Guide du Burundi : Survol du Burundi
La République du Burundi est située au coeur du continent africain, au sud de l'équateur, à plus de 1 000 km des côtes de l'océan Indien et à près de 2 000 km de celles de l'océan Atlantique. Le pays est d'une superficie réduite (27 834 km2), équivalant à celle de la Belgique (son ancienne métropole coloniale), et sur une carte d'Afrique ou, pire, sur un globe terrestre, c'est à peine si l'on peut en distinguer les limites. On dirait un confetti posé au centre de l'Afrique, à la rencontre des territoires immenses du Congo démocratique à l'ouest et de la Tanzanie à l'est et au sud, qui se serait collé à un autre confetti au nord, le Rwanda, de taille semblable...
Privé d'accès à la mer, le Burundi côtoie toutefois, sur près de 180 km, le lac Tanganyika (32 000 km2) dans sa partie septentrionale. Ce lac appartient au système du rift occidental constitué par des bouleversements géologiques majeurs, et il s'étend dans un immense fossé d'effondrement bordé, à l'est, par des reliefs d'altitude qui caractérisent la majeure partie du pays (jusqu'à 2 670 m).
Ces hautes terres sont vouées à l'agriculture et à l'élevage depuis des siècles, et l'on pense depuis les travaux du géographe Pierre Gourou que l'on peut lier, au moins en partie, les fortes densités de population de ces " collines " à la relative salubrité des terres d'altitude et à leur rôle de refuge dans les temps troublés. Car le Burundi, avec ses quelque 10,8 millions d'habitants regroupés dans un mouchoir de poche, est l'une des contrées les plus densément peuplées du continent africain, à l'image du Rwanda voisin.
Sur une carte à petite échelle, le Burundi apparaît comme un gros massif montagneux dont les altitudes sont comprises entre 1 200 m et 2 600 m environ. En réalité, ses paysages sont plus variés, en fonction d'un relief dissymétrique. D'un côté, les montagnes dominent la profonde dépression du lac Tanganyika, et de l'autre, elles s'abaissent progressivement vers les plateaux de la Tanzanie. Pour offrir une vue synthétique de ces paysages, on peut distinguer trois grandes unités de relief (les plateaux centraux, les zones de basse altitude et la crête Congo-Nil).
Ils couvrent la plus grande partie du territoire burundais et forment le coeur du pays, dans une zone comprise entre Muramvya et Karuzi, à l'ouest et à l'est, Ngozi et Kayanza au nord, et Gitega au sud. Sur ces terres situées en moyenne entre 1 500 m et 2 000 m, le paysage forme un moutonnement de sommets arrondis, séparés par des vallées aux fonds plats où se trouvent souvent des marécages, avec des versants parfois abrupts. On appelle ces sommets des " collines " (imisozi) et ce sont elles qui symbolisent le mieux les paysages du Burundi. Leur taille est variée, mais elles sont en général convexes et leur arrondi les rend semblables à des demi-oranges posées sur terre.
Le relief collinaire change au contact de lignes de crête dont l'orientation est soit de sud-ouest à nord-ouest (crête Congo-Nil), soit de sud-ouest à nord-est (avec des lanières d'altitude alignées dans toute la partie orientale du pays). Ces lignes de crête, moins élevées à l'est qu'à l'ouest, forment comme un triangle dont la pointe serait au sud, délimitant le " pays des mille collines ", comme on appelle le Burundi depuis plus d'un siècle.
À l'ouest et à l'est du pays, à l'extérieur des lignes de crête encadrant les plateaux centraux, se trouvent deux sortes de reliefs qui contrastent avec le reste du pays par leur faible altitude.
Dans la partie occidentale se détachent les basses terres de l'Imbo et la vaste plaine de la rivière Rusizi, qui fait frontière avec le Congo avant de se jeter dans le lac Tanganyika. Dans la partie orientale, du sud au nord, on rencontre plusieurs dépressions ou cuvettes qui marquent l'approche de la frontière tanzanienne et, plus modestement, au nord, de la frontière rwandaise.
Les basses terres de l'Ouest : l'Imbo. Situées sur les bords du lac Tanganyika et le long de la rivière Rusizi, les régions les moins élevées du pays correspondent au fossé d'effondrement dans lequel est inséré le majestueux lac. Les altitudes vont de 774 m (niveau du lac Tanganyika) à 1 000 m selon les endroits. En termes physiques, l'Imbo, au sud, se distingue de la plaine de la Rusizi au nord, avec une séparation à la hauteur de la rivière Ntahangwa qui coupe Bujumbura au nord (vers Mutanga). Mais cette distinction ne saute pas aux yeux et, dans la vie courante, on ne fait pas la différence entre ces basses terres, appelées génériquement " Imbo ".
L'Imbo correspond au long trottoir côtier du lac Tanganyika, avec des plaines plus ou moins étendues qui se succèdent de la capitale à Nyanza-Lac, parfois interrompues quand les versants montagneux des Mirwa plongent directement dans le lac. Dans le sud de Bujumbura, une première plaine correspond au site de la ville, qui se termine en entonnoir vers Mutumba. Plus loin, on distingue une deuxième plaine, vers Rumonge, entre les rivières Dama et Nyengwe (25 km de long et 3 km de large en moyenne). C'est le domaine des palmeraies. Enfin, une troisième plaine est celle de Nyanza-Lac, drainée par la rivière Rwaba. Elle est plus large que la précédente (jusqu'à 16 km), mais moins étendue près du littoral (20 km).
La plaine de la Rusizi est au nord de Bujumbura, entre la frontière congolaise et les premiers contreforts des Mirwa, jusqu'à la frontière rwandaise. La basse Rusizi part de la rivière Ntahangwa et s'étend jusqu'à Bubanza et vers le massif de Zina, à environ 35 km de la capitale. C'est une plaine large puisqu'on peut compter 25 km de distance entre la Rusizi à l'ouest et les premières hauteurs à l'est. La plaine de la moyenne Rusizi, entre Ndava et le Rwanda, est en revanche moins large (entre 3 km et 10 km), mais plus longue (40 km). Elle est aussi moins plate que dans la basse Rusizi, avec de légères ondulations qui obligent la rivière à faire de grands détours.
