Guide de Libye : Religion
Environ 97 % de la population libyenne est sunnite. La religion rythme la vie sociale des habitants, depuis les horaires d'ouverture des boutiques, calqués bien souvent sur les exigences des horaires de prière, jusqu'aux fêtes du calendrier musulman, mois de ramadan compris.
L'islam est la religion officielle en Libye. La pratique des autres religions est tolérée dans l'espace privé. Mais les lieux de culte non musulmans sont soumis à de grandes restrictions. La minorité chrétienne est en grande partie catholique. A l'église San Francisco de Tripoli, dans le quartier de Dahra, les messes ont lieu en plusieurs langues pour les différentes communautés catholiques de la capitale. On trouve également une église catholique à Benghazi. Quelques anglicans, coptes et Grecs orthodoxes sont présents dans le pays. Dans la vieille ville de Tripoli, une église grecque orthodoxe est en service. Il n'existe plus de communauté juive en Libye, après les départs massifs de ses membres dans les années 1960 et 1970, notamment à la suite de la répression qu'ils ont subie au moment de la guerre des Six-Jours.
Le prophète Mohammed (son nom signifie " le louangé ") est né dans la ville de La Mecque en 570. Issu du clan hachémite de la tribu des Qoraïchites qui domine sur La Mecque, Mohammed est un homme simple, conducteur de caravanes de chameaux, qui a traversé beaucoup de contrées lors de ses périples commerciaux. C'est sans doute au cours de ses voyages, qu'il a découvert les contenus de la Thorah et du Nouveau Testament, en discutant avec des tribus ayant embrassé l'une ou l'autre des religions juive et chrétienne.
Rien ne le prédestine à devenir le Rasul Allah, " l'envoyé de Dieu ", lorsqu'à l'âge de 40 ans (on date l'événement à 610), dans une caverne du mont Hira, il reçoit de l'archange Gabriel ses premières révélations : le Dieu des Juifs et des Chrétiens l'a choisi comme messager auprès des populations arabes. Mohammed sort converti de cette rencontre fantastique et commence à prêcher contre les cultes idolâtres que sa tribu, les Qoraïchites, pratiquent. Il s'en prend notamment au pèlerinage païen à la Kaaba, que la majorité des populations arabes entreprennent. Il est menacé de mort par les siens, et émigre (l'hégire) vers la ville de Yathrib, qui prendra le nom de Médinat al-Nabi, " la ville du prophète ".
Le prophète Mohammed reçoit en deux temps la révélation du texte sacré, le Coran (qui vient de qaraa qui signifie " lire "), qui est descendue sur Mohammed par l'intervention de l'archange Gabriel, qui va le dicter au jour le jour à des scribes qui l'écrivent sur des ostraca. C'est au VIIIe siècle que le texte sera décrété complet. La première des révélations, à La Mecque, est plus spirituelle ; la deuxième des révélations, à Médine, est plus juridique. Le Coran est la source de la loi musulmane, la charia, en même temps qu'il indique le sens de l'Islam (qui signifie " soumission à Dieu "). S'inscrivant dans la tradition de la " religion du Livre ", le Coran se pose d'emblée comme venant conclure une révélation " falsifiée " par les religions juive et chrétienne.
De Médine, Mohammed lance le djihad contre La Mecque et ses idolâtres. Proche des Juifs de Médine au début de son séjour à Tathrib, Mohammed décrète que, c'est tourné vers Jérusalem que la prière doit se faire. Ses relations avec la communauté juive devenant tendues, puisque ses membres refusent d'embrasser l'Islam, il indique de manière définitive que la direction de la prière (appelée qibla) se fera vers La Mecque. La victoire du " fossé ", en 627, contre La Mecque, permet aux Musulmans de reprendre la ville, et la destruction de ses trois cents idoles est ordonnée par Mohammed. Les premiers pèlerinages s'organisent, et la majorité des habitants de la péninsule Arabique se convertit.
Le prophète Mohammed meurt le 8 juin 632, à Médine, de retour d'un dernier pèlerinage à La Mecque. Sa glorification s'amplifia surtout après sa mort, dans le monde entier. Les musulmans sont plus d'un milliard actuellement.
Mais alors qu'il a fait montre durant sa vie d'un génie politique hors du commun qui a permis à l'Islam de se répandre très rapidement, le prophète Mohammed ne s'est pas désigné de successeur. Il n'y a pas de calife (le " lieutenant de Dieu sur terre "), et sa disparition soudaine laisse ses proches désemparés. Les premières rivalités entre ses proches se créent. La tradition bédouine est alors invoquée et c'est au groupe que revient la responsabilité de la désignation du calife.
