Guide d'Érythrée : Arts et culture
L'architecture érythréenne est intéressante à plus d'un titre : tout d'abord, par la variété de l'architecture ethnique en fonction des régions ; ensuite, par l'architecture arabisante de la ville côtière de Massawa ; et, enfin, par le riche patrimoine architectural moderniste issu de la colonisation italienne, unique en Afrique.
Architecture moderniste ou, Art déco, à Asmara. Le principal ensemble érythréen de bâtiments modernistes dits " Art déco " se trouve concentré dans la capitale, à Asmara, bien qu'on en trouve quelques éléments à Massawa également. Ce patrimoine moderniste est issu de la colonisation italienne et du projet mussolinien des années 1930 de faire d'Asmara la capitale de la Corne de l'Afrique, ce qui explique le qualificatif de " piccola Roma " (petite Rome) donné à la ville à cette époque. Il s'est paradoxalement conservé jusqu'à aujourd'hui grâce à la guerre d'Indépendance érythréenne qui, pendant des décennies, a ralenti la croissance des villes, empêchant que de nouvelles constructions remplacent ou transforment les anciennes. Il a tout de même souffert du manque d'entretien durant ces années et, pour un certain nombre d'entre elles, des bombardements. Une campagne de restauration a été entreprise : dans un premier temps avec le concours de la Banque mondiale, entre 2001 et 2006 ; et, plus récemment, avec le soutien de l'Union européenne (Projet Cultural Heritage, 2009-2012). Asmara a été proposée comme addition possible à la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Architecture d'inspiration ottomane à Massawa. La ville de Massawa témoigne par son architecture des influences multiples qui l'ont traversée depuis un passé reculé, en lien avec son activité portuaire. Islamisée dès le VIIe siècle, elle appartient au XVIe siècle, avec l'Erythrée, à l'empire ottoman. La plupart des bâtiments actuels encore bien conservés témoignent de l'influence ottomane, que ce soit des habitations, des maisons de marchands, des édifices publics ou religieux (mosquées). Les principaux éléments de l'architecture islamique ottomane que l'on retrouve à Massawa sont les arcades et colonnades, souvent superposées sur deux étages, les fenêtres à moucharabieh, simples ou doubles, les mosquées à coupoles. Compte-tenu de la proximité de la mer Rouge, un certain nombre de constructions ou d'éléments de constructions sont réalisés en corail.
L'Art déco est un mouvement artistique né en réaction à l'Art nouveau aux lignes sinueuses inspirées de la nature végétale ; il commence en 1920 et tire son nom de l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes qui eut lieu à Paris en 1925. Il étend son influence tant dans l'architecture et le design que dans toutes les formes d'arts plastiques. Mais, en architecture, cette appellation est trompeuse, car le décor y tient peu de place. L'architecture " Art déco " est en fait une architecture moderniste : d'après les théories du modernisme, ce courant d'architecture apparu dans la première moitié du XXe siècle prône le retour au décor minimal et aux lignes géométriques pures, grâce notamment aux matériaux nouveaux (verre, acier, béton). On parle même d'architecture " cubiste " tant la simplification des formes est poussée. Les moulures sont rares et les décors géométriques, quand il y en a, sont cantonnés aux corniches et aux linteaux de fenêtre. A Asmara, les différents bâtiments industriels Art déco (stations services d'essence) sont épurés dans le style cubiste ou même futuriste pour le Fiat Tagliero dont les volumes dessinent la forme d'un avion. Le cinéma Impero est également de style moderniste ainsi que de nombreuses villas qui interprètent chacune ce style avec leurs particularités.
