Guide de Biélorussie : Arts et culture
Quand on parle de culture biélorusse, on a du mal à définir de quoi il s'agit. Depuis des siècles, la culture biélorusse a été l'objet de plusieurs influences, polonaise d'abord et russe ensuite. Durant les 150 dernières années, la Biélorussie a été victime d'une russification constante visant à faire des Biélorusses les " petits frères " des Russes. A la fin des années 1980, sur la vague des mouvements d'indépendance qui ont parcouru l'URSS, les intellectuels et les artistes se sont fait interprètes du renouveau national et identitaire du pays à travers, notamment, la sauvegarde de la langue biélorusse. Avec l'arrivée de Loukachenko au pouvoir le processus de renouveau des arts et de la culture s'est enlisé d'un isolement non seulement politique, mais aussi culturel. L'art officiel se méfie de toute expérience artistique indépendante ou innovante. Il est revenu sur les pas d'un conformisme néo-soviétique russifié.
La revue annuelle indépendante Monolog, par exemple, réunit autour d'elle un groupe d'écrivains, photographes, musiciens et peintres qui travaillent de manière complètement indépendante. Imaginatif et subversif, le Théâtre libre de Minsk est le fer de lance de l'avant-garde dissidente et de la résistance à l'esthétique officielle. Il met généralement en scène des oeuvres d'avant-garde ou des pièces dont le sujet porte sur les Biélorusses aujourd'hui, un thème ignoré par les théâtres officiels. Ce théâtre existe de façon clandestine et l'information sur les spectacles se fait par le bouche-à-oreille. Cependant, depuis quelques années, on assiste à des manifestations d'art alternatif dans toutes les sphères. Une nouvelle génération d'artistes s'affirme dans le milieu culturel biélorusse, encore très marqué par l'approche traditionnelle ; des jeunes artistes qui surprennent par leur originalité. Le street art devient la forme d'expression la plus répandue. Plus d'espace fermé, plus de galeries : l'art doit être exposé et vu par le public le plus large possible. Telle est la conception des artistes contemporains biélorusses.
Ce théâtre des marionnettes est une des formes d'art populaire parmi les plus anciennes en Biélorussie, son apparition datant du XVIe siècle. Le nom Batleïka vient de la ville de Bethléem où, selon la Bible, naquit Jésus-Christ. L'histoire de la naissance de ce théâtre est justement liée à la période de Noël et aux sujets bibliques qui initialement y étaient mis en scène. Le répertoire du théâtre s'enrichit par la suite de pièces satyriques sur la vie quotidienne. Le docteur-charlatan, le marchand avide, le seigneur méchant étaient des personnages bien reconnaissables. La scène, comme les marionnettes, était en bois, sur deux étages. La représentation consistait en deux parties, religieuse et satyrique. A chaque partie correspondait son étage, respectivement supérieur et inférieur. Il était extrêmement populaire non seulement en ville, mais aussi à la campagne où des acteurs itinérants se déplaçaient de village en village réunissant autour de la scène les villageois impatients d'assister à la représentation. A l'époque soviétique, ce théâtre fut interdit. Aujourd'hui, le théâtre Batleïka renaît petit à petit grâce à l'enthousiasme de passionnés d'art populaire biélorusse.
