Guide du Burundi : Cuisine locale
La cuisine burundaise varie selon qu'on se trouve en milieu urbain ou rural. A Bujumbura et dans les grandes villes (Gitega, Ngozi), l'offre culinaire est variée, et l'on peut goûter des plats traditionnels aussi bien qu'une cuisine internationale aux influences diverses (belge, française, grecque, chinoise, indienne, thaïlandaise, etc.). Sur les collines en revanche, le régime alimentaire est moins diversifié et dépend des spécialisations agricoles régionales. Il arrive aussi que des pénuries alimentaires interviennent.
D'une manière générale, les ruraux mangent moins souvent que les citadins. La plupart ne font qu'un seul repas par jour, ce qui est aussi le cas des plus pauvres en ville. Dans les quartiers mélangés des cités urbaines, on trouve toujours de petites cantines pas chères tenues par des " mamas " qui cuisinent de délicieux poulets et plats en sauce.
Le manioc (en pâte ou en feuilles), le haricot, la patate douce, la banane plantain et, plus modestement, la pomme de terre, sont les aliments de base du régime alimentaire burundais, et ils s'accompagnent souvent les uns les autres. Quand l'argent et les produits sont suffisants, on améliore l'ordinaire en cuisinant des sauces, à base d'huile de palme ou d'arachide, et, plus rarement, des viandes et poissons.
Il existe aussi des variations locales dans les régimes alimentaires, en fonction des spécialités des terroirs. Ainsi, dans les basses terres (Imbo et Kumoso), et jusque dans les quartiers périphériques de Bujumbura, le riz détrône les autres plantes. Au sud, ce sont des céréales comme le soja, le blé ou le maïs qui dominent.
La pâte de manioc, dite ubugali (ubugari), est dans la plupart des repas. On obtient la farine de manioc en faisant cuire, en grattant puis en séchant au soleil les racines de la plante, qui sont ensuite pilées ou moulues (les moulins se signalent par la poussière blanche qui les entoure et les meuniers aussi !). On mélange ensuite cette farine (ubufu) avec de l'eau bouillante, pour obtenir une pâte assez solide (riche en amidon), de couleur crème ou un peu jaune selon sa fermentation. Le traitement des tubercules du manioc amer par cuisson vise à éliminer le cyanure qu'ils contiennent et peut s'avérer fatal. Ce traitement ne s'applique pas au manioc doux, également présent au Burundi.
Le bugali maison se présente sous forme de boule, dont on attrape des morceaux avec les doigts pour les tremper dans les haricots, la sauce ou d'autres mets préparés à côté. Il existe aussi une pâte plus solide, que l'on peut découper au couteau et manger un peu comme un gâteau, ou bien faire revenir, dans les préparations plus audacieuses. Ce pain de manioc longue conservation (shikwenge) est enveloppé dans des feuilles de bananier et très apprécié. Le meilleur se trouve dans le sud du pays.
D'autres pâtes alimentaires sont préparées à partir d'éleusine ou de sorgho. On obtient la farine en écrasant les graines de ces céréales. Leur mode de consommation est le même que celui du bugali de manioc.
La consommation de viande n'est pas courante sur les collines. Même dans les familles d'éleveurs, on hésite à tuer les vaches, car la possession de bétail (vivant) garantit d'un certain statut social. Aussi, on abat plus facilement chèvres et poulets. Dans les villes, la consommation de viande est plus fréquente, parmi la population la plus aisée.
Les brochettes sont en revanche une tradition nationale. Des stands de " vétérinaires " sont installés partout dans le pays, à proximité des/ou dans les cabarets. On propose en général du boeuf ou de la chèvre (surtout à l'intérieur du pays), plus rarement du porc, et toutes les parties de l'animal sont consommées (muscles, foie, coeur, etc.). Une brochette sur le pouce coûte en moyenne 1 500 BIF, avec des variations à la baisse ou à la hausse selon les endroits. On l'accompagne souvent de frites de banane plantain.
Les viandes en sauce sont l'une des spécialités des " mamas " qu'on trouvera installées dans les petites " cantines " de Buja (Bwiza, Buyenzi...), et qui font là concurrence aux chefs des restaurants mieux assis. Le michopo, un plat d'origine ouest-africaine à base de viande fumée et assaisonnée (boeuf ou mouton), est très populaire, de même que quelques spécialités de la RDC voisine, comme le poulet à la moambe qui, avec son accompagnement de sombe, bitoke, bugali ou riz, est un véritable régal. Les influences européennes, belges surtout, ne sont pas en reste. Ainsi, la carbonade est un plat apprécié des Burundais (originellement à la bière, on la prépare aussi à la tomate).
