Guide de Libye : Arts et culture
Comme le résume Gaspare Messana : " C'est dans les siècles qui précèdent la conquête ottomane que se situent les manifestations les plus significatives - bien que modestes - de l'activité édificatrice de la Libye musulmane, tandis que les monuments proprement dits furent érigés au cours de la Régence turque, et plus précisément entre les années 1552 et 1911. " (Gaspare Messana, Originalité de l'architecture musulmane libyenne, Maison arabe du Livre, 1977).
L'architecture libyenne fait partie de l'architecture maghrébine puis ottomane. Entre la conquête arabe en 643 et la conquête ottomane, ce sont les Fatimides qui oeuvrèrent le plus dans le domaine architectural en Libye, notamment à Medinet-Sultan (près de Syrte), à Ajdabiya ou à Tripoli où ils rénovèrent la mosquée En-Naga. Pourtant, jusqu'à la conquête ottomane, les différents envahisseurs de la Libye firent plus souvent oeuvre de destruction que de construction, comme en témoigne la destruction complète de la grande mosquée fatimide (XXe siècle) de Tripoli par les Espagnols en 1510. C'est donc aux Ottomans que l'on doit la plupart des mosquées (et certaines medersa, écoles religieuses) anciennes du pays. Ces dernières sont toutefois bien plus d'inspiration maghrébine qu'ottomane, mises à part les deux anciennes mosquées de Benghazi. Les plus belles réalisations de l'époque ottomane peuvent être observées dans la vieille ville de Tripoli. Ses funduk (anciennes auberges commerciales ordonnées autour d'un patio), grandes demeures privées et mosquées bâties à l'époque ottomane sont un mélange d'influences ottomane (surtout pour les minarets des mosquées) et maghrébine (surtout dans l'ornementation : céramiques décoratives et emploi de colonnes et de chapiteaux dont l'utilisation date de l'époque romaine).
Cependant, l'architecture musulmane libyenne a sa particularité, relevée par Gaspare Messana, que nous avons cité plus haut : la caractéristique des mosquées libyennes, ce sont leurs toits à coupoles multiples, soutenus à l'intérieur de la salle de prière par des colonnes surmontées par des arcs. Dans le cas libyen, cette spécificité ne vient pas d'influences extérieures et l'on trouve sa plus ancienne manifestation dans l'oasis d'Auwjila. Il s'agit de la mosquée Abdallah ibn Abi-Sarh, du nom du compagnon et scribe du Prophète, qui fut aussi chef militaire. Il fut tué à Zouwayla en 664 et son corps fut transporté à l'oasis d'Auwjila, dont les habitants s'étaient convertis à l'islam. Au XIIe siècle, les habitants d'Auwjila construisirent une mosquée à dix coupoles à côté des marabouts abritant la sépulture d'Abdallah ibn Abi-Sarh et de certains de ses proches.
Pour Gaspare Messana, ce serait la preuve que les coupoles de la mosquée libyenne s'inspirent du petit dôme qui surplombe les marabouts, ces bâtiments érigés au-dessus de la tombe d'un homme pieux et vénéré. Les plus belles mosquées de la médina de Tripoli, bien que datant de l'époque ottomane, en fournissent l'exemple, mais on peut aussi citer la mosquée Qaramanli de la ville de Derna en Cyrénaïque.
Enfin, le pays possède des édifices musulmans à l'architecture insolite, comme les tombeaux des Bani Khattab à Zouwayla.
Dans le djebel Nefousa, le patrimoine architectural berbère est encore bien conservé et constitue l'un des attraits majeurs d'une visite de ces montagnes. Les édifices les plus marquants sont les qasr, ou les greniers fortifiés berbères, comme ceux de Kabaw, de Qasr el-Haj et de Nalout. C'est dans ces grands édifices que les Berbères, agriculteurs et éleveurs semi-nomades, entreposaient leurs provisions lorsqu'ils partaient avec leurs troupeaux. Ces greniers fortifiés servaient aussi à protéger les villageois contre les attaques des pilleurs. De l'extérieur, ils se présentent comme de grandes murailles circulaires percées d'interstices destinés à aérer les greniers individuels répartis autour de la grande cour intérieure. Ces greniers individuels fermés par de petites portes en bois de palmier s'entassent les uns au-dessus des autres, jusqu'à des hauteurs impressionnantes. Pour accéder aux greniers des étages supérieurs, de petits bouts de bois sont fichés dans les murs (voir la partie consacrée au djebel Nefousa).