Dans les différents styles d'églises, forteresses et palais se manifeste la diversité culturelle et historique du pays. Au carrefour de multiples influences, l'architecture biélorusse est liée aussi bien à l'art russe qu'au Moyen Age de l'Europe occidentale. En cela réside justement sa particularité. Baroque, gothique, Renaissance et, bien sûr, une pointe de soviétisme sont les styles principaux que vous aurez la possibilité de voir lors de votre voyage. Pendant des siècles, les constructions biélorusses étaient en bois ou autres matériaux ne résistant pas longtemps aux intempéries et dont il ne reste aucune trace. Au XIIe et XIIIe siècles surgissent les premiers exemples architecturaux en pierre, liés à la création des principautés. L'église des saints Boris et Gleb à Grodno (XIIe s.) et la tour Belaja Veža à Kamianets (XIIIe s.), deux magnifiques exemples d'architecture romane, et l'église de la Sainte-Ephrosinia à Polotsk (XIIe s.), joyaux de l'école architecturale de Polotsk, constituent ce qui reste de l'époque. Les nombreuses guerres qui ont marqué le territoire biélorusse ont influencé la structure des villes et l'architecture. A partir du XIVe siècle, une grosse importance a été conférée à la construction de forteresses, châteaux et églises défensives. Plusieurs villes, comme Polotsk et Vitebsk, étaient entourées par des enceintes qui dans la plupart des cas étaient en bois. Des fortifications faisaient aussi partie les monastères (Slonim, Niasvij). Jusqu'au XVe siècle, les châteaux étaient construits en position élevée, comme à Navahroudak et à Grodno. A partir du XVIe siècle, ils surgissent dans des dépressions, protégés par des enceintes avec des tours, tels les châteaux de Mir, Kreva et Halshany. Typique de la Biélorussie occidentale sont les églises-forteresses, comme celles de
Synkavičy et de Muravanka. Massives et compactes, elles ont généralement deux ou quatre tours à leurs coins avec des embrasures. Aux XVI et XVIIes., le baroque s'impose. Si au début, l'influence de l'école italienne est évidente, à partir du XVIIe siècle surgissent des monuments baroque biélorusse. Le baroque biélorusse, appelé vilenskoe barokko, est le style de la plupart des monuments qui sont conservés aujourd'hui. Les palais de Nesviž, Ružany et Golšany, les églises de Grodno, Žiroviči, Mogilev et Slonim en sont des exemples. Typique de ces monuments est leur silhouette verticale avec deux tours symétriques et la légèreté de la composition. Les intérieurs sont généralement en style rococo. A partir de la moitié du XVIIIe siècle, le classicisme remplace le baroque. Entre-temps, la construction d'églises en bois se poursuit, dont on peut trouver de beaux exemples surtout en Polésie.
Le XXe siècle est l'époque du monumentalisme stalinien. Détruit par la Seconde Guerre mondiale, le pays est reconstruit selon l'esthétique du réalisme socialiste : avenues disproportionnées, immenses immeubles en béton dans les quartiers-dortoirs, édifices fonctionnels, statues géantes. Néanmoins, à Minsk, l'avenue Niezaliežnasci, élégante et majestueuse, constitue probablement le meilleur exemple d' " empire " stalinien.
Au fil des siècles, l'artisanat biélorusse s'est développé en utilisant les matériaux offerts par la nature : bois, paille, osier, lin et argile. Le travail du bois occupe une place de toute importance dans l'artisanat biélorusse. Des sculptures en bois sont installées dans les jardins publics, dans les espaces de jeux pour les enfants, aux carrefours. Ces figurines en bois finement sculptées représentent des animaux sauvages et des personnages des contes populaires. A la campagne, les jardins devant les maisons sont souvent décorés par des cigognes, des canards ou des champignons en bois qui poussent au milieu des fleurs. On peut acheter des boîtes entaillées et des petites figures représentant les paysans. Le travail de la paille est aussi typique dans ce pays aux traditions rurales si fortes. Avec la paille on fait des poupées, des fleurs, des animaux ou bien des récipients qui, autrefois, étaient utilisés pour la conservation des céréales. Depuis longtemps, le tressage de l'osier est utilisé pour faire des paniers et des boîtes de différentes dimensions, mais aussi des objets ornementaux. Le tissage du lin est sûrement l'orgueil de l'artisanat biélorusse. Avec le lin, on fait surtout des poupées représentant des paysans habillés en costumes folkloriques. On peut aussi acheter des draps et des serviettes en lin. La Biélorussie excelle dans la production non seulement de lin, mais de coton et de laine aussi. Les tapis tissés à la main, très colorés, et les serviettes blanches brodées en rouge, appelées rušniki sont typiques de l'artisanat biélorusse. Ces serviettes étaient utilisées pour décorer la maison, les icônes et pour des rituels comme les noces. L'artisanat en céramique est aussi présent. On trouve vaisselle, sculptures grotesques, jouets et sifflets en terre cuite, peints ou naturels, glacés ou pas !