Le poisson joue un rôle primordial, voire prépondérant dans l'alimentation des riverains des lacs, près du Tanganyika et des autres lacs du Nord (Dogodogo, Rwihinda, Cohoha, Rweru...). Les progrès réalisés dans sa conservation ont permis sa diffusion sur les collines, mais il faut assumer le prix du transport. Les poissons sont appréciés grillés sur le mbabula ou en papillote, avec riz aux oignons et tomates. Le choix est considérable entre ndagalas, tilapias, kuhe (prononcer " kouhé ") ou surtout les " capitaines " (mukeke, sangala, nonzi...).
Les ndagalas sont sans conteste la spécialité du littoral du Tanganyika. C'est une sorte de petite sardine argentée qui accompagne en sauce le bugali, ou que l'on grignote en friture, froide ou chaude.
Huiles et condiments. L'huile de palme (de jaune à rouge), fabriquée uniquement dans la plaine de l'Imbo mais commercialisée dans l'ensemble du pays, sert partout. Dans certaines régions toutefois, et notamment à l'est du pays, la poudre d'arachide lui est préférée.
Le sel est aussi crucial, à côté de deux ingrédients essentiels dans tout bon plat burundais : les oignons, présents dans la plupart des préparations en sauce, et le pili-pili. Ce mot renvoie à la fois au piment rouge cultivé dans la plupart des jardins familiaux (méfiance : plus ils sont petits, plus ils sont féroces) et à la préparation que l'on trouve sur les tables de tous les restaurants, sous forme de poudre ou de sauce piquante. Une pointe suffit à brûler le gosier, ou à gâcher un plat ! A n'utiliser qu'avec parcimonie, si l'on est sensible du palais ou des intestins.
Laitages et fromages. Le lait est important surtout dans le régime alimentaire des éleveurs. Beaucoup de Burundais en boivent un verre le matin, comme on boirait un jus d'orange en Occident, ou bien le dégustent en yaourt très liquide (ikivuguto), avec du sucre ou du miel.
Les fromages connaissent en revanche une popularité moindre. On en trouve de chèvre ou de vache, à pâte molle ou dure, crue ou cuite, souvent sous la forme de " briques " (brique de Kiryama, fromage de Mutoyi ou de Ngozi, ou encore importé de Goma, en RDC). On les consomme presque exclusivement dans la capitale et dans les zones productrices (Bururi, Muramvya, Ngozi).
Le sucré. Les Burundais consomment peu de sucreries. En effet, bonbons, pâtisseries, confiseries et fruits sont considérés comme des aliments d'enfants. Il n'est donc pas coutume de terminer le repas par un dessert et seuls les restaurants des villes en proposent.
Les fruits sont innombrables et leur abondance défie l'appétit le plus gargantuesque. On en trouve à chaque coin de rue, mais pas toujours dans les restaurants. Il ne faut pas oublier de les peler ou, au moins, de les laver à l'eau propre. Les bananes, les papayes (solo) et les mangues sont, selon les saisons, les fruits les plus faciles à se procurer. Mais on trouve aussi agrumes, fraises, prunes du Japon, groseilles du Cap, ananas et quelques fruits sauvages au goût inattendu, comme la pomme cannelle ou le coeur de boeuf, dont on mange la chair crue ou dans des préparations de crèmes ou de sorbets.
Les glaces et les sorbets doivent être envisagés avec circonspection, en fonction de la qualité de l'eau et de la propreté générale de l'établissement. A Buja, des glaciers itinérants à vélo proposent des cornets (1 000 BIF). On n'a jamais entendu personne raconter en avoir été malade.
Le miel enfin ne peut être oublié au chapitre des douceurs, à manger à la cuillère ou dans un yaourt. Les Burundais en sont très friands, aussi on en trouve facilement partout dans le pays.
A l'heure de l'apéritif, on ne trouvera guère que des arachides à picorer (le mot " cacahuète " est peu usité). On les trouve en vente partout, en petits sachets (à partir de 20 BIF), sur les étals de rue ou vendues par des enfants. Ces arachides sont bonnes et pas salées outre mesure, comme c'est souvent le cas des produits industriels. Les Burundais aiment aussi les cacahuètes bouillies, qui sont peu digestes.
