Eau et de l'Assainissement de Djibouti (ONEAD) pose désormais le développement du secteur de l'eau comme une priorité nationale. Plusieurs projets d'ampleur ont ainsi été mis en œuvre, notamment la réalisation d'une adduction en eau potable entre l'Éthiopie et Djibouti et la construction d'une station de dessalement à Doraleh, qui à terme devrait lui permettre de couvrir 60 % des besoins de la capitale djiboutienne. Toutefois, l'accès à l'assainissement reste inférieur à 30 % en dehors de la capitale et malgré les efforts fournis pour mettre sa population à l'abri de la soif, la question de l'eau reste centrale pour Djibouti. Le pays figure déjà dans la liste des vingt pays les plus touchés par la pénurie d'eau dans un monde où la raréfaction des ressources hydriques ne fait qu'augmenter. Dans ce contexte, l'Union européenne et l'Agence française de développement (AFD) se sont engagées à hauteur de 40 millions d'euros, aux côtés du ministère djiboutien de l'Économie et des Finances en charge de l'Industrie, afin d'améliorer les conditions d'accès à l'eau et à l'assainissement à Djibouti. Cet accord s'inscrit dans le cadre de la Team Europe initiative « Djibouti propre et prospère à l'horizon 2027 ».

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