La ceinture de Sluck étaient un précieux ornement que portaient les nobles polonais et biélorusses aux XVIIIe et XIXe siècles. Larges de 50 cm et longues de 2 à 4,5 m, ces ceintures étaient produites par la manufacture des ducs Radziwill, située à Sluck, sur le modèle des ceintures provenant de Turquie et de Perse qui, vers la moitié du XVIIe siècle étaient très populaires auprès de la noblesse de l'Union polono-lituanienne.
Comme il arrive souvent, l'élève dépasse le maître et les ceintures de Sluck supplantent rapidement leurs cousines turques et perses. Tissées à partir de fils de soie, d'argent et d'or, elles étaient richement décorées de motifs traditionnels biélorusses et orientaux. La légende dit que seuls des hommes pouvaient tisser ces ceintures car les fils d'or et d'argent, touchés par une femme, se ternissaient et abîmaient ainsi la ceinture... Pour la confection de chaque ceinture on utilisait jusqu'à 300 g d'or ! Sur l'exemple de Sluck, progressivement, ouvrent d'autres manufactures pour la production de ces ceintures. De telles manufactures se trouvaient à Niasvij, à Varsovie, à Cracovie et même à Lyon ! Après les insurrections de 1831, les autorités du tsar interdirent de porter ces ceintures et, en 1848, la manufacture fut fermée. Aujourd'hui, il ne reste pas un seul exemplaire de ces ceintures en Biélorussie. La riche collection des ducs Radziwill disparut pendant la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup de ceintures furent également brûlées avec des livres religieux du XVIIe siècle durant les années 1920 et 1930 lors de la " lutte " contre la religion.
La Biélorussie n'a pas une glorieuse tradition cinématographique, son cinéma étant resté toujours à un niveau plutôt provincial. Les studios Belarusfilm ont été fondés en 1924. En 1926, ils produisent le premier film Lesnaja byl' de Yuri Taritch, une histoire de partisans pendant la guerre civile, tirée d'un récit de Michas Čarot. Ce film influence la tradition cinématographique biélorusse. Pendant les 80 ans à venir, le cinéma biélorusse, suivant une tendance littéraire et, plus en général, culturelle, se spécialise en films sur la Seconde Guerre mondiale, un événement qui, encore aujourd'hui, marque profondément l'identité du pays. D'ailleurs, Belarusfilm était ironiquement appelé " Partisanfilm ". D'ailleurs, le film d'Andrei Kudinenko Okkupacija. Misterii (2004) s'insère dans cette tendance. Il s'agit de trois histoires qui racontent la lutte pour la survie des habitants de la Biélorussie occupée par l'armée nazie. Andrei Kudinenko est aujourd'hui le réalisateur biélorusse le plus connu à l'étranger, l'initiateur d'une sorte de renaissance du cinéma biélorusse. La deuxième constante est l'adaption d'oeuvres littéraires, dont les films Ljudi na bolote de Viktor Turov, Alpijskaja ballada de Boris Stepanov et Dichaja ochota korolja Stacha de Valerij Rubintchik sont les exemples les plus importants.
A l'époque soviétique, les studios Belarusfilm étaient spécialisés aussi dans la production de films pour les enfants, dont les plus célèbres on été Les Aventures de Buratino, le Pinocchio local, et A propos du petit Chaperon Rouge (1977). Si dans le domaine de la fiction, la Biélorussie n'excelle pas, ce n'est pas le cas pour le film documentaire. Des réalisateurs comme Galina Adamovitch, Viktor Asliuk, Michail Zhdanovski et Yuri Khashchevatski sont connus bien au-delà de la Biélorussie. Yuri Khashchevatski est aussi un des opposants les plus fervents du régime politique actuel. Son film Obyknovennyj prezident (Un président comme les autres) (1996) est le récit satyrique sur la prise du pouvoir de la part de Loukachenko. Un autre domaine de la cinématographie biélorusse qui mérite d'être mentionné est celui de l'animation avec des réalisateurs tels Elena Petkevich, Igor Volchek, Irina Kodjukova, Mikail Tumelja.