À l'est et au nord-est : dépression du Kumoso et cuvette du Bugesera. Dans la partie orientale du Burundi, deux dépressions imposantes font le lien entre les plateaux centraux et les basses terres de la Tanzanie occidentale et du Rwanda méridional.
La dépression du Kumoso (ou Moso) est la plus importante. Elle est proche des vallées marécageuses de la Malagarazi et de la Rumpungwe qui font frontière avec la Tanzanie. Elle couvre une vaste superficie depuis l'extrême sud du pays, où elle se rattache à la petite dépression du Buragane (1 400 m d'altitude), jusqu'à la rencontre de la Malagarazi et de la Rumpungwe au nord (1 120 m). En tout, elle s'étale sur près de 150 km de long.
Observable depuis les hauteurs du Mpungwe vers Ruyigi ou le massif du Nkoma vers Rutana, le Kumoso impressionne par sa largeur, entre 10 km et 30 km selon les endroits. Un peu plus au nord se trouvent encore deux petites dépressions, de part et d'autre de la Ruvubu : celle de la Mwizuri, dominée par les hauteurs de Cankuzo, et celle de la Kavuruga, surplombée par les sommets de Muyinga.
La cuvette du Bugesera correspond à une grande zone déprimée, traversée par la Kanyaru (frontière avec le Rwanda) et occupée par des lacs (6 côté burundais, dont 2 partagés avec le Rwanda, Cohoha et Rweru). Elle occupe tout le coin nord-est du pays et se prolonge au sud du Rwanda. Un peu bosselée, elle est à des altitudes voisines de celles des dépressions orientales (à partir de 1 350 m), mais sa platitude est interrompue par des collines qui culminent à 200 ou 300 m de plus. Comme dans les autres parties basses de l'est du pays, cette région est dominée par des cours d'eau dont les abords sont marécageux et couverts de papyrus.
La plaine de l'Imbo est dominée à l'est par une ligne de crête qui s'élève de 2 000 m à plus de 2 600 m d'altitude, dans une direction sud-sud-est/nord-nord-ouest.
Cette chaîne de montagnes, qui domine de plus de 1 000 m le lac Tanganyika et se relie aux plateaux centraux à l'est de manière plus douce, définit la ligne de partage des eaux entre les bassins du Congo et du Nil, d'où son nom. On l'appelle tout simplement " la crête ".
Les monts Mirwa sont la retombée occidentale de la crête. Ils s'étirent du nord au sud à une altitude moyenne de 1 900 m. Ces versants déchiquetés de l'Ouest sont parfois spectaculaires, avec des pentes fortes et des vallées encaissées dans lesquelles coulent d'impétueux torrents et rivières.
La crête proprement dite comprend les plus hauts sommets du pays : le mont Heha (2 670 m) et le Mukike tout proche (2 649 m), le mont Teza (2 666 m), le mont Musumba (2 661 m) et le mont Twinyoni (2 659 m). Elle est moins large dans sa partie centrale (Bugarama) que dans ses parties septentrionale et méridionale où elle peut occuper jusqu'à 20 km de large (vers les monts Musumba et Heha). C'est dans la partie nord de la crête, entre Bugarama et la frontière rwandaise, que la Kibira, une belle forêt dense, est encore visible. Ailleurs, les sommets sont plus pelés, voire rocailleux comme au sud dans le massif de l'Inanzerwe-Kibimbi (source du Nil).
Deux points sont à retenir pour définir le pays d'un point de vue hydrographique. Le premier est qu'il est alimenté par un important réseau de rivières, de marais et de lacs, qui occupent jusqu'à 10 % de sa superficie. Le second point est la distinction établie entre le bassin du Congo et celui du Nil : elle détermine le système des rivières dans le pays.
La ligne de partage des eaux forme une sorte de triangle dont la partie intérieure (hauts plateaux) est traversée par des rivières qui alimentent, loin au nord, le Nil. La partie extérieure (plaines et dépressions) est composée de cours d'eau qui font grossir le cours du Congo, le deuxième fleuve du monde après l'Amazonie en ce qui concerne le débit.
Le bassin du Nil. Les eaux burundaises qui alimentent le Nil proviennent surtout des rivières Ruvubu et Kanyaru et de leurs affluents.
La Ruvubu est le cours d'eau le plus important du Burundi, d'où provient la majeure partie des eaux qui approvisionnent le Nil Blanc. Il occupe toute la partie centrale du pays, en faisant de grands détours depuis sa source sur la crête à Ngongo (vers Rwegura, 2 300 m d'altitude) jusqu'à sa sortie du territoire, près de Muyinga. En tout, la rivière s'allonge sur 285 km dans le pays, et reçoit de nombreux affluents qui forment un réseau convergeant dans la région de Gitega. Les plus importants sont la Ruvyironza (110 km de long) et la Mubarazi. Quand elle quitte le Burundi, la Ruvubu alimente ensuite la Kagera, elle-même tributaire du lac Victoria. Mais quand elle y naît, au pied du mont Gikizi, dans le sud du pays, c'est sous la forme d'un tout petit ruisseau !
La Kanyaru draine tout le nord du Burundi avant de devenir l'un des grands affluents de la Nyabarongo, principale artère hydrographique du Rwanda. Elle forme d'ailleurs la frontière avec ce pays sur 100 km, depuis le nord de Kayanza jusqu'au Bugesera (lac Cohoha). Ses affluents sont courts et torrentiels à l'origine, mais quand la rivière se dirige vers le nord et que la pente devient plus faible, de grands marécages se développent, jusqu'aux lacs du nord du pays. Ceux-ci sont au nombre de six (Cohoha, Rweru, Rwihinda, Kanzigiri, Gacamirinda, Narungazi) et constituent des curiosités touristiques pour le Burundi (notamment le Rwihinda, dit " lac aux Oiseaux ").