Mais les petits snacks et autres amuse-gueules ne sont pas courants. On pourra servir des morceaux de canne à sucre (dans le Sud-Est), des petits carrés de fromage ou des fruits (petites bananes, tomatines) pour accompagner un verre. En ville, dans plusieurs bars ou restaurants de Bujumbura, il est possible de grignoter des samboussas (triangles de pâte de brick fourrés de viande hachée mélangée à divers condiments), des boulettes ou des fritures de ndagalas, délicieux avec un zest de citron.
Enfin, au moment des pluies, une foule d'insectes, et notamment des termites, sortent de terre. On les attrape et on les consomme grillés, surtout dans l'est du pays (Kumoso, Buragane, Buyogoma). Si le coeur vous en dit...
Les tubercules et les légumineuses sont distingués des " légumes ", imboga en kirundi, qui sont tous les légumes verts, les feuilles et les crudités. En fait, on pourrait dire que les tubercules sont pour les Burundais un peu comme le pain pour les Européens, les légumineuses comme la viande, et le reste comme des légumes à proprement parler. Dans les restaurants urbains, on sert volontiers des crudités en entrée (salades, tomates), alors que les Burundais de l'intérieur apprécient plutôt les légumes cuits.
La liste des " légumes " tels que les Européens les entendent est longue, mais on ne les trouve pas toujours tous facilement. En voici quelques exemples :
Igitoke. La banane-légume (plantain) est verte et longue. On la consomme cuite à l'eau ou revenue dans l'huile en frites ou en rondelles. Son goût étonne, mais on s'y habitue vite et elle est très nourrissante. En proposant des " frites " avec des brochettes dans un cabaret, le serveur pourra omettre de dire qu'il s'agit de frites de banane, car celles-ci sont plus fréquentes que celles de pomme de terre.
Igiharage. Le haricot constitue l'aliment de base des habitants des plateaux centraux, qui en mangent au moins une fois par jour. Son cycle végétatif court permet plusieurs récoltes par an et il remplace la viande dans le régime alimentaire courant. On en trouve des dizaines de variétés, de toutes tailles et couleurs. Le plus répandu est le haricot rouge, ensuite viennent le haricot doré de Kirundo ou du Kirimiro, le jaune rond ou long de Tanzanie, le haricot ailé, riche en protéines (blanc au Burundi, jaune au Congo...).
On doit faire tremper les haricots un certain temps avant leur longue cuisson et souvent on les sert juste avant qu'ils ne soient en purée. Ils se marient bien avec la pâte de manioc, la banane, les patates douces, la pomme de terre, le riz ou des légumes (lenga-lenga, chou), et sont souvent accompagnés d'une sauce de poisson ou de viande, si les finances le permettent.
Ubushaza. Le petit pois est produit à une altitude supérieure à celle du haricot (au-dessus de 1 800 m). Il est comparable à ce dernier pour ce qui est de ses usages alimentaires.
Ikijumbu. La patate douce est plus répandue que la pomme de terre et il en existe de nombreuses variétés (jaune, rouge, blanche, du Kirimiro ou de l'Imbo...). Son goût sucré est apprécié par les étrangers ; pour les Burundais, c'est surtout un aliment d'appoint en période de soudure car elle résiste aux sécheresses prolongées.
Ikiraya. La pomme de terre est une spécialité du Mugamba et du Bututsi, mais elle se répand maintenant dans le nord du pays. Sa consommation en frites est réservée aux habitants des villes. Ailleurs, on la mange cuite à l'eau, en accompagnement des haricots.
Iteke. La colocase est une plante vivace à rhizomes tuberculeux d'origine asiatique. Elle a longtemps constitué, avec le haricot, la base du régime alimentaire burundais, mais aujourd'hui elle tend à disparaître. Ses propriétés sont un peu celles du manioc : on se sert de ses feuilles et de ses racines, et elles doivent subir le même traitement pour éviter une intoxication alimentaire (trempage, lessivage et cuisson selon des durées à respecter impérativement).
Le lenga-lenga. Ça ressemble à des épinards mais ça n'en a pas le goût. Le lenga-lenga est un légume qu'on sert souvent pour accompagner le bugali et les haricots, ou la viande au restaurant. Il s'agit des feuilles d'une variété d'amarante (tétragone) cuites à l'eau.