La Biélorussie connaît une première littérature à l'époque de la Rus' de Kiev, quand les Slaves, suite à leur conversion au christianisme, reçoivent les Écritures. Les chroniques historiques à part, une place importante était occupée par la littérature religieuse, dans un premier temps traduite en slavon, ensuite originelle. A ce sujet, on peut mentionner Kirill Turovski (XIe siècle), prophète et écrivain. Aux XIIe et XIIIe siècles se développe le genre de l'hagiographie dont les principaux exemples sont sûrement La Vie d'Evfrosinija Polotskaja et La Vie de Kirill Turovski.
La création du grand-duché de Lituanie marque l'essor et la formation de la langue et de la littérature biélorusse. C'est à cette époque que l'ancien biélorusse devient la langue officielle du grand-duché de Lituanie dont les trois constitutions de 1529, 1566 et 1588 furent rédigées en ancien biélorusse. Sous l'influence des Chroniques de la Rus' de Kiev, au début du XVe siècle apparaissent les premières chroniques en ancien biélorusse, souvent consacrées à la valeur des princes du grand-duché de Lituanie et destinées à défendre les intérêts de l'État. Sous l'influence de la Renaissance et de la Réforme, la littérature devient de plus en plus démocratique. Les XVIe et XVIIe s. sont d'ailleurs considérés comme les siècles d'or de la littérature biélorusse. Le premier livre en ancien biélorusse, le Psautier, est publié en 1517 à Prague, par Francysk Skaryna. Humaniste, Francysk Skaryna est célèbre non seulement pour son imprimerie, la première d'Europe orientale, mais aussi pour son activité d'écrivain. Il est l'auteur des nombreuses préfaces des livres de la Bible qu'il traduit et publie en ancien biélorusse. Convaincu que la langue est la base pour la préservation de la culture et de l'identité d'un peuple, Skaryna soutenait la nécessité d'alphabétiser les masses. Le trait principal de la production littéraire biélorusse de l'époque était son caractère " plurilinguistique ". Surgie à l'intersection des traditions slave orientale et européenne, de l'orthodoxie et du catholicisme, la littérature biélorusse se développe sous l'influence des cultures slave ancienne, polonaise, lituanienne, latine. Aux XVe et XVIe siècles, deux langues étaient utilisées : le vieux slave pour les textes religieux et l'ancien biélorusse pour la correspondance liée aux affaires de l'État et pour la littérature. Avec la diffusion du catholicisme à partir du XVIe siècle, le latin se diffuse. Au début du XVIe siècle, suite à l'Union de Brest, apparaît une littérature de type polémique centrée sur la dispute entre les uniates et les orthodoxes. Sous l'influence de la Pologne, se répand le style baroque, présent surtout en poésie. Son représentant principal est Siméon de Polotsk, poète, dramaturge et précepteur des enfants du tsar Alexeï Mikhaïlovitch. A partir du XVIIIe siècle, la littérature en langue biélorusse est mise à l'écart par le classicisme qui réservait au biélorusse des genres mineurs, comme le grotesque et les parodies, alors que la plupart de la littérature était en polonais et en latin. Quand à la fin du siècle, la Biélorussie est englobée par l'Empire russe, se développe une tradition littéraire en langue russe. Le biélorusse reste relégué aux genres satyrique et folklorique, une tendance qui se conserve aussi au début du XIXe siècle quand abondent les poèmes parodiques anonymes. Nationales du point de vue de l'humour et des images réalistes du monde paysan, ces oeuvres vont exercer une influence importante sur le développement de la littérature biélorusse au XIXe siècle.