L'architecture saharienne est bien représentée en Libye avec les vieilles villes de Ghadamès et de Ghat, qui méritent largement la visite. Dans le Fezzan, à Mourzouk, à Zouwayla, à Derj et à Sinawan, on trouvera également des forts arabes ou arabo-berbères et des forts ottomans (souvent construits à l'emplacement des précédents), bâtis en hauteur, généralement construits avec des moellons.
Bien que relativement brève, la colonisation italienne a marqué durablement le paysage architectural des villes et campagnes libyennes. Les projets architecturaux et l'urbanisme italien répondaient à l'un des principaux desseins de l'occupation coloniale italienne, c'est-à-dire afficher la nouvelle grandeur acquise par l'Italie dans le paysage des puissances coloniales européennes. Nationalisme italien et projet architectural en Libye furent donc étroitement liés, le second étant vu comme une des façades du premier. Ce souci fut bien plus présent en Libye que dans les autres colonies italiennes, en raison du statut privilégié de la Libye, ancienne terre romaine, dans l'imaginaire officiel italien.
Au début de la colonisation, et jusqu'en 1929, les constructions italiennes en Libye n'obéissent pas à un plan d'ensemble et s'inspirent principalement des tendances architecturales alors présentes en Italie, ou bien reprennent des inspirations mauresques qui ne s'appuient toutefois pas directement sur l'architecture libyenne. Un bon exemple de l'architecture italienne de style mauresque est l'ancienne municipalité de Benghazi. Mais à partir de 1929, une réflexion menée sur la définition d'une architecture appropriée à l'image que veut donner d'elle l'Italie fasciste dans ses colonies conduit au dénigrement du style mauresque, trop artificiel pour les uns, et surtout ne rendant pas compte de la grandeur de l'Italie aux yeux du monde et de sa colonie. Vont alors s'affronter deux nouvelles écoles architecturales, avec d'un côté les tenants d'une architecture " impériale " s'inspirant des monuments de la Rome antique, et les tenants d'une architecture " rationaliste " aux volumes épurés. C'est dans le quartier italien de Tripoli que l'on trouve la meilleure représentation de ces derniers partis pris architecturaux.
Les constructions italiennes ont dressé, dans les villes comme dans les campagnes, une frontière nette entre le territoire des Libyens et celui des colonisateurs. Après 1934, la planification urbaine prit la place de l'architecture dans cet effort de façonner la place du colonisateur et du citoyen italien en Libye. Des villages de colonisation agraire furent construits en Tripolitaine et en Cyrénaïque sur le même modèle que les nouveaux projets d'urbanisme en Italie. Le noyau de ces villages consistait en une place centrale autour de laquelle s'élevaient les édifices majeurs : l'église, la municipalité, le bureau du parti fasciste, l'école, la poste, etc. Quelques villages furent construits pour les Libyens mais ils furent très peu occupés.
On peut donc voir en Libye divers édifices datant de l'époque coloniale. Dans les villes, les plus marquants sont ceux du centre-ville de Benghazi et de celui de Tripoli avec ses amples arcades et ses larges galeries de style mussolinien. Dans les campagnes, on remarquera les nombreuses fermes italiennes, le plus souvent abandonnées, qui jalonnent les routes de la campagne fertile du djebel Akhdar, toutes construites sur le même modèle, avec souvent deux petites arcades à l'entrée et quelques cyprès plantés aux alentours. Certains centres de villages de Cyrénaïque sont restés inchangés depuis cette époque.
Qibla : droite idéale dirigée vers La Mecque.
Mihrab : niche creusée au milieu du mur perpendiculaire à la qibla. C'est face à ce mur lui-même orienté face à La Mecque que prie le fidèle. Le mihrab peut être richement orné.
