Guide de Libye : La Libye en 20 mots-clés

La Libye est africaine, ouverte au sud du continent où elle a trouvé ses alliés durant la période de l'embargo, période au cours de laquelle elle a ouvert ses portes aux migrants. C'est dans la ville de Syrte qu'est né le projet d'Union africaine, en 1999, porté par le colonel Kadhafi.

En Libye, tout autre alphabet que l'alphabet arabe était interdit, sur les panneaux, les enseignes, les menus de restaurants. Mais la récente ouverture du pays, notamment touristique, a entraîné un assouplissement : tous les restaurants habitués à une clientèle étrangère ont à présent un menu en anglais, et quelques enseignes en alphabet latin font leur apparition.

Kadhafi, fils spirituel de Nasser, a longtemps brandi l'étendard du panarabisme, avant d'y renoncer depuis la période d'embargo. Dans les années 1970, la Libye a ouvert ses frontières aux ressortissants des " pays frères " arabes et amorcé de nombreuses tentatives d'union nationale avec ses voisins arabes, tentatives qui ont toutes avorté. Durant l'embargo, la géopolitique libyenne s'est recentrée vers le continent africain.

Souvent présentée comme un pays bédouin, la Libye est d'abord un pays urbanisé. 88 % de la population en Libye est à présent citadine. Tripoli et Benghazi ont drainé un fort exode rural dans les années 1970, et de nombreux villages de sédentarisation des nomades ont été implantés dans le Fezzan et dans le golfe de Syrte. Mais la population est restée attachée à l'héritage culturel de la vie bédouine, et Kadhafi manifeste cet attachement de façon médiatique en accueillant sous une tente ses homologues étrangers et en la transportant lors de ses visites.

La Libye a été placée sous embargo international de l'ONU entre 1992 et 2003. La période actuelle correspond donc au retour du pays sur la scène internationale. Signe anodin et à la fois très parlant d'une Libye qui vit à nouveau à l'heure du monde, les horloges affichant l'heure de plusieurs villes, La Mecque, Dubaï ou encore Londres, Tokyo, New York et Paris à la réception d'un grand nombre d'hôtels du pays. Si cette pratique est courante dans nombre d'hôtels de par le monde, elle ne s'est répandue que très récemment en Libye.

La Grande Rivière artificielle est à la fois l'un des plus grands chantiers du monde et un projet politique dans ce pays sans rivière. Cette colossale entreprise de génie civil consiste à acheminer, par de larges canalisations souterraines, l'eau des nappes fossiles du sud du pays vers les zones côtières habitées et fertiles.

La Libye, pays peu peuplé, accueille des migrants du monde entier (50 % de la population active), qui travaillent dans tous les secteurs d'activité. Des ressortissants asiatiques et européens, et même à présent des Américains, s'expatrient en Libye au gré des marchés remportés par leurs entreprises. Chaque ville est un concentré de cosmopolitisme arabe et africain. Au cours de votre voyage, vous croiserez de nombreux maghrébins dans le secteur hôtelier et de la restauration. Vous verrez sûrement des travailleurs immigrés, originaires d'Egypte ou d'Afrique subsaharienne principalement, postés à certains ronds-points en attente qu'un Libyen en voiture vienne solliciter leurs compétences de plombiers, électriciens, peintres, en fonction des outils que ces employés à la journée exposent devant eux.

Les cafés Internet se sont multipliés dans toutes les villes du pays. Même si leur nombre a chuté récemment, ils demeurent un lieu de rendez-vous de la jeunesse qui voit là une preuve de la modernisation et de l'ouverture du pays sur l'extérieur, mais aussi un moyen de se retrouver après les cours, de s'informer, de dialoguer. Les connexions fonctionnent bien à Tripoli mais sont un peu plus lentes dans le reste du pays, pour le moment.

La Libye est un pays profondément musulman, sunnite dans sa grande majorité. L'islam, avec ses cinq prières quotidiennes, rythme la vie de tous les jours de nombreux Libyens, tout comme le calendrier des fêtes musulmanes rythme l'année.

Depuis 1977, la Libye n'est pas une république mais une Jamahiriya, c'est-à-dire un " Etat des masses ", néologisme créé par son promoteur, M. Kadhafi, qui en est le Guide et non le président.

Le Guide de la Révolution est au pouvoir depuis 1969. Il représente son pays au point de l'incarner auprès des opinions publiques internationales. Il est également le plus médiatisé des Libyens à l'intérieur de son pays, où les portraits du colonel s'affichent partout, depuis les boutiques jusqu'aux pancartes des villes ou des bords de route.