Tout au long du XIXe siècle, sur la vague du romantisme, la littérature biélorusse reflète l'idée de le renaissance et de l'affirmation de l'identité nationale. Le poète et dramaturge Vintsent Dunin-Martsinkyevich (1808-1884) est l'un des grands classiques de la littérature biélorusse à avoir incarné l'esprit national. Riches en proverbes, dictons et chansons populaires, ses oeuvres décrivent le quotidien du village biélorusse dont il peint aussi les rituels païens. Il est aussi l'auteur du livret du premier opéra comique en langue biélorusse Idillija et de la pièce Pinskaja šljachta, écrite en dialecte de la Polésie. Les poètes polono-biélorusses Jan Barščevski, Jan Čečot, Andrei Rypinski, et bien sûr Adam Mickewicz interprètent bien le romantisme de l'époque. Né à Navahroudak, Mickiewicz dédie à sa ville natale le célèbre poème Pan Tadeusz. Avec le poète Francisk Bohuševič (1840-1900), le sentimentalisme propre à Dunin-Martsinkyevich laisse la place au réalisme. Boguševič se présente comme l'idéologue de la renaissance nationale invitant les Biélorusses à l'indépendance et à l'autodétermination, perdues après des siècles d'assimilation polono-russe. Ses recueils principaux Dudka belorusskaja (1891) et Smyk belorusskij (1894), publiés à l'étranger, sont empreints de folklore biélorusse. Grâce à Bohuševič, l'idée da la renaissance nationale devient le leitmotiv du développement littéraire. Publiées à Vilna après la révolution de 1905, les premières revues nationalistes en langue biélorusse Naša dolja et Naša Niva réunissent un groupe d'écrivains qui se bat au nom de l'identité nationale biélorusse, tels que Janka Kupala, Jakub Kolas, Aloiza Paškevič, Zmitroka Bjaduli, Maksim Bogdanovič, Ales Garun, Maksim Gorecki. Un des écrivains majeurs biélorusses, poète, dramaturge et publiciste, Janka Kupala (1882-1942, pseudonyme de Ivan Lucevič), publie en 1905 le poème en langue biélorusse Mužik qui le consacre à l'olympe des grands écrivains biélorusses. Avec Jakub Kolas, il est considéré comme le fondateur de la nouvelle littérature biélorusse. Dans ses poèmes et récits, Jakub Kolas (1882-1956, pseudonyme de Konstantin Mickevič) décrit le monde de la paysannerie biélorusse, de l'intelligentsia se présentant comme le principal " chanteur " du peuple biélorusse. Le poésie de Maksim Bogdanovič (1891-1917) réunit les traits du symbolisme et de l'impressionnisme. Mort très jeune, le poète a laissé une riche production littéraire, publiée en partie de façon posthume, influencée par la poésie populaire orale et imprégnée d'amour vers le peuple et d'idéaux patriotiques.
Suite à la révolution d'Octobre, la littérature est dominée par le patriotisme et encourage les Biélorusses à lutter pour l'affirmation de leur identité nationale et la constitution de leur nation. Durant les années 1920, la vie littéraire du pays se concentre autour des revues Maladnjak, Uzvyšša et Polymja qui réunissent, outre les écrivains de la vieille génération, des nouveaux poètes, tels que Michas Čarot, Michas Zarecki, Vladimir Dubovka. Toutefois, pendant la deuxième moitié des années 1930, nombre de poètes et d'intellectuels biélorusses restent victimes des persécutions de la terreur stalinienne. La vie littéraire biélorusse et, bien sûr, la classe intellectuelle du pays subit un dommage irréparable.
Après la Seconde Guerre mondiale, domine en littérature le thème de la guerre, des souffrances, de la destruction qu'on retrouve notamment dans les oeuvres d'Ivan Šamjakin, Ivan Ptašnikov et Ales Adamovič. Les livres Ja iz ognennoj derevni (1977) et Blokadnaja kniga (1977-1981) d'Adamovič relatent le destin tragique des populations des villages biélorusses entièrement brûlés et de Leningrad pendant le blocus. La littérature biélorusse connaît un fort essor pendant les années 1960-1980 quand, au thème de la guerre, s'ajoutent ceux de l'idylle champêtre et de l'histoire passée. Vasil Bykov (1924-2003), le plus célèbre écrivain biélorusse, publie son premier récit Tretjaja raketa en 1962. La guerre, à laquelle il participa, laisse une trace profonde non seulement dans sa vie, mais aussi dans sa formation littéraire. Tous ses récits se situent à l'époque de la Seconde Guerre mondiale. Le thème de la vie du peuple pendant l'occupation allemande est central, dans les villages biélorusses et dans les sections des partisans. Ses héros se trouvent souvent à affronter des problèmes moraux, comme le protagoniste du fameux récit Alpijskaja ballada (1964) dans lequel le soldat russe Ivan, prisonnier de guerre, meurt pour sauver Giulia, la femme italienne qui lui avait fait connaître les joies de l'amour après les horreurs du camp. C'est la première oeuvre soviétique dans laquelle le fait d'avoir été prisonnier de guerre est montré non comme une faute pour laquelle il fallait payer, mais comme une tragédie individuelle. Pendant la perestroïka, Bykov a été parmi les premiers écrivains à dénoncer avec le récit Znak bedy (1985) la tragédie de la campagne biélorusse quand, durant les années 1930, la politique de Staline transforma les paysans en serfs, les précipitant dans la misère la plus noire. Ecrivain, poète et dramaturge, Vladimir Korotkevič (1930-1984) est le maître du roman historique biélorusse. Auteur des légendaires Dikaja ochota korolja Stracha (1964) et Černyj zamok Halshanski (1979), Korotkevič puise ses sujets directement de l'histoire biélorusse et des légendes qui l'entourent. Pleins de romantisme et d'aventures, ses récits nous plongent dans la Biélorussie du XIXe siècle, celle de Kastus Kalinowski et des princes Halshanski, dans des atmosphères dominées par le mystère.