Minbar : chaire en bois située à droite du mihrab et à laquelle on accède par un petit escalier. C'est du haut du minbar que l'imam prononce ses prêches et la prière du vendredi.
Minaret : tour qui flanque la mosquée du haut de laquelle le muezzin lance l'appel à la prière.
Seddah : tribune où des lecteurs psalmodient le Coran. Il y en a peu en Libye. La plus marquante est celle de la mosquée Gourgi dans la vieille ville de Tripoli. On en trouve aussi dans la mosquée Qaramanli et dans la mosquée Chaïb el-Aïn, à Tripoli.
Bien que la Libye ne soit pas vraiment renommée pour son artisanat, on y trouvera néanmoins quelques belles pièces à acheter dans les souks de la vieille ville de Tripoli et, dans une moindre mesure, dans les boutiques d'artisanat de Ghadamès.
Les tapis de Misratha, parmi lesquels les kilims, sont réputés dans tout le pays et vous en trouverez notamment dans le souk de Tripoli. Ils sont colorés et on les reconnaît à leurs nombreux motifs de dromadaires stylisés.
Les poteries de Gharyan sont une autre belle production des artisans du pays. Ce sont des poteries de céramique travaillées et peintes à la main : cruches, plats ronds, bols et même tirelires, le choix des formes et des motifs est varié et d'inspiration maghrébine. On trouve notamment des bols et plats jaune et vert qui rappellent certaines poteries de Tunisie, tandis que les grands plats décorés évoquent ceux de l'artisanat marocain. On pourra les voir sur les grands étals en plein air, juste avant d'entamer la montée vers la ville de Gharyan en venant de Tripoli, mais également sur d'autres étals de potiers installés sur les routes de Libye, notamment sur la route du littoral.
Sur cette route, de Tripoli à Syrte, quelques étals présentent de la vannerie, paniers et tapis ronds tressés, qui ne coûtent que quelques dinars. Si vous êtes chanceux, vous trouverez aussi de petits paniers remplis de pâte de dattes (vendue aussi dans certaines épiceries de Syrte). Bien à l'abri dans ces paniers tressés, la pâte voyage facilement et se conserve très longtemps.
Dans le Fezzan, à Ghat, à Alawaynat, autour des lacs de l'erg Mourzouk et même dans le wadi Matkhendouch, les Touaregs viennent vendre les bijoux d'argent ou de nickel, parfois décorés de pierres semi-précieuses comme l'agate ou l'ambre, de leur propre fabrication : colliers, bagues, bracelets, ainsi que certaines pièces d'artisanat de cuir coloré, comme des sacs, faits par les femmes.
Les bijoux touaregs. Ces bijoux, qui rappellent par leurs formes l'écriture touareg tifinagh, sont, pour les Touaregs, des marqueurs d'identité, géographique notamment, mais peuvent être aussi dotés de vertus magiques. Parmi les croix touaregs en argent, dont l'origine remonterait à l'époque pharaonique, figure la fameuse croix d'Agadez. Chaque croix possède sa signification et tire son nom d'un haut lieu de la géographie touareg. Les Touaregs ne les appellent pas croix mais teneghelt, de la racine enghel qui signifie " verser ". Le terme se réfère au processus de fabrication de la croix : elle est modelée dans de la cire qui est recouverte d'argile puis chauffée. La cire fondue sort ensuite du moule d'argile dans lequel on verse alors l'argent chauffé.
Une fois refroidi, le bijou d'argent est libéré de son moule d'argile et retravaillé. Traditionnellement, il existe vingt et une croix différentes, mais, en 1996, est venue s'ajouter à la liste la croix de Mano Dayak, du nom du chef de la rébellion touareg. D'autres croix ont été créées récemment, souvent pour des raisons commerciales, comme la croix de l'Akakus proposée aux touristes dans le Sud libyen (d'ailleurs le mot " Akakus " est utilisé par les Arabes, alors qu'en tamashek, la langue des Touaregs, la région montagneuse de l'Akakus porte le nom de " Tardrart "). Vers Ghat, vous trouverez aussi des boucles d'oreilles qui empruntent la forme de la croix d'Ingall ornée d'agate.