Le bassin du Congo est moins homogène que celui du Nil. Il comprend toutes les rivières qui se jettent dans le lac Tanganyika et dont les eaux rejoignent le fleuve Congo, via la Lukuga qui coule en RDC, mais aussi la Malagarazi, à l'est, avec tous ses affluents.
Le lac Tanganyika est le plus profond du monde après le Baïkal (ex-Union soviétique) et l'un des plus longs (650 km). Il appartient au système des " rift valleys " qui marque la physique de l'Afrique orientale. Quatre pays se partagent ses eaux : la Tanzanie, la Zambie, la République démocratique du Congo et le Burundi. Ses côtes burundaises sont tantôt sablonneuses, tantôt rocheuses. Ce n'est pas un lac tout calme et, à certains égards, il ressemble à une mer venteuse, avec de belles vagues.
En dehors de son principal affluent, la Rusizi, le lac s'enrichit des eaux de nombreuses rivières entre la capitale et la frontière tanzanienne au sud (Ntahangwa, Mugere, Dama, Rwaba...).
La Rusizi, émissaire du lac Kivu, est le plus important affluent du Tanganyika. Elle coule sur 117 km au Burundi, en constituant la frontière avec le Congo, et la moitié de son itinéraire est protégée par une réserve naturelle (parc de la Rusizi). Tout près du lac, à son embouchure, elle présente deux embranchements : la petite et la grande Rusizi. Cette dernière se termine par un delta animé d'une riche vie terrestre et aquatique et c'est elle qui draine le plus gros volume d'eau (9/10).
Au Burundi, la Rusizi reçoit plusieurs affluents qui descendent de la crête des Mirwa en torrents, parmi lesquels la Mpanda, la Kajege et la Kaburantwa.
La rivière Maragarazi a un tracé curieux : prenant sa source près du lac Tanganyika (vers Mugina, 1 650 m d'altitude), elle coule d'abord vers le nord-est, comme pour rejoindre le cours de la Kagera, mais brusquement oblique vers le sud-ouest pour revenir vers le lac et s'y jeter. Elle matérialise la frontière avec la Tanzanie sur 150 km et, dans le Kumoso, elle forme une succession de marécages impressionnants. Elle reçoit les eaux de nombreux affluents dont les plus connus au Burundi sont la Mutsindozi, la Muyovozi et la Rumpungwe.
Les marais. C'est une caractéristique du réseau hydrographique burundais que de donner naissance à des marais et marécages, en particulier du côté des rivières du Nil, au nord (Bugesera), et aux abords de la Maragarazi, à l'est. Ces terres gorgées d'eau conditionnent la naissance d'une végétation variée selon l'altitude (papyraies dans les basses terres, tourbières dans les vallées noyées, fonds de vallées plats cultivés).
Malgré sa latitude, le Burundi ne connaît pas un climat équatorial pur mais une variété de climats. Les principaux facteurs qui les déterminent sont l'altitude et la circulation atmosphérique liée au mécanisme général des vents sur l'océan Indien et, en ce sens, le pays se rattache plus à l'aire climatique de l'Afrique orientale qu'à celle du bassin congolais.
Bujumbura (Imbo), altitude 780 m
Température moyenne annuelle : 23,6 °C (max. en février : 25 °C ; min. en juillet : 22,4 °C).
Précipitations moyennes : 840 mm (max. en avril : 125 mm ; min. en juillet : 4 mm).
Gitega (plateaux centraux), altitude 1 648 m
Température moyenne annuelle : 18,8 °C (max. en septembre-octobre : 19,6 °C ; min. en juin-juillet : 17,8 °C).
Précipitations moyennes : 1 150 mm (max. en avril : 171 mm ; min. en juillet : 6 mm).
Gisozi (crête Congo-Nil), altitude 2 076 m
Température moyenne annuelle : 15,7 °C (max. en janvier : 17 °C ; min. en juillet : 14,1 °C).
Précipitations moyennes : 1 491 mm (max. en avril : 228 mm ; min. en juillet : 7 mm).
Les températures sont régulières. Les faibles amplitudes annuelles (3 à 4 °C) rappellent un élément commun aux régions équatoriales. Mais l'altitude joue aussi son rôle dans les températures (qui baissent de 0,6° C tous les 100 m) et dans le volume des précipitations, ce qui explique que la carte du régime thermique et pluviométrique du Burundi soit calquée sur celle de son relief.
Ainsi, à l'Ouest (Rusizi et Imbo) et dans les dépressions du Nord et de l'Est (Kumoso, Bugesera), les températures moyennes sont comprises entre 20 °C et 25 °C et, logiquement, il pleut moins que sur les plateaux centraux, plus frais (entre 900 mm et 1 200 mm d'eau par an dans les premières, contre plus de 1 500 mm sur les seconds). Il fait doux sur les collines centrales, avec des températures situées autour de 18 °C ou 19 °C toute l'année (Gitega).
Les sommets culminants (crête Congo-Nil, monts Mirwa) connaissent des conditions de température et de précipitations plus radicales. Ils sont très arrosés, avec une moyenne de 2 000 mm d'eau par an, et les températures sont froides, avec des moyennes annuelles autour de 15 °C, voire inférieures à 12 °C. Les minima peuvent parfois atteindre 0 °C sur certaines hauteurs.
Le contexte topographique fait donc varier le climat aux différentes altitudes, ce qui confère au pays une étonnante diversité géoclimatique (zone tropicale de montagne, savanes herbeuses et chaudes).
Le Burundi connaît un rythme pluviométrique à quatre temps, avec deux saisons des pluies alternant avec deux saisons sèches. Chacune porte un nom spécifique et correspond à un moment déterminé du calendrier agricole.
La petite saison des pluies (agatasi), de mi-septembre à mi-décembre. Ses précipitations constituent plus d'un tiers des précipitations annuelles. C'est la saison où l'on plante les cultures de subsistance sur les collines. Par exemple, maïs, haricots et pois sont mis en terre en septembre, et récoltés en décembre ou en janvier selon l'altitude.
