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Une biodiversité marine à protéger...

C’est dans l’archipel des Sporades que la faune maritime prospère le plus, grâce au premier parc national marin qui s’étend entre terre et mer sur 2 260 km2 le long des côtes d'Alonissos. On y trouve trois des quatre espèces de dauphins du pays : le dauphin commun à bec court (Delphinus delphis), le dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba) ainsi que le grand dauphin. C’est aussi là qu’on a le plus de chance de rencontrer le très rare phoque moine de Méditerranée (Monachus monachus). Espèce en danger critique d’extinction, il s’agit de l’un des mammifères les plus menacés de la planète, avec tout juste 300 à 400 individus recensés en mer Égée. Les plus grands dangers qui menacent le phoque moine sont la chasse par l'Homme, l'amenuisement des territoires et ressources alimentaires disponibles et les filets de pêche qui entraînent une forte mortalité des phoques. Historiquement, l'Homme a beaucoup chassé le phoque moine pour faire commerce de son huile et de sa peau. Aujourd'hui, les pêcheurs n'ont plus le droit de chasser le phoque moine mais certains comportements sont encore à déplorer. Du fait de la surpêche et de l'amenuisement des ressources en poisson, les phoques moines sont susceptibles d'attaquer les filets des pêcheurs, ce qui engendre leur colère et comporte un danger mortel pour les phoques. Aussi, en raison de l'exploitation touristique des plages de sable, le phoque moine s'est retiré dans des grottes et cavités marines pour mettre bas, zones bien plus dangereuses pour les bébés qui ne savent pas nager à la naissance. La mise à l'eau dans ces zones dangereuses se révèle souvent mortelle pour les petits qui n'ont plus accès aux pentes douces et sablonneuses des plages.

Trois espèces de baleines évoluent également dans le parc marin d'Alonissos : le globicéphale noir (Globicephala melas) de 5 à 6,5 m de longueur, la baleine de Cuvier (Ziphius cavirostris), atteignant 7 m, et le grand cachalot (Physeter macrocephalus), qui peut peser 50 tonnes et mesurer 20 m de longueur. Au large de Samothrace, on trouve également le marsouin (Phocaena phocaena). Dans les autres îles de l'ensemble, la pression touristique affecte la fréquentation des mers par les dauphins en saison : vous aurez plus de chances de les observer hors saison, lorsque les ferries perturbent moins la mer Égée. A moins d'opter pour les rivages peu perturbés de Samothrace où les dauphins semblent se réjouir librement, même en saison.

...comme sur terre ...

En ce qui concerne la faune terrestre, c'est du côté de Skyros, dans les Sporades, qu'il faut regarder pour trouver un mammifère particulièrement rare et menacé : il s'agit du cheval skyrien, une race ancienne et endémique de petits chevaux, toisant à tout juste 1 mètre au garrot. Des initiatives locales tentent de le protéger en aidant la reproduction de cet animal qui vit à l'état semi-sauvage et que l'on croise de moins en moins dans les terres du sud de l'île où il habite. Skopelos possède pour sa part un mouton autochtone, dit skopelos, aux yeux et oreilles noirs, qui est élevé pour son lait. Côté flore, les Sporades sont parsemées de forêts de conifères et d'une végétation de buissons et d'arbustes tels que des arbousiers, des phillyreas, des bruyères, des nerpruns et des chênes kermès (Quercus coccifera). Les arbres et arbustes à feuilles persistantes tels que les érables, les oliviers sauvages et les genévriers de Phénicie sont également courants dans cette zone.

Au nord de l'ensemble nord-égéen, Samothrace est complètement à part parmi les îles grecques. Soumise à un climat plus humide et dominé par le plus haut sommet de l’Égée hors Crète (1 611 m), elle abrite une vingtaine de rivières et torrents qui abreuvent une nature luxuriante. On compte ici plus de 1 500 espèces végétales différentes. Le nord de l’île est un des rares endroits de Méditerranée où l’on trouve l’if commun (Taxus baccata) ainsi que des forêts préservées de vieux chênes, parfois âgés de plus de 200 ans. On recense aussi 15 espèces endémiques. Petite fleur bleue, le buglosse de Samothrace (Anchusa samothracica) est uniquement présent sur la plage de Pachia Ammos, à la pointe sud de l’île. Quant à l’ail sauvage de Samothrace (Allium samothracicum), aux délicats pétales blancs, il ne pousse que dans les hauteurs de la Chora.

