Guide du Burundi : Les plus du Burundi
Si sa superficie fait du Burundi l'un des plus petits Etats d'Afrique, sa nature généreuse et son patrimoine biologique le classent parmi les territoires les plus variés du continent. En quelques kilomètres, on appréhende plusieurs Afriques : celle des savanes souvent associée à la sécheresse (dépression du Kumoso) ; celle de l'humidité en altitude qu'on éprouve sur les sommets de la Kibira où se maintient une forêt primaire ; ou encore celle des vertes collines au centre du pays, couvertes de bananiers et de plantes accrochés à la pente par on ne sait quelles racines magiquement puissantes. Les paysages offrent souvent des vues simples, parfois ils sont grandioses.
Du Mugamba, où l'appellation de " Suisse africaine " prend tout son sens, au Bugesera où les lacs apaisent le regard, en passant par les reliefs du Buyenzi couverts du vert sombre des caféiers, on traverse différents terroirs et écosystèmes. Certes, dans ces environnements façonnés depuis des siècles par les hommes, l'animal n'a plus la place qu'il a conservé chez les voisins comme la Tanzanie ou le Kenya. Ici point de lions, d'éléphants ou de girafes, tout juste des crocodiles et des hippopotames se partageant les eaux, quelques buffles et des singes peuplant les massifs montagneux de la crête Congo-Nil. Mais les poches de maintien de la biodiversité sont nombreuses, et le voyageur curieux trouvera quelques plaisirs particuliers : le Burundi est le paradis des ornithologues, des amateurs de papillons, de poissons et de reptiles exotiques, et il constitue une réserve florale sans équivalent dans la région, avec une variété considérable d'orchidées, souvent endémiques, comme le sont aussi les palmiers de la Rusizi.
La meilleure raison de visiter le Burundi, outre l'originalité de la destination, c'est la perspective d'en rencontrer la population. La première richesse du pays, c'est celle-là. Accueillants et sociables, les Burundais sont ouverts aux visiteurs. Sur les visages intrigués par la présence étrangère inattendue se dessinent la plupart du temps de larges sourires qui sont autant d'invitations à discuter et à se familiariser avec la culture locale.
Ici on peut être réservé, mais la discrétion n'implique pas forcément la timidité : qui parle français ou swahili entrera aisément en conversation avec un étranger, qui ne parle que le kirundi se fera comprendre dans la langue de l'hospitalité, avec des gestes appropriés.
Malgré des conflits répétés depuis l'indépendance en 1962, qui ont meurtri les individus, les familles et la société, et malgré la pauvreté et le dénuement qui touchent une majorité des Burundais, ils affichent en réalité un optimisme et un courage exemplaires. Ceci mérite aussi d'être découvert.
La guerre civile a fermé les portes du pays au tourisme, et les seuls étrangers à le parcourir ont surtout été des membres d'organisations internationales. Aussi, le visiteur est encore souvent accueilli avec curiosité ou incrédulité, surtout là où n'existe aucun programme d'aide extérieure. La simple présence d'un étranger sur une route ou dégustant des brochettes au " cabaret " suscite un attroupement spontané. Serviabilité et spontanéité sont prodiguées au visiteur d'une heure comme à celui qui s'attarde. Voilà qui contraste fort avec un certain individualisme occidental. Et cela aussi vaut la peine d'être vécu !
La population du Burundi comprend trois composantes principales, les Hutu, les Tutsi et les Twa. Contrairement à ce qui peut être le cas ailleurs en Afrique, ces groupes " ethniques " (amoko) n'ont pas forgé des cultures séparées. Ici, une langue (le kirundi) et des pratiques sociales communes ont constitué au cours du temps une culture partagée l'ensemble de la population, réunie sur un territoire unifié depuis le XVIIIe siècle.
Bien que les traces physiques du passé, ancien et monarchique, soient rares dans cette civilisation du végétal et de la parole, le patrimoine culturel et historique du pays est d'une richesse considérable. A qui prête l'oreille aux récits qui circulent sur le Burundi d'autrefois et à qui s'intéresse aux lieux de mémoire du temps jadis (ici, des arbres-mémoire) et aux témoignages de la vie d'aujourd'hui, se dévoile un univers culturel unique et d'abord déroutant.
Il est sans doute difficile d'accéder à cet univers en quelques jours, sans connaître le kirundi dont les subtilités sont une autre manifestation de la complexité burundaise. Mais il est possible d'en effleurer le sens en goûtant aux plaisirs de la vie quotidienne et en observant les codes de la société, en s'émerveillant des prouesses et des facéties des tambourinaires ou en visitant les quelques musées et attractions du pays.
Qu'on soit frileux ou qu'on redoute l'intensité des chaleurs tropicales, tout un chacun pourra apprécier la douceur du climat burundais. Ici pas de chaleur excessive, sauf parfois dans les basses plaines ou à Bujumbura où le soleil peut frapper fort en saison sèche, et le froid typique des nuits en altitude ne nécessite pas une garde-robe hivernale.
La différence entre les saisons est marquée par des écarts thermiques significatifs, mais c'est en réalité la pluie qui constitue le déterminant principal des changements climatiques. Les précipitations peuvent être fortes en saison des pluies, mais elles sont de courte durée (souvent en fin d'après-midi) et le soleil reprend vite ses droits : tout sèche à vive allure, le bitume des routes comme les vêtements trempés par les averses.
Attention quand même au rhume qui guette (on vous dira " la grippe ", mais voyez quand même un médecin si ça dure) !
Le Burundi est une destination encore peu coûteuse, en dehors du billet d'avion, mais la motivation d'un voyage à peu de frais ne peut se suffire à elle-même. En effet le niveau des revenus est bas et le coût de la vie exorbitant pour les plus pauvres, qui peinent souvent à survivre. Tout ceci contraste violemment avec le confort financier, même modeste, qu'affichent la plupart des visiteurs étrangers, surtout occidentaux. Peu d'étrangers échappent aux cas de conscience qui naissent de cette profonde inégalité économique.
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