La petite saison sèche (umukubezi), de mi-décembre à mi-février. Les pluies tombent de moins en moins et leur diminution est parfois sévère, comme dans l'Imbo où elles peuvent même disparaître pendant trois mois. On récolte les derniers produits plantés pendant la saison précédente, et les journées ensoleillées permettent de les faire sécher.
La grande saison des pluies (urushana, impeshi), de mi-février à mai. C'est là que tombe l'essentiel des précipitations annuelles (60 % environ). C'est la saison de toutes les cultures vivrières et commerciales, avec des pluies denses quotidiennes au début (urushana) et, plus tard dans la saison, des averses brèves mais abondantes, entrecoupées d'éclaircies qui permettent la maturation des plantes (impeshi).
La grande saison sèche, de juin à mi-septembre, dure de 3 à 6 mois selon les régions. Les précipitations sont faibles (juin, août), voire nulles (juillet). Aucune culture n'est pratiquée sur les collines, mais on exploite les marais pour permettre la soudure. Quelques bruines peuvent apparaître en août, les " pluies des vaches ", qui sont providentielles car elles favorisent une timide repousse de l'herbe sur les pâturages desséchés.
Si la vie agricole semble s'assoupir durant cette saison, la période est en revanche propice aux activités sociales. C'est à cette époque, en effet, qu'a lieu le plus grand nombre de mariages, de levées de deuil et de festivités collectives. C'est aussi à ce moment que prospèrent les activités artisanales et le commerce.
La situation géographique du Burundi et la diversité de ses conditions écologiques lui confèrent une grande richesse biologique. Les ressources des écosystèmes terrestres, aquatiques et forestiers offrent aux habitants les moyens de satisfaire de nombreux besoins. Mais l'importante croissance démographique et la pression foncière ont depuis longtemps un impact crucial sur le milieu naturel du pays. L'exploitation intensive des terres agricoles et des ressources naturelles provoquent des dommages qui sont des défis majeurs pour l'avenir du pays.
La déforestation est l'une des principales plaies du Burundi. Les forêts représenteraient aujourd'hui à peine 6 % de sa superficie totale. Les immenses étendues forestières, dont on découvre encore des lambeaux sur la crête (Kibira), ont été détruites en premier lieu par défrichage, pour libérer des terres agricoles. Mais d'autres utilisations sont en cause, comme le bois, première source d'énergie de la population (moins de 5 % des Burundais ont l'électricité). On l'utilise dans le cadre domestique pour la cuisine, sous forme de charbon de bois (le makala) ainsi que pour le chauffage et l'éclairage. Ensuite, les fours à tuiles et à briques, ou encore ceux pour faire sécher le tabac, sont de gros consommateurs de bois, de même que les constructions (bois d'oeuvre). Enfin, l'exploitation des essences nobles et rares (l'acajou notamment) achève le tableau noir des destructions végétales intensives.
Les politiques de reboisement mises en place par les différents pouvoirs se heurtent à des difficultés : d'une part, il s'agit de politiques à vocation écologique qui ne sont pas rentables en termes financiers et sont donc peu suivies ; d'autre part, la proximité des reboisements avec les champs ou les parcours pastoraux empêche que des barrières de protection soient efficaces (les feux agricoles ou de pâturage se propagent aux forêts).
Si les colonisateurs belges ont prêté attention au patrimoine écologique burundais, notamment dans les années 1950, à l'époque du vice-gouverneur Jean-Paul Harroy surnommé le " gouverneur agronome ", il a fallu attendre le début des années 1980 pour que des mesures de conservation de la nature reçoivent un cadre légal précis. C'est sous le gouvernement de Bagaza que fut promulgué un décret-loi visant à asseoir une politique publique de l'environnement et encourager la recherche botanique.
Ainsi, en mars 1980, furent créés plusieurs parcs nationaux et réserves, ainsi qu'un Institut national pour la conservation de la nature (INCN), devenu en 1989 l'Institut national pour l'environnement et la conservation de la nature (INECN). L'INECN, toujours en activité, est chargé de la protection de l'environnement et de la gestion et de l'aménagement des parcs et des réserves naturelles du Burundi. C'est l'un des organismes les plus dynamiques aujourd'hui pour ses actions de prévention, de préservation et de réparation des systèmes écologiques nationaux.
D'autres associations se montrent aussi actives dans le domaine, parmi lesquelles on peut citer l'Association burundaise pour la protection des oiseaux (ABO), l'Organisation pour la défense de l'environnement (ODEB) ou encore l'Action ceinture verte pour l'environnement (ACVE), dirigée par le très dynamique Albert Mbonerane.
Le Burundi compte 14 aires protégées qui défendent des forêts, des savanes herbeuses, ainsi qu'une faune réduite (aviaire surtout). Elles couvrent au total une superficie d'environ 127 662 ha, soit 4,6 % du territoire national.
Les aires protégées bénéficient de la surveillance et des mesures de sauvegarde de l'INECN, mais les moyens publics de ce dernier sont en réalité réduits et aucun parc ne dispose d'un budget propre pour développer des actions spécifiques.
La mise en place des aires naturelles n'a pas toujours été bien vécue par la population riveraine. Certaines créations se sont accompagnées d'expropriations et les indemnisations étaient plutôt dérisoires. De même, l'interdiction d'exploiter les ressources naturelles a privé les riverains de richesses autrefois plus accessibles, ce qui donne lieu à des conflits d'intérêt avec les protecteurs de l'environnement, et au développement du braconnage et d'activités illicites.
Les parcs nationaux et réserves naturelles font l'objet d'une présentation détaillée dans les pages régionales de ce guide, qui s'inspirent d'une abondante documentation sur les sites protégés et les espèces végétales et animales du pays. On se borne ici à en fournir les grandes caractéristiques.
Parc national de la Ruvubu (50 600 ha). C'est le plus grand écosystème protégé du pays, créé autour de l'imposante Ruvubu, la rivière qui devient le Nil à des milliers de kilomètres au nord. Son altitude varie entre 1 350 m et 1 800 m, et ses paysages alternent savanes et milieux palustres impénétrables. On y recense pour l'heure 300 espèces végétales, 425 espèces d'oiseaux et des dizaines d'espèces animales, dont 44 espèces de mammifères recouvrant 18 familles différentes.