Dans la rue des Dinandiers (souk En-Nakasha), les sommets de mosquée en aiguille et les grands plats réalisés par les artisans côtoient tout un fouillis de pièces de brocante en argent datant parfois du temps de la royauté : cuillères, théières, bijoux. Comme dans d'autres souks de Libye, celui de Misratha entre autres, on trouvera à Tripoli des jerd, grands rectangles de laine tissée blancs ou marron, qui sont la pièce principale de la tenue bédouine traditionnelle en Libye. Détournés de leur fonction initiale, ils peuvent constituer de splendides couvertures ou plaids parfaits pour s'emmitoufler l'hiver dans nos contrées. Leur qualité justifie leur prix (environ 100 DL la pièce). Les toiles tissées pour constituer la tenue de la mariée, aux milles raies de couleurs chatoyantes, sont également un bon achat dans les souks.
Il faut aussi rapporter quelques poteries de Gharyan, d'autant que leurs prix sont très corrects, et ne pas hésiter à s'offrir un panier tressé vendu pour quelques dinars au bord de la route entre Syrte et Tripoli.
Les bijoux touaregs constituent à l'évidence le plus précieux (mais pas forcément cher) cadeau à rapporter en France. Souvent, dans le Fezzan, on peut acheter ces bijoux en dinars ou en €. Comptez environ 20 € pour un collier.
Enfin, les philatélistes doivent absolument se rendre à la poste de la place d'Algérie, à Tripoli, pour consulter les catalogues de timbres et dégoter quelques plaquettes de timbres libyens, à partir de 4 ou 5 DL. Les timbres sont très colorés, parfois même dorés ou argentés, et les plaquettes se présentent comme de véritables petites BD à la gloire du patrimoine libyen (artisanat de Ghadamès, faune et flore, scientifiques libyens, etc.) et de l'histoire récente ou ancienne du pays (fresques du combat des tribus libyennes contre les Italiens, modernisation du pays, colonel Kadhafi, Grande Rivière artificielle inondant le pays de fruits et légumes, etc.).
Si le roman est presque inexistant en Libye, deux genres sont en revanche très bien représentés, la poésie et la nouvelle. Sous sa forme orale, la poésie est présente de longue date dans le pays, mais la nouvelle est un genre contemporain.
Dans les deux cas, les oeuvres se font le miroir de la vie sociale et politique d'un pays arabe indépendant sur la voie de la modernisation.
Concernant la poésie, deux auteurs se signalent à la fin de la domination ottomane. Il s'agit tout d'abord de Mohammed as-Sini (1860-1929), né à Mizda, qui fait ses études religieuses au sein des zawiya de la confrérie de la Senoussiya. Sa poésie, de forme classique, est empreinte de religiosité mais traite également de sujets contemporains et politiques. Suleyman al-Baruni (1870-1940), né à Jadou, fait quant à lui ses études dans des écoles islamiques prestigieuses, la Zitouna en Tunisie et Al-Ahzar au Caire. Il est emprisonné par les Turcs qui l'accusent de prôner l'indépendance de la Libye. Dès 1911, il participe aux combats contre l'occupation italienne. En 1916, il est nommé gouverneur de Tripoli mais devra quitter le pays. Dans sa poésie, simple et de forme classique, il appelle à la libération de la Libye et à la renaissance du monde musulman.
Une seconde génération de poètes, nés sous la domination italienne, se démarque par son souci de rompre avec la métrique arabe traditionnelle, tout en restant fidèle au thème de l'indépendance, dans lequel la lutte contre les Italiens et la revalorisation de l'héritage culturel arabe ont une grande place. Ahmad ash-Sharif (né à Zliten vers 1864, mort en 1959) célèbre ainsi l'indépendance de son pays et l'arabisme. Ahmed Rafiq al-Mahdaoui (1898-1961), descendant d'une famille arabe de notables de Benghazi et exilé de son pays par les Italiens, a été surnommé le " poète du nationalisme libyen ". Quant au poète autodidacte Ibrahim al-Asta Umar (issu d'une famille tunisienne, né à Derna en 1908 et mort en 1950), il a combattu dans l'armée sénoussie et sa poésie marque le tournant vers la troisième génération de poètes, dans la mesure où ses poèmes se font moins concrets (tout en conservant le thème de la lutte contre les Italiens).