Publié en arabe en 634, deux ans après la mort de Mahomet, le Coran (Al-Quran) est le seul livre sacré des musulmans. Il est constitué d'un mélange de doctrines puisées dans les fondements de l'islam, mais aussi dans ceux de la religion juive et chrétienne (dans la Torah et dans l'Evangile). Le Coran ne fait que reprendre les paroles de Dieu, inculquées à Mahomet par l'archange Gabriel (Jibraîl). La juste lecture et sa connaissance sont le fondement de l'éducation musulmane traditionnelle (écoles coraniques).
Il est écrit dans un alphabet archaïque, sur des omoplates de chameaux, du vivant du Prophète, et sa structure a bien évolué depuis. Seul le contenu des textes est resté inchangé. L'ouvrage recèle de très nombreuses difficultés d'interprétation, qui ne peuvent être comprises que par les plus grands érudits. Durant ce siècle, deux grands théologiens se sont essayés à le moderniser un tout petit peu afin de le rendre plus accessible à tous : Mohammad Abdu (Egypte) et Abû Kalam Azad (Inde).
Le Coran a eu une importance historique majeure sur la littérature arabe. Il imposa le dialecte arabe comme langue associée au triomphe de la doctrine. Il est composé de 114 sourates (sûras) ou chapitres, et est divisé, pour des raisons pratiques de lecture, en 30 parties (juz'i). Chaque sourate est encore divisée en versets (aya), au total 6 211.
Les quatre premiers califes sont appelés " les biens guidés ". Le premier est Abou Bakr al-Siddiq (632-634) ; il est le père d'Aïcha, la femme préférée du prophète Mohammed. Ce vieillard apprécié pour ses qualités humaines va mettre en place la première administration du calife, le divan, pour l'armée et les villes. Le deuxième calife est Omar ibn al-Khattab (634-644) ; le prophète Mohammed avait épousé sa fille Hafsa. Il est considéré comme l'organisateur de l'Etat musulman ; il se fait nommer " commandeur des croyants ". Il dirige les campagnes de conquête de la Syrie, de l'Irak, de l'Egypte et de la Perse. Il expulse les chrétiens et les juifs d'Arabie et créé deux impôts pour les non-musulmans : le gyziyah (l'impôt de capitation, individuel) et le kharaj (l'impôt foncier), qui deviennent des sources de revenus très importants dans l'organisation des Etats nouvellement envahis. Il est assassiné dans la mosquée de Médine.
Le troisième calife, désigné par un conseil formé par Omar ibn al-Khattab, est Ossman ibn Affan (644-655) ; il épouse deux des filles du prophète Mohammed. Issu des milieux d'affaires de La Mecque, il tranche avec ses deux prédécesseurs de Médine. On lui reproche vite un népotisme sans retenue. La contestation de son gouvernement est telle qu'il doit fixer le texte coranique de manière définitive et ainsi empêcher à quiconque de réclamer le califat au nom de la Révélation du livre. Il est assassiné sur les ordres du fils d'Abou Bakr al-Siddiq, le premier calife.
Le quatrième calife est Ali ibn Abi Talib (656-661) ; c'est le gendre et le cousin germain du prophète Mohammed. Son élection n'est pas reconnue par l'ensemble des musulmans. La Syrie, la tribu d'Ossman ibn Affan et Aïcha ne lui donnent pas allégeance. Il est obligé en 656, à Bassorah, de livrer la première des batailles entre musulmans. Il cantonne Aïcha à Médine jusqu'à sa mort. Il livre une autre bataille célèbre sur l'Euphrate, où ses adversaires, pour cesser le combat et réclamer un arbitrage moins sanglant, hissent au sommet de leurs lances, des pages du Coran. Mouawiya et ses sunnites rencontre alors Ali et ses chiites. Un des lieutenants d'Ali, Abou Moussa al-Achari, est convaincu d'avoir participé à l'assassinat d'Ossman ibn Affan ; Ali est dépossédé de son titre de calife et est remplacé par Mouawiya, qui créera la lignée des Omeyyades. Ali, à qui on laisse le gouvernement de l'Irak, lance une guerre contre la tribu de Mouawiya ; il sera finalement assassiné en 661.