Parc national de la Kibira (40 900 ha). Deuxième parc en superficie après la Ruvubu, le parc de la Kibira est le plus ancien domaine protégé du pays (dès les années 1930, un périmètre restreint lui est consacré). Situé entre 1 600 m et 2 666 m d'altitude, il comprend les derniers lambeaux de la forêt primaire burundaise (forêt ombrophile de montagne), avec de magnifiques arbres et des bambouseraies serrées. C'est l'un des meilleurs conservatoires de la nature, avec plus de 644 espèces végétales et 98 espèces animales répertoriées, mais aussi l'un des plus menacés.
Parc national de la Rusizi (± 13 000 ha). A une altitude moyenne de 775 m au niveau du delta de la Rusizi, ce parc tout proche de Bujumbura est divisé en deux secteurs. Le secteur " palmeraie " (aussi appelé Rukoko), le long de la grande Rusizi, protège une forêt à Hyphaene benguellensis var. ventricosa, un palmier endémique. On trouve dans cette partie du parc un millier d'espèces végétales et des groupes importants de crocodiles. Le secteur " delta ", vers le lac Tanganyika, protège un écosystème humide composé de 193 espèces végétales, de plusieurs espèces animales dont des crocodiles, des hippopotames et des variétés d'antilopes. Mais sa plus grande richesse est son avifaune, avec 350 espèces sédentaires ou migrantes répertoriées.
Réserve naturelle forestière de Bururi (3 300 ha). Comparable à la Kibira pour sa flore et sa faune, cette réserve abrite une forêt ombrophile située entre 1 700 m et 2 307 m d'altitude. C'est une aire protégée qui a été créée sous la colonisation. On y compte 250 espèces végétales et 22 espèces mammaliennes, dont 5 espèces de primates (cercopithèques surtout, et chimpanzés), ainsi que 117 espèces d'oiseaux.
Réserve naturelle forestière de Rumonge (600 ha). A une altitude moyenne de 850 m, cette forêt sèche de type miombo (rattachée à la végétation de l'Afrique zambézienne) se caractérise par de grands arbres et plusieurs espèces animales dont un certain nombre de singes. On peut y observer de nombreux oiseaux, mais l'inventaire de leurs espèces reste à faire.
Réserve naturelle forestière de Vyanda (3 900 ha). Sur des pentes escarpées, cette vaste réserve ressemble beaucoup par sa faune et sa végétation (forêt claire type miombo) à celle toute proche de Rumonge.
Réserve naturelle forestière de Kigwena (500 ha). Il s'agit d'une forêt mésophile périguinéenne ressemblant à celles du Congo voisin, à basse altitude (entre 773 m et 820 m). Protégée depuis 1952, elle a malgré tout subi des destructions importantes. Les babouins y sont bien représentés.
Réserve naturelle gérée du lac Rwihinda, dit " le lac aux Oiseaux " (425 ha). A 1 420 m d'altitude, ce lac fait partie du réseau des 6 lacs du Bugesera, à proximité du Rwanda. Entouré de papyrus et couvert de plantes aquatiques aux couleurs vives, il accueille théoriquement de grandes colonies d'oiseaux (49 espèces au moins), en particulier sur son île centrale, Akagwa. Quelques mammifères et reptiles peuplent aussi ses îlots ou ses abords. Mais depuis quelques années, la mise en culture des berges menace cet écosystème.
Il s'agit d'aires protégées créées récemment pour préserver surtout des milieux végétaux.
Paysage protégé de Gisagara (6 126 ha). Située dans l'est du pays, cette zone entre 1 230 m et 1 600 m d'altitude correspond à des forêts claires, des galeries forestières et des savanes herbeuses ou arborées. On y rencontre une vingtaine d'espèces de petits mammifères (rongeurs et cercopithèques), une seule espèce d'antilopes et quelque 60 espèces d'oiseaux.
Paysage protégé de Kinoso (1 971 ha). Localisée dans le sud du pays, à plus de 1 400 m d'altitude, cette aire protégée comprend des savanes qui couvrent un quart de sa superficie. La réserve compte une seule espèce de cercopithèque, mais une grande variété d'oiseaux (50 espèces inventoriées).
Paysage protégé de Mabanda-Nyanza-Lac (3 500 ha). Egalement dans le sud du pays, ce site englobe des forêts claires, des savanes boisées et des galeries forestières submontagnardes. On y note la présence de babouins.
Paysage protégé de Mukungu-Rukambasi (5 000 ha). A proximité du précédent, et comparable.
Chutes de la Karera, à Mwishanga. Dans le massif du Nkoma, trois belles cascades au coeur d'une galerie forestière peuplée d'oiseaux bavards.
Faille des Allemands, à Nyakazu. Dans le Nkoma, à quelques kilomètres à vol d'oiseau de Rutana, un paysage grandiose dû à un effondrement physique majeur. La faille principale permet de voir un panorama inattendu sur la vaste dépression du Kumoso, en contrebas. Il reste quelques pierres de l'ancien boma construit sur ces hauteurs par les Allemands.
Bien qu'il ne soit pas aussi riche que son voisin tanzanien, le Burundi possède, sur une petite superficie, quelques particularités animalières non négligeables. De plus, sa position centrale en Afrique en fait un point de passage important pour les oiseaux migrateurs, surtout dans les milieux humides (lacs, marais). Enfin, la diversité topographique et climatique du pays a favorisé la croissance d'espèces végétales originales.
Jadis fréquenté par des lions, des éléphants, des zèbres et même des girafes, le Burundi n'est plus un domaine privilégié pour les grands animaux africains. L'avancée des hommes et la chasse ont eu raison de leur présence dans le pays. Plusieurs espèces sont en outre menacées et braconnées, pour leur chair, leur peau, ou parce qu'elles s'aventurent sur les terres cultivées.