L'artisanat est partout en Erythrée, car il est la source de nombreux objets traditionnels utilisés dans la vie de tous les jours. Mais il ne faut pas s'attendre à trouver des boutiques d'objets artisanaux, tout au plus quelques rares échoppes aux abords des souks. En revanche, on trouve sur tous les marchés des jeneba, cafetières en terre cuite noire qui servent à la cérémonie du café, de larges plats à injera en vannerie et ces larges écharpes blanches dans lesquelles se drapent les femmes, les netsela, tissées à la main (ou parfois aussi à la machine). Principalement à Asmara et à Keren, l'on peut voir des bijoux d'orfèvrerie en or et en argent martelés. Et, dans la région de Keren, les thoube et turbans que portent les hommes et les robes colorées que portent les femmes. Dans les objets d'artisanat, il ne faut pas oublier les instruments de musique, en particulier cette petite lyre typique qui accompagne toutes les cérémonies chantées et dansées, variante érythréenne du krar éthiopien.
La danse a un rôle très important dans la société érythréenne. Elle marque les principaux évènements de la vie, tels que les mariages et les anniversaires, et elle est présente dans toutes sortes de célébrations, notamment dans les fêtes religieuses. Traditionnellement, elle permettait aux jeunes gens et aux jeunes filles de se rencontrer et aux guerriers de faire la démonstration de leurs prouesses.
La danse des Kunama et celle des Hedareb comptent parmi les plus spectaculaires. D'après la tradition orale, l'une, dansée en l'honneur des hôtes de marque, raconte l'histoire d'un éléphant ; et une autre, dansée par de jeunes filles, s'inspire des mouvements de l'oiseau dont elle imite le vol et la façon de se poser.
Il n'y a pas de tradition littéraire érythréenne, même si aujourd'hui une production se développe : théâtre, poèmes et nouvelles, avec pour thème central la lutte contre la domination éthiopienne lors de la guerre d'Indépendance. La plupart des auteurs écrivent en tigrinya ou en arabe, tandis que six des neuf langues nationales ont adopté l'alphabet latin. Et trois auteurs, Musgun Zerai, Issayas Tsegay et Solomon Drar, publient en 2008 un livre collectif de courtes pièces en anglais, Three Eritrean Plays, afin d'ouvrir la littérature érythréenne aux personnes ne parlant pas et ne lisant pas le tigrinya. L'Alliance française à Asmara a créé en 2011 le site Internet www.eritreartime.com sur lequel des auteurs érythréens sont publiés en anglais, pour leur permettre de se faire connaître internationalement. C'est le cas notamment d'Alemseged Tesfai et de Tedros Abraham Beraki.
Cas unique sur le continent africain, la totalité des médias en Erythrée appartient au gouvernement.
La presse. L'agence de presse nationale est l'Erina et le principal journal national est Haddas Ertra, publié en tigrinya, trois fois par semaine. Les autres journaux sont Eritrea Profile, Tirigta et Geled.
La radio. La station radio la plus importante du pays est diffusée dans les neuf langues nationales ; il s'agit de Dimtsi Hafash. Tandis que Radio Bana est disponible en cinq langues et Radio Zara, uniquement en tigrinya.
La télévision. Eri-TV comporte deux chaînes de télévision.
Musique traditionnelle. Elle fait partie intégrante de toutes les cérémonies et festivités de la vie privée (mariages notamment) et publique, avec les danses qu'elle accompagne. Chaque ethnie a sa propre tradition musicale.
Parmi les instruments traditionnels de la musique tigrinya, le krar, le wata et l'abangala sont des instruments à cordes. Le krar est une sorte de lyre à cinq ou six cordes, le wata un genre de violon monocorde et l'abangala se rapproche du banjo. Le shambko et l'embilta sont des instruments à vent, le shambko ressemblant à une flûte en corne. Et le kebero est un tambour conique à deux têtes que l'on frappe avec les mains, dont le corps est en bois et les têtes recouvertes de peau de vache ; un grand modèle est utilisé dans les cérémonies religieuses orthodoxes. Le kebero et d'autres instruments de percussions accompagnent l'ensemble.
Musique moderne. Depuis la colonisation italienne, la musique érythréenne a été profondément marquée par l'influence de la musique occidentale : le jazz et les musiques populaires diffusées par la radio. De nouveaux instruments et de nouvelles harmonies ont été intégrés au style traditionnel. On peut reconnaître également d'autres influences dans la musique moderne tigrinya, comme celles des musiques soudanaise, perse et turque. Les artistes contemporains utilisent couramment basse, batterie, clavier, guitare et, parfois, un krar électrifié.