Outre les dynasties politiques régnantes, l'islam est à comprendre selon une déclinaison de ses écoles juridiques, nées entre le VIIIe et IXe siècles. Quatre écoles sunnites se développent alors, sur le principe que la charia doit être interprétée : on recourt soit à la sunna (qui signifie " pratique intérieure "), aux pratiques traditionnelles antérieures, à l'analogie ou bien encore à l'istihsan (qui signifie " pratique personnelle ").
L'école hanafite naît en Irak au VIIIe siècle et privilégie le recours à l'opinion personnelle ; son créateur Abou Hanifa est très libéral et donne beaucoup de part aux circonstances comme éléments modérateurs ou aggravants. Un de ses disciples, Abou Youssef, va écrire un traité fameux relatif aux finances publiques, à la fiscalité et au droit pénal. Il éclaire de ses propos le sort réservé aux prisonniers, au partage des biens, ou encore des règles de la guerre et de la paix. Cette école n'est pas vraiment répandue en Libye.
L'école malikite est aussi appelée " l'école du hadith ". Les hadith (ou " traditions ") sont les premiers commentaires du Coran que débuta Ibn Al-Abbas, cousin du prophète Mohammed, et interprètent la théologie, le droit et parfois l'exégèse. Une grande partie de ces hadith n'a pas été retenue par la théologie et la science juridique musulmanes. Seuls certains commentaires considérés orthodoxes à la pensée du prophète ont été conservés. Cette école, créée aussi au VIIIe siècle par Malik ibn Anas à Médine, ne retient pas la libre opinion qu'il considère comme erronée. Son interprétation est donc plus prudente, plus proche des textes sur lesquels il s'appuie, et il ne recourt pas à l'extrapolation. On trouve cette école principalement en Afrique du Nord, notamment en Libye.
Le hanbalisme est la troisième école, créée à Bagdad au IXe siècle, de manière un peu plus tardive, par Mohammed ibn Hanbal. C'est l'école la plus rigoriste de l'islam. Son créateur défend la tradition et la sunna. Ses disciples prônent l'épuration de la doctrine et la réforme de la société et de la politique des Etats musulmans. Opposé aux innovations, figé sur les moeurs, le hanbalisme ferme les portes à toute interprétation. Au XIVe siècle, à Damas, un de ses disciples se fera le chantre des anti-chrétiens et des anti-juifs : s'il déclare que leur religion est imparfaite, il demande aussi que tout non-musulman soit écarté des fonctions publiques de l'Etat. Cette école donnera naissance au wahhabisme saoudien et aux autres formes du fondamentalisme islamique. Ils ne sont pas présents en Libye.
La quatrième école est chafiite ; elle a été fondée par un disciple de Malik ibn Anas, au IXe siècle. Lui aussi donne une importance forte aux hadith, se rapportant directement au prophète. S'il devient l'adepte du consensus des savants en matière coranique, il n'est pas pour le développement du jugement personnel. C'est son école qui a écrit le traité le plus important de droit sunnite, Al-ahman al-soultanniya, qui fait encore référence aujourd'hui. L'école chafiite est assez répandue en Libye.
L'islam connut à ses débuts une séparation des fidèles en deux courants : les sunnites et les chiites. La rupture entre les deux mouvements résulta de la lutte menée par Ali, le gendre de Mahomet, et Mouawiya, le fondateur de la dynastie des Omeyyades. Après un conflit qui coûta la vie à un nombre considérable d'hommes, Ali, quatrième calife, fut vaincu en 661 par son rival de Damas qui lui succéda dans ses fonctions.
Les sunnites (l'écrasante majorité des Libyens) sont des musulmans " orthodoxes " revendiquant leurs origines dans la branche des chevaliers Omeyyades. Ces partisans reçurent le nom de sunnites car ils puisent le nom de leur courant religieux dans la sunna qui signifie " tradition ".
Les chiites pour leur part ne reconnaissent que les descendances d'Ali.
La vie spirituelle d'un musulman est codifiée par des obligations quotidiennes, des pratiques liturgiques.
Mais elle laisse aussi la place à un mysticisme comme le pratiquent les soufis. Les juristes de l'islam ont formulé les obligations principales du croyant sous l'intitulé des " cinq piliers ".
La profession de foi, ou chahada, est le premier des piliers. Tout musulman fait deux professions solennelles énoncées dans une formule unique, qui rappelle que Dieu est unique, et que Mohammed fut son prophète : " J'atteste qu'Allah (Dieu) est le plus grand de tous et que Mohammed est son envoyé. " C'est par l'énoncé clair et audible de cette formule, avec l'intention véritable d'y adhérer, que l'individu entre dans la communauté musulmane. Elle doit ensuite être récitée chaque jour, à l'heure de la prière et au moment de la mort pour se voir ouvrir les portes de l'au-delà.