Le reste du Nord-Égée partage de nombreuses espèces communes avec l’Anatolie, du fait de sa proximité avec les côtes turques. Ainsi, Lesbos, troisième plus grande île grecque, n’a été séparée du continent asiatique qu’il y a 12 000 ans. Surnommée « île d’émeraude » et profitant de biotopes variés, elle abrite presque autant d’espèces végétales que Samothrace. Réputée pour ses nombreuses orchidées, elle compte aussi deux espèces endémiques, des plantes de rocaille de la famille des brassicacées : l’alysse de Lesbos (Alyssum lesbiacum) et l’alysse tranchante (Alyssum xiphocarpum). Parmi les mammifères, le renard est le seul prédateur. Petits rongeurs et chauves-souris dominent avec, parmi ces dernières, une espèce endémique : le petit murin de Lesbos (Myotis blythi lesviacus). C’est aussi le seul territoire européen où vit l’écureuil de Perse (Sciurus anomalus). Deuxième plus grande île de cet ensemble, Chios possède deux particularités. La première est son arbre à mastic ou lentisque pistachier (Pistacia lentiscus), qui, dans la partie sud de l’île, donne la résine de mastic la plus pure au monde. La seconde est le mouton chios, reconnaissable à ses taches noires autour des yeux et des sabots. Il est à l’origine de la plupart des races ovines du Proche-Orient. Quant à Samos, elle est la seule île grecque où réside encore le chacal doré (Canis aureus). Enfin, il faut mentionner la vipère ottomane (Montivipera xanthina), originaire de Xanthi (Thrace), et dont le venin est mortel pour l’homme. Elle est présente dans tout l’archipel, la moitié ouest de la Turquie et la plupart des îles du Dodécanèse, jusqu’à Rhodes.

... et dans les airs !

Mais ce qui fait la particularité du Nord-Égée, c’est la richesse de sa faune ornithologique. L’ensemble nord-égéen est en effet un lieu de passage obligé pour plus de la moitié des oiseaux migrateurs connus en Europe. Ils sont particulièrement protégés à Lesbos et Lemnos qui accueillent chaque année de nombreux faucons d’Éléonore ­sur les 3 000 recensés dans le monde : en provenance de Madagascar, ils nidifient sur l’île. Les marécages de Lemnos, autour d'Alyki, sont protégés par le label Natura 2000 : ils abritent également des colonies de flamants roses et on y observe des aigrettes garzettes, des ibis falcinelle et autres hérons. Parmi les curiosités ornithologiques de Lesbos, il faut noter trois couples d'aigles de Bonelli ­sur les 800 qui restent en Europe­, quelques aigles royaux et vautours fauves. Les deux grands golfes de l'île, notamment le golfe de Kanoni, constituent des postes d’observation avancés pour l’arrivée des oiseaux migrateurs en Europe. Samothrace constitue également un lieu de nidification crucial pour le rare faucon d’Éléonore, avec 80 % des couples de l’Égée qui viennent se reproduire ici. L'île des Grands Dieux accueille plus de 150 espèces d’oiseaux dans ses forêts préservées.

Du côté du parc marin d'Alonissos, les falaises côtières de cette région des Sporades constitue un site important de reproduction et nidification de certaines espèces parmi les échassiers migrateurs, les rapaces et les passereaux. Ainsi le goéland d'Audouin (Larus audouinii), le faucon d’Éléonore et le puffin de Cory (Calonectris diomedea) nidifient sur ces côtes, tandis que le puffin yelkouan (Puffinus yelkouan) vient s'y reproduire.