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Célébrations de Pâques sur l'île de Skopelos © MichalisK - iStockphoto.com.jpg

L’Eglise et l’Etat

L’Eglise n’est pas séparée de l’Etat : le clergé a un statut de fonctionnaire et l’influence politique et économique de l’Eglise orthodoxe est indéniable. Il est d’usage de consulter le patriarche pour les grandes décisions politiques et de nombreux représentants de l’Eglise siègent aux conseils d’administration des grandes entreprises grecques. La religion orthodoxe est enseignée dans les écoles publiques, même si, depuis 2015, les élèves peuvent en être dispensés avec l’accord de leurs parents.

L’Eglise demeure également le premier propriétaire foncier du pays, encore largement exemptée des taxes foncières, à la fureur de nombreux citoyens qui ont payé le prix fort des politiques d’austérité pendant la crise. Face à ce mécontentement, une révision constitutionnelle avait été lancée par le gouvernement d’A. Tsipras, proposant enfin une vraie révolution politique et économique des liens entre Eglise orthodoxe et Etat. Mais l’une des premières mesures prises par le gouvernement conservateur de K. Mitsotakis a été un rétropédalage total sur ces sujets. Il ne semble pas que la situation évolue dans les prochaines années, quelque soit le résultat des élections de 2023 : l'Eglise orthodoxe a repris son ancrage un peu partout ces dernières années, notamment pendant la crise sanitaire.

Un syncrétisme typiquement grec

Dès le Ier siècle apr. J.-C., la Grèce devient un centre actif du christianisme. Les îles du Nord-Égée ne sont pas en reste en ce qui concerne la pratique religieuse et les lieux de culte, qui varient en taille et importance. Ainsi, vous pourrez visiter d’imposants monastères comme le couvent de l'Archange-Michel sur l’île de Thassos, qui fait face à la montagne sacrée du mont Athos ou le monastère Nea Moni à Chios, qui fut fondé au XIe s. et est aujourd'hui listé au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Mais au-delà de ces sites vénérables, vous découvrirez des centaines de minuscules chapelles semées à tout vent, aux quatre coins des îles nord-égéennes. Ces églises sont souvent dédiées aux saints-patrons et grandes familles locaux : on s’y rend pour allumer un cierge ou déposer un ex-voto dans l’espoir de régler des problèmes de la vie courante et éloigner le mauvais sort. Vous apercevrez notamment des mini-chapelles, comme des autels, sur le bord des routes. Appelées proskinitaria, elles signalent l’emplacement d’un accident mortel ou d’un accident évité. À l’intérieur se trouvent une lampe à huile et une icône du saint patron de la personne décédée ou « miraculée ».

Car les superstitions ont la vie dure sur les îles. Déjà très forte il y a plus de 2 000 ans, la notion de « mauvais œil » (kako mati) est profondément ancrée dans les croyances païennes qui se maintiennent. On le craint et on s’en protège de mille manières pour ne pas attirer le regard maléfique de personnes jalouses. Ainsi, chaque compliment susceptible d’engendrer la jalousie doit s’accompagner d'un petit son de bouche, comme lorsqu'on crache un pépin, répété trois fois avec l’onomatopée « ftoussou ».  Autre stratagème : les nombreuses amulettes anti-mati. La plus courante est justement en forme d’œil : l’œil bleu des insulaires orne quantité de maisons, bateaux et voitures, souvent accompagné d'une petite icône d'un saint protecteur.

Célébrations religieuses

Croyants sans être très pratiquants, les Grecs respectent les fêtes religieuses traditionnelles qui rythment le calendrier orthodoxe. Pâques est la plus importante célébration, à peine concurrencée par la 15 août (Dormition de la Vierge). A ces occasions, les îles se remplissent de tous les natifs partis dans les grandes villes de Grèce ou à l’étranger : c’est le grand retour et un rituel de retrouvailles très suivi. Il vous faudra prévoir bien à l’avance votre séjour pour espérer avoir une place de ferry et un logement. Pendant quelques jours, les prix flambent mais c’est une plongée dans le monde grec à ne pas rater.

Pour la Pâques orthodoxe, et pendant près d’une semaine, les îles du Nord-Égée reprennent vie après l’hiver, avec des banquets ritualisés et des processions où tous sont conviés. La plus importante procession est celle de l’epitafios, dédiée à la Descente de la Croix, le Vendredi Saint. Chaque île célèbre à sa manière la fête pascale, mais l'une des traditions les plus étonnantes se déroule sur les îles de Samos et Chios : de grandes pétarades et batailles de tirs sont échangées entre communes dans les villages de Vrontados (Chios) et Marathokampos (Samos) notamment.

Au-delà de ces deux rendez-vous incontournables (Pâques et la Dormition), les îles du Nord-Égée célèbrent toute une série de saints et coutumes religieuses locales au cours de panigyria, qui se tiennent surtout l’été. Ces fêtes rassemblent l’île autour d’un grand repas pris en commun et de chants et danses traditionnels qui se poursuivent parfois jusqu’au matin. Vous ne pourrez pas y couper, où que vous soyez dans la région et plus particulièrement encore sur l'île d'Ikaria qui est célèbre pour ses panigyria plus que toute autre... Les occasions de bien boire, bien manger et bien se réjouir égrèneront votre été ! Parmi les dates du calendrier à ne pas manquer, quelques exemples à Ikaria : les célébrations dédiées au Prophète Ilias (le 20 juillet à Aghios Kirikos), à la Transfiguration du Christ (le 6 août à Christos Rahon), ou encore à Aghios Fanarios (le 27 août à Avlaki)... La liste est si longue que chaque année la préfecture d'Ikaria publie les dates et lieux à retenir.