La prière rituelle, qui scande cinq fois par jour le quotidien du croyant musulman, est le deuxième pilier. L'aube est marquée par la prière du al-fajr, l'heure médiane par al-zouhr, le milieu de l'après-midi par al-asr, le coucher du soleil par al-maghreb, et la nuit par al-icha. Le vendredi, la prière de l'heure médiane est dirigée par un imam (ce qui signifie " guide "), qui prêche à l'assemblée réunie. L'heure de la prière est annoncée par le muezzin. Ce dernier effectuait jadis le tour du minaret de la mosquée afin d'être entendu par tous. Maintenant des haut-parleurs l'ont démis de ses fonctions. On doit prier en état de pureté corporelle et spirituelle ; si l'eau est utilisée pour les ablutions, le croyant peut recourir à des gestes symboliques après avoir touché le sol, le sable, une pierre propre ; il se tourne alors en direction de La Mecque, selon les prescriptions du prophète Mohammed. Si le muezzin appelle à la prière par l'évocation de " Dieu est le plus grand ", la prière une fois commencée contient toujours la récitation de la première sourate du Coran, appelée la fatiha.
Le troisième pilier est l'aumône légale, appelée zakat. C'est le troisième des piliers imposés aux biens portants. Cette charité volontaire - on la distingue en effet d'une aumône volontaire, appelée sadaqa - est un moyen de venir en aide à la population indigente. Les écoles juridiques n'ont pas fixé de manière claire le pourcentage qui devait être versé de sa fortune pour pouvoir être considéré comme un acte valide. L'aumône légale se pratique tous les jours mais trouve son expression la plus grande pendant le ramadan, au moment de la rupture du jeûne où il convient d'offrir à manger aux nécessiteux. Généralement, l'aumône représente 5 % des revenus et sert plus à la construction des mosquées qu'aux pauvres.
C'est durant le neuvième mois lunaire, le mois de ramadan, que peut se vivre le quatrième pilier du jeûne. Du lever du soleil à son coucher, les croyants doivent s'abstenir de toute absorption de nourriture, de boisson, de tabac, et doivent aussi être chastes. Les malades, les femmes enceintes et les voyageurs en sont dispensés. Le jeûne musulman, s'il est aride durant la journée, donne lieu à de grandes festivités la nuit, car le ramadan est avant tout un mois de joie ; en effet, on célèbre la révélation qui est descendue de Dieu et qui a donné la voie aux hommes. Deux jours avant la fin du mois de ramadan, la nuit du destin (al-qadar) est l'occasion de psalmodier le texte coranique dans son intégralité. Une fête vient conclure le mois de jeûne, c'est l'Aïd al-Fitr.
Le dernier des piliers est le pèlerinage que doit accomplir une fois dans sa vie tout musulman qui en a les moyens. Le grand pèlerinage, appelé al-hajj doit se célébrer entre le 8e et le 13e jour du mois dhou al-hijja, à La Mecque. Le petit pèlerinage, qui ne fait pas partie des cinq piliers, est appelé oumra ; il a lieu autour de la Kaaba, qui contient une pierre offerte par l'archange Gabriel à Agar et à son fils Ismaïl après qu'Abraham eut renvoyé sa servante et son fils dans le désert. Le pèlerinage est purificateur et efface les fautes du pécheur. C'est le sommet de la vie spirituelle du musulman. Son but principal est de pardonner les péchés commis, mais tous les musulmans ne peuvent se le permettre économiquement et physiquement. Les cérémonies s'effectuent individuellement, à partir des derniers jours du dixième mois. Elles consistent à déambuler sept fois autour de la Kaaba et à circuler sept fois autour des monts Safâ et Mzrwâ, non loin de la ville portuaire de Djeddah. Les cérémonies collectives, quant à elles, commencent à partir du douzième mois et consistent en une station de tous les pèlerins dans la vallée désertique, devant le mont Arafat, à quelques kilomètres de la Ville sainte.
Le gouvernement saoudien est le seul à pouvoir donner son consentement quant à l'acceptation des pèlerins dans la ville. Des quotas de pèlerins sont fixés et certaines nationalités ne peuvent être présentes pour quelque raison que ce soit.