A Asmara, un big band s'est monté avec des stars nationales : l'Asmara All Stars. Il est composé de musiciens de tous les âges et de toutes les ethnies. L'Asmara All Stars a sorti un premier album sous l'impulsion du journaliste, musicien et producteur français Bruno Blum, qui a réuni quelques légendes locales : Faytinga, Mahmoud Ahmed Omer, Ibrahim Goret, Brkti Weldeslassie, ainsi que de jeunes artistes comme Yosef Tsehaye et le rappeur Temasgen Hip Hop qui donnent aux rythmes afro-orientaux une coloration emprunte de style reggae ou de funk.
Mais, financièrement, c'est surtout grâce à la diaspora que la scène musicale érythréenne peut survivre et se développer, car en Erythrée, les artistes vivent le plus souvent dans une grande précarité. Cet apport de la diaspora offre également une ouverture vers les autres styles musicaux : le reggae, le R&B, la soul et le rap, toujours le jazz et même l'opéra. Les artistes de la diaspora se produisent régulièrement dans divers festivals de musique, aux USA ou en Europe, et en France, notamment au festival Africolor.
Traditionnellement, la peinture en Erythrée est la peinture religieuse orthodoxe qui illustre dans un style très coloré des scènes de la Bible. On en trouve des exemples aussi bien sur les enluminures des vieux parchemins conservés dans les monastères que sur les fresques murales des nombreuses églises orthodoxes.
Les artistes contemporains existent, mais ont du mal à se faire connaître à l'extérieur des frontières. Cependant, l'Alliance française à Asmara a créé en 2011 le site Internet www.eritreartime.com sur lequel sont consultables les oeuvres de nombreux peintres et photographes. D'autre part, dans certains quartiers d'Asmara, l'on peut voir des exemples de cette peinture contemporaine en plein air, sur les murs.
Une tradition incontournable en Erythrée est celle de la cérémonie du café. Ce sont les femmes qui préparent le café (" buna ", à prononcer [bouna]) selon un cérémonial ancestral qui dure une heure environ et qui a lieu généralement en fin d'après-midi. Elles offrent cette boisson en signe d'hospitalité aux membres de leur famille, aux amis, aux invités, quotidiennement ou lors de festivités. Les grains verts en provenance de l'Ethiopie voisine sont d'abord grillés dans une casserole sur un fumello (petit feu) ou menkeshkesh (poêle à griller). Le parfum de l'encens ou de la gomme arabique que l'on fait brûler à côté se mêle aux vapeurs de café et, une fois les grains torréfiés, les femmes offrent ces vapeurs parfumées à humer à chaque participant. Puis les grains sont déposés dans un grand plat en osier et triés pour écarter les grains trop brûlés. Les grains grillés sont ensuite pilés dans un mortier et versés pour infuser dans un jebena, cafetière en terre cuite noire remplie d'eau bouillante, qui repose sur un pied de métal recyclé ou d'osier. L'infusion de café est alors versée dans un autre récipient pour refroidir tandis que le marc reste dans le jebena grâce à un filtre placé à l'intérieur, à l'entrée du bec verseur (ce filtre est le plus souvent formé de crin de cheval). Ensuite, le café est reversé dans le jebena et porté à ébullition pour infuser à nouveau avec le marc et l'opération est répétée plusieurs fois avant de servir. Enfin, l'hôtesse sert le café pour tous les participants dans de petites tasses posées sur un plateau ; elle verse le café en déplaçant le jebena incliné sans s'arrêter (pour éviter de remuer le marc) jusqu'à ce que chaque tasse soit pleine. Les Erythréens consomment le café très sucré et accompagné de pop-corn. Attention, il est de coutume de boire au moins trois tasses avant de prendre congé : partir avant serait considéré comme une impolitesse.
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