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Le lac Assal © benedek - iStockphoto.com.jpg
Formations rocheuses vers le lac Abbe ©  Alexander - stock.adobe.com.jpg
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Carrefour de la Corne de l’Afrique

Le territoire de Djibouti s’étend sur 23 200 km2. Il partage 520 km de frontières terrestres avec l’Ethiopie (vaste Etat, mosaïque de peuples et de langues), l’Erythrée (le plus jeune Etat africain) et la Somalie (vaste steppe et population musulmane). Avec ses 370 km de côtes, les eaux territoriales recouvrent 7 190 km2. Djibouti se trouve approximativement à mi-distance entre l’équateur et le tropique du Cancer, entre mer Rouge et golfe d’Aden (océan Indien).

La zone de dépression afar

Au centre de cette zone de la dépression afar, on trouve le lac Assal et le Goubet, un territoire émergé seulement temporairement. Ils marquent le centre d’une zone de « conflit » entre les plaques africaine et arabique, qui peu à peu s’écartent l’une de l’autre, à un rythme de 2 cm par an environ. Ici, l’écorce terrestre est extrêmement fine, puisqu’elle ne mesure que 5 km d’épaisseur, contre plusieurs dizaines ailleurs sur la planète. L’activité sismique permanente se traduit par des secousses (de 20 à 30 par jour) imperceptibles pour l’homme. Certaines, plus importantes, ont formé le volcan Ardoukoba (en 1978), entre Assal et le Goubet, ou encore le Kammourta, au nord-ouest du pays, en 1928. L’activité sismique se perçoit aussi grâce à la présence d’autres volcans, des sources d’eau chaude et des fumerolles (Assal, Abbe, Allols)... Au cours de l’éruption de l’Ardoukoba, la terre se fendit, les plaques s’écartèrent de 1,20 m et une faille de 12 km se forma.
 L’écartement des deux plaques agit dans trois directions différentes : l’axe de la mer Rouge entre Arabie et Afrique qui part de Djibouti et remonte jusqu’en Syrie ; l’axe du golfe d’Aden, qui longe les côtes du Nord somalien et sépare Somalie et Yémen ; enfin l’axe le plus long, le plus connu, le plus spectaculaire (car terrestre et ponctué de nombreux volcans actifs), celui du fameux rift africain, qui va du Mozambique au lac Abbe. Vous êtes donc ici à la jonction de trois axes de fracture. Et la dépression afar, terre triangulaire s’étendant entre Djibouti, l’Erythrée et l’Ethiopie, est finalement le seul point d’attache demeurant entre les plaques arabique et africaine. Djibouti constitue une aubaine pour les passionnés de géologie, puisque ici les conséquences des mouvements sont visibles, terrestres. Quand ailleurs dans le monde le phénomène est sous-marin, ici la faille sort de l’eau.

Un paysage minéral et aride

Minéral et aride, tels sont les deux principaux caractères du paysage. En parcourant Djibouti, on contemple la pierre sous toutes ses formes et toutes les couleurs. Le pays se divise en trois grandes zones : les plaines littorales, les zones volcaniques au centre et au sud, et les massifs montagneux au nord. Le pays ne compte aucun cours d’eau permanent. Pour boire, il faut creuser. Les villes les plus importantes sont bâties près d’oasis (Dikhil par exemple) ou de puits souvent très anciens. Ainsi, Djibouti a été en partie choisie par les Français pour les importantes ressources en eau du sous-sol (contrairement à Obock). Les lits à sec des oueds se remplissent, rarement, lors de brèves et très violentes pluies d’orage. Mais leurs eaux atteignent rarement la mer. Après la pluie, la nature fait brièvement la fête : les herbes et fleurs pointent entre les cailloux, les arbustes semblent prendre d’un coup quelques centimètres, les oiseaux chantent encore plus fort.
Cependant, bien que le pays soit minéral et aride, les paysages ne sont pas monotones. Ici le désert (ou le semi-désert) est multiple : étendues limoneuses impressionnantes (Grand et Petit Bara), ancien fond de lac préhistorique devenu plaine caillouteuse (Gobaad), côtes plates et désolées au nord d’Obock, coulées de lave figées (Ardoukoba), dépressions salées (les Allols, approvisionnés en eau de mer par des fractures souterraines), banquise de sel (lac Assal)...

Au cœur, le golfe de Tadjourah

Le pays est structuré par le golfe de Tadjourah, qui s’enfonce loin dans les terres, d’est en ouest, et forme une bouche qui semble vouloir croquer les îles Musha (au large de Djibouti-Ville). Le golfe de Tadjourah se prolonge, tout au fond, par le Ghoubbet al-Kharâb, dont il est séparé par un dangereux détroit : Namma Noum Sehima. C’est ici le début d’une zone d’intense activité sismique, la « base » du futur océan érythréen qui un jour sera aussi vaste que l’Atlantique. Des îles volcaniques occupent le fond du Goubet. Un peu plus à l’ouest, la dépression du lac salé d’Assal (-157 m) marque le point le plus bas du continent africain. La zone qui sépare Assal et le Goubet offre de superbes paysages volcaniques : failles, crevasses, coulées de lave solidifiées qui plongent dans la mer ou s’étalent entre les reliefs. C’est ici qu’est né le volcan Ardoukoba, en 1978.