C'est le calendrier lunaire que les Arabes ont choisi de suivre depuis l'Antiquité. Le calendrier musulman utilise 12 mois de 29 et 30 jours. Un décalage s'opère par rapport au calendrier grégorien, ce qui explique pourquoi le mois de ramadan, par exemple, ne tombe jamais à une date fixe, mais avance chaque année de onze jours. Le calendrier musulman débute, selon la date fixée par le calife Omar, le 15 juillet 622, premier jour de l'année lunaire durant laquelle le prophète Mohammed a pris la fuite pour Médine.
Les grandes fêtes musulmanes sont :
L'hégire, qui marque le départ du prophète Mohammed vers Médine (le 1er du mois de Moharram).
Le mouled an-Nabi qui célèbre la naissance du prophète Mohammed (le 12 du mois de Rabi' el-Awal).
La lailat al-miraj, qui commémore l'ascension du prophète Mohammed au ciel (le 17 du mois de Rajab).
La lailat al-qadar, à la fin du mois de ramadan, qui rappelle la descente du Coran sur le Prophète choisi par Dieu ;
L'aïd el-fitr, appelée aussi " petite fête ", qui vient conclure le mois de ramadan.
L'aïd al-adha, connue plutôt sous le nom de aïd al-kabir (le 10 du mois de Zull-Hijja), la " grande fête ", qui fait mémoire du sacrifice d'Abraham d'un mouton à la place de son fils Isaac, raison pour laquelle sont égorgés des moutons à cette occasion, selon un rituel fixé par le droit.
Les fêtes religieuses sont l'occasion de différentes célébrations (voir l'encadré sur le mouloud et le chapitre suivant pour le mois de ramadan en Libye ; se reporter également à la rubrique " Les fêtes religieuses " du chapitre " Pense futé ").
Le jeûne transforme totalement le rythme de vie des pays musulmans. Il est interdit de manger, de boire, de fumer, d'avoir la moindre relation sexuelle, du lever du soleil à son coucher. Si vous vous rendez en Libye à ce moment, il est important de savoir respecter les coutumes, même si vous n'êtes pas musulman. Ainsi, par savoir-vivre, ne mangez pas et ne fumez pas dans la rue dans la journée.
Les restaurants sont fermés pour le déjeuner, à l'exception de ceux qui s'adressent aux touristes ou aux expatriés. Les autres restaurants, lorsqu'ils ouvrent, ne le font qu'après l'iftar (moment de rupture du jeûne, en début de soirée).
L'activité diurne tourne au ralenti : on croise moins de monde qu'en temps normal dans les rues, et les horaires des administrations et des magasins sont réaménagés. Par contre le soir, après le dîner pris dans les foyers, les Libyens sortent. L'animation est alors à son comble et l'atmosphère très joyeuse dans les rues et les boutiques des centres-villes jusqu'à très tard.
Le début du mois de ramadan, neuvième mois du calendrier lunaire musulman, avance de onze jours chaque année dans le calendrier grégorien (il peut y avoir un décalage d'un jour en fonction des pays).
Le jour de la naissance du Prophète, appelé simplement el-mouloud dans la langue courante libyenne, est l'occasion pour les familles de manger de l'assida, une polenta servie chaude avec du beurre fondu et du miel, ou de l'huile d'olive et du sirop de dattes. Après ce plat de fête que l'on savoure dès le petit déjeuner, on reçoit sa famille ou l'on part lui rendre visite. Le soir est consacré à des lectures du Coran, chez soi ou à la mosquée, et des bougies sont allumées dans les foyers.
Le matin du mouloud dans la vieille ville de Tripoli, des processions de zawiya (confréries religieuses) défilent dans les rues étroites, rythmées par les tambours et les chants religieux scandés, suivant un parcours déterminé du siège d'une zawiya à l'autre. C'est un spectacle à ne pas manquer si vous êtes dans la capitale.
La veille du mouloud, les quartiers de la ville résonnent d'un bruit beaucoup moins mélodieux, celui des pétards lancés dans les rues par les enfants et les adolescents, qui en raffolent. La quantité et la diversité des pétards, en théorie interdits à la vente, est impressionnante, allant du petit feu d'artifice aux pétards classiques en passant par ceux qu'il vaut mieux éviter de croiser !
L'art religieux est une expression de foi, qui se fonde sur une connaissance de la théologie et cherche à en magnifier un élément choisi. L'architecte qui dessine les plans d'une mosquée comme le calligraphe qui pense sa décoration suivent des règles prescrites par l'islam et les courants théologiques de leur temps et de leur commanditaire.