Une troisième génération de poètes apparaît après la guerre et l'indépendance. Son chef de file est Ali Sidqi Abdelkader (né en 1924 à Tripoli), qui exerce la profession d'avocat et dont l'oeuvre poétique est marquée par de nombreuses innovations formelles. Sa poésie se veut militante, axée sur le thème de l'anti-impérialisme en Afrique et dans le monde arabe. Contrairement à la génération précédente, l'engagement anti-impérialiste dépasse pour les différents auteurs le cadre strictement libyen et affiche un optimisme quant à l'avenir des peuples du tiers-monde.
La nouvelle fait son apparition après l'indépendance dans l'univers littéraire libyen. Les auteurs publient alors dans les revues et les journaux, mais souffrent des faiblesses du secteur de l'édition. Ils utilisent la forme concise de la nouvelle pour rendre compte des problèmes économiques et sociaux du pays alors en pleine mutation. Abdallah Gouiri (né en 1930) raconte dans sa nouvelle L'Huile et les Dattes comment l'exode rural motivé par le passage d'une économie de subsistance à l'économie de marché conduit à l'abandon des champs. Kamil Hasan al-Maqhur décrit notamment les difficultés rencontrées par les chômeurs prêts à occuper n'importe quel emploi. Cette génération d'auteurs témoigne des frustrations d'un pays dont les richesses sont aux mains d'étrangers, ainsi que des enjeux qui se nouent au niveau de la famille entre la nouvelle et l'ancienne génération, concernant notamment le statut de la femme.
D'après Noureddine Sraieb, " Introduction à la connaissance de la littérature libyenne ", dans La Libye nouvelle, rupture et continuité, CNRS/CRESM, 1975.
La musique arabo-andalouse ou malouf, le shabi et la musique arabe mêlée d'influences occidentales sont des arts et genres musicaux que la Libye possède au même titre que d'autres pays arabes.
La musique arabo-andalouse, musique classique arabe, est une musique savante, oeuvre de musiciens expérimentés. Son histoire commence en Andalousie lorsque, au IXe siècle, le musicien, mathématicien et astronome Ziryâb, qui grandit à Bagdad, fonde un conservatoire à Cordoue, sous le règne des Omeyyades, et met au point le principe de la nouba andalouse qui est une suite composée de chants lents ou rapides en fonction du rythme de la musique. Lorsque les musiciens arabes d'Andalousie (et les juifs refusant de se convertir) sont forcés de s'exiler au XVe siècle au moment de la Reconquista, la nouba se mélange aux genres musicaux des terres d'accueil. C'est ainsi que la musique arabo-andalouse est présente au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Libye, où sa forme est le malouf. Les chants poétiques, dont les thèmes sont souvent l'amour et la piété, suivent les instruments caractéristiques du genre : le oud (luth), le quanun (cithare), le nay (flûte) ou encore le violon, le piano et la contrebasse, ainsi que les percussions, comme le tar (tambourin à cymbales), et la derbouka.
La grande particularité du malouf libyen est que les instruments suivent les poèmes chantés et non l'inverse. Le malouf est présent à Benghazi ainsi qu'à Tripoli où répète l'Ensemble de malouf de la Grande Jamahiriya, grand orchestre fondé en 1964 et actuellement dirigé par Hassan Araibi. Cet orchestre s'est produit à Paris au Théâtre de la Ville, en juin 2006. Si vous assistez au Mouled (jour de la naissance du Prophète) dans la vieille ville de Tripoli, vous aurez l'occasion d'écouter du malouf : en ce jour, certaines zawiya (confréries religieuses) forment des processions au rythme de ces chants poétiques dont elles ont perpétué la tradition. A Tripoli, le soir de la nuit de noces, le cortège chargé de conduire le marié à son domicile comprend aussi des musiciens jouant du malouf.