Hippopotame (Hippopotamus amphibius). C'est l'animal emblématique de Bujumbura, où l'on peut encore en rencontrer, à la tombée du jour. Mammifère semi-aquatique, il est le principal hôte de la Rusizi et de la Ruvubu. Le jour, l'hippopotame se repose dans l'eau et se rafraîchit en permanence. La nuit, il sort brouter dans les zones herbacées. Il faut se méfier de ses mâchoires géantes et de sa propension à déboucher sans crier gare, en pleine nuit, sur les routes proches de la capitale.
Crocodile (Crocodilus niloticus). Autre animal emblématique du pays, le crocodile cohabite avec l'hippopotame dans les mêmes zones. Ce dernier s'en méfie comme de la peste, même si, curieusement, les " crocos " n'attaquent jamais les " hippos ". C'est d'ailleurs bien le seul animal qui ne soit pas menacé par ce reptile, qui peut atteindre des proportions et des poids prodigieux, comme le célèbre Gustave. Il faut s'en méfier lors des balades à la Rusizi et le long du lac : il est aussi rapide dans l'eau que sur terre et les attaques ne sont pas des légendes.
Varan du Nil (Varanus niloticus). Il peut atteindre 1 m de long. Son allure préhistorique le rend intrigant, mais il n'inquiète que les petits mammifères dont il se nourrit. La partie Rukoko du parc de la Rusizi en accueille un certain nombre.
Gekko (Gekkonidae sp.). Ce petit saurien translucide court sur les murs des maisons. Il a au bout des pattes des ventouses qui lui permettent de se déplacer sur n'importe quelle surface, même verticale. Il n'est pas agressif, mais il faut éviter de le toucher car ses ventouses brûlent.
Buffle du Cap (Syncerus caffer). Observables dans le seul parc de la Ruvubu, quand on est chanceux, les buffles vivent en troupeaux de 15 à 30 individus. De la famille des bovidés, ils se sentent vite menacés et deviennent alors dangereux en attaquant à plusieurs pour prévenir la menace. Leur espèce est en danger au Burundi.
Guibs (Tragelaphus scriptus, Tragelaphus spekei). Ces antilopes vivent en petits groupes ou solitaires dans les taillis près des rivières et dans les savanes boisées (Rusizi, Ruvubu). Le guib harnaché est admirable, avec un pelage fauve rayé de blanc. Le guib d'eau, dit sitatunga, est rare. En fait, toutes les espèces de guibs sont menacées. On les chasse pour leur viande et leur peau.
Céphalope de Grimm (Cephalophus sylvicapra Grimmia). C'est une antilope de moins de 60 cm de haut qui se déplace par petits bonds. Elle vit dans les mêmes milieux que les guibs, mais se laisse moins facilement observer.
Potamochère (Potamochoerus porcus) et phacochère (Phacochoerus aethiopicus). De la famille des suidés, on les trouve à la Ruvubu. Le second est moins fréquent que le premier. Ils vivent en famille, logent dans des terriers et sont craintifs.
Léopard (Panthera pardus). C'est l'une des plus belles espèces félines. Le léopard vit en solitaire, la nuit, et passe ses journées en haut des arbres, ce qui le rend malaisé à observer. On peut apercevoir son pelage marqué de taches sombres en forme de rosette dans la réserve de Bururi, éventuellement aussi près de la Ruvubu ou dans la Kibira. Mais sa peau utilisée à des fins décoratives lui vaut une chasse sans répit aux effets irrémédiables : en réalité, il n'y en a déjà presque plus aucun dans le pays.
Chacal à flancs rayés (Canis adustus). Prédateurs célèbres, les chacals sont présents dans plusieurs parcs burundais, surtout à la Ruvubu. Leurs crocs redoutables viennent à bout de tous les insectes, oiseaux, rongeurs et surtout charognes qui leur tombent sous la patte.
Lycaon (Lycaon pictus). Le lycaon ressemble à un chien sauvage haut sur pattes et partage ses habitudes avec le chacal. C'est un prédateur avec une triple rangée de dents bien aiguisées. Contrairement aux chacals qui se promènent seuls ou en couple, les lycaons vivent en meute.
Grivet ou singe vert (Cercopithecus aethiops). Ce petit singe de 50 cm de haut est le plus commun des primates au Burundi. Presque toutes les réserves en accueillent des colonies. Ils sont parfois peu farouches, mais gare à leurs crocs quand même !
Babouin (Papio anubis). C'est un singe courant dans les aires protégées, et en dehors (près de la source du Nil). Reconnaissable à son museau allongé comme celui d'un chien et à son derrière rose vif quand il s'agit d'une femelle en rut, le babouin vit en groupes de 20 à 50 individus. Il peut être dangereux et mordre sévèrement.
Colobe (Colobus sp.). Il en existe plusieurs espèces, dont le colobe magistrat (Colobus polykomos) dans la Kibira. C'est un singe arboricole à queue immense et au poil long. Sa toison lui vaut malheureusement d'être chassé par les braconniers, aussi il disparaît peu à peu.
Chimpanzé (Pan troglodytes schweinfurthii). Le plus rare des primates au Burundi. On le voit dans les réserves forestières de Bururi et Vyanda, et au nord de la Kibira.
Serpents. Pour tout savoir sur les serpents du Burundi, la lecture de l'ouvrage ancien de Bernard Rosselot est conseillée : Les Serpents dangereux du Burundi (Paris, Ministère de la Coopération, 1978). Patrice Faye, qui fut longtemps le spécialiste en la matière au Burundi avant d'être contraint à quitter le pays, est à l'origine de la réserve de reptiles du Musée vivant, qui contient la plupart des espèces présentes dans le pays.