Le Livre vert, en trois petits volumes, est un condensé de la pensée de Kadhafi, présenté comme la " Troisième Théorie universelle ", une troisième voie entre le capitalisme et le communisme conçue à l'époque de la Guerre froide. Traduit dans toutes les langues, il est en vente dans toutes les librairies du pays. La première partie porte sur la question de la démocratie directe, la seconde sur celle du système économique et la troisième a trait à des questions sociales. Chaque grande ville possède un bâtiment blanc (ressemblant un peu à un tipi indien) hébergeant un centre d'étude du Livre vert.

La Libye côtière est méditerranéenne par son climat mais aussi par son histoire. Dès le VIIe siècle av. J.-C., les Phéniciens et les Grecs étaient présents sur le littoral libyen. Les comptoirs puniques et les cités grecques de Libye furent accaparés par Rome lors de sa pénétration en Afrique. Bien plus tard, après la conquête arabe, les Ottomans s'implantèrent à Tripoli (base importante de la guerre de " course " en Méditerranée, du nom de l'ensemble des opérations menées par des navires corsaires) et à Benghazi, avant que les Italiens n'entament leur colonisation. Comme le souligne l'actualité de ces dernières années concernant l'immigration clandestine africaine vers l'Europe, les ports de la côte ont continuellement été une porte vers l'autre bord de la Méditerranée, depuis l'époque des Grecs et des Romains, puis avec le développement du commerce caravanier qui charriait tout un flux de marchandises et d'esclaves africains.

La mise en avant de l'identité arabe a eu pour effet de gommer, voire de nier, les multiples facettes des cultures bien vivantes de la Libye, celle des Berbères du djebel Nefousa (Tripolitaine), des Touaregs du sud-ouest et des Toubous du sud-est.

Omar Moukhtar est le héros national de la lutte contre les Italiens. Né en Cyrénaïque en 1858, il mena contre eux depuis sa région un combat acharné dès 1911 et rallia à lui de nombreuses tribus libyennes également en lutte hors de Cyrénaïque. Capturé par les Italiens en 1931, il fut exécuté après un procès des plus sommaires.

Toutes les villes de Libye ont leur rue Omar-Moukhtar, figure qui fut incarnée le temps d'une superproduction hollywoodienne par Anthony Quinn, le Lion du désert.

La Libye fonde son économie sur l'extraction du pétrole, qui représente près de 95 % des exportations et un quart de la richesse nationale.

Les trois régions touristiques et historiqueslibyennes, Tripolitaine, Cyrénaïque et Fezzan, présentent de forts particularismes : tout d'abord géographiques, la Tripolitaine étant séparée par le désert du golfe de Syrte de la Cyrénaïque, qui est chapeautée par sa montagne verte, le djebel Akhdar. Elles diffèrent également par des cadres politiques et des histoires qui ne se recoupent pas toujours. Ce n'est qu'à l'indépendance, en 1951, que les trois entités ont fait véritablement partie d'un seul ensemble national, d'abord sous la forme d'une fédération gouvernée par le roi Idriss Ier. La construction nationale s'est poursuivie avec Kadhafi et les nouveaux moyens de communication y ont contribué en raccourcissant les distances entre les trois entités régionales.

La Libye est saharienne. Elle fut l'une des dernières voies de circulation du commerce caravanier qui y a perduré jusqu'au début du XXe siècle ! La Libye représente aujourd'hui une destination rêvée pour ceux qui ont soif de désert grâce à la somptuosité et la diversité de ses paysages : dunes, plateaux rocheux, montagnes.

" Sportif ", en arabe ryiady : c'est le nom de la marque de cigarette libyenne ! A 180 degrés des slogans terrifiants de nos paquets de cigarettes européens.

Couleur de l'islam et du drapeau libyen, le vert est aussi la couleur des nouvelles mosquées et des devantures de boutique dans tout le pays. A Tripoli, ces dernières sont repeintes tous les ans un peu avant le 1er septembre, date anniversaire de la Révolution. Couleur nationale et couleur du régime de Kadhafi, le vert est omniprésent jusque dans les villages les plus reculés du pays. Le vert est également la couleur de cette " révolution verte " qui fut mise en place en 1977 pour faire de l'agriculture l'un des principaux secteurs d'une économie productive et dont l'étendard fut les grands projets d'agriculture à rampes pivotantes au coeur du Sahara !