Le shabi et la musique arabe occidentalisée sont des genres récents dans les pays arabes. Le shabi désigne les chansons traditionnelles remises au goût du jour, une pratique bien répandue en Libye pour réactualiser et diffuser à la radio les chants traditionnels de chaque région. Le chanteur Mohamed Hassan est la grande star du genre. Dans une chanson de plus de 30 minutes, Rihlat Nagham, il passe d'une ville libyenne à l'autre, invitant de nombreux musiciens et chanteurs locaux dans cette grande fresque musicale libyenne (on peut l'écouter sur Internet - www.libyanet.com/libmusic.htm -
Quant à la musique arabe occidentalisée, la Libye possède l'un de ses pionniers en la personne du chanteur Ahmed Fakroun, précurseur du genre dès les années 1970. Dans une autre veine, on a vu se développer en Libye un style musical très prisé par la jeunesse, mélange de chants arabes sur de la musique reggae. Vous en entendrez certainement dans les taxis ou les transports en commun.
La Libye possède aussi un patrimoine musical spécifique très riche. En effet, les arts musicaux berbères dans le djebel Nefousa, bédouins et touaregs sont très variés et la danse y tient une grande place, au point que l'on pourrait dire dans de nombreux cas qu'il s'agit de danses chantées. La musique et la danse accompagnent les mariages et les fêtes. Les festivals locaux (à Nalout, Kabaw, Ghadamès, Ghat, etc.) permettent aux visiteurs d'en avoir un bel aperçu.
Des chants bédouins poétiques célèbrent les chevaux, les dromadaires et le désert, au rythme de percussions rappelant la course d'un cheval ou le pas du chameau.
Chez les Touaregs, ce sont les femmes qui chantent et jouent des percussions, dont le tambour tindé (fait à partir d'un mortier à piler le grain recouvert d'une peau de chèvre), tandis que les hommes dansent et jouent du luth. Le tindé est à la fois le nom du mortier, du tambour et d'un genre de chant dansé prenant pour thèmes la séduction, la femme touareg ou encore les hauts faits de guerre touaregs. Des parades de chameaux peuvent tourner autour des femmes jouant du tindé (écoutez donc les CD : Libye, chants des oasis ; Libye, Touaregs de Fewet, musiques du Sahara ; et Libye : Musiques du Sahara - Libya : Music from the Sahara Desert). Outre les instruments traditionnels comme le oud, le quanun, le nay et la derbouka, on trouve en Libye un instrument appelé le zoukra, la fameuse cornemuse libyenne !
L'art pictural en Libye se partage entre style franchement figuratif et peinture abstraite. Il est marqué par l'emploi d'une palette de couleurs variées et une inspiration nationale : de nombreux artistes peignent les paysages, le patrimoine, les hommes et les femmes de leur pays. La nostalgie, ou du moins l'attachement à la vie bédouine, au coeur de paysages majestueux de plaine ou de désert, est un thème récurrent. Les peintres libyens sont très peu connus à l'extérieur de leur pays et ne disposent pas de nombreuses salles d'expositions (on peut voir des exemples de leurs travaux sur les sites - www.libyana.org - www.libyanet.com -). Parmi les travaux et les artistes les plus connus, on peut citer les gouaches d'Ali Abani (né en 1946), les paysages et portraits d'Ali Gana, l'oeuvre d'Ali Zouik, le tableau des joueurs de cartes d'Abdelrazak el-Riyani, dont on trouve de nombreuses reproductions à Tripoli, les peintures abstraites de Maatouk Abourawi et du peintre et poète Rodoan Abou Schwicha.
Il faut également mentionner les célèbres dessins satiriques du fameux Mohammed Zwawi, qui ont amusé les Libyens tout au long des années 1970 et 1980. Ses caricatures sont un témoignage humoristique sur la vie des Libyens et leurs réactions face aux nombreux changements survenus dans la vie sociale et économique au cours de ces années (on peut voir ses dessins sur le site - www.libyanet.com -).
Enfin, le style de Mohammed Ali Siyala a marqué profondément la philatélie libyenne. Le meilleur moyen de s'en rendre compte est d'aller à la poste de la place d'Algérie, à Tripoli, pour admirer les collections de timbres.
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