Parmi les espèces les plus communes, le boomslang, d'une longueur de 1,50 m environ, est venimeux. Serpent arboricole, il hante les rives boisées des cours d'eau ou les taillis. Le cobra cracheur, lui aussi dangereux, vit dans les basses terres, de l'Imbo au Kumoso. Parmi les autres serpents venimeux (qu'on ne rencontre heureusement pas à chaque pas !), on mentionnera encore des mambas (forestier, vert de Jameson, noir des savanes) et des pythons de Seba, qui sont très longs (jusqu'à 6 m). La vipère du Gabon enfin, avec sa tête plate et large et sa peau couverte d'écailles jaunes en chevrons, est elle aussi dangereuse. Mais contrairement à la plupart des serpents, elle ne fuit pas au moindre bruit, elle siffle pour prévenir l'intrus. Il faut alors déguerpir ou s'immobiliser, s'il n'est pas trop tard !
Poissons. Avec le lac Tanganyika, les 6 lacs du Nord et toutes les rivières qui le parcourent, le Burundi est un pays de poissons (et de pêcheurs), même sans accès à la mer. Il est impossible de citer les centaines d'espèces recensées dans le pays, mais le site Destination Tanganyika (destin-tanganyika.com) en décrit des dizaines. Il est animé par des passionnés des cichlidés, des poissons très colorés dont on dénombre au moins 300 espèces, souvent collectionnées par les amateurs d'aquarium. Le tilapia, apprécié pour sa chair, appartient à cette famille.
Ces poissons cohabitent plus ou moins étroitement avec de plus grands frayeurs, comme les perches (Lates sp.), appelées " capitaines " (ou sangala). La spécificité du Tanganyika réside aussi en la présence d'abondantes populations de clupéidés, dont une espèce pélagique est endémique, les ndagalas. Ils ressemblent à de petites sardines argentées et on les savoure en friture ou en sauce.
" Le monstre du Tanganyika ", c'est le nom qu'on donne aussi à Gustave, cet énorme crocodile qui a défrayé la chronique au Burundi. Hôte des rives de la Rusizi et surtout des berges du Tanganyika jusqu'à Minago et Rumonge au Sud, ce crocodile aurait, selon les dires, des dimensions gigantesques. On parle d'une longueur de 6 m et d'un poids avoisinant la tonne, rien de moins !
C'est le Français Patrice Faye, spécialiste des reptiles, qui l'a baptisé de ce prénom faussement bonhomme, au milieu des années 1990. Des témoignages faisaient alors état de multiples victimes le long du littoral, vaches et hommes (200 à 300 disparitions humaines). On a obtenu quelques images de ce crocodile tueur, mais toutes les tentatives pour le capturer sont restées vaines, y compris une opération menée en 2002 avec le magazine National Geographic.
Considéré par certains comme un mythe, défendu par d'autres, on a déclaré Gustave tantôt mort, tantôt ressuscité et terrorisant les habitants. Il reste en tout cas un redoutable et fascinant mystère. Malgré le nombre de victimes qu'on lui impute, il est devenu comme une légende chérie du Burundi. C'est qu'à force d'en parler, on se prendrait presque d'amitié pour ce serial killer de la Rusizi.
Dans le langage courant, son nom est devenu synonyme de voracité alimentaire ou pécuniaire : un Gustave, c'est un gros mangeur ou quelqu'un qui cherche à se mettre beaucoup d'argent dans la poche. Un grand gourmand, en d'autres termes !
Avec plus de 700 espèces, dont les deux tiers sont sédentaires, la richesse avienne du Burundi est extraordinaire. Cela est dû à l'importante diversité de milieux qu'on trouve ici : la zone orientale des lacs du nord du Bugesera, la zone sud sous influence zambésienne, les rives du lac Tanganyika sous influence péri-guinéenne ; ce à quoi il faut ajouter un important secteur montagneux très riche en espèces endémiques et donc rares.
Certains oiseaux sont communs et ont des habitudes originales. Le tisserin construit des nids caractéristiques, qui pendent des branches des arbres, tandis que le serpentaire est connu comme un amateur de reptiles. D'autres passent pour sacrés dans la culture burundaise. C'est le cas de la bergeronnette porte-bonheur, de la grue couronnée (dont les Burundaises imitent la démarche en dansant), ou encore du héron garde-boeuf que les éleveurs considèrent comme un protecteur des troupeaux. Enfin, certaines espèces se distinguent par leurs couleurs resplendissantes, leur forme ou leur chant. Les calaos, avec leur bec volumineux qui les fait confondre avec les toucans, sont bien représentés, de même que les touracos, proches des perroquets, avec leur crête et leurs plumes colorées.
Cette richesse ornithologique devrait placer le Burundi en bonne position en Afrique de l'Est pour y développer un "tourisme de niche" orienté vers l'observation des oiseaux. Une mention spéciale doit être retenue pour l'observation des rapaces migrateurs paléarctiques venant d'Europe pour rejoindre l'Afrique du Sud. Cette migration très importante est surtout visible fin septembre et début octobre, le long des crêtes surplombant le lac Tanganiyika et vers l'est dans le Parc National de la Ruvubu.
On distingue plusieurs types d'écosystèmes végétaux dans le pays, qui se raccrochent à de grands domaines africains : le domaine oriental, avec les formations végétales du Burundi central, ainsi que celles de l'Imbo et de la plaine de la Rusizi, et du Bugesera au nord-est ; le domaine dit zambézien, correspondant au pourtour sud-est du Burundi (Buragane, Kumoso et Buyogoma à la marge), où se trouvent des savanes et des forêts claires de type miombo (tropophiles) ; et enfin, le domaine afro-montagnard sur la crête Congo-Nil, avec la fameuse Kibira, une forêt ombrophile où s'épanouissent des espèces animales et végétales exceptionnelles. Quelques influences guinéo-congolaises se retrouvent aussi le long du Tanganyika, par exemple dans la réserve forestière périguinéenne de Kigwena.
Dans tous ces écosystèmes poussent de grands et beaux arbres, avec fleurs ou non. Les arbres fruitiers sont nombreux et l'on recommande d'en goûter les fruits, gorgés de soleil et bien sucrés.
Agrumes. Citronniers, verts ou jaunes, et orangers poussent en basse altitude.
Arbre du voyageur (Ravenala madagascariensis). Originaire de Madagascar, cet arbre forme avec ses branches un immense éventail planté à la verticale. Ses feuilles lui permettent de drainer l'eau de pluie jusqu'à sa base. Très ornemental, il est répandu dans les quartiers résidentiels de Bujumbura.