En littérature, l'époque de libéralisation inaugurée par la perestroïka est marquée par la création d'une union littéraire appelée Tuteišyia, à la lettre " les gens d'ici ", du titre de la célèbre pièce homonymique de Janka Kupala. L'Union fut fondée par le prosateur Adam Globus, un des majeurs écrivains biélorusses contemporains, et le poète Anatol Sys, le " Essénine " biélorusse, mort prématurément en 2005. Les écrivains adhérant à l'Union avaient comme but la renaissance d'une littérature nationale. En 1990, l'Union devient partie intégrante de l'Union des écrivains biélorusses. Aujourd'hui, parmi les écrivains les plus populaires en langue biélorusse figurent les poètes Rygor Borodulin, Andrei Khodanovich, Ales Badak, les écrivains Viktor Kozko, Anatol Kudravec, Andrei Fedorenko. Parmi les écrivains en langue russe, nous citons les prosateurs Elena Popova, Anatoli Andreev et Oleg Ždan. Svetlana Aleksievitch (1948) est sûrement l'auteur le plus connu à l'Occident grâce au prix Nobel de littérature qu'elle reçoit en 2015. Ses livres ont été traduits et publiés dans plus de 20 pays, alors qu'en Biélorussie ils sont interdits à cause de sa position critique envers le régime politique actuel. Les oeuvres d'Aleksievitch sont des chroniques qui racontent l'histoire du pays au XXe siècle à travers les voix individuelles de ceux qui l'ont vécue. La guerre n'a pas un visage de femme (1983) se compose des récits des femmes qui ont combattu dans l'armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans Les Cercueils de zinc (1989), elle décrit l'enfer de la guerre en Afghanistan à travers les souvenirs des jeunes soldats, du corps médical et des dirigeants politiques qui ont survécu, ainsi que par les souvenirs des veuves et des mères des combattants. Dans La Supplication (1997), l'auteur donne la parole aux survivants de la catastrophe de Tchernobyl. Le recueil de témoignages La Fin de l'Homme rouge ou le Temps du désenchantement (2013) est reconnu Meilleur livre selon le magazine Lire.
La Biélorussie vante une ancienne tradition de musique populaire qui remonte à l'époque du grand-duché de Lituanie. Trois instruments (violon, cymbalum et tambour), polyphonie et hétérophonie vocales sont très populaires. Les instruments les plus répandus sont ceux artisanaux, tels que le cymbalum, la lyre, l'accordéon, la cornemuse, l'ocarina, la guimbarde. Pendant les années 1970, l'Union soviétique entière raffolait de l'ensemble des Pesnyary, le légendaire groupe biélorusse qui revisitait musique folklorique biélorusse avec une touche pop.