Le sombe (isombe). C'est l'un des plus délicieux mets qui soient au Burundi. Il s'agit de feuilles de manioc hachées très finement et mélangées à toutes sortes d'ingrédients dont dispose le cuisinier (quelques os de poulet, ou du poisson, toujours un peu de piment). Comme pour les tubercules de manioc, il faut laisser bouillir les feuilles longtemps pour éviter les problèmes de santé (cyanure).
Les urutore, aubergines locales, vertes, jaunes ou orange, ont un goût amer, mais sont très appréciées par la population. A goûter pour leur saveur originale.
La bière : le breuvage roi ! Si la spécialité des Belges est pour quelque chose dans l'engouement des Burundais pour les bières industrielles, l'expérience coloniale ne saurait à elle seule justifier ce goût prononcé pour les boissons alcoolisées. En vérité, depuis des siècles, les Burundais fabriquent des " bières " artisanales, et ils sont aujourd'hui détenteurs de records de consommation en Afrique centrale et orientale, que ce soit pour la bière de banane ou pour la bière industrielle. En fait, la bière est la boisson incontournable du Burundi, et ceux qui ne l'apprécient pas sont presque considérés comme des hérétiques...
Toutes les bières, artisanales ou industrielles, sont appelées génériquement inzoga en kirundi (les boissons fermentées) ou pombe en kiswahili. Les bières locales sont prisées en milieu rural et accompagnent les échanges et les manifestations sociales (elles constituent aussi un apport nutritif non négligeable). Elles sont symbole du partage car la cruche est commune et circule dans l'assistance, tout le monde y enfonçant ensemble son " chalumeau " (une paille pour aspirer). Les bières industrielles sont plutôt bues au cabaret. Leur consommation est plus individualisée, à la bouteille, ce qui n'empêche pas qu'elles restent d'un intérêt social crucial.
La bière de banane. C'est la plus consommée du pays. On la fabrique dans toutes les familles et certaines régions sont de hauts lieux de sa commercialisation (Rugombo, Kirundo, Rutana). En fait, la plupart des bananeraies qui entourent les habitations sont cultivées à cet usage (banane amère, igikashi) et non pour la consommation du fruit (banane douce, igisahira).
La bière de banane est obtenue par la fermentation, dans des auges, d'un jus que l'on fabrique en enterrant des régimes entiers de bananes pour les faire mûrir et que l'on fait ensuite macérer dans de l'eau. Elle est connue sous des dizaines de noms différents, selon son stade de fermentation et ses usages. La plus répandue est l'urwawa. Son goût acidulé peut faire penser à une sorte de cidre, et elle est plus ou moins alcoolisée. L'isongo et la rugombo (du nom du centre urbain où on la fabrique, près de Cibitoke) sont plus fortes, car sans adjonction d'eau comme dans l'urwawa.
Bière de sorgho et d'éleusine. Plus ancienne, moins facile à trouver en dehors des collines, la bière de sorgho ou d'éleusine (impeke) est considérée comme la plus raffinée des bières artisanales, mais son goût amer et sa consistance pâteuse peuvent déplaire aux étrangers. Elle est obtenue par la fermentation d'une pâte de sorgho ou d'éleusine et se consomme avec entrain dans les festivités collectives. Toute une série de techniques de tirage au chalumeau lui sont attachées, auxquelles il faut s'entraîner pour pouvoir dignement participer au partage de la cruche (aspiration bruyante en levant le chalumeau en l'air, tout un art !). Il arrive de trouver de l'impeke miellé, ce qui adoucit son goût acide.
Hydromel. Cette boisson, assez légère, est de plus en plus rare. On la fabrique en ajoutant une part majoritaire d'eau à du miel, que l'on fait bouillir, avant de laisser le mélange fermenter.
La Brarudi (Brasseries et limonaderies du Burundi) est l'entreprise qui possède le monopole de la fabrication de ces bières dans le pays depuis plus de cinquante ans (fondée en 1956). Elle dispose de deux usines, à Bujumbura et à Gitega (la Bragita, depuis 1985), où l'on fabrique la très célèbre Primus (également brassée au Congo voisin) et la non moins fameuse Amstel, toutes deux entrant dans la catégorie des " pils ", des bières plutôt légères, même si la seconde l'est moins que la première. La Brarudi est aussi responsable de l'importation de la marque Heineken (le groupe hollandais est aujourd'hui son actionnaire majoritaire, avec 60 % des parts), ainsi que de la production et de la commercialisation de la plupart des sodas vendus dans le pays.