Avocatier (Persea sp.). Provenant d'Amérique centrale, cet arbre robuste produit au Burundi des fruits excellents qui ont la consistance du beurre une fois mûrs. Excellent pour le moral, mais pas pour le tour de taille !
Bananier. Il est omniprésent, surtout dans sa forme plantain, qui fournit les bananes légumes alimentaires et les bananes à bière (igitoke). Le faux bananier Ensete est une variété sauvage ancienne dont les graines servent de billes pour le jeu de kibuguzo.
Bougainvillée (Bougainvillea). Qui ne connaît pas ces magnifiques fleurs orange, rouges, roses, violettes ou tirant sur le bleu, qui bordent murs et clôtures des maisons ? La bougainvillée pousse facilement et son pouvoir couvrant en fait l'une des plantes favorites pour l'aménagement des jardins.
Dracaena ou dragonnier (Dracaena afromontana, dracaena steudneri). Un arbre symbolique du Burundi traditionnel, qui marquait l'emplacement d'un kigabiro ou l'entrée d'un rugo. Il peut être arbre ou arbuste (famille des liliacées).
Erythrine (Erythrina abyssinica). C'est un arbuste sacré du Burundi traditionnel, présent près des enclos qu'il protège, et qui formait, avec le ficus et le bananier ensete, ce qu'on appelait les bigabiro, des bosquets sacrés marquant le lieu d'intronisation du roi ou sa dernière demeure. C'est un épineux qui peut atteindre plusieurs mètres de hauteur et dont les fleurs rouges et douces s'épanouissent avant les feuilles. Son bois blanc sert à la confection d'objets utilitaires et ses fleurs ont des vertus pharmaceutiques.
Eucalyptus. Introduit par les missionnaires et les colonisateurs dans le but de combattre l'érosion, l'eucalyptus est répandu. Sa croissance est rapide. Ses feuilles vertes aux reflets pâles et argentés sont très odorantes. On s'en sert comme bois de chauffe ou d'oeuvre, et ses feuilles infusées dans l'eau bouillante sont un remède contre les rhumes.
Euphorbe (Euphorbia candelabrum, Euphorbia tirucalli...). L'euphorbe est une plante tortueuse qui n'a pas de feuilles. Elle produit un suc laiteux blanc proche du latex qui sert par tradition de colle mais contient un poison dangereux (ne pas porter les mains à la bouche après l'avoir touché). On trouve l'euphorbe partout, le long des sentiers ou en haies pour empêcher le bétail de divaguer.
Ficus (Ficus leprieuri, Ficus congensis, Ficus ovata...). Cet arbre élancé n'a pas grand-chose à voir avec les petits ficus de nos intérieurs européens. C'était un arbre important du Burundi ancien qui marquait les emplacements des bosquets sacrés (bigabiro) et protégeait les enclos. Son écorce battue servait à la confection des vêtements. Le Cordia africana, dont on fait des mortiers, des pirogues et surtout les fameux tambours burundais, se rattache aux ficus.
Flamboyant (Delonix regia). C'est un arbre ornemental commun qui doit son nom à ses fleurs d'un rouge puissant qui égayent les abords de nombreuses voies publiques, notamment à Bujumbura (par exemple sur le boulevard de l'Uprona).
Frangipanier (Plumeria sp.). Il peut atteindre plusieurs mètres de hauteur, et ses branches sont courtes et noueuses, avec de grandes feuilles. Ses jolies fleurs étoilées, blanches, roses ou jaune pâle, avec des pétales épais, émettent un agréable parfum. Il fleurit au début de la saison des pluies, mais produit aussi des fleurs poncutellement, toute l'année. On le trouve dans les basses terres, près des lacs et à Bujumbura.
Groseillier du Cap (Physalis sp.). L'arbuste produit une petite baie comestible délicieuse.
Jacaranda (Jacaranda mimosifolia). Originaire d'Amérique tropicale, il fait des fleurs bleutées et son bois tendre est utilisé en ébénisterie.
Manguier (Mangifera indica). Originaire d'Inde, cet arbre déploie ses branches densément feuillues à plus de 15 m de hauteur. Son feuillage est vert profond et brillant. Ses fruits verts ont une chair jaune très sucrée.
Palmier. On en trouve diverses espèces. Au nord, dans la Rusizi, existe un palmier endémique, Hyphaene ventricosa var. ventricosa rusiziensis, dont le tronc longiligne se termine par des touffes de feuilles coupantes. Très haut (jusqu'à 20 m), il produit des noix dont la chair, très dure, ressemble à de l'ivoire. Au sud, à partir de Rumonge, commence le domaine des palmiers à huile de type Elaeis, avec diverses variétés plus ou moins productives, courtes et robustes (Elaeis guineensis, Elaeis dura, Elaeis tenera).
Papayer (Carica papaya). D'origine sud-américaine, cet arbre longiligne produit des fruits verts oblongs, à la chair orange ou jaune. Il existe une variété de montagne consommée cuite, et la papaye solo, qui est le fruit sucré connu de tous.
Papyrus (Cyperus papyrus). Il couvre de vastes parties du Burundi près des rivières et dans les marais du nord, du nord-est et de l'est du Burundi (Kanyaru, Malagarazi), et constitue souvent des parcelles infranchissables. On s'en sert pour fabriquer des cordages et des vanneries.
Passiflore (Passiflora sp.). Arbrisseau qui développe les " fruits de la passion " dont on extrait un jus très goûteux, le jus de maracuja.
Les orchidées sont visibles partout, dans la forêt de la Kibira, les savanes de la Ruvubu, ou au détour d'un carrefour routier. Selon Michel Arbonnier, un spécialiste, on compterait 244 taxons dans le pays (comprenant espèces, variétés et un hybride) sur 5 000 à 30 000 espèces dans le monde. Cela paraît peu, mais il faut savoir qu'il y en a autant en Côte-d'Ivoire, où la superficie du territoire est dix fois supérieure.
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