La tradition veut que la première mosquée ait été la maison du prophète Mohammed, à Médine, dont on a toujours les plans, et qui était une cour carrée, dont un des murs, tourné dans la direction de La Mecque, est devenu la kibla. Des alcôves latérales étaient aménagées sur les deux côtés et accueillaient les femmes du prophète. Un de ses compagnons, Zarkachi, a laissé une prescription des principes à suivre pour la construction des mosquées.
Les croyants devaient prier dans un climat empreint de sérénité et suivre sans difficulté le sermon du prédicateur. Parmi ces principes, on peut citer :
La cohésion des rangées des croyants.
L'absence, dans l'enceinte de la mosquée, de colonnes susceptibles de rompre l'alignement des rangées des croyants en position de prière.
La nécessité de satisfaire à l'impératif de la succession des rangées en éliminant tout ce qui est de nature à rompre un tel ordre.
La présence d'une ouverture dans le mur séparant l'enceinte du sanctuaire.
L'accès à l'enceinte de la mosquée qui ne devait pas être direct.
La présence d'une fontaine destinée à la purification rituelle avant la prière.
L'intérieur d'une mosquée se décline donc toujours sur le même plan. Une entrée permettant de se déchausser, une fontaine permettant de se purifier, un sanctuaire à proprement dit, dont le mur du fond est la kibla (la direction de La Mecque), avec en son milieu une niche, le mirhab, à droite de laquelle se tient le minbar, la chaire où l'imam se tient et dirige la prière.
L'art sacré musulman, a contrario de l'art profane, a toujours proscrit, à l'intérieur des mosquées, les représentations divines ou humaines. Les décorations que l'on y trouve sont donc géométriques, florales ou calligraphiques. L'architecte, privé de son expression décorative, devait donc rivaliser de créativité dans sa construction même, ce pourquoi les mosquées historiques sont touchantes par leur beauté pure, leurs lignes recherchées, la finesse des minarets, le détail des murs crénelés, les couleurs vives des fenêtres ajourées, la délicatesse des calligraphies sculptées dans le stuc ou la pierre.
La mosquée, érigée sur le principe de la piété, doit provoquer chez le croyant une réaction respectueuse face à la majesté de l'absolu, et l'inciter à méditer le mystère de ce principe éternel. L'architecture de la mosquée était ainsi dictée par les règles de la prière.
Si le calendrier musulman est suivi par les Libyens pour tout ce qui concerne les événements religieux de l'année, un autre calendrier, musulman lui aussi, a cours en Libye : le calendrier instauré par Moammar Kadhafi. L'an 1 de ce calendrier correspond non pas à l'hégire mais à la mort du Prophète, et les noms des mois ont été réécrits. Le mois de septembre se nomme ainsi El-Fateh (par référence à la prise de pouvoir du colonel en 1969), le mois d'octobre Tomour (le mois des dattes) ou encore Hannibal pour le mois d'août. Ce calendrier officiel est utilisé dans les administrations libyennes, parallèlement au calendrier grégorien, et les en-têtes des journaux quotidiens s'y réfèrent aussi.
La calligraphie, présente sur les façades des mosquées, sur les architraves et les contours des niches sculptées, a pour fonction de magnifier le Coran et sa langue sacrée, l'arabe. Deux familles de calligraphies ont eu cours dans l'histoire musulmane, le coufique qui est inspiré d'Irak et que les Omeyyades, les Abbassides et les Fatimides développeront au Caire, le naskhi qui sera choisi par les sunnites, au XIIe siècle au Caire avec leur arrivée au pouvoir avec la dynastie des Ayyoubides.
Les mosquées en Libye ne sont pas interdites aux visites des non-musulmans, mais on ne peut pas les visiter durant les heures de prière. En dehors de celles-ci, certaines mosquées sont fermées, c'est pourquoi le meilleur moment pour les visites se situe juste après que les fidèles soient sortis de la mosquée. Le cas échéant, le gardien de la mosquée peut venir vous ouvrir la porte.
On gardera en tête qu'une mosquée est un lieu saint dont il ne faut pas perturber le calme qui le caractérise.
N'oubliez pas de vous déchausser avant de pénétrer dans la salle de prière. Couvrez-vous bras et jambes : les shorts et les jupes qui ne seraient pas amples et longues ne sont pas de mise, de même que les décolletés. Les dames devront couvrir leurs cheveux. Prévoyez donc un châle ou un foulard si une visite est au programme.
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