La Primus est véritablement la bière nationale burundaise, la plus ancienne aussi. Elle est vendue en format " familial ", c'est-à-dire dans des bouteilles de 72 cl, et c'est la moins chère de toutes les bières.
L'Amstel est apparue dans les années 1980, et elle a fait son chemin depuis, même si son prix est plus élevé que celui de la Primus. Théoriquement, on la trouve sous deux formes : la blonde, embouteillée en 33 cl ou en 65 cl, et la brune dite " Bock ", qui n'a longtemps été disponible qu'en 33 cl mais qui l'est depuis 2012 également en 65 cl. En réalité c'est surtout la grande Amstel qui est populaire, et les cabarets n'ont pas toujours en stock les petites blondes ou les Bock.
La Heineken a progressé depuis l'introduction des actionnaires hollandais dans le capital de la Brarudi. Mais elle reste une bière bourgeoise, son prix étant quatre fois supérieur à celui d'une Amstel... autant la boire en Europe !
Les bières importées, du Congo (Tembo), du Kenya (Tusker) ou de la Tanzanie (Serengeti), sont de plus en plus fréquentes, mais elles restent onéreuses. Des Skol et des Mützig ont aussi commencé à envahir le marché local.
" Chaude ou froide ? ". C'est la question à laquelle il faudra répondre au serveur. En effet, par habitude, obligation (faute de frigo) ou par goût, les Burundais apprécient souvent de boire la bière " chaude " (ishushe), c'est-à-dire chambrée, à température ambiante, contrairement aux étrangers qui l'aiment en général " froide " (ikanye). En outre, le verre est rarement de mise, en dehors des bars en ville. Sur les collines, tout le monde boit à la bouteille (les bouteilles sont lavées à la Brarudi avant d'être réutilisées).
Vins. Les vins sud-africains, les plus courants au Burundi, se sont améliorés ces dernières années, et on en trouve désormais d'autres marques que le très répandu Drostdy Hof. Toutefois, les problèmes de conservation demeurent et les bouteilles supportent mal la chaleur. Si on souhaite vraiment goûter un vin acceptable, on peut en acheter dans plusieurs épiceries internationales de Buja ou le commander dans un établissement haut de gamme, mais il faut alors y mettre le prix (au moins 30 000 BIF). Au Grand séminaire de Burasira, dans le centre du pays, les religieuses préparent aussi un vin particulier, le Bourasine, à base d'ananas.
Sodas et jus. Les boissons " fraîches " non alcoolisées sont presque seulement des sodas que la Brarudi commercialise à côté de la bière. Coca-Cola, Fanta (orange, citron), et Sprite sont les plus courantes, on les trouve partout dans le pays. Mais la Brarudi embouteille aussi des boissons fruitées, non gazeuses, qui sont une alternative appréciable à tous les sodas sucrés. Le Fruito, au maracuja (fruit de la passion) ou à l'ananas, en fait partie, tout comme les briques Bibo aux fruits (fraise, orange, etc.), sans colorant ni arôme artificiel, plutôt destinées aux enfants.
L'eau embouteillée est gazeuse ou plate, et on la trouve, assez chère, dans tous les restaurants et les épiceries de Buja. Il en existe à ce jour neuf marques, mais ce sont surtout la Kinju et l'Aquavie qui sont les plus répandues.
Boissons chaudes. Le café, qui assure pourtant une part importante des revenus d'un grand nombre de paysans, n'est pas très consommé par les Burundais. Souvent, on le prépare léger, un peu à la mode nord-américaine, et les machines à expresso sont rares en dehors de Bujumbura. Le thé est plus répandu, traditionnellement dans les milieux swahilis, et de plus en plus souvent dans les campagnes. Parfois on mélange aussi les deux, thé et café, ce qui donne le " thé russe ", qui n'est pas sans étonner. Le soir, on peut se voir proposer une infusion de citronnelle (Cymbopogon citratus), une herbe qui dégage une forte odeur d'agrume et que l'on fait pousser autour des maisons car elle est censée éloigner les moustiques.
Bières de banane, de sorgho ou de miel, toutes ces boissons fabriquées au rugo sont autorisées à la consommation. En revanche, certains alcools excessivement forts, distillés de manière clandestine, sont prohibés et leur consommation fortement réprimée par les autorités. On peut citer parmi ceux-ci le kanyanga ou rutuku, un alcool fabriqué à partir de déchets et d'épluchures de manioc, répandu dans les quartiers de Buja, l'umunanasi et l'umuraha, à base d'ananas, que l'on trouve dans les provinces où le fruit pousse, ou encore l'umudrink et l'umurahajari.