Aujourd'hui, malgré l'hostilité du pouvoir politique à toute forme d'expérimentation musicale, la scène alternative est plutôt riche. Généralement, les nouveaux groupes musicaux chantent en biélorusse et s'inspirent de la tradition musicale folklorique biélorusse en réponse aux nombreux ensembles pseudo-folkloriques créés en époque soviétique. Le groupe Altanka fait de l'ethno-folk à partir d'anciennes chansons populaires biélorusses réinterprétées sur des rythmes de jazz et de blues. Le groupe Yuria utilise des anciennes chansons populaires, souvent appartenant au folklore de la Polésie, réinterprétées en style ethno-rock. Nagual est un groupe ethno-punk qui réunit la musique populaire et archaïque à l'avant-garde. Zmitser Vojtjushkevich et son WZ-Orkiestra jouent sur la ré-élaboration en clé moderne d'éléments et motifs culturels plutôt traditionnels. Beaucoup de ces chansons reprennent les vers de Vladimir Maïakovski, des poètes biélorusses contemporains et des chansons populaires biélorusses. Enfin, l'ethno-trio Troitsa de Ivan Kirchouk s'inspire des anciennes chansons populaires accompagnées par les instruments classiques biélorusses en les mélangeant souvent à des rythmes plus modernes. Professeur d'art folklorique, Ivan Kirchouk a participé à nombre d'enquêtes sur le terrain, à la recherche du patrimoine musical traditionnel biélorusse.
Les Stary Olsa font revivre la musique médiévale. Le groupe Serebrjanaja svadba fait du cabaret slave, du folklore théâtro-comique. Leur musique, entraînante, rassemble accordéon, violon, banjo, batterie, basse et voix. Gurzuf est un duo instrumental, accordéon et batterie, qui fait de la musique expérimentale entre folklore et rock, d'une vitalité et d'une énergie envoûtantes. Malanka Orchestra est une " orchestre romantique " dont la musique s'inspire des mélodies des gitans roumains, de la samba, du klezmer et des rythmes à la Quentin Tarantino. Si le rock biélorusse n'est pas connu à l'étranger, il est néanmoins assez développé. Parmi les groupes rock-pop les plus populaires figurent Liapis Troubetskoï, sur la scène depuis 1990 ; N.R.M de Ljavon Volsky, une sorte de Noir Désir en version biélorusse ; et Novae Neba de Kasia Komockaia.
La renommée de la peinture biélorusse est indissolublement liée à la personnalité de Marc Chagall (1887-1985). Né à Liozna, aux environs de Vitebsk, dans une famille juive, il commence ses études de peinture auprès de Iouri Pen qui, à Vitebsk, avait ouvert sa propre école d'art. Ensuite, il se perfectionne à l'académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg où il devient un des élèves de Léon Bakst. Quand ce dernier part pour Paris, Chagall le suit grâce à une bourse en 1910. Il rentre à Vitebsk en 1914. Après la révolution d'Octobre, Chagall fonde à Vitebsk une école d'art qui réunit les principaux peintres de l'époque : Iouri Pen, Mstislav Doboujinski, Kasimir Malevitch, Lazar Lissitzky, etc. Vitebsk devient un important centre d'expérimentation artistique, le centre de l'avant-garde russe. L'oeuvre de Chagall, sans se rattacher à aucune école, présente des caractéristiques du surréalisme et du néo-primitivisme. Inspirée par la tradition juive, la vie du shtetl et le folklore russe, elle élabore sa propre symbolique, autour de la vie intime de l'artiste. Les églises orthodoxes et les petites maisons en bois de sa ville natale si aimée, la femme aimée, dont le modèle était sa femme Bella, et les amoureux sont des constantes de son oeuvre. De la même époque sont les peintres juifs biélorusses qui, comme Chagall, s'installent à Paris où ils animent la célèbre École de Paris. Les expressionnistes Chaïm Soutine et Mikhaïl Kikoïne, Pinchus Krémègne, qui ont tous étudié à l'académie des Beaux-Arts de Vilna, et Ossip Zadkine sont nés en Biélorussie. Witold Białynicki-Birula (1872-1957) est considéré comme le maître des peintres paysagistes biélorusses.
Aujourd'hui, parmi les noms les plus célèbres de la scène artistique biélorusse, on peut citer le peintre Ruslan Vaškevitch et le designer Vladimir Tsesler.
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