Guide de voyage Garni
L'excursion au temple du soleil de Garni, généralement couplée avec la visite du monastère médiéval de Géghard, font partie des grands classiques du tourisme arménien. Il fait partie des classiques dont la réputation n'est en rien usurpée, et cette première incursion dans les montagnes arméniennes, au nord-est de la plaine de l'Ararat, vous en convaincra par la splendeur des paysages comme par la valeur architecturale des monuments qu'ils recèlent. La route qui mène à Garni (28 km d'Erevan), serpente sur les contreforts méridionaux de la puissante chaîne volcanique de Kégham, dominant la plaine de l'Ararat, sur laquelle on a un point de vue imprenable depuis l'Arche de Tcharents, à mi-chemin : c'est sur ce promontoire que le grand poète arménien du XXe siècle aimait à venir contempler le mont Ararat qui se dévoile dans toute sa splendeur depuis le petit arc de pierre érigé ici en sa mémoire. Après des montagnes pelées, sculptées d'orgues de basalte, le petit village de Garni, à 1400 m d'altitude fait figure d'une oasis de verdure blottie au-dessus de la rivière Azad, affluent de l'Araxe, prenant sa source dans les monts Kégham. Les abords du temple sont signalés par des pancartes et une forte concentration de paysans vendant les produits de leurs vergers, ainsi que les soudjoukhs, ces longues tresses de pâte de sirop de raison truffées de noix (spécialité locale à ne pas confondre avec le saucisson homonyme). Derrière les étals s'élève un temple romain aux fines colonnes, perché sur un plateau triangulaire dominant de 300 mètres la rivière Azad, qui offre une vue panoramique somptueuse sur les montagnes alentour. C'est sur cette forteresse naturelle que s'éleva très tôt une forteresse mentionnée par Tacite sous le nom de Gornea. Dévastés par les Romains, cette forteresse et les édifices qu'elle renfermait seront reconstruits en l'an 77 de notre ère par le roi Tiridate Ier, comme en témoignent les vestiges des murs cyclopéens ponctués par 14 tours triangulaires qui furent restaurés au Xe siècle par le roi bagratide Achot II. La conversion de l'Arménie au christianisme conférera à Garni un statut de siège épiscopal au Ve siècle et permettra même le développement d'une ville, en épargnant curieusement le temple et sa fragile colonnade, lui évitant le sort de tant de monuments païens d'Arménie. Le complexe architectural de Garni subira en revanche de graves destructions du fait des Turcs en 1638, le séisme de 1779 achevant de ruiner le temple. Il ne s'en relèvera qu'en 1975, après les travaux de restauration menés par les Soviétiques, fiers de l'unique temple romain sur le territoire de l'URSS.
La magie du site de Garni, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco, n'a pas échappé aux organisateurs d'événements mondiaux. En mai 2019, le temple de Garni fut ainsi le théâtre d'un festival international de musique électronique.
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15.95 € - 2022-01-19 - 336 pages