Les plaines du Sud

Une grande partie sud du pays est constituée de dépressions parallèles, cernées par des plateaux aux sommets tabulaires. Deux espaces quasiment plats donc, mais à des niveaux différents (séparés par des falaises basaltiques plus ou moins marquées), qui tout deux ont longtemps favorisé la progression des caravanes des nomades. La plus grande de ces plaines est celle d’Hanlé, qui s’étend au nord de Dikhil, et que suit la route N1. A l’est de celle-ci, on trouve Gaggadé, une autre plaine, plus spectaculaire car plus étroite et cernée par des falaises basaltiques. Entre Dikhil et le lac Abbe, la plaine de Gobaad apparaît caillouteuse et sombre. Elle formait jadis une immense étendue d’eau. On y trouve souvent des fossiles d’animaux marins, mais aussi les plus anciennes traces d’occupation humaine du pays. Le lac Abbe marque la limite nord du rift africain. Ses cheminées de calcaire, ses sources d’eau bouillante témoignent d’une intense activité souterraine. Les reliefs les plus marqués de cette partie sud sont Arta et Ali Sabieh (750 m) et les monts Dadin (plus de 1 000 m) et Arrey (1 285 m) à la frontière éthiopienne et somalienne. Djibouti, Dikhil et Ali Sabieh sont les villes principales de cette zone sud, assez bien desservie par la route et traversée par le rail.

Au Nord, par monts et mangroves

Au nord du golfe de Tadjourah s’étendent deux massifs constituant les zones les plus fraîches du pays. Les monts Goda (et le Day) culminent à 1 750 m ; les Mablas atteignent 1 382 m. La couverture végétale y est beaucoup plus importante et spectaculaire que dans le reste du pays. La forêt du Day, par exemple, est une forêt méditerranéenne primaire et témoigne de la flore qui couvrait l’Arabie ou le Sahara il y a 4 000 ans. L’humidité permet le développement d’une végétation plus dense et plus haute qu’ailleurs. Elle est due aux pluies, plus fréquentes qu’ailleurs (mais tout de même assez rares) et surtout aux nuages et brouillards humides qui s’accrochent aux reliefs. Enfin, tout au nord, à la frontière érythréenne, se dresse le Moussa Ali, le point culminant du pays (2 020 m). A son pied pousse la troisième forêt du pays, la plus petite et la plus isolée, celle de Madgoul. Toute cette zone n’est sillonnée que par quelques pistes et chemins. Des campements, des villages s’éparpillent çà et là. Les grandes villes, Tadjourah et Obock, ont préféré la côte. Au nord d’Obock, des bancs coralliens bordent tout le littoral entre le cap Ras Bir (près d’Obock) et Doumeira (à la frontière érythréenne). On y trouve de belles mangroves : Godoria, Ras Syan, Khor Angar. La côte est ici basse et sablonneuse. Cette platitude se confirme vers l’ouest sous la forme d’une vaste plaine parcourue par des dizaines de lits d’oued à sec. Cette zone est la plus proche de Bab el-Mandeb, là où la mer Rouge et l’océan Indien se rencontrent.
 L’activité volcanique passée apparaît avec évidence. La presqu’île de Ras Syan est une partie de volcan émergée, tout comme l’archipel des Sept Frères (dont elle fait partie).

Bab el-Mandeb – Les îles

Le Bab el-Mandeb, nom maintes fois cité par les aventuriers et marchands d’autrefois, par les militaires et touristes aujourd’hui, signifie « porte des Lamentations » ou « porte des Larmes ». La température des eaux de la mer Rouge et de l’océan Indien qui se rencontrent au large de Djibouti, parfois avec fracas, ne descend jamais en dessous des 20 °C. La température de l’air étant elle aussi très élevée, l’évaporation est importante, ce qui entraîne une salinité très élevée. Ces eaux se caractérisent par une extraordinaire clarté. En effet, aucun fleuve ne vient s’y jeter et apporter des limons. Dans le golfe de Tadjourah, plus chaud et plus salé, vit une faune particulière, notamment des espèces de coraux qui se sont adaptées à ces conditions extrêmes, qui normalement ne devraient pas leur convenir.
Djibouti compte trois petits archipels principaux. Doumeira, partagé avec l’Erythrée et éloigné, très loin au nord ; les Sept Frères, des restes de volcans émergés formant six îles (plus la presqu’île de Ras Siyan), qui offrent des fonds sous-marins parmi les plus beaux du monde ; et les îles Musha et Maskali, d’origine corallienne, à quelques encablures de Djibouti-Ville à l’entrée du golfe, connues pour leurs mangroves.

Partir en brousse

La brousse est définie par une étendue plus ou moins couverte de buissons et de petits arbres, végétation habituelle des régions tropicales sèches. A Djibouti, la brousse est plutôt moins – que plus – couverte de buissons et petits arbres. Comme partout ailleurs en Afrique, le terme brousse a dépassé son cadre. On dit « aller en brousse » quand on quitte la grande ville, quelle que soit la végétation rencontrée. La brousse djiboutienne étonne par sa variété : déserts, volcans, plaines salées, taches vertes parfois autour de points d’eau et au fond des oueds. Elle accueille une population animale importante mais pas toujours visible. La vie en brousse, celle des nomades, est difficile à approcher, à comprendre, pour un touriste de passage. Il faudrait y vivre plusieurs semaines, en immersion totale avec des locaux, pour apprendre à l’interpréter et voir tout ce qui se cache derrière ces paysages apparemment si nus.