Tous ces alcools frelatés attaquent violemment le cerveau et il est vraiment recommandé de ne pas y toucher, non seulement parce qu'ils sont interdits, mais surtout parce que leurs effets peuvent être dramatiques (lésions du cerveau ou d'autres organes, perte totale de conscience...).
La bière, qu'elle soit industrielle ou artisanale, crée et entretient le lien social au Burundi depuis des générations. Son usage collectif, les lieux où on la déguste, les fonctions qui lui sont assignées, participent tous du caractère associatif du breuvage, qui unit les individus mieux que toute autre forme de socialisation.
Cette pratique aux importantes vertus relationnelles a pourtant ses inconvénients, comme on peut s'en douter. Le moindre est de voir son ventre gonfler en quelques jours seulement, mais les autres posent des problèmes sociaux plus sérieux, dans les domaines de la santé, de la sécurité, de la gestion des ressources familiales, voire dans le secteur du travail puisque certains se présentent ivres au bureau...
De ces constats le gouvernement Nkurunziza (lui-même protestant ne consommant pas d'alcool) a tiré en 2005 la leçon qu'il fallait interdire l'ouverture des cabarets avant 17h. Mais il s'est heurté à la pesanteur d'une culture bien ancrée dans la société. Les moeurs évoluent en effet rarement au rythme où l'on signe des décrets, et les habitudes de consommation des Burundais, que les statistiques classent devant tous leurs voisins (avec une production de plus de 13 litres par an et par habitant, dans un pays où la moitié de la population a moins de 14 ans...), n'ont guère changé depuis. La mesure a été respectée de mauvaise grâce par quelques-uns, mais surtout habilement contournée par d'autres, puis en 2014 elle revient sur le devant de la scène avec toujours aussi peu de chance d'être suivie à la lettre.
Kirinyota mugenzi ! (" Assouvis ta soif l'ami ! "). Quelle que soit les conditions dans lesquelles ils pourront boire, les Burundais n'ont pas fini de trinquer sur ce mode amical, popularisé depuis des décennies par les affiches de publicité de la Primus dans les rues de Bujumbura et sur les routes du pays...
Usages de table. Les usages de table familiaux comportent des particularités qui peuvent étonner les étrangers. Par exemple, les adultes et les plus jeunes (les parents et leurs enfants) ne partagent pas leurs repas. Rares sont les tablées réunissant tous les membres d'une même famille et, même en ville où les modes de vie ont tendance à se rapprocher des modèles européens, cet usage est maintenu : on ne s'attable avec les parents qu'à la grande adolescence.
Cette pratique rappelle que la discrétion est de mise à propos d'alimentation : il est mal vu de grignoter dans la rue, ou de manger en public, et l'on évitera de s'appesantir sur les détails et la qualité d'un repas dans une conversation avec des Burundais.
Espaces et ustensiles. La cuisine est une affaire de femmes en milieu rural. En ville, chez ceux qui ont du personnel de maison (ce qui est fréquent), il est courant de voir des " boys cuisiniers " aux fourneaux. Le découpage et la cuisson des brochettes sont des activités masculines, pratiquées par ceux qu'on appelle les " vétérinaires ".
Mis à part les stands de préparation des brochettes ou les cours intérieures des rupango, à Buja, on cuisine toujours à l'arrière de la maison dans une pièce ou en plein air, et les espaces sont bien délimités entre les parties d'habitation et celles où l'on prépare les repas.
Les maisons avec plaques électriques ou gazinières sont rares en dehors des villes. On cuit ordinairement les aliments sur petits braseros en métal (mbabula), très consommateurs de charbon de bois (makala), ce qui explique en partie la déforestation qui mine le patrimoine végétal burundais.
A l'intérieur du pays, les récipients utilisés pour conserver les aliments (eau, lait, graines, etc.) sont souvent des calebasses, fabriquées avec des courges spéciales évidées et séchées. Des poteries servent à la cuisson et à la présentation des aliments. En ville, les couverts, assiettes et autres ustensiles de cuisson, en métal et en plastique, sont d'usage courant et, dans ce domaine, les produits chinois tiennent le haut du pavé, même s'ils sont d'esthétique et de solidité médiocres.
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